Ilona, ma mère et moi, à Violette and Co

D’abord, un petit mot pour vous dire qu’après deux ans identiques, le look d’A dire d’elles se modernise…j’espère que ça va vous plaire…rien ne change sinon la présentation grâce à Mrs WordPress…les rubriques sont les mêmes, mais la « blogroll » est plus visible…

et une annonce, par le biais de Melanie, d’un rendez-vous à ne pas manquer demain :  une rencontre avec Françoise Basch, à propos de son dernier livre, Ilona, ma mère et moi.


« Dans ce livre voulu en hommage aux « héroïnes ordinaires » que furent Marianne et Ilona, elle puise dans les correspondances familiales et dans ses propres souvenirs d’enfance pour préciser les rôles nouveaux assumés par les femmes en temps de guerre. Ce récit en partie autobiographique revient aussi sur la complexité du rapport personnel à la judéité.

Auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire des femmes et d’une biographie de Victor Basch, Françoise Basch travaille depuis 2006 à ce récit autobiographique dédié à sa mère.

Ilona, ma mère et moi est publié aux éditions iXe, collection fonctions dérivées ».

Cela se passe mercredi 1er février à 19h, à la librairie Violette and Co, 102, rue de Charonne, Paris 11ème, Métro Charonne.

Deux dates à noter ! manifestation et femmes en résistance

La première est proche de nous, c’est le 10 mars, place de la Bastille, une manifestation à l’initiative de l’association de lutte contre l’inceste et la pédocriminalité « Le monde à travers un regard »,

« En parler, c’est pas un crime », pour mettre fin au tabou qui empêche la prise en charge et le soin aux victimes; vous pouvez également signer une pétition ici

L’autre, c’est Femmes en résistance, la dixième édition, qui aura lieu les 29 et 30 septembre prochains à l’espace municipal Jean Vilar à Arcueil.
Réservez votre week-end, il y sera question de luttes collectives des femmes, à travers le monde et l’histoire ! N’hésitez pas à relayer dans vos réseaux !

10 ans de femmes en résistance, ce n’est qu’un début ! »

La force du backlash : Anne Sinclair et Jean-Michel Carré

Aujourd’hui dimanche, je préfèrerais vraiment aller me promener, au bord de la mer, à la campagne ou en montagne…

mais nous sommes en janvier, il ne fait pas beau, et je suis à Paris. Alors, je sens que je vais donc encore écrire un billet énervé sur le backlash.
2 motifs d’énervement ce matin (je vous entends me dire : « c’est tout ? »). Mais 2 gros.

1/ Vous n’avez peut-être pas remarqué, mais j’ai toujours soigneusement et volontairement évité de donner ici mon opinion sur Anne Sinclair, dans les papiers qui parlaient de l’affaire DSK. D’abord, parce qu’elle n’était pas le sujet. Ensuite, parce que c’est trop facile de critiquer « la femme de ». Enfin, parce que je ne vois pas pourquoi j’aurais une opinion sur les « on dit » et les apparences. Je ne sais pas si elle est une femme victime, un femme bourreau, une femme individualiste qui se fout de ce que les autres femmes vivent. Je ne sais pas. Qu’elle soit engluée comme nous toutes dans le système, et qu’elle travaille avec plutôt que pour le changer, me semble évident…mais sinon je ne sais pas.

En revanche, aujourd’hui, je ne peux pas ne pas savoir : elle a été placée à la tête d’un nouveau torchon internetien dont nous n’avions pas besoin et qui utilise le travail gratuit de nombre de bloggeurs et bloggeuses pour se faire de l’argent. Moi aussi je travaille gratuitement à mon blog, me direz-vous ? Mais c’est pour moi. Et pour moi seulement. Et personne ne se fait de l’argent dessus -wordpress un peu, bien sûr, mais ce n’est pas dans les mêmes proportions et il m’offre en échange un savoir-faire technique que je n’ai pas).

Donc, là, Anne Sinclair accepte de diriger le Huffington Post et se réserve bien sûr, le droit de parler de l’affaire DSK. Vous allez me dire, c’est normal, en toute objectivité de faire son travail. Mais il y a bien pire : pour faire le buzz, pour faire venir des milliers de personnes sur son site, pour lequel elle est sûrement très bien payée contrairement à une partie de ses contributeurs, elle fait un article sur DSK et ses prochaines conférences économiques. L’article n’est pas du journalisme, c’est une chose, il se permet d’estimer que l’affaire a « coûté les ambitions présidentielles » du « champion des sondages » (je ne mets pas le lien exprès mais si vous y tenez absolument, vous le trouverez sûrement ;-). Il n’y a pas « d’actu » qui le justifie à tout prix, rien. Alors, pourquoi ? Eh bien oui, la première raison est celle-ci, et on ne peut pas ne pas comprendre qu’Anne Sinclair joue ce jeu-là : grâce à un tel article, et le fait qu’elle soit à la tête du site, cela va faire du trafic. Des milliers de gens qui n’y seraient pas allés, vont y aller (et même moi je me suis faite avoir !).

Alors, c’est difficile à comprendre. Pas du côté de la publication, qui avec le cynisme le plus total, choisit le trafic par tous les moyens. Mais du côté d’Anne Sinclair. Mais comprendre ici ce qu’elle pense, encore une fois, n’a pas d’intérêt. On ne le sait pas, on ne le saura pas. Ce qu’on peut comprendre, c’est que cela fait partie d’une stratégie de backlash, qui consiste dans une méthode ô combien connue, à transformer en victime ceux dont la vérité commencent à apparaître (vous avez remarqué la stratégie victimaire du président sortant ?). Avec l’affaire DSK, comme il est tout de même difficile de réhabiliter le monsieur en ce moment, surtout depuis le Carlton, la stratégie passe par sa femme. D’abord, on s’aperçoit que les Français s’intéressent à elle en publiant un sondage la mettant en « femme de l’année ». Ensuite, elle accepte le Huffington Post, « femme courage » qui n’a peur de rien…enfin, on publie ses états d’âme dans Paris-Match et on introduit une notion hallucinante.
Bien sûr, ce n’est pas elle qui le dit directement. Ce sont ses amies, qui parlent de ce qu’elle a vécu en 2011 : L’une d’elles raconte à quel point “ Anne s’est sentie heurtée, violée par ces femmes, surtout des jeunes issues d’associations féminines, haineuses, assassines, l’injuriant pour rester ainsi avec son bonhomme ”.

Violée par ces femmes. Vous avez bien lu. A une époque, on a entendu les avocats de DSK dire que l’avocat de Nafissatou Diallo l’avait « violée’ en racontant ce qu’elle affirme avoir vécu.

Maintenant, on va plus loin. On introduit cette notion absurde, ce poison mental comme quoi le combat des féministes pour faire reconnaître la gravité du viol serait un viol.

C’est absurde, mais ça marque les esprits. Peut-être pourrait-on rappeler à Paris-Match et à la machine de communication autour du couple DSK la définition du viol ?

« Le crime de viol est constitué par tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. Le viol est reconnu devant tout acte de pénétration s’exerçant dans de telles circonstances. Il peut s’agir de pénétrations vaginales, anales ou buccales dès lors que l’absence de consentement est caractérisée. »

Les mots sont importants. Certain-es feraient mieux de tourner 7 fois leur langue dans leur bouche avant de parler…

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2/ Le deuxième (motif d’énervement), sera plus court. C’est que le festival « Bobines sociales », qui se déroule à Paris 20ème, pendant deux jours, présente 15 documentaires dont 3 réalisés par des femmes; Ces « bobines sociales », concernent donc assez peu les principales personnes victimes de la pauvreté, du travail précaire en France, les femmes. Mais en plus, le festival passe aujourd’hui le documentaire de Jean-Michel Carré, « Les travailleu(r)ses du sexe », suivi d’un débat avec le réalisateur et…le STRASS (qui sont les personnes interviewées dans le film pour justifier la notion de « travail du sexe », le STRASS s’affirmant être le « syndicat des travailleurs du sexe »). Qu’il a été diffusé à la télévision (donc vu a priori au moins par des centaines de milliers de personnes), et qu’il est vieux de deux ans (j’en parlais ici. Et même, j’avais interviewé JMC, pour montrer que ce travail d’analyse était le plus honnête possible). Des abolitionnistes ont demandé à prendre la parole, cela leur a été refusé. Recommandé à la place d’être dans la salle (mais je ne veux pas le revoir ce film, une fois m’a suffi!).

Ce qui m’horripile, ce n’est pas tant le film. Pour moi, il est tellement peu convaincant, que je pense que si spectateurs il y a, il servira plutôt notre cause…mais c’est que dans un festival comme « bobines sociales », on ne cherche pas à se renseigner s’il n’y a pas d’autres films, plus récents, qui traitent de la question. Un documentaire, d’une qualité exceptionnelle, qui présente les témoignages de très nombreuses femmes prostituées, qui les a suivies pendant plusieurs années, « L’imposture », d’Eve Lamont, passé à Femmes en résistance cette année, est de 2011. Il répond magnifiquement à l’industrie du sexe. Il n’est pas diffusé à la télévision. C’est vrai, il ne présente pas la prostitution comme un « plaisir », un « travail social », c’est moins rassérénant que de voir « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, c’est formidable d’avoir un contrat et de l’argent pour faire l’amour ». Il montre la réalité de ce que vivent l’immense majorité des femmes, prostituées. Il montre ce qu’est la réalité de la prostitution : des millions de femmes esclavagisées à travers le monde, des enfants aussi. Et ça, visiblement, certain-es préfèrent le rendre invisible…

Sandrine GOLDSCHMIDT

Journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité

En ce jour anniversaire de la libération d’Auschwitz, que vous raconte ici Melanie, je n’ai pas le temps de vous livrer une longue réflexion sur la mémoire. Mais je voudrais que cette journée prenne tout sons sens en évoquant ce que la mémoire de la Shoah nous impose : une vigilance extrême pour tout ce qui constitue des crimes contre l’humanité, tellement intolérables à la vue et à l’écoute qu’on cherche à les dissimuler. Ainsi, les massacres de l’histoire et l’élimination systématique de populations (en Amérique, en Asie, en Europe, en Afrique, en Océanie -partout), la mise en esclavage d’autres, parce que celui qui massacrait s’estimait en droit de le faire parce que supérieur ou en prétendant que l’autre constituait un danger pour soi, l’appropriation d’être humains et de son environnement par l’espèce humaine,  tout cela doit être réfléchi, décortiqué, dénoncé. Tout comme  le viol et le meurtre, ainsi que l’esclavage sexuel et économique (travail non rémunéré ni valorisé) des femmes, et des enfants, devra un jour être reconnu pour ce qu’il est…un crime contre l’humanité.

S.G

Laïcité et liberté de conscience

Le parlement français a décidé de voter une loi sur la laïcité concernant les lieux de garde d’enfants de moins de 3 ans. Sont concernées, en plus des crèches et des centres de loisir, les assistant-es maternell-es. Cela a provoqué une controverse  sur le droit à la vie privée et à la liberté religieuse des nounous. Et sur la part de racisme qu’il pouvait y avoir dans cette mesure. Sans parler ici des 500.000 places d’accueil qui manque et du fait que de cela, le législateur ne s’est pas occupé…puisque j’en parle dans un édito sur cnikel)

Vouloir qu’un lieu public soit laïc, c’est un des fondements de notre démocratie, c’est vrai. Ainsi, on ne peut y prêcher pour sa paroisse, quelle qu’elle fut : religieuse, ou politique, ou autre.

Mais ici, contre quoi/qui cherche-t-on à se protéger ? De quoi, de qui a-t-on peur ? Avec un article, qui en plus, ne parle que d’une exigence de neutralité religieuse – et pas politique ? Craint-on qu’une femme musulmane, par le port du voile fasse du prosélytisme envers un enfant non-musulman de moins de trois ans ?

Eviter l’entrisme fondamentaliste dans les crèches et lieux d’accueil publics, pourquoi pas ? Mais chez les particuliers ? Peut-on légiférer sur les opinions des gens ? Dans ce cas, pourquoi ne pas légiférer sur celles des parents, qui ne sont pas neutres religieusement ? Et dans ce cas-là, politiquement aussi ? J’ai employé deux assistantes maternelles dans ma vie. Je ne sais pas pour qui elles votaient, ni quelle était leur religion. Tout ce que je leur demandais, c’était de s’occuper correctement de ma fille. Si ça se trouve, elles étaient pratiquantes d’une religion, si ça se trouve, elles votaient pour un parti que je déteste, si ça se trouve, elles étaient racistes, si ça se trouve elles pensaient que le rôle des femmes c’est d’être à la maison, ou que les homosexuels c’est le mal…

Si ma fille, à deux ans et demi, quand elle parlait déjà très bien m’avait dit : « maman, dada m’a raconté que dieu existe et qu’il a fait ci ou ça, ou si elle m’avait dit maman, dada elle m’a dit que les musulmans sont méchants, ou que si on n’est pas musulman on est méchant, ou que Le Pen c’est notre sauveur », j’aurais vu rouge. Comme j’aurais vu rouge si d’autres personnes de mon entourage, amenées à s’occuper d’elle, et plus croyant-es que moi, s’étaient mêlées de lui dire  C’est sûr. Le risque que ça arrive à deux ans et demie me paraît minime, mais sait-on jamais.

Mais alors, est-ce que j’aurais besoin d’une loi pour « défendre mon enfant » d’un risque d’atteinte à sa liberté de conscience ?

La laïcité et ses limites (au sens de bornes, champs d’application, etc…), c’est un problème très complexe. Et qui ne prend d’ailleurs pas les mêmes formes sur tout le territoire français, comme vous l’explique iciMelanie, mon ancêtre.

Ainsi, cet exemple qu’on m’a indiqué dans l’histoire de notre pays :   L’affaire Finaly. Des enfants juifs -des garçons, donc circoncis, des Alsaciens réfugié-es en Isère ont été sauvés en étant cachés par une institution catholique. Seulement voila, cette institution s’est mêlée de les baptiser. Et n’a pas voulu que ces enfants rejoignent leur famille juive, quand celle-ci les a retrouvés (pas leurs parents, qui malheureusement font partis des assassiné-es d’Auschwitz).

Il a fallu une longue bataille juridique, jusqu’en 1953, pour que les deux garçons retrouvent leur famille. Mais ils ont fini par la retrouver.
Oui, la République, assure à chaque individu la liberté de conscience. Et en tant qu’athée, d’origines religieuses multiples, je me dis depuis toujours : la liberté de conscience, comment les religions, quand elles imposent une appartenance à des enfants qui ne sont pas en âge de l’avoir, par des stigmates corporels, des actes symboliques ou un endoctrinement (apprentissage très tôt de règles religieuses), peuvent-elles l’assurer ?

Comment des institutions religieuses, et des parents, peuvent-ils s’arroger le droit de décider pour les enfants ? Quelle liberté de conscience cela leur assure-t-il à l’avenir ? Certes, on est bien obligé-es de les éduquer, et transmettre nos valeurs en fait partie. Mais est-on obligé-es de leur dire : tu dois être baptisé-e, ou circoncis, parce que tu viens de telle communauté ? Peut-on imposer à un enfant d’être végétarien parce que c’est notre conviction (les personnes végétariennes que je connais ne l’ont jamais imposé-e à leur enfant). N’est-ce pas une atteinte à la liberté de conscience de l’enfant ?.En tant qu’athée, je n’ai jamais dit à ma fille : Dieu n’existe pas, tu ne dois pas y croire. Quand elle m’en a parlé, je lui ai dit que je n’y croyais pas. Que d’autres y croyaient. Selon différentes religions. Il reste une part d’influence, mais j’espère, pas de dogme.

Le droit d’avoir la foi, de croire en Dieu, chacun-e l’a. Il est absolu. Mais il doit être un choix individuel. Et pas communautaire, ni familial…

Pour autant, peut-on assurer la liberté de conscience, peut-on éviter le totalitarisme avec une loi qui empêcherait les parents de le faire ? Je pense que personne n’imaginerait aller jusque là…

Et concernant la loi dans les lieux d’éducation publics, elle est aujourd’hui très claire. La neutralité de l’institution est imposée, celle des enfants aussi : ils ne doivent pas porter de signes religieux ostentatoires.  Pour autant, même là, si la loi protège les enfants en interdisant aux enseignant-es de faire du prosélytisme religieux ou politique, l’interdiction des signes religieux à l’école n’empêche pas les enfants de parler entre eux. Ainsi, un jour, cette petite fille de 8 ans revient de l’école (histoire vraie) et dit à sa maman : »Alicia, ma copine, elle me dit que les gens qui ne croient pas en Dieu ils vont aller en enfer et qu’ils sont méchants ». Et elle n’était pas du tout d’accord avec Alicia et ne comprenait pas ». Est-ce qu’Alicia était méchante de vouloir du mal aux impies ?  Ses parents ont pu lui expliquer : si elle dit ça, c’est parce que ses parents -sa communauté ? le lui ont appris. Ce n’est pas son choix. Et la seule méchanceté, c’est de faire -volontairement- du mal aux autres.

Pour autant, va-t-on proposer de faire une loi pour empêcher aux enfants de parler de ces choses-là dans la cour de récréation ?

Donc, si évidemment, la laïcité dans l’école et les lieux publics est à respecter, la loi ne peut pas non plus régenter les moindres gestes des gens. Et je me dis, avec le débat actuel, que peut-être alors, le plus intelligent serait effectivement d’inscrire la laïcité dans la constitution, pour bien rappeler que ce principe est unique, tout comme celui de la liberté de conscience. Et que cela pourrait peut-être permettre d’éviter de faire des lois répressives au coup par coup, qui pénalisent en premier lieu des femmes et des femmes déjà stigmatisées,  qui ne peuvent empêcher certain-es individu-es de se sentir visé-es, pour leur appartenance réelle ou supposée à une communauté (et donc de les pousser à y plonger).

Cela  nous permettrait peut-être  aussi (ce sont ici des éléments de réflexion) de nous concentrer enfin sur une éducation ce qu’est à la liberté de conscience. Et que la société, mais aussi toutes les personnes qui participent à l’éducation des enfants, parents compris, doivent essayer au mieux de l’assurer à leurs enfants.

Une liberté de conscience, qui à mon avis ne pourra pas exister tant qu’elle ne sera pas affranchie des religions, des dogmes politiques, du patriarcat et du dogme du marché (et il n’est pas exclu que j’en oublie. Le dogme de la théorie, peut-être ?). En résumé, de tout principe de domination et de possession de l’autre…

Sandrine GOLDSCHMIDT

La rage (de vivre !) ne nous quittera pas de si tôt

Quand on se bat pour la justice, pour une justice qui ne soit pas de sexe, de race et de classe, on se fait souvent accuser : de ne pas avoir le sens de l’humour face au sexisme ambiant, de ne pas aimer les hommes. Certains disent qu’on généralise à leur égard, lorsqu’on ne fait qu’affirmer des statistiques : la presque totalité des agresseurs d’adultes en ce monde sont des hommes. S’il y a des hommes battus par des femmes , ils sont infiniment moins nombreux que les femmes par les hommes.

Pendant ce temps, des hommes nous traitent de venin ou de castratrices. Rien que ça.

Pourtant, au quotidien, la vérité, c’est que les femmes ne sont pas les bienvenues dans cette société. Et que tous les jours cela nous soit prouvé, alors oui, ça nous met la rage. Aujourd’hui peut-être encore un peu plus que les autres jours. Mais c’est chaque  jour la haine à l’égard des femmes est affirmée. Dans les blagues, dans l’absence des femmes dans les représentations de la société (autres que destinées à vendre leur corps ou l’image de celui-ci au désir masculin), dans la violence permanente à leur égard.
De l’absence d’écoute à l’exclusion des sphères publiques, de la blague sexiste au harcèlement, de la violence verbale à la violence physique, de la tentative de viol et d’assassinat, au meurtre et à l’assassinat, c’est le lot quotidien. Et c’est la peur qu’on nous impose. Et on a beau se battre, s’affirmer, s’affranchir, se défendre, tout vient nous rappeler que ce que l’on attend de nous c’est la peur.

Peur d’être à la maison, peur de sortir, peur de se montrer, peur d’être vue, peur d’oser marcher seule dans la rue, peur  de vouloir quelque chose, peur d’avoir envie, peur d’être quittée, peur de prendre la place,  peur de ne pas plaire, peur de ne pas être crue, peur de faire valoir ses droits. Et même si on brave, ou si on tente de la braver, elle est là, elle ne nous quittera pas de si tôt, tant que la société nous l’apprendra dès le plus jeune âge.

Mais nous, la seule solution qu’il nous reste, c’est de transformer cette peur en rage. Rage de crier, de nous battre, de toujours refuser, de nous armer (des moyens légaux, le droit, la solidarité et la force -en apprenant à nous défendre), de dénoncer, de combattre jusqu’à ce que justice soit faite. Et si la peur est là, la RAGE ne nous quittera pas de si tôt non plus.

« PAS DE JUSTICE, PAS DE PAIX » !

Sandrine GOLDSCHMIDT

Et une chanson qui exprime notre rage d’être tellement « uninvited » dans ce monde.
Nous y resterons, même sans invitation

Le sport, toujours : ici, en France, il ne fait pas bon être footballeuse camerounaise…

Imaginez un footballer camerounais en ligue 1 sous contrat dans un club du nord (embauchée) à qui on ne veut pas donner de visa parce qu’il a deux enfants « au pays ». Vous croyez que ça arriverait ? Il semble que non. Mais si c’est une femme, sacro-sainte mère, dans la même situation, alors oui, ça arrive. Ca arrive à Rigobert M’Bah, 28 ans, qui joue à Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais.

Suite à mon article d’hier, j’ai lu des réactions sur facebook qui, sans avoir lu le texte de la pétition, amalgamaient immédiatement « égalité » de droits, et « égalité des performances », disant « hahaha, vous voulez pas quand même des tournois mixtes ». Je ne m’étendrai pas sur ce sujet qui mériterait à lui seul une thèse -pourquoi les performances des femmes sont plus faibles, pourquoi au double marathon les meilleures performances sont elles celles des femmes mais comme par hasard c’est un sport inconnu).
Je dirais juste ceci. Egalité, cela veut dire avoir les mêmes droits. Et pour cette femme qui n’est « que footballeuse », on réagit non pas en se posant la question « a-t-elle un métier qui justifie qu’on lui accord un visa » ?. Il semblerait que le procureur s’interroge sur « le fait qu’elle a deux petites filles au Cameroun », et que le football féminin n’est pas un vrai métier*. Donc, son vrai métier, c’est quoi ?   mère , c’est ça ?  Quelle outrecuidance de vouloir faire un sport de mecs -pas un vrai sport, quoi, et  en plus « chez nous » ?

Et oui, l’égalité des sexes dans le sport, ça a vraiment un sens, et qui se croise avec la question du sort réservé aux migrant-es, dans notre pays.
S.G

*selon la préfecture  : «Elle a bénéficié d’une autorisation de séjour exceptionnelle au titre de joueuse de football, mais cette activité ne fait pas partie de la liste des métiers reconnus comme donnant droit à une admission en France. C’est codifié. C’est le droit.»

Pour que les JO de Londres soient ceux de l’égalité femmes-hommes !

Aujourd’hui je relaie cette pétition, pour plus d’égalité dans le sport…
Car femmes et sport, c’est là aussi, toute une histoire…les femmes moins payées, moins encouragées à faire du sport, et en particulier les sports dits « masculins », qui ont rarement accès à des postes de responsabilité d’équipe, surtout quand il s’agit d’entraîner des hommes (heureusement que l’équipe nation d’aviron, très performante, entraînée par une femme, est là pour nous montrer que c’est possible ;-)!
Femmes et sport, c’est aussi du sexisme ordinaire insupportable, de l’invisibilisation systématique, que seul le succès de l’équipe de France féminine de football semble un tout petit peu entamer : la preuve, pour la première fois, des femmes sont sur les autocollants Panini ! 
On peut aussi parler de la violence sexuelle (1/3 concernés), encore trop souvent taboue, et de l’homophobie et la lesbophobie ambiant-es dans le secteur. Peut-on vraiment se déclarer sportif-ve et gay ou lesbienne ou bi ou trans quand des journalistes sportifs reconnus n’hésitent pas à tenir ce genre de propos ? Et contrairement à ce qui dit l’article, ce ne sont pas que les sportifs LGBT qui ont à s’en révolter, mais TOUT LE MONDE !
Alors que 2012 sera l’année des JO de Londres et que l’égalité femmes-hommes fait évidemment partie de la charte olympique, je vous encourage donc à signer cette pétition lancée par la Ligue du Droit International des Femmes, dont voici le texte, et le lien
 
  Que demandons-nous dans cette pétition ?
                                Une application stricte de la Charte Olympique!
                                                                      Trois revendications contre les discriminations ordinaires 
                          1.      Parité: dans les disciplines et les épreuves Olympiques
                          2.     Organes de décision: présence d’au moins 20% de femmes  
                          3      Reconnaissance et visibilité des sportives: le président du CIO devrait remettre la Médaille dOr à la fois au marathonien et à la marathonienne 
                                                                     Trois revendications contre  la ségrégation fondée sur le sexe
                                4. Bannir les délégations composées uniquement dhommes
                                5. Bannir les délégations arborant des signes politico-religieux
                                6. Le CIO ne devrait plus apporter sa caution aux jeux internationaux de la ségrégation organisés par Téhéran. pour les femmes
                                                         Une revendication plus globale afin de construire un monde meilleur
                               7. Lutter contre les stéréotypes ( sexisme, homophobie, transphobie),  ségrégation entre JO et Jeux Paralympiques,        

                                    prostitution autour de Jeux,

       Vous pouvez aussi lire ceci sur le site du ministère, ou télécharger ce rapport de l’ONU : Women_and_Sport_French-web

Louise Wimmer crève l’écran

Louise Wimmer crève l’écran, c’est à lire ici, sur les nouvelles news (c’est ma journée « je publie ailleurs »). Un TRES beau film. Pour la dignité absolue de cette femme, qui nous donne une énergie formidable. Et qui montre qu’on peut montrer des femmes, dans la précarité, sans maquillage, qui se battent, et que c’est au cinéma, un bien meilleur anti-dépresseur que les « contes de fées ou comédies romantiques ». Parce que c’est la vie, la vraie.

Du coup, pendant que  j’y suis, si vous voulez un condensé de tout ça, vous pouvez aussi aller là, c’est mon sccop.it « féministes tant qu’il le faudra ». Et bon week-end !

Sandrine

 

Les enjeux politiques de la garde des enfants de moins de 3 ans

Vous avez peut-être remarqué que je relaie parfois ici des articles que je publie sur le site cnikel.com enquête, partie éditoriale du site cnikel.com, qui est un portail destiné aux intervenantes et intervenants des services à domicile et à la personne. L’intérêt de cette partie éditoriale, c’est qu’elle a pour objectif, sous l’impulsion de son directeur de rédaction Bruno Leresche, d’améliorer la connaissance du secteur, de ses enjeux économiques, et des conditions d’emploi des personnes qui y travaillent. Et quand je dis des personnes -il s’agit, au moins pour l’aide à domicile et la garde d’enfants, de plus de 90% de femmes, de plus de 75% pour le ménage. Et ce sont là les trois principaux métiers employeurs parmi les 23 que constitue le secteur fourre-tout des services à la personne (qui compte 2 millions d’emplois déclarés).

j’ai donc rejoint l’équipe en tant que journaliste-éditorialiste, et suis ravie de pouvoir y trouver un écho à des préoccupations si importantes pour cette égalité que nous voulons. Egalité femmes-hommes, égalité migrant-es/autochtones, et respect des conditions de travail des travailleur-ses.

Aujourd’hui, à l’occasion d’un récent rapport sur le métier d’assistante maternelle et de l’approche d’élections où on a toujours peur des promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent, nous avons fait un point sur la question de la garde des enfants de moins de 3 ans. Petit rappel : sur l’ensemble, près de 60% sont gardés par la famille (très majoritairement les mères, écidemment), 20% par des assistantes maternelles (99,6% des effectifs), 10% dans des crèches…et 2% par des nounous à domicile (seul ou en garde partagée).

Autant dire que le manque de place est cruel (on parle de 500.000). Dans ce cadre, le métier d’assistante maternelle est un bon exemple de solution à continuer à  développer. Elle a en plus l’avantage, depuis quelques années, d’avoir un cadre collectif (convention). Pour autant, il ne s’exerce toujours pas dans des conditions idéales, et n’est pas accessible à toutes les familles. Emmanuelle Bayle fait une synthèse des questions qui se posent sur l’avenir d’une profession vieillissante :« Gare à la pénurie d’assistantes maternelles ».

En appui à cet article, j’en ai profité pour poser trois questions à Hélène Périvier, économiste à l’OFCE et co-responsable de Presages

Quels sont les principaux enjeux d’avenir pour la garde d’enfants de moins de 3 ans en France ?
Que faire face au vieillissement de la population des assistantes maternelles ?

Quelles propositions concrètes pourraient mettre en avant les candidat(es) à la Présidentielle ?

Pour les réponses, c’est sur cnikel Enquête !

S.G