Ce soir ou jamais : une féministe à la télé !

Si vous n’avez pu la voir en direct, voici le replay de l’émission « Ce soir ou jamais » animée par Frederic Taddei, où Typhaine D., comédienne, féministe radicale, membre de Femmes en résistance a été  brillante. Face à d’autres qui pensent que le monde n’existerait que depuis l’ORTF (« le patriarcat, on se croirait au temps de l’ORTF »…)… l’émission commence vers la 30e minute.

L’émission s’intitulait « la guerre contre le sexisme se trompe-t-elle de cible », en réaction aux réactions à une phrase de Stéphane Le Foll qui induisait que les femmes seraient moins techniciennes que les hommes. C’est d’une telle évidence  c’est tellement vrai, que la phrase est sexiste, comme l’a dit Typhaine, que cela n’a pas énervé que les féministes. Et c’est tellement une montée en épingle médiatique d’une façon de pointer les féministes qui ne s’attaqueraient pas aux vrais problèmes, qu’il fallait bien quelqu’une pour dire que : « mais si, tout cela est un système ». Et que si peut être cette phrase sexiste n’est qu’un petit rouage, il faut bien aussi la dénoncer.

Mais surtout, le comble est de partir des réactions à cette phrase pour critiquer les féministes, comme si ce n’étaient pas elles, et ELLES SEULES ! qui luttent au quotidien contre les crimes sexistes, quand les médias préfèrent se gorger de polémiques à deux balles.

Il fallait donc beaucoup de courage pour affronter ces médias (et je dois reconnaître que l’animateur a été moins pire que je n’imaginais), et y porter une parole, qu’on n’avait peut-être jamais entendue de cette façon à la télévision. En espérant que certaines et certains prendront la perche tendue par Typhaine.

Un grand bravo à elle !

Vous pouvez revoir l’émission ici : http://www.pluzz.fr/ce-soir–ou-jamais—2012-10-30-22h50.html

Cineffable, 24e édition : « s’emparer de notre réalité et repenser notre fiction »

Pour sa 24e édition qui se déroulera de mercredi soir à dimanche, Cineffable, le festival lesbien et féministe de Paris a l’ambition de transmettre la culture lesbienne et politique, définie comme « la lutte contre les oppressions de l’hétéropatriarcat ; c’est aussi un lien unissant les écarts et désaccords, à tartiner à l’envi dans l’écoute et le respect de l’autre, plus que jamais indispensables. Notre culture c’est, sur les pas de nos artistes, se réapproprier notre part d’utopie, s’emparer de notre réalité et repenser notre fiction. C’est vous inviter toutes, pendant et au-delà de ces 5 jours, à décoloniser l’imaginaire. »

Un vaste programme dans un festival qui se déroule cette année au théatre de Ménilmontant (15, rue du Retrait métro Gambetta), que s’emparer de la réalité et repenser notre fiction. Reste à savoir si cette année, le festival parviendra, au travers des fictions présentées, à réellement à incarner cette décolonisation, ce qui semblait si difficile l’an dernier,
quand de nombreux films reprenaient à ce point les codes pornographiques, voire l’esthétisation de la torture : https://sandrine70.wordpress.com/2011/11/02/la-torture-ca-nest-pas-esthetique-ni-artistique-encore-moins-subversif/

Cette année, le programme documentaire semble très riche. Avec trois axes principaux :

-les grandes figures féministes et lesbiennes françaises avec les documentaires « Carole Roussopoulos, une femme à la caméra », « Un écrivain en terres mâliques » (entretien avec Michèle Causse) et « Marie-Josèphe Bonnet, histoires d’amours féminines ».

-Les documentaires sur la situation des femmes dans le monde : « Ladies’ Turn , « Cartografia de la soledad » sur la situation des veuves en Inde, Népal et Afghanistan mais aussi « Voices Unveiled: Turkish Women Who Dare », « Voces desde Mozambique », « Sex Crimes Unit »…

Et « un état des lieux parfois dur mais indispensable sur la difficulté de vivre son homosexualité dans le monde : « Call Me Kuchu » en Ouganda, le percutant « Taboo… Yardies » en Jamaïque, « 365 without 377 » en Inde, « Our Story – 10 Years Guerrilla Warfare of Beijing Queer Film Festival » ainsi que le Sud-africain « Waited For ». »

Plus d’infos sur le site du festival : http://www.cineffable.fr/fr/edito.htm et la grille horaires à télécharger ici : ProgrammeCineffable2012

Care et Amour

On entend beaucoup parler du Care sans savoir vraiment ce que c’est…

Politique de réhumanisation de la société ou de perpétuation de l’oppression des femmes…

il peut, sans doute, être l’un comme l’autre selon qui le récupère et qui l’utilise. En France, une « politique du care », qui verrait par exemple le vieillissemen pas seulement comme un glissement vers la dépendance, qui au lieu de parler de dépendance s’intéresserait aux meilleurs moyens de favoriser l’autonomie des plus fragiles, qui ne verrait pas seulement l’aide aux personnes âgées ou en difficulté comme un poids ou un filon économique -exploitant au passage un peu plus les femmes-, serait bienvenue. Une sorte de tout le contraire de ce qui se passe dans le film palmé à Cannes, et dont je parlais ici hier.

A entendre la ministre déléguée aux Personnes âgées et à l’Autonomie, on se dit qu’il y a vraiment beaucoup de travail, de grosses difficultés à surmonter mais semble-t-il une volonté politique. Voici une interview de la ministre réalisée pour le site Cnikel enquête, qui veut mettre de la République dans les services à la personne, faire que les entreprises se conforment aux bonnes pratiques, et aider au développement de ces bonnes pratiques : http://www.cnikel.com/services-a-la-personne/enquete/les-aidants-familiaux.

Et un édito qui va avec : http://www.cnikel.com/services-a-la-personne/enquete/autonomie-dependance

S.G

 

 

« Amour » vraiment ?

« Amour », film de Michael Haneke, a obtenu la palme d’or du festival de Cannes 2012.
Est-ce un bon film ?

Oui, c’est un bon film -un petit peu long- pour sa mise en scène, ses acteurs, sa maîtrise, mais aussi pour comprendre comment parfois le cinéma renforce une culture de l’illusion. Illusion sur ce que serait l’amour, un amour qui ici enferme jusqu’à la mort. C’est, peut-être, ce qu’a voulu le réalisateur (et encore je ne crois pas). Mais ce n’est pas, ce qu’en verront nombre de spectateurs qui ne manqueront pas de louer l’amour de Jean-Louis Trintignant pour sa femme, qu’il va soigner jusqu’à la mort, en refusant peu à peu toute autre aide autour d’elle.

On ne s’attendait pas à ce que Haneke donne une vision optimiste de l’âge et la dégradation physique et mentale. Ni des capacités de la société ou de l’individu à y répondre. Mais n’est-il pas trop complaisant avec son personnage, l’homme qui, convaincu qu’il est le seul à connaître vraiment sa femme, à l’aimer vraiment, opère sur la fin de vie ce à quoi elle a échappé auparavant : l’enfermement et l’isolement ?

Ici, c’est toute une vision de « l’amour » tel que le définit le patriarcat qui est déclinée : le couple serait le seul lieu de la compréhension. L’homme qui a partagé sa vie de si longues années saurait, et pourrait décider seul ce qui est bon pour elle une fois qu’elle-même n’est plus en mesure de le faire. Elle-même lui demandant ne plus l’envoyer à l’hôpital, et de leur épargner ces souffrances, contribue à son propre enfermement.

Pourtant, ce qui se passe une fois que Georges renvoie tout le monde, famille, voisins, aides à domicile, c’est lui seul qui l’a décidé, alors qu’elle n’est déjà plus en mesure de faire valoir clairement sa volonté.

Ce qu’il fait, lorsqu’il la gifle, et à la fin, alors même qu’il a réussi à l’apaiser en lui manifestant son amour, est-ce un ultime acte d’amour, ou tout simplement un ultime acte de violence conjugale ? Pour moi, à la vision de la scène, c’est clair : c’est d’une violence insupportable. Et encore une fois, un acte d’une violence inouïe à l’égard de cette femme par son mari (d’ailleurs, pour s’en convaincre, essayons d’imaginer une seconde qu’une femme à la place de Trintignant aurait pu faire ça : impossible), est labellisé sous le nom « d’amour ».

En conclusion, ce que le film montre entre les lignes – à condition que le regard y soit politique- c’est l’impasse d’une illusion, celle de l’amour lorsqu’il est le déguisement de la violence patriarcale.

S.G

A lire sur la question des violences conjugales et de la gifle ce remarquable article : http://www.feministes-radicales.org/2012/10/24/partir-a-la-premiere-gifle/

A dire d'elles

Qui d’entre nous ne s’est pas posé la question suivante : pourquoi le mot féminisme fait-il si peur ?

Récemment, j’ai entendu une réaction qui m’a donné une nouvelle piste de réflexion…

Quelqu’un (un homme, je crois…) disait  : je n’aime pas les « ismes ». Ca m’a rappelé un extrait du film de Capra, « Vous ne l’emporterez pas avec vous », génial, où le papy rebelle et fantasque, Lionel Barrymore fait marcher l’austère inspecteur des impôts, lui dit en substance qu’il n’aime pas les « ismes » (communisme, fascisme…) et que c’est pour cela qu’il ne paie jamais ses impôts.

Il y a plusieurs sortes d' »ismes ». Certains sont plutôt des corpus de pensée politique. Le marxisme, le communisme, le socialisme, sont des théories qui livrent une vision globale du monde et de l’organisation de la société. Leurs limites, sont dans leur élaboration et leur côté holistique : ce sont des théories dont l’adaptation aux exigences de…

Voir l’article original 1 466 mots de plus

Arborautomne

C’est un marronnier d’octobre : le plus bel arbre du Bois de Vincennes, copalme américain adepte de l’été indien, et les feuilles ensorcelantes de l’automne, qui illuminent les dernières heures de chaleur avant la douceur des feux de cheminée. Quelques photos ramenées de ce 22 octobre 2012 (22102012)

(toutes photos ©Sandrine Goldschmidt)

Rebecca Mott

I have to live surrounded by the lies of the sex trade, the lies of the liberal feminists, the lies of Leftist men, the lies of fundamentalist religious folks, the lies of all of the media, the lies of high and low culture about what it is to be prostituted.

These lies are never harm-free, these lies are never without an agenda, these lies are a constant remainder to all the prostituted that we have no worth, that we will never be given the right to be fully human.

Instead in this environment, it has become the only that the prostituted can gain the simple and basis right to be fully human, is to take and not to wait for others to give it to us.

For the prostituted class see with a clear eye what the lies attempt to hide – that whilst the lies play with language, whilst…

Voir l’article original 1 013 mots de plus

Les videos des manifs de lundi

Voilà ce que j’ai pu récupérer, en partie grâce à vous, des vidéos de manif de mardi.

Teledebout a filmé le rassemblement à Toulouse c’est ici : http://teledebout.org/index.php?page=ninaaureliebis

Pour le rassemblement à Clermont-Ferrand vous pouvez cliquer ici :

http://www.lamontagne.fr/accueil/brightcove/2012/10/15/manifestation-place-de-jaude-a-clermont-ferrand-contre-le-viol-91902211518001.html
Voici la video d’OLF à Strasbourg :

Quelques articles sur les autres rassemblements :

-A Rennes : http://www.rennestv.fr/catalogue/societe/des-mouvements-contre-les-violences-faites-aux-femmes-se-font-entendre-en-france.html

-A Lyon : http://osezlefeminisme69.hautetfort.com/archive/2012/10/16/rassemblement-contre-le-viol-a-lyon.html

-Des photos du rassemblement à Lille : http://olf59.blogspot.fr/p/galerie-photos.html

Et bien sûr les vidéos de Paris dans ce précédent article : https://sandrine70.wordpress.com/2012/10/16/ras-le-viol-la-suite-des-videos-de-la-manif-de-paris/

 

A l’agenda : Maryse Condé et Ladies’ Turn

Deux annonces aujourd’hui d’événements à ne pas manquer si vous êtes à Paris :

-demain soir  Violette and co, organise une rencontre avec Maryse Condé pour la sortie de son récit autobiographique « la vie sans fards » aux éditions Jean-Claude Lattès. Attention, exceptionnellement, la rencontre ne se déroule pas à la librairie mais en face, là où souvent nous nous retrouvons à la fin, au Bistrot Beyrouth au 103, rue de Charonne.

Plus d’infos sur le livre ici : http://www.violetteandco.com/librairie/article.php?id_article=578

Par ailleurs, la semaine prochaine, la belle carrière de « Ladies’ Turn » continue, avec une projection organisée jeudi soir au Latina par le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir. Après « Elles tournent », festival de film de femmes de Bruxelles dont elle a fait l’ouverture, et Femmes en résistance où elle était présente, Hélène Harder sera là pour présenter son film qui raconte la tournée des footballeuses sénégalaises et le tournoi organisé pour obtenir le droit de jouer dans les grands stades. La projection se déroulera également en présence de Seyni N’dir Seck, protagoniste du film pionnière du football féminin au Sénégal et des Dégommeuses.

 

Un crime sans criminel, sans victimes, sans enquête, sans prison ?

 C’est une réflexion qui me vient en lisant les slogans issus des photos des différentes manifs (j’espère avoir suffisamment de lien pour les publier demain) « le viol est un crime », en entendant « non à l’impunité » crié (J’y rajoute « non à l’impunité des violeurs »), et après avoir été interviewée sur le fait que seulement une femme sur 10 peut porter plainte…sans pour autant obtenir justice, puisque l’on estime à moins de 2% les condamnations pour viol prononcées en France.

Le crime de viol bénéficie grâce aux combats féministes d’une reconnaissance légale « du viol ». Pour autant, il ne donne pas lieu à des condamnations.

Les victimes : elles ne sont pas crues, on fait d’elles les coupables, on ne les écoute pas, on ne mobilise pas les moyens nécessaires pour que justice leur soit rendue et qu’elles puissent aller mieux. Les coupables : les violeurs sont donc une infime minorité à être condamnés pour le crime commis, on laisse insulter leurs victimes pendant les procès, on veut absolument les réinsérer quand on ne fait rien pour aider les victimes à espérer reprendre une vie normale. On les laisse même se retourner contre leurs victimes après les procès (Créteil, DSK).

C’est comme si, 40 ans après que le viol a été reconnu comme un crime, ce crime restait une coquille vide, sans victimes ni coupable, ni enquête, ni prison. Une simple comparaison avec les meurtres permet de nous éclairer : 50 % de condamnations y font suite. Et de fait, il y a des meurtriers, et des victimes de ces meurtriers ou assassins. De fait, quand il y a meurtre, les commissariats ne se font pas prier pour enregistrer les plaintes, les moyens sont mis pour retrouver le criminel, considéré comme un danger pour la société. Enfin, personne ne se demande si condamner sévèrement le meurtre surcharge les prisons, si la prison est vraiment le meilleur moyen de réinsérer les meurtriers. Concernant le viol, cela fait 40 ans que cela dure : on se pose ces questions-là. Comme si la personne qui compte, c’était l’homme, le violeur, et tous les autres violeurs qui bénéficient de l’indulgence de la justice, et pas la femme, la victime, et toutes les femmes,  les futures victimes du violeur laissé en liberté.

Du coup, je me dis, que le féminisme radical a bien raison : on ne peut plus se contenter de dénoncer « le viol », cela permet juste à la société de s’acheter bonne conscience, voire de prolonger l’impunité des violeurs. C’est encore un moyen de mettre la faute sur les victimes, si on ne trouve pas de preuves, si elles ne se souviennent pas de tout, si parfois, le stress post-traumatique les fait se contredire. Non, nous ne pouvons plus nous passer de nommer l’agresseur. Nous ne devons plus laisser disparaître des crimes derrières des formulations destinées à perpétuer l’impunité des violeurs.

Tournantes ? Non, viols collectifs par des hommes. Impunité ? non, impunité des violeurs. Crime passionnel ? Non, crime sexiste de fémicide. Fait divers ? Non, crime caractéristique de la guerre systématique contre les femmes.Présumé consentement ? Non, présumé  non-consentement.

Client de la prostitution ? Non, homme qui achète l’impunité d’un viol. Inceste ? Non, viol par une personne ayant autorité, et responsabilité de protection et d’amour et meurtre de notre avenir, donc crime contre l’humanité qui doit être imprescriptible.

S.G

A lire aussi : http://journalennoiretblanc.blogspot.fr/2012/10/ce-que-ma-appris-le-verdict-de-creteil.html