Hommes, dîtes-nous que vous n’êtes pas (des) bêtes !

fontaine nikki de saint-phalle, Beaubourg

Puisque tout le monde en parle, et très bien…ici, et , et encore ici pour élargir à la question des « parents qui maquillent et habillent leur enfant de 8 ans » par Serge Hefez, que dire de plus.
En ce moment, il y a une véritable tornade médiatique sur la sexualisation des petites filles. On en parle, et ça vaut mieux que de laisser faire. Tout avait commencé avec cette campagne de Vogue. Il semblerait que la dernière façon de vendre, ce soit de faire des filles des objets sexuels.

D’après Serge Hefez, ils jouent à la poupée (les parents). En maquillant et habillant…leur fille. Et on aboutit à « Dans le premier cas, l’enfant objet continue, lors de son passage vers l’âge adulte, d’être la poupée de quelqu’un d’autre. Dans le second, elle cherche à tout prix à se désinvestir de l’image de son corps et de sa sexualité. Quelle que soit l’issue, c’est dangereux, voire criminel. »

On en arrive à une société qui ne sachant plus quoi faire pour vendre, fait de gamines de 7 ans des Lolita…elles ont déjà presque moitié moins en âge que l’héroïne de Nabokov, qui n’était pourtant qu’une gamine…
Ici comme là, on incrimine en général deux « coupables » possibles :

soit c’est la société capitaliste, soit c’est LA Mère. D’un côté, l’anticapitalisme féministe qui incrimine à juste titre une société prête à tout pour vendre, même à sacrifier ses jeunes filles . De l’autre, on psychologise la responsabilité de la mère, cette inconsciente qui livre sa fille en pâture à la société de consommation pour pallier ses propres insuffisances. Je trouve qu’il y en a quand même qu’on évite régulièrement d’incriminer. Ce sont ceux à qui cela profite. Les hommes. Ou plutôt ceux des hommes qui profitent de l’érotisation des petites filles. Si on suit S.Hefez, ce sont ceux qui plus tard, bénéficieront du fait que l’environnement les a préparées à être et rester des poupées dans les mains du désir sexuel des hommes. Des jouets qui se laisseront faire, et feront tous les sacrifices pour.

Ce sont celles qui, peut-être, nous dira-t-on plus tard, font « le choix de la prostitution » pour gagner facilement beaucoup d’argent. Ce sont celles qui seront les Lolita d’un homme respectable qui les maintiendra dans le silence et, si elles parlent, dira qu’elles étaient aguichantes et que c’est elle qui les a manipulés…

Dans toute cette affaire, finalement, c’est comme dans celle de la réglementation de la prostitution, ou encore dans les affaires de pédocriminalité.  En faisant passer des jeunes filles de 13 ans, un jour de 7  ans (le dernier numéro de Marie-Claire enfants, qui fait poser exclusivement des mannequins enfants ou ados  -mais comment diable cela peut-il être permis ?- titre, avec cette jeune fille habillée et qui pose comme une adulte : « mieux que maman ») pour des femmes adultes et responsables de leurs actes en toute liberté de choix pour blanchir un homme célèbre, on oublie systématiquement de pointer celui à qui profite le crime. A chaque fois, c’est ce soi-disant « désir irrépressible de l’homme », soit-disant incapable de maîtriser ses besoins sexuels.

On préfère dire que c’est la faute de maman, ou de l’oncle Picsou…ici, c’est bien aux pères, grands-pères, oncles, frères et hommes seuls qu’il faudrait s’adresser, et en particulier à ceux qui ne sont pas d’accord avec ce diktat. Prenez vos responsabilités, dîtes haut et fort que vous n’acceptez pas ça pour vos filles, femmes, amantes de passage, amies, soeurs, étrangères, dîtes à vos pairs, qu’ils doivent apprendre à maîtriser leur désir, faîtes-le savoir, vous êtes les seuls à pouvoir faire disparaître cette demande insupportable qui seule justifie la loi du marché !

S.G