33 ans que le festival de films de femmes de Créteil a été créé. 33 ans que les organisatrices tentent de promouvoir les réalisations des femmes. Au sein même du monde du cinéma, on entend souvent dire que faire un festival de films de femmes, ça n’a pas de sens, parce que désormais, l’égalité est acquise, les femmes ont accès à la réalisation. Que trouver des financements, c’est dur pour tout le monde. Qu’on ne choisit pas les films en fonction du sexe de sa réalisation, mais en fonction de ses qualités esthétiques.
Pour répondre à ces affirmations, un rapide regard sur ce que cela représente encore aujourd’hui, de faire un film, quand on est une femme. Avec d’abord, la visibilité.
Au hasard, Cannes : existe depuis 1946, une palme d’or à une femme, Jane Campion.
Les César : 4 en 35 ans à un film réalisé par une femme.
On pourrait aussi parler des classements des revues sur les films de l’année, qui tous les ans, consacrent les mêmes (quelle que soit la qualité des films) : les frères Coen, Polanski, Eastwood, Allen, les mêmes réalisateurs, et les mêmes sujets, comme si là comme en politique, seuls les thèmes abordés par des hommes étaient dignes de commentaires. Pourtant, ici comme là, les films faits par des femmes ouvrent le champ du cinéma.
Mais ce qui est plus intéressant, c’est d’analyser le bilan du CNC par catégorie de films.
Ainsi, dans son rapport annuel, le CNC s’intéresse au montant des productions d’initiative françaises, en distinguant en particulier celles qui sont inférieures à 1 million d’euros (avec beaucoup de documentaires), et les films à gros budgets, plus de 7 millions d’euros.
Pour les premiers, 40 films, 9 femmes. 9/40, soit 22%. On est déjà loin de la parité (alors que dans les écoles de cinéma elle est atteinte), mais c’est mieux que dans d’autres domaines (politique, cadres dirigeant)
Mais pour les films à gros budgets (et donc plus de communication, de distribution, de visibilité et de critiques), on passe à… 4/52, soit 7% ! (pour la catégorie intermédiaire des films de 4à 7 millions d’euros, on est à 5/24 soit 21%).
« Monter » un film, c’est vrai, c’est sans aucun doute un parcours du combattant, pour tout le monde. Mais dans ce parcours du combattant, on voit bien qui sont les « plus égaux que d’autres »…et donc, on ne peut que se réjouir, que le festival international de films de femmes continue d’exister, et souhaiter qu’on en parle davantage !
Du 25 mars au 2 avril à la Maison des arts de Créteil. Section parallèlle : les femmes du sud de l’Europe. Autoportrait, Carmen Maura. Compétitions longs métrages documentaires et fiction. Débats, rencontre
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