Les femmes dans la création contemporaine : pistes pour une autre représentation

Françoise Semiramoth, artiste-plasticienne, expose à Contemporaines

Il est donc bien difficile d’être créatrice contemporaine dans le domaine de l’image, disais-je dans mon article précédent.
Il est aussi très difficile de trouver une façon de nous représenter qui parvienne à se dégager des stéréotypes sexistes.

Est-ce pour autant impossible ? Sûrement pas. Il est juste difficile de se départir de fausses idées.
La première donc, que les femmes et les hommes auraient un même accès à la création, la production, la distribution. La première des solutions, c’est de montrer, chiffres à l’appui, que c’est faux, et placer les responsables devant les faits : et comme en la matière, il faut en général passer par la contrainte plutôt que de compter sur la prise de conscience et la bonne volonté des tenants du pouvoir potilitique et écnomique, il faut bien avoir une politique volontariste.

En continuant à organiser des manifestations « spéciales femmes ». Si les manifestations qui se croient universelles sont en fait masculines, prenons-en le contrepied. C’est ce qui justifie les festivals de films de femmes et femmes en résistance. Festival féministe de documentaires, il choisit de privilégier les films réalisés par des femmes, pour autant qu’ils ont du mal à passer ailleurs. Et à condition qu’ils soient bons. Mais cela, ce n’est vraiment pas difficile à trouver. Il privilégie aussi les films faits par des femmes qui viennent des pays dont elles parlent. Parce qu’il nous semble important que les femmes s’emparent de la caméra, de la parole, de leur histoire, et que cela ne soient ni des hommes ni des étranger-e-s qui le fassent à leur place. Sans quoi, les discours et les représentations ne changeront pas. Et l’universalisme restera occidental…

Deuxièmement, il faut encourager tout regroupement de femmes dans la production, tout formation collective, toute lutte pour être plus visible.

Etre solidaire et ne pas être en concurrence – pour faire mentir hollywood- c’est une première étape.

Ensuite, il y a la représentation en images. C’est là peut-être le plus difficile, puisqu’il faut d’abord déconstruire tous les messages. Savoir associer le message verbal et l’image qui l’accompagne. Souvent, les féministes, rompues au message et aux idées, ne se rendent pas compte des images qu’elles véhiculent elles mêmes.

Pourtant, cela semble simple, au regard de ce que je disais plus tôt : refuser le morcellement des corps, et nous rendre une tête. Ne pas céder aux sirènes de la pub et de la beauté, montrer des femmes de tous âges et de toutes origines, refuser toute allusion pornographique.

Carole Roussopoulos

Enfin, la forme cinématographique, un peu abandonnée par les féministes qui pourtant s’en étaient emparées avec la video, doit être réinvestie. La video féministe, c’est aussi un moindre souci de l’image belle, du cadre parfait, au profit de l’authenticité. Ainsi, Carole Roussopoulos n’hésitait pas à bouger sa caméra pour ne pas manquer la parole la plus juste, pour capter l’inattendu. Cela rendait peut être ses films moins grand public. Mais transformait un média de l’illusion en média de la vérité. Contrairement à la télévision et aux images photoshopées où on ne doit rien croire, là, c’est authentique.

Enfin, il faut peut-être, renoncer à l’hégémonie de la fiction. Car la fiction nie la parole, nie le point de vue par excès d’esthétique, impose des normes et des formats. Le documentaire n’y échappe pas toujours, certes, surtout lorsqu’il vient de la télé. Mais il est un espace de liberté, liberté d’expression, sur la forme, sur le fond. il est un vrai espace de création, d’invention. Il est un lieu de réappropriation par les femmes du monde dans lequel elles vivent.

Et si elles y parviennent petit à petit, peut-être même pourrons-nous alors envisager de représenter en images et en fictions les femmes, et leur sexualité, leur désir, et leur corps, le vrai, l’entier, qui est le grand absent des écrans. Et de l’histoire.

S.G

La Collective a invité SAFFIR, galerie nomade et la Galerie Paradis à participer à cette programmation nommée « Contemporaines ».

programmation vidéo réalisée avec La  Collective au Studio de la Friche de la Belle de Mai 41 rue Jobin 13003 Marseille du lundi 12 au samedi 17 mars de 16 à 19h30

Des deux côtés de la Manche, briser le silence autour des viols !

Et toujours, la pétition à signer : lapetition.be
Quelques jours après le lancement de notre campagne pas de justice pas de paix, avec des visuels qui reprenaient des exemples des raisons pour lesquelles l’immense majorité des victimes de viol ne portent pas plainte, nous avons découvert qu’un initiative très semblable avait été lancée lundi en Grande-Bretagne par la blogeuse London Feminist. Depuis lundi soir, les témoignages de femmes n’ayant pas porté plainte #Ididnotreport sont envoyés par des centaines de femmes sur twitter. L’objectif , est le même que le nôtre : montrer comment le silence qui s’impose aux victimes les empêche de porter plainte et de réclamer justice.
 
Nous sommes parties du même constat : 90% des victimes de viols, soit 70.000 femmes adultes par an, ne portaient pas plainte.
Nous avons écrit une plainte universelle pour réclamer que la justice prenne enfin en compte la gravité du crime de viol, sa massivité et rende justice et réparation aux victimes.
Nous avons appelé des milliers de personnes à le faire également et à envoyer cette plainte à leurs député-es, aux ministères de la justice et de l’Intérieur, et aux membres du Sénat. Des centaines de lettres ont déjà été envoyées. Nous nous félicitons qu’ici comme Outre-Manche, des femmes et des hommes décident que le silence doit être brisé, et la société mise devant ses responsabililtés.
Pas de justice, pas de paix.
et sur Twitter : @manifestePJP.

La presse et les blogs en parlent : Be en a fait un de ses buzz de la semaine, Les nouvelles news : http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/civilisation-articles-section/civilisation/1769-sortir-silence-sur-les-violences-sexuelles-en-140-signes