En rire ou en pleurer ? Les gagnants du jour

Je sais pas si c’est la neige qui tombe, la nuit à midi ou la recherche d’idées, mais là, aujourd’hui, je sombre dans un abîme de consternation/sidération. A côté, la ridicule élection de la personnalité culturelle de l’année, c’est plutôt un bonheur du jour…

J’ai donc décidé de copier Olympe (et le plafond de verre) à ma façon, et de vous faire part des articles les plus débiles du jours que mes amies ont bien voulu me faire partager…

1-Le grand vainqueur, c’est celui-là : j’vous la fais courte : en République tchèque, si vous êtes gay et demandeur d’asile, on ne vous croît pas sur parole, mais sur test…un test d’excitation à la pornographie hétérosexuelle…si vous avez une forte érection, alors on vous refuse l’asile…ça serait drôle de bêtise si ce n’était pas si grave, et la seule consolation c’est que les tchèques se sont faits rappeler à l’ordre par « l’agence européenne des droits fondamentaux…

2-Les deux suivants pourraient être ex-aequo, mais je mets quand même devant cette histoire d’ibis et de mercure lue dans Tetû.
C’est une étude scientifique sur les ibis. On nous explique que si on augmente, même très légèrement, la dose de mercure dans la nourriture des ibis, les mâles sont moins gays, cette fois, et du coup, s’intéressent plus aux femelles, ce qui favorise la natalité…une histoire, nous précise-t-on enfin, qui ne concerne que les ibis…chez les hommes, c’est pas pareil…alors, pourquoi on nous en parle ? Si seulement c’était pour contrer les idées de l’Eglise comme quoi certaines pratiques seraient « contre-nature »…malheureusement, je ne crois pas…

3-Celle-là, elle est mignonne, aussi ! Dans le genre, elle prend les individus de la gent masculine pour des robots et les femmes pour des objets…c’est « Pour la science » qui le relate, alors tout de suite, ça fait sérieux. Il s’agit d’une expérience de psychologie du développement. On met des individus de sexe masculin devant deux photos, une d’une femme en jean et chemise normale, l’autre en mini-jupe et décolleté, sexye…et on analyse les capacités de mémorisation de ces gros lourdauds (eh, c’est pas moi qui le dit, c’est l’article) : « ceux ayant aperçu la photographie de la jeune femme en jean mémorisaient plutôt des noms d’objets courants – seau, agrafeuse, livres –, tandis que ceux qui avaient vu la jeune femme en minijupe mémorisaient des noms d’objets de luxe » !!! Ca suffisait déjà à faire notre bonheur pour la journée, mais il y a mieux, c’est la conclusion des psychologues :

« le cerveau masculin, une fois attiré par une femme, cherche des moyens d’afficher sa qualité de reproducteur et de bon parti financier. Et tout cela fonctionne sans que l’homme en ait conscience »…mais pourquoi ça me fait penser à quelqu’un ? (#rolex, #mannequin, #prière en Inde…)

Bon, je crois qu’aujourd’hui j’aurais mieux fait de sortir sous la neige plutôt que de passer la journée devant mon ordi…

S.G (photo S.G)

Et merci à Mika et Christine pour les liens…

C’est quoi une personnalité culturelle ?

Aujourd’hui, l’association La Barbe a prévu un rassemblement devant la maison de la radio à 19h, pour célébrer le résultat du magnifique concours relayé sur les ondes de Radio France « l’élection de la personnalité culturelle de l’année ». Une élection qui fait couler beaucoup d’encre, et pour cause : sur les 8 sélectionnés pour le prix, pas une femme (et aussi, que des blancs, minimum quadras, vus et revus, toujours les mêmes…).

Cherchez la femme.... (©Sandrine Goldschmidt)

Sur le site de France Inter, les commentaires sont passionnants à lire.

Mais bon. Moi, ça ne m’étonne pas plus que ça. C’est-à-dire : l’objectif du concours, c’est de faire élire, par des gens, une « personnalité culturelle de l’année ». Mais en fait, ça veut dire quoi « personnalité culturelle » ? RIEN. On demande aux gens de se prononcer, sur RIEN, en fait. On pourrait avoir un Etat épris de culture qui souhaite, par le biais de ses chaînes de radio, mettre en avant des initiatives qui rendent la culture plus accessible, qui ouvrent l’esprit, qui créent du débat. Là, il s’agit d’utiliser un outil marketing de base, pour faire parler de soi : le sondage/élection/vote. Flatter notre ego en nous demandant notre avis. Sur ça ou sur autre chose. C’est le dernier truc à la mode, d’ailleurs, moi-même j’en ai fait partie avec le top ELLE...on sait bien que l’objectif est publicitaire pour le commanditaire. Et on se dit : après tout, si les autres en profitent, pourquoi pas moi ? (enfin, on l’a fait sans rien me demander mais je n’ai pas boycotté).

Mais dans un cas, il y avait un « coup de coeur de la rédaction », pour un blog, donc un contenu, fort justement attribué à Olympe en l’occurence.

Là, on « élit une personnalité ». on est dans le people, le régalien. On est dans le culte, pas dans la culture. Et même le buzz négatif « il n’y a pas de femmes », fait de la publicité pour le concours…

Je crois que c’est le style de la « démocratie » dans laquelle on vit : depuis 1962, on a décidé qu’on faisait voter pour la « personnalité » qui nous gouverne en devenant Président (je mettrai un E le jour où…). On donne le sentiment à chacun de pouvoir choisir QUELQU’UN « qu’on aime bien », « qui  a l’air d’un « homme fort » (alors là, pour une femme, a priori, ça casse…), qui a la « stature présidentielle » (donc, tant qu’il n’y aura pas eu de femme, on ne pourra pas attribuer à une femme a priori cette stature…facile, hein ?)…alors qu’on devrait voter pour un parti ou un groupe de personnes, avec un projet de société, un parti dont le leader désigné lors des votes internes serait amené à prendre la tête du gouvernement (suivez mon regard…vers le PS).

En fait, notre constitution, qui nous mène tout droit vers un drame prévisible en 2012, (désolée, en décembre, mon pessimisme fondamental ressort toujours) la réélection des mêmes, est une aubaine incroyable pour l’ultra-libéralisme, celui de la stratégie du choc (Naomi Klein).

D’une part on fait peur (infos = catalogue de catastrophes), de l’autre on fait des opérations marketing à tous les étages de la société. On feint d’accorder une importance à l’opinion, on proclame des grands principes qui restent à l’état de mots (parité, diversité) pendant ce temps on détricote tout ce que la société (en tant que collectif visant l’amélioration du sort de ses membres) a construit en un demi-siècle.

Et on met aux manettes un Président, qui fait figure d’homme fort, qui est surtout bien entouré : du pouvoir économique (qui est le pouvoir médiatique), ses amis (auxquels il s’enchaîne librement), d’hommes de l’ombre qui décident et conçoivent la politique, qui restent quand passent les gouvernements…son rôle à lui, c’est juste de communiquer au mieux, et éviter que le mécontentement ait un retentissement au seul endroit où il pourrait être efficace : dans les urnes ! (parce que les manifs, les sondages, en fait, c’est pas bien gênant)…

C’est très fort. Alors, je pense que l’action de La Barbe de ce soir sera jouissive, d’autant que le côté médiatique de l’affaire devrait la rendre visible. Jouissive, parce que leur esprit est vif, leur patte rédactionnelle mordante. Et parce que leur style est subversif, ou en tout cas peut l’être. Et qu’il faut bien pouvoir se défouler, quand on ne sait plus bien comment faire autrement…