Best of sexism !

Quand je franchis la frontière, j’aime bien jeter un oeil sur les journaux, en particulier les gratuits…cette semaine, j’étais en Belgique, et je suis tombée sur « La Tribune de Bruxelles », qui faisait sa une sur ça…

Vive la lutte contre les stéréotypes sexués ! qui c’est qui éteint le feu et fait la police, qui sait qui passe l’aspirateur et s’occupe des personnes malades? Je vous laisse découvrir…

Sinon, comme diraient mes collègues, « retour en France », avec un de mes journaux favoris, « Direct Sport ». On est en mars, on le critique souvent pour l’invisibilité des femmes en son sein (sauf en page « 3ème mi-temps »). Et là, trop beau pour être vrai. De retour d’une rude journée, je me dis, « allez, un petit coup de sexisme ordinaire », ça va me donner du punch. Mais non, j’ouvre et je tombe…sur une photo de sportive femme ! Je tourne la page, une autre ! Encore une page, une troisième ! Pourtant, on n’est pas la semaine du 8 mars ? Pas une photo d’homme (en fait, si, dans les nouvelles brèves) ! Que se passe-t-il ? Direct Sport est tombé sur la tête ? Ah mais non, je découvre : numéro « Spécial femmes ».

Donc, après avoir publié des dizaines de numéros sans photos de femmes, cette publication décide de se « rattraper ». Mais le plus fort, c’est l’édito.
Extrait « la journée de la femme est un cache-misère pour se donner bonne conscience. Elevée au même rang que d’autres journées à thème issues du « génie » marketing et mercantile, comme la Saint-Valentin, le Beaujolais nouveau ou(…), la journée de la femme est une insulte faite à ces dames.

Evidemment, c’est un point de vue, dès lors qu’on parle de journée de la femme et qu’on évite de souligner qu’il s’agit d’une journée des luttes. Mais le meilleur est à venir :

« Direct Sport a donc décidé de prendre tout son monde à contre-pied, en consacrant un numéro spécial aux femmes ».

donc, une journée pour les femmes, c’est idiot, mais un numéro spécial pour les femmes et jamais une sportive dans les autres numéros, c’est super…surtout que, nous explique le rédacteur en chef « après « une première dans la petite histoire de DS, qui n’avait encore jamais publié, jusque là, de numéro spécial hommes, machos ou gros biscotteaux » (ben justement, c’est ce qu’ils font toutes les semaines)…

Et pour vous faire plaisir à vous qui aimez les femmes belles et discrètes (ce qui est nécessaire pour pouvoir être musclée et néanmoins « femme acceptable », je vous laisse savourer la fin, qui explique le choix des sportives du numéro :

« Pour l’exemplarité de leur carrière, leur ténacité, leur longévité, leur beauté, leur grâce, leur trajectoire, leur discrétion, leur caractère ».(…)[ce numéro] a au moins le mérite d’exister et de faire resplendir ces femmes d’exception, trop souvent rejetées dans l’ombre de ces bonshommes que nous sommes…« . Ici, c’est donc clair : on est « entre hommes » (le journal est distribué à tout le monde dans le métro, et on me le tend systématiquement le vendredi soir, pourtant). Des hommes qui , au moins c’est dit, rejettent « trop souvent » les femmes dans l’ombre, c’est-à-dire juste 51 autres semaines de l’année.

Et une dernière remarque :il ne s’agit bien sûr pas d’un coup marketing. Ca doit être pour ça que la une est une publicité pour un programme minceur qu’on retrouve à plusieurs reprises dans tout le journal…

S.G

(je précise que les caractères gras ont été mis par moi…)

Quelques titres d’article de ce numéro, à savourer sans modération :

« Christine Arron : la femme secrète » et « parfum de femme »

« Federica Pellegrini : la belle est une bête »

« Les yeux dans les belles bleues »

« La fille de l’air…et de l’eau »