Le jour des livres non-sexistes, c’est tous les jours…

Comme par un fait exprès, certains jours, plusieurs liens attirent mon attention sur le même sujet et dans un même objectif : attaquer le mal à la racine, le patriarcat à sa source, les livres enfants/jeunesse…ça fait du bien. C’est un sujet sensible, la « norme » ayant tellement tendance à tout envahir sur son passage, les médias être un miroir déformant, grossissant de la minorité puissante et amaigrissant les minorités -fussent-elles majoritaires…ainsi, pour qu’un mouvement, une tendance, une pensée soit visible, en dessous de 20-30 %, mission quasi impossible…et quand une majorité numérique, les femmes, est vue comme une multitude d’individues isolées, une énumération à la Prévert de faits divers, elle n’est plus rien…un homme sur deux est une femme mais tous les hommes sont des hommes, cela veut dire qu’un homme sur deux n’existe pas…

toutes ces divagations pour saluer la sortie d’un livre, qui combine l’excellence de la maison d’édition Des ronds dans l’O (qui a sorti les deux volumes de mobilisation contre les violences faites aux femmes) et un propos non sexiste. Autant dire qu’on a hâte de découvrir -et d’offrir- « Le petit garçon qui aimait le rose ».

L’occasion du coup de remettre l’accent sur « Talents hauts » dont j’avais parlé l’an dernier, la maison d’édition de la région parisienne qui depuis plusieurs années propose des albums non sexistes pour des enfants tout petits ou un peu plus grand. Récemment, j’ai joué au jeu d’offrir à un garçon et une fille de 7 ans deux albums chacun, et tout le monde les a dévorés, mais les grand frère et grande soeur de 10 ans…

Enfin, envie de vous faire partager cet article, de rue89.com, « des livres jeunesse non sexistes pour tordre les clichés à la racine »

On en est toujours là, à tenter d’éviter que « le masculin soit toujours le mieux à même de représenter l’universel »…il faudra bien que le masculin cesse de l’emporter sur le féminin, et alors peut-être, cela n’aura plus tellement d’importance, puisque le masculin et le féminin n’existent guère, au-delà des stéréotypes…

S.G

Des mots et des arts… contre les maux

Jolie rencontre organisée hier à la médiathèque Yourcenar, dans le 15ème arrondissement à Paris.

Avec Marie Moinard, pour la bande dessinée « En chemin elle rencontre », dont le deuxième volume vient de sortir. Et l’auteure, la metteure en scène et l’interprète de « La douceur du velours », Christine Reverho, Panchika Velez et Sophie de La Rochefoucauld.

Dans le cadre des manifestations du 8 mars, l’échange a été très intéressant, mettant bien en lumière comment la mobilisation autour des violences a à gagner de l’investissement des domaines artistiques, qui permettent de libérer la parole.

Belle rencontre aussi entre le monde du théatre et de la BD, où rapidement est apparu que le monologue de cette femme assassinée par son conjoint, écrit par Christine Reverho comme un effeuillage, destiné à libérer la parole et rendre visible  les violences faites aux femmes (au départ, rien n’indique que cette femme a été victime de violence et est morte, on ne le découvre qu’à la fin), avait son équivalent dans une planche de la bande dessinée, où est vue une femme « normale », avec un imperméable, et puis, la même, sans cet imperméable, avec des traces de coups et de bandage sur toutes les parties du corps qu’on ne voyait pas dans l’image précédente.

Rendre visible, libérer la parole tout en ayant des hautes qualités artistiques, c’est ce que réussissent ces deux oeuvres, avec des artistes à la recherche d’une grande authenticité : Sophie de La Rochefoucauld, militante et féministe convaincue, comédienne, qui a dit son plaisir de pouvoir « allier son militantisme et son métier », et combien cela avait rajouté au travail une exigence d’authenticité.

Et, grâces à ces oeuvres, la possibilité de toucher -enfin- un public qui a du mal à être sensibilisé. C’est le cas d' »En chemin elle rencontre ». Marie Moinard, directrice des éditions Des ronds dans l’O, qui a su embarquer dans l’aventure des hommes, qui osent se dire féministes, qui s’engagent à ses côtés pour dénoncer les violences faites aux femmes, auprès d’un lectorat très majoritairement constitué d’hommes. Qui a aussi osé parler, en bande dessinée, d’un sujet complexe avec la mise en image d’une interview de Muriel Salmona, présidente de l’association mémoire traumatique et victimologie. La pièce aussi, où, raconte Christine Reverho, elle a vu ces hommes, archétypes du macho, en larmes à la fin du spectacle.

La rencontre était intitulée des « mots contre des maux, regards croisés de la bande dessinée et du théatre dans la lutte contre les violences faites aux femmes ».  Oui, l’expression artistique peut se conjuguer avec l’expression politique au sens large du terme, et on pourrait en ajouter d’autres, comme le cinéma, et la chanson, avec Agnès Bihl, qui a donné le texte de l’extraordinaire chanson « Touche pas à mon corps » pour qu’il soit illustré dans la BD.

« La douceur du velours », jouée à Paris à l’automne dernier, va maintenant vivre sa vie en province (d’abord à Avignon), auprès de publics variés. « En chemin elle rencontre », les deux volumes, sont dans toutes les bonnes librairies…
S.G

Sur les photos (merci à François) , de gauche à droite : Panchika Velez, Christine Reverho, Sophie de La Rochefoucauld, S.G, Marie Moinard, Fatima Lalem)

En chemin elle rencontre bis

Marie Moinard présente "En chemin elle rencontre 2" au siège d'Amnesty France

Après le succès du premier volume d’En chemin elle rencontre, Marie Moinard a réédité l’aventure de la BD contre les violences faites aux femmes pour un deuxième volume, qui est sorti il y a quelques jours. Comme le premier volume, il est édité en partenariat avec Amnesty International. Comme le n°1, c’est une oeuvre collective, qui reprend des thèmes de ce que les femmes ont à subir dans leur vie, quand en chemin elles rencontrent…la violence des hommes, l’excision, le viol, le parcours du combattant pour l’IVG, la violence conjugale, le mariage forcé, et j’en passe… mais avec en plus, cette fois-ci, la certitude que le choix, qui était très audacieux au départ et que certains vouaient à l’échec, de parler de ce sujet grave en bande dessinée, est un choix juste, et intéressant, dans la multiplication des moyens de luttes contre les violences faites aux femmes.

Pour toucher les jeunes, comme le dit toujours Marie Moinard, directrice de la maison d’édition Des ronds dans l’O (elle aussi participé à la rédaction), et aussi, comme elle le raconte, parce que cela permet de toucher ceux, ou celles, qui autrement n’auraient pas forcément accès à l’information, comme cette lectrice qui pleurait en lisant le livre, alors même qu’elle ne savait pas lire…les images, puissantes, étaient là.

Aussi parce que d’autres ont eu l’idée de s’en servir, comme la docteure Muriel Salmona, qui a mis le premier volume dans sa salle d’attente. Grand succès. Du coup, elle a même participé au deuxième volume. Et elle était là pour la soirée de lancement, en cette veille du 8 mars au siège d’Amnesty International à Paris. Une soirée très réussie, pour parler de la bande dessinée, du travail d’Amnesty International sur les violences faites aux femmes depuis plusieurs années, pour enfin le bonheur d’entendre Agnès Bihl, partenaire également « d’En chemin elle rencontre », avec sa maison d’édition, et qui a chanté pendant une demie heure pour nous. Avec ses chansons engagées, émouvantes, poignantes, justes. Merci à elles toutes et longue vie à la lutte!

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S.G