Petit-déjeuner patriarcal

tit déjAujourd’hui, je vais vous parler des hommes sur A dire d’elles. Une petite entorse à ma ligne pour rire un peu…devant l’étendue de l’absurde qui nous entoure…et surtout parce cet article qui a circulé ce matin titrant : « sauter le petit-déjeuner, un véritable risque pour les hommes », a été faite exclusivement auprès des hommes, donc je n’ai pas le choix 😉

Deux points m’ont interpellée :
1-le sondage n’a, donc, été effectué qu’auprès des hommes. Et pourtant, il ne semble pas que tout le monde ait poussé des cris d’orfraie devant cette insupportable entorse à la mixité que nous brandissent systématiquement des hommes quand nous voulons faire des rencontres ou activités entre nous…(bon c’est une plaisanterie, mais quand même !) Plus sérieusement, qu’est-ce donc qui peut bien motiver de faire ce sondage exclusivement sur les hommes ? Sait-on suffisamment de choses sur l’alimentation pour vouloir en sexuer les études ? Certes, les historiennes et chercheuses féministes ont constaté que la société patriarcale depuis toujours traite différemment les femmes à l’égard de la nourriture que les hommes. En gros, elle n’hésite pas à affamer les femmes et réserver le meilleur traitement aux hommes. A une époque c’était en affirmant que les meilleurs morceaux étaient pour les mâles. Aujourd’hui c’est par la propagande médiatique sur les régimes. Lesquels privilégient une alimentation qui les prive de forces pour ressembler à des mannequins anorexiques (ainsi, un article récent expliquait-il qu’il fallait manger des féculents et que cela ne faisait pas grossir, ce avec quoi les magazines féminins em..les femmes depuis toujours).

2-le sondage porte sur un très grand nombre d’hommes : 27.000, âgés de 45 à 82 ans. Comme quoi cela devait être important !

Un sondage sur l’alimentation et ses conséquences sur la santé, s’étant en outre déroulé sur 18 ans ! Voilà une affaire sérieuse et qui a dû demander une forte mobilisation pour ces messieurs…or, la conclusion, il faut l’avouer, est pour le moins cruciale pour notre société : les hommes qui ne petit-déjeunent pas auraient 27% de risques supplémentaires d’avoir une crise cardiaque.

Voilà de quoi faire peur ! Oui, mais. Qu’est-ce que ça veut dire 27% de risques supplémentaires d’avoir une crise cardiaque ?

chaussettesUn paragraphe de l’article de l’AFP nous éclaire : Les personnes de l’étude sautant le petit-déjeuner avaient tendance à être plus jeunes et « à être souvent des fumeurs, travaillant à temps plein, célibataires, ayant moins d’activité physique et buvant davantage d’alcool ». En clair, en général, la non prise de petit-déjeuner est associée à un ensemble de comportements bien connus pour être des facteurs de risque évidents (car médicalement prouvés) de crise cardiaque : la consommation de tabac en particulier qui favorise l’obturation des artères. Le manque d’activité physique, puisqu’on recommande pour une bonne santé cardiaque d’en avoir. Le fait de travailler à temps plein et de ne pas avoir le temps de petit déjeuner indique un stress qui encore une fois peut mener au risque cardiaque.

Il semble donc que la non prise de petit-déjeuner soit un élément dans un mode de vie à risque. ET NON PAS LA CAUSE de ce risque, ce que l’article laisse entendre. Encore une fois, une illustration du monde à l’envers dans lequel nous vivons, qui au lieu de réfléchir, présente des éléments avec des liens de causalité tout à fait hasardeux. Si ça se trouve, on aurait aussi bien pu demander à ces hommes pressés s’ils avaient le temps de choisir leurs chaussettes. Ils auraient répondu non. Pourquoi ne pas conclure : « Les hommes qui ne choisissent pas leurs chaussettes ont un risque de x% plus élevé de faire une crise cardiaque » ?

La conclusion toute simple qu’on aurait pu faire (au vu des éléments dont je dispose), c’est : les hommes dans notre société qui sont sous pression du travail et d’une vie stressante développent plus de risques d’avoir une crise cardiaque. Un des symptômes est qu’ils ne prennent pas le temps de petit-déjeuner, surtout s’ils sont célibataires : 1-parce que c’est moins drôle tout seul 2-parce qu’ils n’ont pas une femme pour leur préparer…(je crois plutôt à la seconde). C’est sûr, cela aurait probablement été moins accrocheur…

Bon je vous laisse, je vais petit-déjeûner…

S.G