Jolie rencontre organisée hier à la médiathèque Yourcenar, dans le 15ème arrondissement à Paris.
Avec Marie Moinard, pour la bande dessinée « En chemin elle rencontre », dont le deuxième volume vient de sortir. Et l’auteure, la metteure en scène et l’interprète de « La douceur du velours », Christine Reverho, Panchika Velez et Sophie de La Rochefoucauld.
Dans le cadre des manifestations du 8 mars, l’échange a été très intéressant, mettant bien en lumière comment la mobilisation autour des violences a à gagner de l’investissement des domaines artistiques, qui permettent de libérer la parole.
Belle rencontre aussi entre le monde du théatre et de la BD, où rapidement est apparu que le monologue de cette femme assassinée par son conjoint, écrit par Christine Reverho comme un effeuillage, destiné à libérer la parole et rendre visible les violences faites aux femmes (au départ, rien n’indique que cette femme a été victime de violence et est morte, on ne le découvre qu’à la fin), avait son équivalent dans une planche de la bande dessinée, où est vue une femme « normale », avec un imperméable, et puis, la même, sans cet imperméable, avec des traces de coups et de bandage sur toutes les parties du corps qu’on ne voyait pas dans l’image précédente.
Rendre visible, libérer la parole tout en ayant des hautes qualités artistiques, c’est ce que réussissent ces deux oeuvres, avec des artistes à la recherche d’une grande authenticité : Sophie de La Rochefoucauld, militante et féministe convaincue, comédienne, qui a dit son plaisir de pouvoir « allier son militantisme et son métier », et combien cela avait rajouté au travail une exigence d’authenticité.
Et, grâces à ces oeuvres, la possibilité de toucher -enfin- un public qui a du mal à être sensibilisé. C’est le cas d' »En chemin elle rencontre ». Marie Moinard, directrice des éditions Des ronds dans l’O, qui a su embarquer dans l’aventure des hommes, qui osent se dire féministes, qui s’engagent à ses côtés pour dénoncer les violences faites aux femmes, auprès d’un lectorat très majoritairement constitué d’hommes. Qui a aussi osé parler, en bande dessinée, d’un sujet complexe avec la mise en image d’une interview de Muriel Salmona, présidente de l’association mémoire traumatique et victimologie. La pièce aussi, où, raconte Christine Reverho, elle a vu ces hommes, archétypes du macho, en larmes à la fin du spectacle.
La rencontre était intitulée des « mots contre des maux, regards croisés de la bande dessinée et du théatre dans la lutte contre les violences faites aux femmes ». Oui, l’expression artistique peut se conjuguer avec l’expression politique au sens large du terme, et on pourrait en ajouter d’autres, comme le cinéma, et la chanson, avec Agnès Bihl, qui a donné le texte de l’extraordinaire chanson « Touche pas à mon corps » pour qu’il soit illustré dans la BD.
« La douceur du velours », jouée à Paris à l’automne dernier, va maintenant vivre sa vie en province (d’abord à Avignon), auprès de publics variés. « En chemin elle rencontre », les deux volumes, sont dans toutes les bonnes librairies…
S.G
Sur les photos (merci à François) , de gauche à droite : Panchika Velez, Christine Reverho, Sophie de La Rochefoucauld, S.G, Marie Moinard, Fatima Lalem)