Réponse aux intellectuels anti-abolitionnistes : un peu de sérieux !

 Le Nouvel Observateur a sorti une tribune signé par une série d’intellectuels, c’est-à-dire en l’occurence des gens qui ne connaissent rien au terrain, pour affirmer qu’abolir la prostitution était une « chimère ». Je dirais que l’effet même du mot -pompeux, fait pour marquer les esprits et dissimuler le manque de fond devrait suffire à nous ouvrir les yeux. La liste des signataires, pareil. Mais comme ça va mieux en le disant, voici une très bonne tribune de la présidente de l’Amicale du Nid, l’autre grande association qui avec Le mouvement du nid se bat auprès des personnes prostituées au quotidien, en rencontrant plusieurs milliers chaque année, et qui est clairement abolitionniste :

A propos de la tribune du Nouvel observateur du 22-08-2012 : « L’interdiction de la prostitution est une chimère »

Faut-il vraiment autant de signatures prestigieuses et de personnes pensantes ou jugées telles pour arriver à produire un article aussi léger, non informé ou de mauvaise foi sur la prostitution, une violence qui touche toutes les personnes prostituées.

L’article commence par une sorte d’appel au peuple. Evidemment tout le monde (en dehors des proxénètes) serait d’accord pour lutter très fermement contre le trafic et les réseaux maffieux qui mettent en esclavage des centaines de milliers de personnes à des fins d’exploitation sexuelle ; c’est bien ce que demandent parmi d‘autres mesures les abolitionnistes!

Mais cette entame qui va servir aux auteurs pour poursuivre dans l’impensé de la prostitution, est malhonnête.

Elle dispense de chercher à savoir ce qu’est la prostitution, ce qui autorise les clients à acheter l’usage d’un corps, dans quels rapports de domination elle s’inscrit.

Elle dit qu’il y aurait deux prostitutions : la prostitution forcée et celle qui serait consentie, expression d’une liberté de gagner de l’argent comme on l’entend et de faire ce qu’on veut de son corps. Pour cela et comme dans les media les plus paresseux, les auteurs évoquent des témoignages de personnes qui se disent libres de se prostituer et heureuses de le faire comme un métier.

Comme l’écrivait une personne prostituée après une de ces émissions de télévision qui transforment la prostitution en métier de travailleur social ou en possibilités de relations humaines les plus glamours : « comment les prostitué-e-s pourraient –ils-elles dire publiquement à leurs clients, vous nous dégoutez, on n’en peut plus de faire semblant, de supporter vos manies, vos fantasmes et votre crasse ». Par ailleurs ont-elles la possibilité, ces personnes prostituées, de dire qu’elles sont sous emprise d’un proxénète compagnon ou pas, d’un réseau ?

Combien de personnes prostituées ont dit un jour : « tout va bien, j’aime ce que je fais et je gagne bien ma vie, je suis libre » puis plus tard ont exprimé leurs souffrances et la violence subie, les associations qui accompagnent les personnes prostituées en rencontrent des milliers. Comment ces penseurs qui oublient que toute action politique a un fondement idéologique c’est-à-dire un point de vue sur le monde ce qui n’est pas une tare mais une garantie de réflexion et la base du débat démocratique, peuvent ignorer les violences de toute situation prostitutionnelle sous traite ou pas ? Comment peuvent-ils ignorer encore ce qui conduit les personnes à être prostituées, violences de tout type subies dans l’enfance, violence économique de l’exclusion, désaffiliation, violence de l’émigration contrainte etc. ?

Il n’y a pas deux prostitutions, il n’y en a qu’une, celle qui consiste à acheter un corps pour sa jouissance personnelle et donc à chosifier l’autre. La prostitution n’est pas sexualité elle est domination. Elle n’a rien à voir avec la liberté et la liberté sexuelle en particulier, elle n’a rien à voir avec la promiscuité et les pratiques sexuelles qu’en toute liberté les personnes devraient pouvoir mettre en œuvre comme elles l’entendent dans un échange de désirs et donc dans le respect mutuel ; la prostitution a à voir avec les rapports sociaux de sexe et la double domination masculine et par l’argent. Il n’y a donc personne dans ce groupe qui a entendu parler de cela ? N’ont-ils donc jamais approché les concepts et les analyses qui expliquent la hiérarchie des sexes, l’inégalité entre les femmes et les hommes, qui montrent comment et pourquoi les femmes et leur corps ont toujours fait l’objet d’une appropriation par les hommes, ont toujours été sous leur contrôle et leur domination. D’où vient leur refus viscéral de penser la prostitution ?

Apparemment ils n’y voient qu’un marché qu’il serait dommage de supprimer et qu’il faudrait moraliser en le libérant. Vive la vente du corps des femmes et des hommes marchandises au profit de gentils clients ! (il n’y manque plus que les panneaux publicitaires !). Mais qui dit que les clients sont des salauds ? Les clients de la prostitution n’ont rien de spécifique en tant que groupe social : jeunes et âgés, modestes et riches, en couple ou pas ; ils exercent le droit que la société leur reconnaît jusqu’alors, à savoir payer pour un rapport sexuel non désiré par la personne en situation difficile qu’ils dominent ainsi. Ils constituent la demande sur ce marché juteux (mais pas pour les personnes prostituées), et font semblant de croire que le corps acheté jouit de leur action et que les personnes ainsi soumises sont libres. Lorsque les clients sont riches, dans l’escorting, la violence de leurs exigences est à la hauteur du prix payé.

A voir les « effectifs » mis sur le marché par les proxénètes de tout poil on ne peut que conclure que la demande est forte. Etant donné le faible pourcentage de personnes qui sont réellement hors de l’emprise d’un proxénète, la « quantité de marchandise » ne sera pas suffisante si la lutte contre les réseaux est efficace. Il faut donc que les clients se préparent à la rareté d’un service qu’il est légitime selon les auteurs de cet article qu’ils puissent acheter… comprenons-nous bien le raisonnement creux des auteurs ?

Malhonnêteté ou ignorance que de dire : mais il y a des femmes clientes aussi, ce ne sont donc pas seulement les hommes qui demandent de la prostitution ! ceci signifie que dans le plus d’autonomie et de liberté que les femmes ont gagnées ces dernières années, le travail de déconstruction de la domination n’a pas été fait ou pas par tout le monde et donc avec de l’argent dans un monde de marchandisation généralisée, des femmes (très peu nombreuses) vivent leur égalité, conquise souvent par d’autres, en faisant comme les hommes.

On ne peut défendre le respect des droits humains et légitimer en même temps la prostitution, cela frise l’imposture ! L’achat du corps d’autrui, de ses trous pour ce qui concerne la prostitution n’est pas un droit humain, n’est pas une liberté, c’est une violence quelle que soit la variabilité des pratiques sexuelles dans le temps et dans l’espace. La prostitution ou prostituer une personne, ce que font les clients et les proxénètes, n’est pas une consommation comme une autre n’en déplaise aux auteurs. Que d’amalgames si peu à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre de ces signatures ! La prostitution n’est pas identique au commerce de la drogue avec un produit qui est vendu et qui est demandé. Dans la prostitution, c’est le corps, la personne et son humanité qui sont en jeu ; c’est pour cela qu’il faut l’abolir !

Malhonnêteté ou marxisme bourgeois sommaire que de faire pleurer sur les prolétaires du sexe quand on ne sait pas ou on ne veut pas prendre en compte les rapports sociaux de sexe dans l’analyse de la prostitution ?

Fallait-il ne pas abolir l’esclavage parce que des milliers d’esclaves, à la suite de l’abolition aux Etats-Unis, se sont trouvés dans des situations plus terribles encore qu’avant et ont servi pour une part de force de travail surexploitée à l’industrialisation du nord alors que ceux du sud, sans terre et sans moyens de vie subissaient la misère ?

L’abolition de la prostitution est un projet ambitieux, certes, à la hauteur de l’impératif du respect des droits humains et de l’égalité entre les femmes et les hommes. Il est un projet de société qui respecte les personnes prostituées en les reconnaissant victimes d’une violence qui doit cesser, c’est pour cela qu’il faut interdire tout achat d’acte sexuel fondement de toute prévention et ne pas traiter les personnes prostituées en délinquantes (très différent de la prohibition) ; c’est pour cela qu’il faut des moyens et pour la lutte contre le proxénétisme et pour l’accompagnement vers l’insertion sociale et professionnelle des personnes prostituées. Personne ne dit que ce sera facile mais c’est une gageure et un combat qui réclament du courage politique, l’implication de la société civile et qui nourrissent l’engagement vers l’organisation d’une société de liberté, d’égalité et de justice.

24/08/2012

Geneviève Duché

Présidente de l’Amicale du Nid

Pour signer l’appel abolition 2012 : http://www.abolition2012.fr/

« Nous sommes toutes des hors-la-loi » Pas de justice, pas de paix

L’an dernier, le procureur Cyrus Vance abandonnait les charges contre Dominique Strauss-Kahn, inculpé de viol, tentative de viol, agression sexuelle et séquestration sur la personne de Nafissatou Diallo, femme de chambre de l’hôtel Sofitel à New York.

Avec la psychiatre, psychotraumatologue et présidente de l’association mémoire traumatique et victimologie, nous publiions, sur 2 jours, 2 textes intitulés « Pas de justice, pas de paix », pour exprimer notre révolte face à la difficulté euphémistique pour les femmes victimes de viol de se voir rendre justice.

https://sandrine70.wordpress.com/2011/08/24/3727/

https://sandrine70.wordpress.com/2011/08/22/pas-de-justice-pas-de-paix/

Car la justice de ce monde n’est pas faite pour les femmes, quand 1,5% seulement des cas estimés de viol donnent lieu à une condamnation.

Ainsi, « nous sommes toutes des hors-la-loi » d’exiger plus de justice, comme nous l’avons fait lors de la campagne Pas de justice, pas de paix », puis sur twitter avec le hashtag jenaipasportéplainte lancée le 1er mars dernier : http://pasdejusticepasdepaix.wordpress.com,

avec le texte d’une plainte déposée pour les 70.000 victimes de viol qui n’ont pas pu porter plainte :

http://pasdejusticepasdepaix.wordpress.com/vous-aussi-envoyez-la-plainte/

Et le film de la campagne, en français et en anglais

Nous le sommes, tout comme des milliards de femmes à travers le monde, ce qui ne les empêche pas de se battre, et résister pour obtenir plus de justice. Nous en donnerons un exemple magnifique à Femmes en résistance, avec la projection de « Invoking Justice », « au nom de la justice », de Deepa Danhraj, un documentaire remarquable sur des femmes musulmanes du sud de l’Inde qui s’opposent à l’injustice des hommes avec force et courage : http://resistancesdefemmes.wordpress.com/2012/07/14/le-programme-des-10-ans-en-ligne-nos-luttes-changent-la-vie-entiere/

Invoking Justice, by Deepa Danrhaj

 

To Rome, with Love ?

Il fut un temps où, sans être moins androcentré pour autant, ses films me faisaient rire, réfléchir, découvrir le cinéma.
Ce temps lointain et révolu m’a poussé à aller voir le dernier « film » de Woody Allen, panthéonisé du 7e art de la comédie sentimentale, ce genre cinématographique qui nous explique avec talent que l’amour, c’est le viol, et le viol, l’amour.

C’est pour cela aussi que je continue à voir ce genre de films, pour pointer du doigt comment on peut arriver à ça et que certain-e-s ne soient pas choqué-e-s : https://sandrine70.wordpress.com/2012/06/15/quand-le-viol-fait-basculer-lhistoire/

Ainsi, dans une comédie tout aussi débile qu’inepte, qui prétend montrer comment Natalie Portman est soi-disant libre mais va bien au final devoir s’avouer son goût pour la romance (pire que les dessins animés pour enfants), une scène de coït est présentée comme le comble de l’amour romantique. Chrono en main, en 45 secondes, le héros et l’héroïne ont le temps de se retrouver nus, de trouver un préservatif, lui de la pénetrer, eux de jouir, et de se fermer la bouche. C’est elle qui commence, mais lui, au dessus, qui continue…

Dans le dernier Woody Allen, qui s’aventure à Rome, ville romantique aux lumières doucereuses, plusieurs histoires de couples, avec là aussi a priori, des femmes diverses, émancipées, ou pas, mais avec des rôles presqu’aussi importants et presqu’aussi nombreux que ceux des hommes. Des rencontres amoureuses, des histoires de mariage, d’adultère, tout simplement ?

Pas tout à fait. Voici, en 5 points, comment le Woody Allen qui il y a 40 ans avait l’intelligence de s’interroger et de faire de la dérision sur son propre ridicule amoureux, en vient à nous montrer qu’à son âge il ne voit plus les femmes que comme des cruches à pénétrer, les scènes d’amour comme des viols, et l’espoir de la sexualité dans la prostitution (d’ailleurs, si je croise Pénelope Cruz, je lui dirai deux mots du petit jeu auquel elle s’est prêtée..)

Je ne vais pas raconter l’histoire, qui n’a vraiment ni queue ni tête…mais vous décrire les circonstances des scènes de rencontre ou d’amour :

1-entre le bel italien et la belle américaine : elle est sur une des grandes piazzas de Roma, une carte à la main, et…perdue…belle blonde, petite, elle demande son chemin à…un bel et grand italien…on se croirait presque dans une balade de sorcières nocturnes autour de l’île Fanac (allusion private, désolée pour les autres). Qui va l’emmener à la fontaine de Trevi, où ils tombèrent amoureux…

2-la femme de l’italien lambda. Le film est ponctué par la présence de Roberto Benigni, qui y joue Pisanello, un quidam totalement lambda qui d’un coup se trouve sous les feux d’une célébrité tombée du ciel. Tout le monde veut tout savoir de comment il beurre ses tartines, décrete le bas filé de sa femme « tendance », et se retrouve assailli de belles femmes plus grandes que lui (mannequins juchés sur des pointes de torture). Critique de la célébrité certes, mais surtout, affirmation de ce que doit faire sa femme dans la circonstance : « il faut bien qu’elle accepte de partager son Pisanello avec les autres femmes ». Et une fois la célébrité finie, elle est toujours là…

3-le jeune premier amoureux de l’actrice, meilleure amie de sa femme, surveillée par un golleck plus vieux déjà tombé dans le piège (Alec Baldwin, el traditionnel personnage extérieur à l’histoire et irréel qui donne la morale). Elle est actrice, donc séductrice, dit-il, prête à tout pour réussir ou piéger et faire « sortir des règles » le pauvre garçon bien sage qui bien sûr n’y peut rien…résultat : cette jeune femme prête à tout se contrefiche de sa meilleure amie et donc, si deux femmes se parlent, c’est pour mieux se trahir, se retrouver rivales…

4-La psychiatre, femme de Woody Allen, metteur en scène raté. Elle livre une analyse juste et permanente des faiblesses de son mari, et passe l’intégralité du film à ne pas être entendue…

5-et 6- Les jeunes mariés. Ils arrivent de leur cambrousse à Rome en voyage de noces et lui veut rencontrer les riches de sa famille pour trouver un bon travail.

5- la femme

Elle, pour faire bonne impression, cherche un salon de coiffure, mais évidemment, elle se perd. Et, sotte qu’elle est, ne connaît pas le nom de son hôtel. Voilà qu’elle va tomber sur un tournage avec une star du cinéma italien, considéré comme une « symbole sexuel » (je vous laisse imaginer la bedaine…), qu’elle révère. Il l’invite à déjeûner, puis à son hôtel, et là elle décide qu’elle ne peut pas risquer le regret éternel de ne pas avoir couché avec lui. Bien sûr, il l’a fait boire, à plusieurs reprises, il lui a dit qu’il n’était pas question qu’elle revienne en arrière maintenant qu’elle était allée jusque là. Cette scène de séduction, n’est donc bel et bien qu’une…scène de viol, bien déguisée.

Pire, arrive alors un jeune bellâtre qui veut braquer le riche acteur. Sur ce, la femme de ce dernier débarque et risque de prendre son mari en flagrant délit d’adultère. Que croyez-vous qu’il se passe ? Le jeune bandit propose à l’acteur de le remplacer dans le lit, comme ça l’épouse n’y verra que du feu. Ce qui montre bien ici que la lutte des classes est bien moins importante que la solidarité masculine. Après l’avoir menacé d’un pistolet, il le sauve…

Et alors, le mari trompeur repart, le jeune se retrouve toujorus dans le lit avec la jeune femme, qui va bien sûr consentir à cette aventure formidable, surtout que depuis le début de la scène, l’homme a toujours le pistolet à la main…

6- l’homme

Ah, et le jeune vierge effarouché, que lui arrive-t-il ? Alors qu’il attend le retour de sa femme, une femme frappe à la porte. C’est Penelope Cruz, qui joue une prostituée qui va dans la mauvaise chambre, qu’on a déjà payée pour assouvir tous les désirs du monsieur. Et voilà que Woody Allen nous donne sa nouvelle morale : cette jeune femme, superbe, qui croise en une journée au moins une dizaine de ses clients (des pauvres hommes pas satisfaits pas leur femme, j’imagine) et qui ne semble pas du tout affectée par cela, va faire « l’initiation du garçon », qui n’osait pas faire certaines choses avec sa femme, « la santa madonna » (oui, cela pourrait être une critique féministe, mais cela n’est que de la beaufitude à deux balles. A la fin de la journée, le jeune soi-disant déniaisé, retrouve sa femme, elle « contente » d’avoir été violée et lui d’avoir payé pour l’immunité du sien…

Alors si la critique a descendu le film pour sa piètre qualité « cinématographique », je me dévoue donc pour en rajouter une couche, et en descendre la qualité humaine… et c’est triste-effrayant-logique de constater qu’en bon soutien de Polanski, et après 40 ans de cinéma, « le 7ème art patriarcal » n’a pas mené le réalisateur plus loin que de trouver en la prostitution la réponse à ses interrogations sur la sexualité…

Encore une fois, avec les « grands réalisateurs » mondiaux, les moutons du patriarcat sont bien gardés…
S.G

 

 

 

 

Criminels contre l’humanité, les violeurs, illégitimes les hommes qui les défendent

Tempête aux Etats-Unis : un sénateur républicain proche du « Tea Party » et militant anti-avortement a affirmé en substance que l’avortement n’était pas un enjeu en cas de « viol légitime », parce qu’en cas de « legitimate rape » c’est à dire « vrai viol » en français, les femmes ne pourraient pas être enceintes.

Au-delà du mensonge éhonté ou de l’inculture crasse manifestés ici, l’idée qu’un homme se permette de décider de ce qui serait un « vrai viol » est juste à vomir. D’ailleurs, heureusement, même son propre camp a dû le désavouer. Mais on sait bien qu’il s’en fiche. Ce genre de promoteurs de la société du viol n’a qu’un objectif : « backlasher », c’est à dire mettre un peu plus dans la tête de tous ceux qui veulent l’entendre que le combat international des femmes et des féministes contre le viol ne serait pas légitime. Et justifier le viol.

Or, rien, jamais, ne justifie le viol, évidemment :  https://sandrine70.wordpress.com/2010/07/03/rien-jamais-ne-justifie-le-viol/ 

Je vous encourage à lire la réponse d’Eve Ensler, l’auteure célèbre féministe des « monologues du vagin », qui travaille au quotidien avec les femmes de la République démocratique du Congo victimes de viol, la réponse est ici :

http://www.huffingtonpost.com/eve-ensler/todd-akin-rape_b_1812930.html?ncid=edlinkusaolp00000009

Il est temps que nous nous levions toutes pour  rendre les hommes qui défendent les violeurs (pour n’importe quelle raison) massivement illégitimes, en faisant reconnaître le viol pour ce qu’il est : une destruction massive de l’humanité des femmes, et en faisant taire ceux qui ne le reconnaissent pas et, comme le dit Eve Ensler, reproduisent et perpétuent ainsi l’effet du viol et de la terreur sur les femmes !

Pas de justice, pas de paix!

S.G

Rappellons-lui donc aussi ceci : « le présumé consentement n’existe pas » : https://sandrine70.wordpress.com/2011/05/17/ce-qui-est-sur-cest-que-le-presume-consentement-nexiste-pas/

Et puisque cela fait un an moins un jour que les charges ont été abandonnées à l’encontre de DSK, rappelons le texte écrit l’an dernier avec Muriel Salmona : Pas de justice, pas de paix : https://sandrine70.wordpress.com/2011/08/24/3727/

Pourquoi l’abolition : pour la Liberté

Ah ! combien on nous parle dans le débat sur l’abolition de la prostitution, de la liberté d’une individue ou d’un de se prostituer !

Qu’elle est belle, cette liberté libérale qui consiste à regarder son nombril et se dire : je suis un être libre de toute contrainte, identitaire, sociologique, géographique, économique et familiale, et je fais ce que je veux !

Il y a juste un détail oublié dans cette interprétation du libéralisme très patriarcal (celui qui dit : « enrichis-toi, tu iras au Paradis ») : si je m’affirme haut et fort comme libre, le reste de la société n’existe plus. Ainsi, de projet de société il n’y a plus, il n’y a plus que des individu-e-s en concurrence pour imposer leur liberté individuelle : c’est la loi du plus fort qui s’instaure. Dans ce contexte, ce sont toujours les mêmes  (les hommes) qui sont libres, et c’est toujours au détriment des mêmes (les femmes).

Ces évidences dites, cela fait mal de se dire que malgré un siècle et demie de réflexion sur elles, il y en a toujours qui mettent en avant cette fameuse « liberté de se prostituer ».

Aujourd’hui je voudrais donner deux références, l’une consultable en ligne, un texte inspiré des Misérables :  « Fantine ou la liberté de se prostituer ? qui date de 2003, par Catherine Albertini : http://sisyphe.org/spip.php?article617

J’en cite ici le début :

 » Qu’est-ce que c’est que cette histoire de Fantine ?
C’est la société achetant une esclave.
A qui ? A la misère.
A la faim, au froid, à l’isolement, à l’abandon, au denûment. Marché douloureux.
La misère offre, la société accepte. »

Victor Hugo, Les Misérables (1862).

Désormais nous parlons de loi de l’offre et de la demande. Nous faisons remarquer que la loi sociale est élaborée au masculin, que la prostitution est le produit socialement et historiquement construit de la domination masculine elle-même fruit de représentations archaïques des genres inlassablement reproduites depuis la nuit des temps.

Rien n’a pourtant fondamentalement changé en pratique. De plus en plus de Fantine continuent d’arpenter les trottoirs de la prostitution. Prostitution de masse, prostitution de la misère, de la violence. S’il n’est de vérité que statistique, alors les statistiques disent que 80% des prostituées (sur 20 000) exercent sur les trottoirs et que près de 70% d’entre elles sont des migrantes.

Dupées ou non. Vendues ou non. Forcées ou non par des proxénètes barbares ou non, maffieux ou non. La majorité d’entre elles sont cependant aux mains de réseaux extrêmement violents. Cela ne rend pas pour autant la prostitution  » traditionnelle  » sympathique, normale ou acceptable.

Car toutes sont contraintes. (…) Lire la suite ici : http://sisyphe.org/spip.php?article617

Autre ressource, qu’on peut trouver en bibliothèque mais malheureusement pas sur Internet, sauf de larges extraits ici : https://www.facebook.com/notes/lise-bouvet/propos-el%C3%A9mentaires-sur-la-prostitution/148425128628694

C’est un article d’Annie Mignard tiré des Temps Modernes : Propos élémentaires sur la prostitution

Voici quelques phrases tirées de ces extraits, et qui poursuivent la réflexion, et préviennent déjà ceux qui voudraient dans les semaines à venir, nous expliquer que le féminisme doit être libéré (comme le marché ?) : ce sont des extraits parcellaires, qui ne constituent pas une démonstration mais presque, mais destinés à donner envie d’aller découvrir ce texte…

La prostitution est la :

« fiction d’un échange de bons procédés entre sujets libres, volonté de ne pas savoir pour ne pas s’interroger, de croire à la liberté de la prostituée pour conserver la sienne. »

« curieux avatar du féminisme…cette complicité d’esclaves sous couvert de féminisme, cette entreprenante résignation à l’état de marchandise, … , enfin acceptante des règles du jeu, que produit l’idéologie libérale avancée de la marchandise. »

« la démocratie avancée a troqué l’idéologie de la liberté propre à l’être humain contre celle du libre usage de la marchandise à deux pattes. »

Car dans ce champ du marché à libérer à tout prix pour l’enrichissiment des 1% d’hommes qui détiennent 99% des richesses du monde, il y a de plus en plus le corps, comme si l’on pouvait distinguer le corps (celui des femmes en l’occurence) de l’être humain.

« ON N’A PAS SON CORPS, ON EST SON CORPS et non un objet, un instrument, séparé de l’être, qu’on peut vendre, louer, abandonner, ou garder pour soi, mais l’être même. ON NE S’APPARTIENT PAS, ON EST.

« Le corps réagit-il différemment lorsqu’il y a de l’argent et lorsqu’il n’yen a pas? En est·on moins malade pour autant? Moins coupée ? Moins expulsée de soi-même? Où peut-on aller se réfugier quand le lieu de son corps est occupé par autrui? Quand on n’a même plus son espace du dedans? »

Car dans cette pseudo-lutte pour la liberté, qui mène au réglementarisme et à l’intégration au marché, c’est bien, comme écrit Annie Mignard, ceci qu’on fait :

« comme si l’intégration de fait dans le circuit économique en supprimait le scandale, … , dédouanait moralement un crime contre l’humanité. »

S.G

 

 

 

Benzema et Ribery en correctionnelle

Il arrive encore ces derniers temps, qu’on lise des horreurs sur le fait qu’une jeune femme connue sous le nom de Zahia, « se soit fait connaître » par le fait d’avoir été prostituée mineure par des exploitants de café et des footballers célèbres. Oubliant que sa notoriété toute relative n’était due qu’aux faits justement reprochés par la justice aux deux personnages : ils n’auraient pas su qu’elle était mineure, nous disait-on, et alors .? Nul n’est censer ignorer la loi et donc s’assurer d’être dans son cadre…et nul ne devrait pouvoir effacer par un billet le consentement libre et désirant à un acte sexuel. Nul ne peut donc les dédouaner de leur rôle actif dans le système prostitueur, système où l’argent assure l’impunité du viol (aïe mes genoux).

Donc, me voici satisfaite de relayer cette info : les deux stars n’ont pas obtenu le  non-lieu espéré, mais sont renvoyés en correctionnelle pour répondre de « sollicitation de prostituée mineure ». http://www.liberation.fr/societe/2012/08/14/benzema-et-ribery-renvoyes-en-correctionnelle-dans-l-affaire-zahia_839758
Justice n’est pas encore faite, mais au moins elle suit son cours…j’en profite pour republier le billet écrit à l’époque, alors que tout le monde minimisait la responsabilité des deux hommes (dont la réputation n’a d’ailleurs guère été ternie par cette affaire, contrairement à celle de la jeune femme, encore une fois, victime de toutes les insultes sur internet)

PETIT AVERTISSEMENT : pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté, il vaut mieux lire l’article en entier…il m’a été en partie inspiré par cette interview parue dans Le Monde

Et oui, il s’agit bien de football…en ce moment, les « bleus » sont martyrisés. Victimes. D’un complot à quelques semaines d’un événement si important dans leur vie. On accuse leur star, le ch’ti gars du Nord, d’être impliqué dans un scandale de proxénétisme. Parce que le pauvre, il a été client. Et on l’a trompé sur la marchandise. La femme n’était même pas majeure ! Et c’est mal. Coucher avec une prostituée mineure, ce n’est pas permis. Mais comment savoir ? Si elle a 17 ans et qu’elle en a 18 ? Doit-on lui demander sa carte d’identité ? Et être le client d’un proxénète, est-ce être un proxénète soi-même ? Alors en plus, l’ami Ribéry, il dit qu’il ne lui a pas donné 2000 euros, mais qu’il lui a juste payé le voyage pour venir lui rendre ce service amical à Münich ?

Les footballeurs, ce sont des jeunes hommes, en pleine santé. Ils accomplissent des exploits exceptionnels, qui font la gloire de tout un pays (mettre une balle avec  le pied dans un filet, vous vous rendez compte, quand ce n’est pas avec la main…), la liesse et le moral des ménages de la population entière. C’est beaucoup pour eux, il faut bien qu’ils décompressent.

Et puis, ils ont des besoins sexuels plus forts que les autres, paraît-il. Et ils ne peuvent pas trouver une jeune femme adulte consentante, sans avoir besoin de la payer ? Il faut les comprendre. Ils s’entraînent toute la journée, ils ne font rien d’autre, ils sont servis par des gens biens payés pour toutes leurs activités. Et ils ont tout ce qu’ils veulent, tout de suite. Alors, si on peut leur fournir des services sexuels sans avoir besoin de passer par un biais gratuit ( parce que payer, d’habitude, ça évite le scandale provoqué par de jeunes écervelées qui pourraient avoir envie, après avoir cédé à la star, de provoquer un scandale ou de récupérer de l’argent), n’est-ce pas normal qu’ils utilisent leur argent de poche (2000 euros, pour eux, c’est un peu comme une baguette de pain pour nous) comme ils le veulent ? Pourquoi ne le feraient-ils pas, puisque tout le monde sait (enfin, les dirigeants des clubs, et les journalistes), que ça se passe toujours comme ça dans le football ? Vraiment, on en fait trop sur cette affaire….

Et enfin, c’est qui, cette « Zahia D. » « par qui le scandale arrive », comme je lis dans les journaux. « La jeune prostituée par qui le scandale arrive », « la jeune prostituée qui a provoqué un scandale dans le monde du football », « l’affaire qui fait mal aux bleus » ?

« Stop! »

Retour en arrière : cette jeune femme n’est pas responsable de l’affaire. La police a enquêté  sur un renseignement menant à une affaire de proxénétisme liée à un café parisien. C’est dans cette enquête que les noms de plusieurs joueurs de l’équipe nationale de football ont été cités. C’est dans cette enquête qu’elle a été interrogée et qu’elle a cité les joueurs concernés. En quoi est-elle responsable ? En rien. Ni de la sortie de  l’affaire, ni de l’acte. Et le joueur, majeur, plein aux as, avec tous les moyens de connaître le monde qui l’entoure, il est « obligé » , lui ?

S’il a un besoin irrépressible de sexe (?!? notion bien sûr, que jamais personne ne conteste…), est-il obligé de faire appel aux services d’un réseau ? (ah oui, mais c’est peut-être comme pour le dopage, on ferait tout à son insu…)

Est-il obligé d’être toujours tombé de la dernière pluie ? Peut-être que la jeune femme avait l’air d’avoir 18 ans et pas 17. Mais est-il si naïf qu’il peut imaginer qu’il est sûr que la personne en face lui dit la vérité (surtout qui se prostitue, et donc fait facilement plus que son âge ) ? Si la parole d’une personne qui espère recevoir 2000 euros si elle ment de quelques mois sur son âge lui suffit…est-ce qu’il avait vraiment envie de savoir ?

Et puis, même si elle avait 18 ans, pourquoi trouve-t-il normal ce rapport de domination qui fait qu’il peut faire venir une jeune femme chez lui, pour 2000 euros, et obtenir des services sexuels ? Parce qu’il croit qu’il lui fait du bien ? Qu’il lui permet d’avoir une activité bien rémunérée ? Que c’est un commerce ou un travail comme un autre ?

Un exemple de plus, pour moi, des raisons pour lesquelles seule la pénalisation du client peut faire avancer vers une société sans prostitution, qui fait partie des violences faites aux femmes pour lesquelles nous sommes dans une grande cause nationale en 2010, faut-il le rappeler ? Parce que tant qu’on ne s’attaquera qu’aux réseaux de proxénétisme, il y aura une demande, qu’une offre, en réseau ou pas, cherchera à satisfaire, par besoin d’activité économique. Et les prostituées seront toujours « celles par qui le scandale arrive ».

Sandrine Goldschmidt

Actus féministes d’août : Pussy riots, harcèlement sexuel, Tunisie, stop Porn

Paris a beau être déserte…

l’actualité du féminisme ne s’arrête pas pour autant (normal, me direz-vous, Paris n’est pas la planète !)

La tête encore un peu en vacances, je me contenterai juste de faire quelques liens vers des infos importantes :

D’abord, pour faire le suivi de l’actu du printemps, voici le lien vers le texte de loi sur le harcèlement sexuel, sur le blog de Muriel Salmona :

http://stopauxviolences.blogspot.fr/2012/08/harcelement-sexuel-loi-n-2012-954-du-6.html et les derniers commentaires de l’AVFT :

http://avft.org/article.php?id_article=653
Il y a ensuite la Tunisie, avec la mobilisation pour que l’on n’aille pas vers la régression, avec un projet de constitution qui au lieu de faire perdurer l’égalité des sexes, instaurerait…une complémentarité entre eux ! Hier, 6.000 personnes, en grande majorité des femmes, ont manifesté en Tunisie : http://www.lemonde.fr/tunisie/video/2012/08/14/en-tunisie-les-femmes-dans-la-rue-pour-defendre-leurs-droits_1745925_1466522.html

Autre actu du moment, la mobilisation internationale en faveur des « Pussy Riots », militantes d’un groupe anarchiste enfermées pour avoir « blasphémé » en Russie : une affaire complexe : bien sûr, il faut tout faire pour qu’elles soient libérées, mais aussi pour qu’on cesse d’utiliser, pornifier, violenter les femmes pour servir la cause de la liberté : http://christineld75.wordpress.com/2012/08/13/pussy-riots-faut-pas-pousser/

Enfin, en toute objectivité, et dans la suite de ce qui précède, un lien fondamental à conserver vers le meilleur blog féministe radical français :

http://www.feministes-radicales.org/2012/08/13/la-torture-la-plus-mediatisee-au-monde/

qui nous montre ici avec toute l’évidence que la réalité propose parfois, que la pornographie, c’est de la torture infligée à des femmes dans le but de faire jouir des hommes…et dont tous les héraults du libéralisme mal placé voudraient nous faire croire, dès lors que les victimes sont des femmes, qu’il y a là un rapport avec la liberté ou l’art.

Comme quoi, avant de songer à l’absurdité de la notion de « libérer le féminisme » sur lequel beaucoup de femmes et d’hommes usent de la salive et de l’argent capitaliste (…), continuons à nous employer à agir : « libérons les femmes » !

Ah, et au risque d’avoir mal aux genoux, je republie ceci : https://sandrine70.wordpress.com/2012/05/18/la-pornographie-cest-la-theorie-et-le-viol-la-pratique-bouleversement-radical/, et ceci :

https://sandrine70.wordpress.com/2012/03/13/pour-les-personnes-prostituees-contre-le-systeme-prostitueur/ où il est clairement dit que la prostitution, c’est l’achat de l’impunité du viol.

Et puisqu’on parle de cela, je ne peux pas ne pas repartager les scoop.it de Lise Bouvet, qui donnent plus de 700 liens pour mieux comprendre la position abolitionniste de la prostitution, ce qui ne lui a pas valu que des amie-e-s (menaces, intimidations sur la toile, etc.). C’est une ressource fondamentale :

http://www.scoop.it/u/fee-ministe#pg=1&mi=topics&si=curated&panel=followedPanel

S.G

 

Cadavres olympiques Chanel, ça suffit !

Normalement je ne montre pas les photos que je réprouve. Mais là, mon sang ne fait qu’un tour, voyant que d’autres partagent ceci comme si c’était beau et anodin, je suis obligée de vous la montrer :

Des cadavres, pas exquis du tout, des cadavres chanelisés et qu’on fait jouer au cheval d’arçon dans une photo qui se veut ce que se veut aujourd’hui la mode, de l’art…

Mais qui donc peut y voir autre chose que des cadavres en train de tomber ? Qui donc peut y voir de la beauté et affirmer que nous exagérons en disant que ce monde pornifié non seulement nous chosifie, nous étête,nous affame, nous mortifie et nous dessine des vêtements de squelette pour mieux enfoncer le clou ? Quel esprit à ce point déshumanisé lui-même pourrait ne pas voir qu’il y a là une entreprise de destruction systématique ? Des squelettes, c’est sûr que c’est plus facile à manipuler que des êtres de chair et d’os…

Je n’en dis guère plus ce soir, sinon que ce qu’ils ne savent pas, c’est que nous ne resterons pas dans un silence de mortes…et réagissons !

Ah oui, si, ce n’est pas la peine de venir me dire en commentaire que j’exagère, parce que je suis trop en colère pour le prendre bien…

S.G

 

 

Harcèlement de rue : la propagande de la peur

Photo Hélène Epaud

Tout a dû être dit ou presque pendant que je parcourais les sentiers libre et tranquille en montagne…
Magnifique mouvement déclenché par une évidence video : les femmes sont harcelées, tout le temps, partout, à chaque âge de la vie.

Comme l’a écrit une blogueuse :

1. Le harcèlement de rue est une réalité quotidienne pour quasiment toutes les femmes.

2. Le harcèlement de rue est banalisé : les femmes en souffrent, mais cette souffrance n’est pas considérée comme légitime par la société, qui entérine et normalise le comportement des harceleurs en le minimisant et en le faisant passer pour un hommage ou pour de la drague.

3. Le phénomène de harcèlement de rue est méconnu, et sa mise en évidence suscite à la fois scepticisme et sarcasmes.
4. La prise de paroles des femmes (sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres relevant du sexisme) est un combat sans fin : la preuve par le hasthag (mot-clé sur Twitter) #harcelementderue.
Je rajouterais quelques éléments  :
5. Le harcèlement de rue n’est qu’une des multiples formes de harcèlement sexiste, qui est absolument partout :
pour les filles, il commence au berceau (oh vous avez vu elle fait déjà des sourires ?)
à la maternelle : oh ‘que tu es jolie avec cette jupe qui tourne’. Oui, jupe qui tourne, mais qu’on soulève si facilement, « pour jouer », premier harcèlement..
en primaire : « c’est qui, ton amoureux » ? car si tu joues au foot et que tu n’en as pas, alors tu serais peut-être libre…
au collège, quand un mini-macho veut absolument savoir, dès la 6e, si les filles portent ou pas des soutiens-gorges
Au lycée, au travail, au cinéma, dans un bar, dans la rue…
Ce sont les parts réservées aux femmes dans les repas, qui réduisent l’espace qu’occupe leur corps
C’est l’absence de chambre à soi, qui anéantit l’espace de l’intimité.
C’est l’occupation de leurs temps aux tâches ménagères, éducationnelles, au travail, au « care » qui amenuise l’espace de leur temps libre (libre ?)
Ce sont les coups, qui anéantissent l’espace même de leur sécurité.
Ce sont les viols, qui réduisent l’espace à la mort.
C’est le sacrifice des petites filles en Inde, effacées de l’espace dès avant leur naissance, crime contre l’humanité.
C’est le crime contre l’humanité qu’est le viol par inceste à travers le monde, qui supprime tout espace à la vie future.
C’est le génocide silencieux des personnes prostituées, sacrifiées à l’espace dévorant qu’exigent les moindres désirs mortifères des hommes.
6-
Autour de nous, tout espace est peau de chagrin. Alors il nous faut y mettre un nom : cette occupation de l’espace, ce harcèlement de rue que certains font semblant de découvrir, c’est la propagande patriarcale. C’est la peur, destinée à nous réduire à un silence de mortes.
Cette propagande qu’on retrouve dans quasi-chacun des billets sur le sujet par les médias traditionnels : incapables de comprendre que le harcèlement, c’est l’occupation de l’espace, et que l’occupation de l’espace, c’est l’occupation de notre corps, donc de notre personne, ils continuent à publier des photos de jambes, de bouts de personnes, sans têtes, de mortes… Nous sommes colonisées, et étêtées.
Le billet le plus clair sur ce que le harcèlement nous fait, comment nous sommes littéralement dévorées jusqu’à l’anéantissement, est peut-être une galerie de photos, partant de l’horreur de violence sexiste qu’est la représentation du beach volley : http://www.metro.us/boston/sports/article/1148979–what-if-every-olympic-sport-was-photographed-like-beach-volleyball
S.G

Chardons et épilobes au pays des sorcières

Une galerie photo, surtout pour celles et ceux qui n’ont pas Facebook, et parce que les sorcières de la montagne ont parsemé mon chemin de fleurs extraordinaires cette année, qui m’éloignent un peu des sombres horizons. Mais certainement pas des luttes, les sorcières m’ont au passage livré quelques uns de leurs secrets. Ils se cachent dans le langage des photos mais il vous faudra le deviner…