Va-t-on légaliser l’inceste entre adultes (en mettant un seuil de consentement à 18 ans) ?

Eric Dupont-Moretti, « ministre de la justice, a annoncé dans un premier temps un seuil de non consentement à 15 ans, pour des relations sexuelles adultes-mineur·es, puis de 18 ans en cas d’inceste. C’est un premier pas, semble-t-il, salué par les associations féministes et de protection de l’enfance. Mais quand j’ai vu l’info, je me suis demandé : est-ce que cela ne vient pas renforcer la légalisation de l’inceste en France ? Et pourquoi cette différence avec les autres mineur·es. ? Et puis j’ai réalisé que l’inceste entre adultes…était déjà légal ! Ce qui m’a poussé à me poser de nombreuses questions sur les débats en cours… Et à faire un parallèle avec la prostitution, qui je pense, éclaire et nourrit la réfléxion (n’ai-je pas toujours écrit ici que c’étaient les deux verrous du patriarcat ?)

Depuis qu’on est enfant, on apprend que dans toutes les sociétés de tous les temps, partout, le seul interdit commun est celui de l’inceste. On apprend aussi aux enfants qu’on « n’épouse pas ses parents ».

Oeuvre de Niki de Saint-Phalle, elle même victime d’inceste paternel.

Et pourtant, aujourd’hui, l’inceste est et n’est pas interdit en France. Ce qui est interdit, en vertu de ce principe universel, c’est seulement le mariage consanguin/familial, et le viol incestueux de mineur·es quand le consentement n’est pas évoqué..

Voici la liste des cas d’interdiction du mariage consanguin :

  • frère et sœur, même en cas d’adoption (la loi sur le mariage homosexuel a précisé que le mariage entre frères ou entre sœurs est également interdit) ;
  • ascendant et descendant (le lien de parenté est direct entre enfant et parent), même en cas d’adoption ;
  • entre beaux-parents (parâtre, marâtre) et beau-fils ou belle-fille (ex. : une fille d’un premier mariage et le deuxième mari de sa mère). Cette interdiction peut être levée par le président de la République si la personne qui a créé l’alliance est décédée. Toutefois en pratique certains mariages ont pu être célébrés3 ;
  • oncle et nièce, ou neveu et tante (interdiction qui peut être levée par le président de la République).

Le droit français autorise cependant le mariage entre belle-sœur et beau-frère, entre cousins, entre oncle et nièce adoptive et entre tante et neveu adoptif4.

En revanche, les relations sexuelles entre adultes « hors mariage » ayant ces liens de parenté ne sont pas interdites.

«Le droit français, comme le droit espagnol ou le droit portugais, ne condamne pas les relations sexuelles librement consenties entre des personnes majeures appartenant à la même famille, écrivait la commission. Ce faisant, la France, l’Espagne et le Portugal se différencient d’autres pays occidentaux qui font au contraire de l’inceste une infraction spécifique, indépendamment de toute violence, au titre des infractions contre la famille et le mariage notamment. Par exemple, l’Allemagne, l’Autriche ou la Suisse punissent d’une peine d’emprisonnement toute personne qui a des relations sexuelles avec un descendant, un ascendant, son frère ou sa sœur, sauf si l’auteur de l’infraction a moins de dix-huit ou dix-neuf ans.»

Source Slate

#metooinceste

Avec la révélation de l’ampleur des viols par inceste sur mineur·es ces dernières années et en particulier ces dernières semaines, on entend dire que « l’inceste est interdit en théorie, mais pas dans les faits ». Je crois qu’on se trompe. Ce n’est pas l’inceste parent (homme très majoritairement) adulte mineur qui est interdit ou tabou. Il est très répandu car il est le vestige de la propriété qu’avait le pater familias sur ceux qui peuplaient son foyer.

« L’interdit symbolique de l’inceste », c’est celui des relations sexuelles entre adultes (ou « en âge de se marier remplacé aujourd’hui par « de consentir à des relations sexuelles ») de même famille.

Dans l’ensemble, cet interdit là -non légal- est plutôt bien respecté. L’ordre symbolique est suffisamment fort pour que la loi soit rarement nécessaire. Elle pourrait l’être pourtant, comme dans le cas de cette jeune femme majeure, incestuée mineure puis majeure par son père violent (D.Mannechez). Elle l’a soutenu, s’est dit consentante, a eu des enfants avec lui, avant d’être à nouveau sa victime conjugale et de finir par être assassinée par lui – un fémincide conjugal type…

Seuil d’âge pour les mineur·es

Qu’il faille instaurer un seuil d’âge de consentement me semble une évidence, je ne vais pas rediscuter de cela. Pour moi, c’est l’âge qui se discute. 15 ans me semble trop jeune pour des relations sexuelles avec un adulte (et je ne parle pas des relations entre mineur·es ou avec très faible écart d’âge (genre 17 ans et demi / 18 ans et demi, qui n’entrent pas dans ce champ selon moi). Je l’ai déjà dit ici il y a des années, dans tous les cas, un homme de 50 ans avec une fille de 18 ou 19 ans, je pense que cela pose problème (et je ne dis pas non plus qu’il faut l’interdire, je dis que ça pose problème). Mais qu’on puisse évoquer le consentement pour une mineure de 16 ans avec un adulte beaucoup plus âgé me paraît compliqué. A tout prendre, 18 ans, l’âge de la majorité en tout, pourquoi ne serait-ce pas l’âge de la majorité sexuelle ? Et on pourrait faire des adaptations pour exclure les relations sexuelles entre gens d’âges proche (cf Canada(1)).

En revanche, qu’il faille instaurer un seuil de consentement pour les mineur·es différent en cas d’inceste (une circonstance aggravante suffirait), cela pose la question de la légalisation de celui-ci pour les adultes. Revenons à l’interdit de l’inceste. Il n’est donc dans la loi, que celui du mariage.

Faudrait-il alors l’interdire spécifiquement dans la loi ? De nombreux pays le font. Qu’est-ce qui le motiverait ? Il y a la question de la consanguinité, mais aussi celle des conséquences psychologiques et psychogénéalogiques dévastatrices, ce qu’on apprend enfant, que cela créerait des « lignés de débiles -car cela reproduit les tares génétiques. Mais surtout, il y a la question de l’emprise que les relations familiales créent, de la nécessité d’évoluer d’être élevée dans un espace de sécurité, ou la limite entre soi et l’autre est identifiable et identifiée. Une petite fille, un petit garçon, une petite soeur, une nièce, sont particulièrement sous « l’autorité paternelle » qui, si elle n’est plus exclusive, reste très prégnante symboliquement. On « obéit » à son père (et peut être aussi, à sa mère dans certains cas que je n’exclus pas), on lui doit obéissance, et cela ne s’arrête pas à 18 ans. On ne devient pas d’un coup « l’égal symbolique de son parent » parce qu’on est adulte.

De la même manière, un petit garçon ou une petite fille face à un grand frère, ne « fait pas le poids », et cela ne s’arrête pas « par miracle » à la majorité. Pour toutes ces raisons, l’inceste entre adultes pose problème. De violence, de lignée. Et c’est là que le parallèle avec la prostitution devient intéressant. Dans la prostitution non plus, « cela ne s’arrête pas à 18 ans et un jour ». Ce que tout le monde admet comme anormal avant 18 ans (tout en ne faisant pas grand chose contre ceux qui paient pour avoir des relations sexuelles avec des mineur·es), certain·es prétendent que d’un coup, adulte, du jour au lendemain, ce ne serait plus un problème, qu’on pourrait consentir à se voir imposer un acte sexuel en échange de rémunération, alors qu’on est dans une situation de vulnérabilité.

Pas si simple d’interdire…

En revanche, faut-il interdire l’inceste dans la loi ? Ce n’est pas si simple. En effet, si on l’interdisait purement et simplement, cela voudrait dire que les deux parties prenantes seraient pénalisées (c’est le cas en Allemagne, cf plus haut, ou au Canada). La victime et l’agresseur de la même manière.

Poussons le paralèlle avec la prostitution. Dans le modèle abolitionniste, on ne pénalise que celui qui a le pouvoir, le « client prostitueur » (et le proxénète) celui qui peut, parce qu’il a quelque chose dont l’autre a besoin -de l’argent, de la nourriture, une chambre- lui imposer un acte sexuel. On ne pénalise pas – ou plutôt on ne pénalise plus la victime. Cela ne fait que 5 ans que, grâce à la loi de 2016, le délit de racolage est aboli en France.

Ne pourrait-on réfléchir, dans les cas d’inceste, à interdire l’acte perpétré par celui qui a le pouvoir d’emprise sur l’autre et ne pénaliser que lui ? Et protéger sa victime ?

Pour l’inceste, cela peut paraître plus compliqué. Il n’y a pas l’argent. L’est-ce ?

… mais est-ce impossible ? pas souhaitable ?

Pour les relations père-fille, c’est plutôt facile à régler, comme dans le cas Mannechez (cité plus haut). La structure patriarcale de la famille est là pour indiquer qui a le pouvoir sur qui. Dans le cas de l’inceste mère-fils, cela peut être plus compliqué. Notamment si le fils a été inscestué par le père dans un contexte de violences conjugales classiques, on sait que la violence peut se retourner contre la mère. (mais soit les cas sont rarissimes, soit ils sont tellement tabous qu’ils ne sont pas ou peu documentés ; je ne sais rien non plus d’incestes adultes père-fils, sauf dans des cas d’adoption notamment de jeunes hommes ou d’adolescents par des « clients » prostitueurs, ou mère-fille).

En cas d’inceste frère-soeur (frère-frère ? Soeur-soeur ?), cela paraît plus compliqué. Sauf qu’enfant, la différence d’âge compte énormément. Et donc à tout le moins, si l’inceste a commencé enfant(2), il y a certainement eu emprise de l’un sur l’autre. Des témoignages de #Metooinceste, nombreux sur Twitter, l’ont montré.

En suivant le fil de l’exemple de la prostitution, on pourrait donc imaginer interdire l’acte sexuel par autorité familiale sur une personne en situation de vulnérabilité pour tout le monde, et en aggraver les circonstances quand c’est sur mineur·e (de 18 et encore plus de 15 ans), parce que cela vient de quelqu’un qui est censé vous protéger. (sur la prostitution des adultes, la peine est largement symbolique – une amende, délit en cas de récidive- mais c’est un début). Aujourd’hui en France, la prostitution n’est pas interdite. En dépit de ce que dit la loi sur la prostitution des mineur·es, elle ne l’est pas (3)! Ce qui est interdit, c’est le fait de solliciter un acte sexuel en échange de rémunération ou promesse de rémunération. C’est donc celui qui profite de la vulnérabilté d’autrui qui est visé, sa victime doit être protégée (mais l’est encore très imparfaitement).

Envisager l’inceste de cette manière, pourrait être une solution ? Les violences sexuelles sont un continuum, dans les formes (de l’éducation sexiste, l’insulte, au harcèlement, violence conjugal, viol, viol conjugal, viol par inceste ou prostitution) issu de l’ordre patriarcal de notre société. Elles se placent aussi dans un continuum d’âge, de bébé à vieillard·e. Elles ne sont pas une question qui se résume à « des relations sexuelles entre adultes consentants », concept purement théorique et idéologique qui ne permet pas d’opérer la réalité, mais de perpétuer l’ordre social. La violence, sexuelle en particulier, c’est d’abord un droit que s’accordent des humains sur plus faibles qu’eux, parce qu’ils le peuvent, et qu’ils ont peu de risque d’être punis. En patriarcat, c’est le cas dans l’immense majorité d’hommes sur des femmes, parce que le patriarcat fait tout pour que les femmes soient « en position de faiblesse » (physiquement, économiquement, juridiquement, et en termes de différence d’âge).

18 ans, seuil miracle?

Si l’on veut combattre toutes les violences sexuelles, et en particulier les plus graves (viols par inceste, pédocriminels et prostitution/prostitution filmée où les actes de torture sont légion), il faut prendre d’abord en compte ce facteur là : la position de faiblesse; Ce qui fait que la peine doit être alourdie ce n’est pas l’âge de la victime « en soi » mais le fait que cet âge la place en situation de vulnérabilité extrême de dépendance. Dans l’inceste, ce qui aggrave encore, c’est qu’elle est sous la protection, la responsabilité de celui qui la viole et donc avec encore moins de recours et un a priori de confiance. C’est la vulnérabilité de la victime au pouvoir de l’agresseur, qui fait qu’elle n’est pas en mesure de « consentir » à un acte sexuel, quand bien même elle le désirerait ou penserait le désirer (c’est le cas de Camille ou d’Ariane dans l’excellente série d’Arte « En thérapie » – il ne s’agit pas là d’inceste, mais de pédocriminalité, mais c’est très proche, les deux hommes incriminés étant des « pères de substitution »).

La minorité ne crée pas le crime ou le délit, mais l’aggrave. A contrario, avoir 18 ans n’annule pas toute vulnérabilité et ne fait pas « de facto » de l’individu un être libre. La loi doit encore être en mesure de déterminer dans quels cas elle ne peut être libre de porter atteinte à son propre corps – ou à son propre psychisme. Comme Muriel Fabre-Magnan, maîtresse de conférence en droit, dans cette interview que j’avais faite dans la revue « Prostitution et Société » « Consentir à se mettre à disposition d’autrui, n’est pas la liberté » :

« On peut parler d’une liberté de disposer de son corps si on entend par là la faculté de porter atteinte à son propre corps, par exemple en cessant de manger, en buvant, ou encore en s’entaillant le corps voire en se coupant un doigt. On a même le pouvoir de mettre fin à ses jours. Toutes ces « libertés » sont cependant plutôt des pouvoirs de fait, car le droit n’interviendra pas vraiment pour les soutenir (quelqu’un qui empêcherait une personne de se suicider ne pourrait ainsi sans doute pas être condamné pour entrave à la liberté d’autrui). Dès qu’il s’agit en revanche d’un rapport à autrui, c’est un principe d’indisponibilité du corps humain qu’il faut appliquer. Le consentement à ce qu’autrui porte atteinte à notre corps est alors inopérant (en dehors de cas particuliers comme la médecine bien sûr). La prostitution entre dans ce cas, où l’on prétendrait appeler liberté le consentement des personnes à se mettre à la disposition d’autrui. »

On pourrait envisager que l’inceste entre également dans ce cas, car on ne peut appeler liberté le consentement d’adultes pris dans des rapports d’emprise familiale les poussant à se mettre à disposition d’un autrui qui les a élevé·es dans ce système pervers.

Sandrine Goldschmidt

(1)

Au Canada, quelques exceptions à la règle générale, fondées sur la « proximité d’âge ».

Premièrement, lorsqu’une personne est accusée d’une infraction prévue aux articles 151 ou 152, au paragraphe 173(2) ou à l’article 271 à l’égard d’un plaignant âgé de 12 ans ou plus, mais de moins de 14 ans, le fait que le plaignant a consenti aux actes à l’origine de l’accusation constitue un moyen de défense si l’accusé, à la fois :

  • est de moins de deux ans l’aîné du plaignant;
  • n’est ni une personne en situation d’autorité ou de confiance vis-à-vis du plaignant, ni une personne à l’égard de laquelle celui-ci est en situation de dépendance, ni une personne qui est dans une relation où elle exploite le plaignant.
  • Deuxièmement pour un·e plaignant·e de 16 ans ou plus qui se dit consentante, écart d’âge de 5 ans.

(2)(et on voit mal comment il pourrait en être autrement sauf l’inceste « par hasard » de deux personnes qui ne se connaissaient pas et qui pourrait être, peut être, « le » cas non pénalisable, donc forcément celui dont on a déjà entendu parler)

(3) la prostitution est très mal définie juridiquement à part depuis la loi d’avril 2016 par l’interdiction d’achat d’acte sexuel.

Duhamel Kouchner : Merci à celles qui brisent l’omerta

Que c’est dur même après 15 ans de militantisme féministe de découvrir qu’un homme que vous admiriez pour ses cours de droit constitutionnel à Sciences-po, la même année, perpétrait des viols incestueux sur son beau-fils. Et qu’ensuite, la loi du silence allait perdurer plus de trente ans. Avec son lot de dévastation. (voir l’article du Monde ici)

Autre point personnel -mais futile- le 24 avril 2011 je mettais en photo de profil Marie-France Pisier, morte dans sa piscine ce jour là, suicide ou d’accident. Je ne savais rien du contexte : sa soeur, épouse de Duhamel, refusait de défendre ses enfants face aux violences, alors qu’elle souhaitait la dénoncer.

Aujourd’hui, la loi du silence semble se briser avec ma génération, d’enfants ou frères ou sœurs qui ne veulent plus se taire. Après Vanessa Springora, Après Ronan Farrow, Camille Kouchner, qui parle, dans un livre « la familia grande ». Enfin, heureusement, et pourvu que cela dure…

L’article du Monde dit tout, je ne vais donc pas épiloguer, mais juste souligner ici comment les agresseurs se soutiennent si bien entre eux. Comment signer une pétition pour défendre DSK dans le procès du Carlton, quand on sait ce qu’on vécu les victimes, ce qu’elles vivent encore ?

Je voudrais surtout ici réagir à un tweet mal intentionné qui reproche à Camille Kouchner d’être la compagne de Louis Dreyfus, président du directoire du Monde qui le premier sort l’affaire (mais 3 jours avant la parution du livre au Seuil donc s’il fallait lui reprocher qqch, ce serait de privilégier le média de son conjoint, et alors ?), avec L’Obs, dont il est aussi le patron. Alors non, ça ne me choque pas. Mais m’inspire deux réflexions.

La première, pas nouvelle, c’est qu’il faut ça pour qu’une femme puisse parler. Etre Adèle Haenel, actrice reconnue, ou Vanessa Springora, éditrice reconnue, ou enfin Camille Kouchner, avocate et proche d’un grand patron de presse. On imagine combien c’est difficile pour celles qui n’ont pas ces soutiens de le faire, et on les remercie de le faire aussi pour elles. Pensons aussi à toutes les autres pour qui être entendues (parce qu’elles parlent) est encore plus difficile

Deuxièmement, c’est une bonne nouvelle, qu’aujourd’hui des médias, des réseaux d’influence puissent servir la dénonciation des crimes et non plus la protection des criminel·les Et quand c’est Le Monde, on sait en plus qu’ils ne le font pas à la légère mais avec sérieux. Depuis quelques mois, avec les unes sur les féminicides, avec la une contre l’inceste, on voit que le plus réputé des quotidiens français a évolué.
Et si c’est parce qu’un homme puissant a su écouter la parole des victimes, qu’il ne s’agit évidemment pas de vengeance mais de justice et de vérité, alors je dirais juste, TANT MIEUX !

Et bien sûr, je vais m’empresser de lire le livre pour peut-être ensuite en parler…

Un enfant n’est jamais consentant

pdjpdpx.pngAujourd’hui, le Collectif féministe contre le viol a lancé une campagne importante pour la lutte contre l’impunité de l’inceste, en insistant sur ses ravages et sur les insuffisances de la loi.

Avec des arguments percutants :

-un enfant n’est jamais consentant

-Le viol par inceste est toujours (au sens de dans tous les cas) un crime 

-Il faut donc que la loi soit changée et ne prenne plus en compte la définition traditionnelle du viol qui affirme que le viol est un acte de pénétration « par force, surprise, menace, contrainte ». Il faut que ces 4 notions n’entrent pas en compte. Que tout simplement, toujours, le viol par inceste soit un crime.

En ce qui concerne ce dernier point, une petite explication du pourquoi oui, c’est indispensable, et devrait d’ailleurs à mon avis être étendu plus largement à tous les viols sur mineurEs, me semble nécessaire.

1/ Que dit la loi ?

En ce qui concerne les mineurEs, le code pénal ne définit la majorité sexuelle que dans un article sur l’atteinte sexuelle (227-3)et de la façon suivante :

« Le fait, par un majeur, d’exercer sans violence, contrainte, menace ni surprise une atteinte sexuelle sur la personne d’un mineur de quinze ans est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende

Et rien de plus. Il n’y a pas de définition du viol sur mineur. On pourrait donc, s’il n’y avait QUE cet article, conclure qu’un viol sur enfant serait puni comme une atteinte sexuelle, donc de 5 ans d’emprisonnement…

Heureusement, cela n’est -en théorie- pas tout à fait comme cela que ça se passe : car il existe un crime de viol défini comme « tout acte de pénétration sexuelle obtenu par violence, contrainte, menace ou surprise », et pour lequel il existe des circonstances aggravantes :

  • lorsqu’il est commis sur un mineur de quinze ans ;
  • lorsqu’il est commis sur une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de l’auteur ;
  • lorsqu’il est commis par un ascendant naturel ou adoptif ou par toute autre personne ayant autorité sur la victime-
  • (et d’autres cas mais je ne prends que ceux ici qui concernent les mineurEs)

Il est alors puni de la peine maximale pour crime de viol, soit 20 ans de prison. Pourquoi demander plus ?

2/ Dans les faits

En réalité, et c’est là que le CFCV a raison, le viol sur mineur est donc dans ce cas défini comme « sans violence, contrainte, menace ni surprise ». Il laisse donc la possibilité de plaider le consentement de la victime, puisque le viol est défini à part des atteintes sexuelles (alors que l’agression sexuelle est définie comme une atteinte sexuelle).
C’est donc là qu’il y a un manque flagrant qui laisse la porte ouverte à trop de ces faits d’in-justice qui nous révoltent si souvent, où les peines sont soit incroyablement faibles quand il s’agit d’enfant de moins de 12 ans, ou quand lorsqu’il s’agit d’une jeune fille de 13 ans, on invoque « qu’elle en a exprimé le désir » (enfin, c’est le criminel qui le dit en général et c’est parfois suivi par les juges), invoquant le consentement là où il n’y a pas de sujet.

Donc, oui, évidemment, il faudrait une définition du crime de viol sur mineur de 15 ans !

Mais suffit-il de parler d’inceste ?

En effet, une loi en 2011 avait inscrit une définition de l’inceste et en faisant un crime aggravé. Sa définition en a été jugée trop imprécise par le Conseil constitutionnel : elle ne limitait pas l’inceste à la famille de sang, et par exemple une personne qui avait l’autorité temporaire sur l’enfant (concubin d’une tante par exemple) rentrait dans cette définition, ce qui a fait polémique. Et depuis, rien n’a été fait.

Alors certes, cette enquête met un focus sur l’inceste, et c’est fondamental, puisque c’est ce crime qui reste le plus tabou, le moins puni et le plus fréquent, et celui qui fait le plus de ravage, et détruit des vies avant même qu’elles n’aient commencé (voir les chiffres dans le dossier de presse). Mais c’est sur l’ensemble des atteintes, agressions sexuelles et viols sur mineurEs qu’il faut changer les choses. On ne peut à mon avis seulement mettre en avant l’inceste, car on écarte le voisin, l’inconnu, « l’ami de la famille »…qui lui reste sous le coup de la définition du viol aggravé, alors qu’il n’y a pas plus consentement.

Pourquoi alors ne pas créer une définition du viol sur mineur qui précise l’évidence : puisqu’il n’y a pas consentement avant 15 ans, il y a donc viol dans tous les cas, et c’est donc un crime qui doit être jugé aux assises dans tous les cas et puni de 20 ans ! Et on enlève les notions ici sans objet de violence, surprise, menace ou contrainte.

Et y ajouter -peut-être- (je soumets ceci à la réflexion) une circonstance aggravante d’inceste, quand le criminel a non seulement autorité mais devoir de protection parental et familial, en en rédigeant une définition suffisante (je ne suis pas spécialiste de la question, du coup ma définition ici n’est pas à prendre au mot près mais comme un élément, parmi d’autres certainement) ? Mais plus que la circonstance aggravante, c’est l’impossibilité de maintien de toute forme d’autorité parentale qui doit être décidée (ce que demande d’ailleurs le CFCV), ainsi que la prise en charge à vie des soins aux victimes.

Je rejoins par ailleurs le CFCV dans sa demande d’imprescriptibilité des crimes sexuels contre les mineurEs, et ses autres revendications.

Image 2

Un mot encore sur une formule qui peut malheureusement prêter à confusion au sein d’une campagne si importante. L’inceste est toujours un crime/ Changeons la loi. Certains au premier regard comprennent qu’il faut changer la loi pour que l’inceste ne soit plus un crime. Alors que bien sûr il faut comprendre changeons la loi pour que l’inceste soit toujours jugé pour ce qu’il est, un crime ! Encore une fois, on se fait souvent piéger par nos campagnes de communication.

Et enfin, une note un peu pessimiste…malheureusement, si seulement la justice avait l’heur d’entendre la réalité de ce qu’est le crime de viol, et de ce qu’il provoque comme souffrance souvent toute la vie aux enfants, aux femmes, à tous les humains qui les subissent, cela serait une évidence. Mais aux enfants encore plus, oui, lorsqu’ils sont à la fois enfants et victimes de bourreaux. Si la société dans son ensemble remettait en question la façon si répandue d’élever les enfants à l’envers, en retournant systématiquement la culpabilité sur eux et en mettant sur leur chemin tant de souffrances, on n’aurait pas besoin de toujours, changer les lois…

Le travail de sensibilisation est donc bien ici aussi très important, en faisant connaître et reconnaître cette réalité, cette souffrance, pour qu’à un moment donné, on, la société dans son entier, et ses institutions, cesse de la tolérer, de fermer les yeux. Il faut donc changer la loi, mais aussi les pratiques patriarcales d’un monde où l’on préfère les dominants -hommes et pères violeurs de femmes et enfants- aux victimes.

Pas de justice, pas de paix !

Sandrine Goldschmidt

Le consentement, un paravent de la propagande pour l’impunité des violeurs

Au moment de l’affaire DSK, j’ai écrit deux articles s’interrogeant sur la notion de consentement :

https://sandrine70.wordpress.com/2011/05/17/ce-qui-est-sur-cest-que-le-presume-consentement-nexiste-pas/

https://sandrine70.wordpress.com/2011/09/19/presume-non-consentement/

Depuis, j’ai encore beaucoup eu l’occasion de réfléchir à cette notion de consentement à la sexualité.

Et je suis frappée par le fait qu’il n’y a qu’en matière de sexualité que le consentement est utilisé comme excuse au criminel.

En effet, en matière de meurtre, de ratonnade, de torture, d’esclavage, le consentement n’est jamais considéré comme pertinent.
Si demain je demande qu’on me batte me tue pour que mes proches aient l’argent de l’assurance-vie, la personne qui m’assassinera n’en sera pas moins un-e assassin-e. Si un homme est torturé pendant la guerre, alors qu’il s’est lui-même engagé dans cette guerre pour une raison ou une autre, on n’ira pas dire que c’est bien fait pour lui, que s’il s’est engagé dans la guerre, c’est qu’il est consentant. On dira qu’il a été torturé.

Or, quand une femme s’engage dans des actes sexuels sado-masochistes, que les agresseurs la torturent de façon inimaginable, le fait qu’elle ait été à un moment d’accord pour avoir des relations sado-maso est considéré comme une circonstance atténuante à la torture !!!

Et ces jours-ci, on apprenait qu’un père violeur multirécidiviste puisque c’est sur plus d’une décennie, se défendait aux assises au prétexte du consentement de ses filles (dont une qui à eu un enfant du viol), dont une déclare l’aimer Alors que la première fois qu’il l’a violée, elle avait 10 ans.

Alors oui, on imagine qu’il soit possible qu’une fille violée depuis l’âge de 10 ans, qui ne connaît de l’amour que ce que ce criminel contre l’humanité lui a imposé, qui est sous son emprise : (il avait l’autorité, le devoir de protéger, il l’a utilisé pour exercer une violence assassine sur ses filles, et a fait comme tous les agresseurs : assuré son impunité en maintenant son emprise sur ses filles), puisse vouloir défendre ce criminel. L’emprise est trop forte, et c’est une stratégie de survie. D’autant que jusque là, ni la mère, ni l’entourage, ni la société ne l’ont défendue.

Le consentement n’a rien à voir avec la qualification des faits
Mais non, il n’est pas possible que la société considère cet argument : il y a un principe simple, qui est l’âge du consentement à des relations sexuelles. En France, la majorité sexuelle est à 15 ans. Et ce n’est pas pour rien.

C’est parce qu’avoir autorité sur des enfants, c’est être en devoir de les protéger, parce qu’ils ou elles n’ont pas encore acquis tous les savoirs qui leur permettraient de se défendre et d’agir pour leur bien, et d’être libérés de l’influence qu’exercent sur eux ceux qui ont cette autorité, et sont en plus censés les aimer. Cette arme que possède celui ou celle en qui l’enfant est bien obligé de placer sa confiance, est une bombe. C’est pour cela que la société devrait être sans faille à ce sujet. En même temps elle protégerait les enfants, en outre elle fixerait clairement les limites aux parents.

Revenons à la majorité sexuelle. Elle n’est pas pertinente après 15 ans, dès lors que la personne consentante a affaire à quelqu’un qui a autorité sur elle (parent, professeur, médecin, juge, etc.) En matière familiale, il n’y a jamais consentement possible. L’inceste est interdit. Parce qu’on peut imaginer qu’un acte consenti même pour la première fois après la majorité viendra forcément d’une emprise et/ou d’un défaut de protection avant, même si le passage à l’acte n’est pas intervenu.

Donc, dans les affaires de viols par inceste, on ne doit pas se poser la question du consentement. Que le procès se déroule de façon équitable et que l’accusé cherche à se défendre, en invoquant des circonstances atténuantes, c’est normal. Mais l’argument selon lequel l’adulte femme aujourd’hui affirme qu’elle est consentante ne peut être entendu : elle a été violée à 10 ans et les années qui suivent, c’est suffisant en soi pour qualifier le crime.

Alors pourquoi entend-on de plus en plus ces arguments dans les prétoires et les lit-on dans les journaux ? Pourquoi est-ce cela qui est mis en avant systématiquement ? Les médias parlent d’histoires « d’amour » et de « faits divers » pour les crimes de la guerre contre les femmes, la société fait des victimes les coupables et les tribunaux ne veulent pas « briser la vie des criminels » en les mettant en prison…

La société d’impunité est sur ses gardes

Pourquoi ? Parce que derrière cette mise en avant du consentement comme critère suprême de la qualification des actes, c’est la propagande d’une société d’impunité des violeurs, qui promeut la prostitution et la pornographie, et l’objectfication des femmes préparées par les crimes commis contre les enfants, qui est en marche.

A l’oeuvre, ce sont les pornographes et prostitueurs, ceux qui engrangent des milliards d’euros ou de dollars en affirmant que torturées à l’écran, obligées parfois d’être anesthésiées pour « supporter » les tortures et viols subis, seraient consentantes, en les montrant hurler de douleur en affirmant que ce sont des salopes qui aiment ça.

-Ce sont ceux qui affirment que la liberté d’expression des uns, les mêmes, est beaucoup plus sacrée que le droit à l’intégrité de sa personne, à vivre en sécurité et avoir un avenir, dès lors qu’on est une femme, un enfant, ou un-e opprimé-e.

-C’est la société  qui ferme les yeux sur les crimes commis par des parents sur leurs enfants pour protéger un homme, ou une institution, la famille, de peur que leur suprématie soit ébranlée.

-C’est la société qui refuse de nommer les crimes pour ce qu’ils sont : viols d’enfants et non inceste ou histoires « d’amour » (les guillements ne changeant rien à l’affaire)

-C’est la société qui refuse de nommer les criminels pour ce qu’ils sont des violeurs, et des assassins, mais parle à la place de pères aimants voire de victimes !

Le consentement, c’est donc une notion non-pertinente, un paravent utilisé par tous les masculinistes et les tenants de l’ordre patriarcal (dont la famille hétérosexuelle, lieu de violences inouïes envers les femmes et les enfants,) pour pérenniser l’impunité des criminels et la perpétuation du système face aux progrès des luttes féministes et pour les droits de la personne humaine.
On ne pourra d’ailleurs s’empêcher de noter que ce sont les mêmes qui défendent la « famille » et s’insurgent contre le fait que tout le monde ait les mêmes droits adultes (mariage pour tous et toutes), en étant consentant-e et désirant-e (sachant que le consentement se définit là comme un oui actif et hors de toute contrainte, que celle-ci soit de l’argent, la misère, la violence ou de l’emprise patriarcale), et qui par ailleurs couvrent les crimes contre l’humanité commis par les leurs (hommes, pères, prêtres) sur les enfants au sein même de cette « famille » qu’ils sacralisent.

Sandrine GOLDSCHMIDT

Dans une semaine, manifestation très importante à Paris : STOP à l’inceste et la pédocriminalité

J’ai bien conscience qu’en ce moment, les sujets sont un peu graves sur A dire d’elles…mais, si on ne regarde pas le monde en face la semaine du 8 mars et avant les élections à venir, comment avancer ? Alors, aujourd’hui, c’est toujours de viols dont je vais vous parler, de viols sur lesquels la société essaie encore plus de fermer les yeux pour ne pas en voir l’horreur, ceux de l’inceste et la pédocriminalité. Pour vous encourager à venir manifester le 10 mars prochain à partir de 13h30 à Bastille. Voici le texte de l’appel :

« Il est temps d’élever nos voix !
Il est de notre responsabilité à toutes et à tous de protéger nos enfants des violences sexuelles.

Encore combien d’années allons nous devoir subir?!
L’état complice de l’inceste et de la pedocriminalité, ça suffit !

Nous demandons à toutes les associations concernées, aux médias, aux victimes, aux proches, aux citoyens(nes) sensibilisés par ce fléau d’être présents le 10 mars !

C’est le moment ! Organisez-vous ! Mobilisez-vous ! Et regroupons-nous ! »

C’est tout le principe du viol et des violences exercées par des humains sur d’autres humains, en l’occurence une grande majorité d’hommes sur une grande majorité de femmes et d’enfants : commettre un crime contre plus faible que soi, contre qui on peut manipuler, contre qui ne peut pas se défendre, pour posséder l’autre. Et assurer son impunité. Ainsi, les enfants ne peuvent pas porter plainte. Ils ne peuvent même pas parler, puisqu’on les réduit au silence. Les agresseurs les intimident et leur font du chantage. Les entourages ne les croient pas.

A l’âge adulte, c’est souvent la même chose. Pour les personnes prostituées, l’achat du viol est institutionnalisé. Si elles se disent violées, qui les croit ? Puisque de toutes façons, c’est du viol permanent (contre de l’argent), donc un crime permanent, dont le criminel n’est pas poursuivi (pour l’instant).

Donc, venir manifester samedi prochain, c’est manifester pour « Pas de justice pas de paix ». C’est manifester pour l’humanité. C’est manifester pour la justice. Venez nombreuses et nombreux !

Et signez la petition ici :  http://www.lapetition.be/en-ligne/petition-9614.html

Sandrine GOLDSCHMIDT

Un jour, les moutons boufferont du loup (©M’zelle Eve)

Il y a tant d’initiatives, dont je voudrais parler…que je pourrais faire 3 billets par jour, rien que pour vous en informer !

Alors aujourd’hui, je vais faire un billet « en vrac », parlant de tout et…surtout pas n’importe quoi : de choses diverses, mais passionnantes, utiles, indispensables…

D’abord, un petit coup de chapeau au « collectif les moutons noirs », qui a son blog (que je vous conseille vraiment de visiter), sa page Facebook, et agrège une trentaine de talents (quelques femmes parmi elles, dont M’zelle Eve) pour dire en dessin ce que la société ne veut pas entendre. Et va faire paraître au printemps cet ouvrage collectif : « rien vu, rien entendu ». Il s’agit bien sûr de dénoncer le tabou de l’inceste : puisque la société ne veut pas entendre, les moutons noirs le disent, le dessinent, le crient sur tous les toits !

Dans le même ordre d’idées que la manifestation du 10 mars à Bastille à 13h30 pour la prise en charge des victimes d’inceste et de pédocriminalité – c’est d’ailleurs un mouton noir qui a fait l’affiche : « Il est temps d’élever nos voix ! Il est de notre responsabilité à toutes et à tous de protéger nos enfants des violences sexuelles ». C’est l’objet de la manif, pour laquelle vous retrouverez toutes les infos ici.

Avant cette manifestation, le 22 février, ce sera la journée des victimes. A 13h, un flashmob et un lâcher de ballons au Trocadéro, et un village ouvert avec des ateliers de prévention. Attention, pas de confusion : le but d’une journée européenne des victimes, ce n’est pas de célébrer une idéologie victimaire, mais juste le contraire : dire qu’on peut avoir été victime un jour, mais que ce n’est pas pour toujours, comme je l’écrivais l’an dernier.

Enfin, pour être un peu moins parisienne, une info marseillaise, à noter pour le mois prochain :du 12 au 17 mars au studio de la Friche de la Belle de Mai à Marseille, une exposition « contemporaines », dans le cadre de la journée internationale des femmes, tous les après-midi de 16h à 19h30, une artiste contemporaine sera mise à l’honneur : CLAIRE DANTZER, GASC DEMOLITION MÉGALO, JAVIERA TEJERINA-RISSO, MÉLANIE TERRIER EMMANUELLE SARROUY, et FRANCOISE SEMIRAMOTH, dont je vous avais parlé ici et dont je vais enfin pouvoir voir le travail « en vrai ».

En effet, le samedi, aura lieu une table-ronde, à laquelle je participerai pour le festival femmes en résistance, pour parler de l’accès toujours si difficile des femmes à la création contemporaine…financements moindres, visibilité moindre, distribution moindre, lors d’une table-ronde où seront également présentes : • Françoise Donadieu, écrivaine, Didier Gourvennec-Ogor, directeur de la galerie Gourvennec-Ogor • Patricia Guanel, danseuse contemporaine,  Nathalie Heinich , sociologue , Sonia Jossifort, Administratrice de – H/F Ile-de-France, association pour la parité dans les
domaines de l’art et de la culture, Lydie Marchi, directrice de SAFFIR, galerie nomade et co-fondatrice de La Ruche.

Deux dates à noter ! manifestation et femmes en résistance

La première est proche de nous, c’est le 10 mars, place de la Bastille, une manifestation à l’initiative de l’association de lutte contre l’inceste et la pédocriminalité « Le monde à travers un regard »,

« En parler, c’est pas un crime », pour mettre fin au tabou qui empêche la prise en charge et le soin aux victimes; vous pouvez également signer une pétition ici

L’autre, c’est Femmes en résistance, la dixième édition, qui aura lieu les 29 et 30 septembre prochains à l’espace municipal Jean Vilar à Arcueil.
Réservez votre week-end, il y sera question de luttes collectives des femmes, à travers le monde et l’histoire ! N’hésitez pas à relayer dans vos réseaux !

10 ans de femmes en résistance, ce n’est qu’un début ! »

diaporama manif glacée : slogans contre l’inceste et la pédocriminalité à lire !

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Il n’y a peut-être pas eu suffisamment de monde, emplacement et premier froid glacial de l’hiver oblige, mais ils et elles étaient bien là,

pour demander à l’Etat de ne plus abandonner les survivant-es des violences sexuelles et sexistes dans l’enfance. Plus que les images ou les mots, ce sont les pancartes et les slogans de la manif, qui en disent long. Le silence tue, mais des femmes et des hommes sont là pour le briser…ce n’est qu’un début. Merci aux organisatrices Sandrine Apers (Le monde à travers un regard, Crifip), et Muriel Salmona (Association mémoire traumatique et victimologie)

Mercredi : importante manif pour les droits des survivant-es de violences sexuelles dans l’enfance

Rendez-vous de la manifestation  Place Pierre Laroque, ce mercredi 16 novembre, à 13h30, devant le Ministère de la Santé à Paris, Metro St François Xavier ou Ecole Militaire, à 13h30.

C’est un sujet que je traite régulièrement ici. La violence sexuelle, sous toutes ses formes, est un verrou du système de domination actuel, qui empêche les individu-es de s’épanouir et d’avoir un vrai choix de vie.
La violence sexuelle, cela commence malheureusement dès la naissance, avec l’inceste et la pédocriminalité. Les chiffres sont effrayants : 49% des violences sexuelles sur mineur-es ont lieu avant 9 ans.
C’est un verrou, parce que si on s’y attaque, enfin, si on prend en compte les droits humains des victimes, si on les entend, si on les reconnaît, si on brise le silence, alors c’est le système qui finira par s’écrouler. Un système qui pousse les anciennes victimes donc, à ne pas pouvoir développer leur vie : les conduites « à risque », soi-disant choix de toxicomanie, alcoolisme, tentatives de suicides, troubles alimentaires, choix de conjoints violents, et prétendus choix de se prostituer sont très souvent la résultante de ces violences niées et occultées.

C’est donc le silence sur ce crime que « Le monde à travers un regard », « L’association mémoire traumatique et victimologie » et le « Crifip »  et « SOS les mamans »veulent dénoncer en organisant cette manifestation et en interpellant les pouvoirs publics, afin qu’ils prennent enfin en charge les victimes au lieu de les abandonner à eux-mêmes et de conforter leurs bourreaux dans leurs actes. Il faut les soutenir, et par exemple signer l’appel : « En parler, c’est pas un crime ». Violer, agresser sexuellement, être violent, se croire propriétaire d’un enfant, et/ou du corps d’un-e autre, c’en est un.

Pour plus d’info, lire le tract ci-dessous et voir le site manif-inceste

Des livres et un livret salutaires

Ca fait un moment que je voudrais parler de tous ces livres qui sortent ces derniers jours autour des violences sexuelles. La sortie de ce livret très important me livre l’occasion de m’y consacrer :

SIGNAUX D’ALERTE ET PHRASES ASSASSINES
LES VIOLENCES SEXUELLES SUR MINEURS
Ouvrage de prévention réalisé par Le Monde à Travers un Regard en partenariat avec l’association Mémoire Traumatique et Victimologie
Un texte de Sandrine Apers, présidente de l’association Le Monde à Travers un Regard avec la participation et la préface de Muriel Salmona,présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, Illustration de Caroline Dewaele.
Un outil de compréhension, de prévention, un moyen de briser le silence en diffusant largement les informations nécessaires pour être capable de détecter la souffrance et les comportements de violence dont les enfants sont les victimes. A diffuser largement. Vous pouvez le lire ici.
Trois autres ouvrages pour continuer à sortir l’inceste du silence et du tabou – je n’ai pas encore eu le temps de les lire, mais cela ne m’empêche pas de vous faire part de leur existence :
celui de Noëlle Le Dréeau, « APRES L’INCESTE Comment je me suis reconstruite avec la psychogénéalogie« , paru cette semaine chez InterEditionsDunod.
Le livre-témoignage de Melody Moore « la force d’avancer », dont j’avais publié la postface de Sandrine Apers ici, et le livre écrit par cette dernière et Isabelle Aubry, « Etre parent après l’inceste »,  Et le site de référence, le CRIFP, Centre de recherches internationales et de formation sur l’inceste et la pédocriminalité.
L’occasion de rappeler quelques chiffres : une femme sur 5 est victime dans sa vie de violence sexuelle dont plus de la moitié dans son enfance, un homme sur 20, dont 70% encore mineurs.
Le viol, c’est le sujet du dernier livre sorti par Clémentine Autain, « UN BEAU JOUR, Combattre le viol », paru cette semaine aux éditions Indigène.
Ensuite, « le viol est un crime presque ordinaire », paru aux éditions du Cherche Midi, de Audrey Guiller et Nolwenn Weiler, dont vous pouvez lire des extraits ici sur le site de Bastamag
Et pour finir, vous pouvez toujours signer le manifeste « Pas de justice pas de paix« , pour demander que la justice soit faite pour les crimes de viol, écrit par Muriel Salmona et moi-même.
Et bien sûr, vous rappeler que vous pouvez signer l’appel pour une loi d’abolition de la prostitution  en 2012 ici
S.G