Lettre à Adèle Haenel

Chère Adèle Haenel,

je crois que je vous ai vu jouer dans un film pour la première fois en allant voir Le Daim au mois d’août dernier. Je vous connaissais peu, et j’ai pensé : rôle pas facile, mais qu’est-ce qu’elle joue bien ! A peine 6 semaines plus tard, j’ai vu pour la première fois Portrait de la jeune fille en feu, le film fait pour vous par Céline Sciamma. Je ne savais même pas alors que celle-ci avait été votre compagne (je ne regarde pas les César ;-). Je savais évidemment encore moins ce que depuis vous avez confié.

C’était à Montreuil, au Méliès et vous étiez toutes les deux présentes. Alors que le film m’avait bouleversée et enthousiasmée (j’en parlais ici), vous mettiez exactement, toutes les deux, les mots sur ce que j’avais ressenti en regardant le film. Intelligence, talent, respect pour les femmes, regard politique sur l’amour parce que pour une des premières fois, c’était un regard vrai sur le désir, un regard source de vie pour les femmes et non d’emprisonnement dans un regard objectifiant (« male gaze »).

Un peu le même genre de choc que quand j’ai vu les portraits de nues de la grande peintre allemande (malheureusement décédée à 31 ans des suites de son accouchement), Paula Modersohn Becker, qui pour la première fois, me montraient qu’on pouvait peindre des femmes nues sans ce « male gaze », qui réduit la femme peinte au désir de ceux qui la regardent.

PJFFDans Portrait de la jeune fille en feu donc, même choc. Les scènes de sexualité ne sont pas montrées, on ne voit que la montée du désir, la montée du « dégel », la naissance de la vibration. Ne pas les montrer, c’était osé, mais indispensable. Parce que même si probablement Céline Sciamma, en dialogue avec vous et Noémie Merlant, aurait été capable de filmer des scènes d’une façon différente, l’état du cinéma est tel que cela aurait encore été emprisonné par le regard appris par des décennies de ce « male gaze ».  Et aurait été utilisé contre les femmes et les lesbiennes.
Tant que les hommes ne sont pas en mesure de penser les lesbiennes autrement qu’en support pornographique à leur excitation, et les femmes en général autrement qu’en objet de leur désir, il me semble nécessaire de ne pas les laisser regarder des femmes qui s’aiment.

Mais depuis que j’ai regardé en entier votre interview sur Mediapart, je sais que ce film est encore beaucoup plus. Alors que vous disiez, vibrante d’authenticité et de justesse, ce que vous aviez subi enfant, victime de cette violence sexuelle patriarcale du cinéaste, que vous livriez votre analyse des ressorts de ce système, une analyse approfondie, nuancée et ancrée dans le vécu de tant de femmes, vous avez parlé de la nécessité de remettre le monde à l’endroit.

Cela a été une nouvelle révélation du pourquoi Portrait de la jeune fille en feu m’avait tant et profondément bouleversée, chacune des trois fois que je l’ai vu. En effet, il est désormais clair que ce film est, outre une déclaration d’amour et politique sur l’amour, un film de réparation. Pour vous et toutes les femmes. Un film où le cinéma, la cinéaste et les actrices rendent aux personnages -et aux femmes- leur humanité de sujet désirant et souverain de son corps et de sa vie. Là où Ruggia vous avait volé votre humanité pour faire un objet entre ses mains, Portrait de la jeune fille en feu vous dévoile actrice de votre vie, de votre rôle, de votre art, de votre désir. Et cela rejaillit sur nous toutes.

Avec Portrait de la jeune fille en feu, la vie revient aux femmes, en image. Avec votre témoignage, elle nous revient aussi, en mots.

J’espère que des millions de femmes auront l’occasion d’être touchées par ce que vous nous avez offert là. Et que des millions d’hommes pour une fois écouteront et s’abstiendront de commenter, si ce n’est pour vous remercier d’avoir parlé.

Sandrine Goldschmidt

 

Lilith, théorie du genre et masturbation

gargouille

« Si un enfant rit dans son sommeil, surtout le soir de la pleine lune, c’est un signe que Lilith est en train de le chatouiller » 

Quelle bonne nouvelle, le mois de janvier 2014 est sur le point de se terminer ! Il nous aura réservé son lot d’ignominies et d’hallucinations trop réelles.

Mieux, le mois de février commencera par la riposte, avec la manifestation de soutien aux Espagnoles « non au retour en arrière » !Tout a commencé en 2013, en fait (et bien avant en ce qui concerne les anti-avortement), avec la naissance d’une masse manifestante des valeurs du retour en arrière, les manifestants pour tous. En ce mois de janvier, tout ce que la France a de raciste, antisémite, sexiste et homophobe, s’est réuni dans une manifestation qui fait peur…

En outre, les mêmes ou presque s’en prennent aux écoles et aux tous-petits en répandant des rumeurs qui confondent tout, destinées à faire peur à la « normalité bien normale ». Dernier épisode, donc, l’ offensive de quelques centaines de personnes contre la soi-disant « introduction de la théorie du genre à l’école », qui serait une menace pour les écoliers et écolières. Depuis quelques années, les études de genre ont été transformées par les opposants à l’égalité et au progrès humains en « théorie du genre », que ses partisans voudraient introduire à l’école. Cet article du Monde revient très bien sur les rumeurs absurdes, parce que totalement fausses et sans fondement, qu’ils répandent. http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/01/28/cinq-intox-sur-la-theorie-du-genre_4355738_823448.html, 

Parmi ces rumeurs, il y en a une dont je voudrais vous parler aujourd’hui. Elle a fait beaucoup rire et réagir : celle selon laquelle la masturbation serait encouragée dès la maternelle ! Je vous laisse découvrir la vérité dans l’article ci-dessus, je voudrais de mon côté vous parler de pourquoi il me semble que le délire des sus-mentionnés se tient assez bien… si l’on se réfère à toutes les croyances occultes des siècles pré-scientifiques; à toutes les idées des marchands de peur en mal d’ouailles ! En effet, cette rumeur m’a fait penser à une de mes héroïnes préférées, la mythique Lilith. 

J’ai « rencontré » Lilith en même temps que le féminisme et le festival « Femmes en résistance ». J’y ai en effet sélectionné un film expérimental américain, intitulé « A biography of Lilith »

que vous pouvez voir ci-dessous.

Qui est Lilith ? Elle serait la première femme, créée en même temps qu’Adam et à égalité avec lui. Elle est présente dans très peu de textes anciens, mais dans l’alphabet de Ben Sira, issu du Zohar, textes de la religion juive. Elle est présente dans de nombreuses terreurs et croyances au Moyen-âge.

« Entre Adam et Lilith, un conflit naquit bientôt, dont le prétexte, fut la manière dont ils feraient l’amour – qu’elles seraient les positions respectives de l’un et de l’autre ? – dissimulant ainsi de façon symbolique le conflit latent des prétentions à la suprématie sociale. Lilith contesta les revendications de son mari à être le chef de famille, faisant ressortir l’équivalence de ses droits au sein du couple, équivalence résultant des conditions mêmes de la création. Adam maintint son intransigeance, affirmant qu’il était le seul maître et la situation ne fit que s’aggraver. Lorsque Lilith se fut rendue à l’évidence que l’entêtement d’Adam était sans espoir, elle se résolut à l’ultime démarche possible : elle invoqua le nom de l’Ineffable. Elle reçut alors miraculeusement des ailes et s’en fut par les airs hors du Jardin d’Eden ».

Je vous passe les détails de l’histoire, sinon que l’Eternel soutint Adam que Lilith copula avec les démons de l’océan, et devint mère de milliers de petits démons, et fut également la compagne de Samaël (Satan), qui fut son égal. Enfin, Dieu lui envoya 3 anges (parce qu’Adam s’ennuyait tout seul), Sanvai, Sansanvai et Semongolof, qui la menacèrent, si elle ne revenait pas, de tuer chaque jours 100 de ses enfant démons. Elle préféra la sentence à retourner vivre avec Adam. Le « pauvre » Adam se retrouvant tout seul, alors que Dieu nommait les animaux par paires, il se plaignit et c’est là que Dieu lui créa une femme « chair de sa chair », « sang de son sang », et la nomma Eve.

Ce qui m’intéresse ici c’est tout ce qu’on a prêté à Lilith dans les siècles qui ont suivi, dans la vie de tous les jours.

« Une seule goutte du sang menstruel de Lilith suffirait à empoisonner une ville entière »  Kabbalistic legend, 12th Century      


« Un homme n’a pas le droit de dormir seul dans une maison, de peur que Lilith ne s’empare de lui et lui vole sa semence »
  Babylonian Talmud, 6th Century 

Et, celle qui m’intéresse le plus ici : « Lilith vient forniquer avec les hommes qui ont des éjaculations nocturnes ou qui se masturbent ». Les esprits et démons nés de ces unions sont dénommés les fléaux de l’humanité« .  Zohar, 13e siècle.

Je ne sais pas vous, mais moi quand je lis ça, ça me fait sacrément penser aux slogans des manifestants de la semaine dernière ou du mariage pour tous, et à cette absurde rumeur sur la masturbation à la maternelle…si en plus je vous dis que Lilith est considérée comme la première « femme libre », qui s’oppose à la soumission imposée par Adam, qui réclame l’égalité des sexes et qui, tentatrice d’Eve (le serpent est parfois associé à elle), serait aussi la première lesbienne, qui a donc été punie sa liberté et pour son indépendance…tout s’éclaire !

Nos manifestants et militants ont donc des peurs ancestrales, et l’on pourrait se dire que cela vient non pas d’un excès d’enseignement de théorie du genre, mais plutôt d’un excès de catéchisme mal -ou un peu trop bien- assimilé !

Sur ce, pour se remettre de tout ça, si nous faisions comme Barbara, admirant les beaux matins, même si ce n’est ni la main de Dieu ni celle de Diable…

S.G

Reportage à l’Eurolesbopride, une belle réussite

Le village
Le village

Voici un petit compte-rendu en images et quelques mots sur l’Eurolesbopride, qui s’est terminée hier à Marseille.

Alors que l’Europride n’a pas été à la hauteur des attentes, cette première manifestation a été un succès !

Au fil des jours, le village lesbien s’est rempli, et les conférences ont été très suivies (80 à 100 participantes en moyenne)

Organisée à l’initiative du Centre Evolutif Lilth basé à Marseille (et qui a 200 adhérentes dans toute la France), et avec des associations partenaires, dont la CLF (Coordination lesbienne en France), et avec le concours d’autres organisations comme les LOCs (Lesbiennes of Colors), la rencontre a été marquée de nombreux moments forts qui ont permis de bien mettre en lumière la nécessité d’espaces de réflexions et de convivialité non mixtes…ce qui forcément, n’a pas plu à tout le monde, et montre bien à quel point la lesbophobie est omniprésente. Il semble en effet que l’idée que des lesbiennes féministes veuillent se réunir en non mixité pour discuter entre elles de sujets qui les concernent et en particulier du sexisme omniprésent, provoque systématiquement un rejet qui n’a pas lieu d’être. En effet, se réunir entre soi en associations est un droit et une nécessité qu’il faut toujours réaffirmer. Car c’est la seule façon de pouvoir dire en quoi, jusque dans le mouvement homosexuel, la lutte contre le patriarcat est une nécessité absolue.

DépartretouchéJe n’ai pas pu assister à toutes les conférences, je signalerai quelques moments intéressants : l’analyse de Bernadette Doleux sur la lesbophobie au travail, soulignant comment l’entreprise, sous couvert d’être un lieu de mise en valeur des compétences, est une sorte de caricature des rôles patriarcaux hommes femmes, les uns dans des rôles virils et les autres ultra-féminisés. Toute entorse à ces rôles -a fortiori par les lesbiennes, étant sévèrement réprimée. Des rencontres avec des lesbiennes et féministes venues de toute la France (associations La Lune de Strasbourg, Voix d’Elles à Grenoble, etc.), autour des « Lesbiennes dépassent les frontières », réseau de soutien aux demandeuses d’asile en France, et les rencontres internationales co-organisée par les LOCs et la CLF avec la venue de nombreuses activistes de Méditerranée et d’ailleurs.

Pour nombre d’entre nous le temps fort de la semaine a été la marche de nuit du Palais de Longchamp au Vieux Port. Une manifestation sans sono, mais avec des chants et la Batucadykes, qui a mis l’ambiance sur le trajet. Et les moments de concert aussi. Voici une galerie photos et une vidéo.

En résumé, bravo aux organisatrices, et on revient à Marseille quand vous voulez !

10-20 juillet : l’Eurolesbopride à Marseille

C’est un événement unique, et en plus il a lieu à Marseille, en été ! L’Eurolesbopride, grande manifestation lesbienne, se déroulera du 10 au 20 juillet. Dans un contexte où l’homophobie ambiante et déclarée cache parfois la spécificité de la lesbophobie (qui lie homophobie et sexisme), c’est une très bonne nouvelle que cet événement.

C’est le Centre Evolutif Lilith (CEL), qui l’organise (parallèllement à l’Europride qui se déroule aux mêmes dates), avec ses partenaires de la CLF. L’objectif, faire un grand rassemblement avec des nombreux moments non-mixtes, et lutter contre le sexisme, la lesbophobie et toutes les discriminations. Ce sera aussi un moment de convivialité pour toutes celles, lesbiennes ou amies, qui ont envie de se retrouver pour des activités en non-mixité, pour pouvoir « se ressourcer, écrire et transmettre notre culture, notre histoire ». Enfin, c’est aussi un lieu pour contribuer à mettre en place des réseaux, en particulier de solidarité pour les femmes qui sont persécutées dans leur pays parce qu’elles sont lesbiennes.

Quelques temps forts du programme, que vous pouvez découvrir dans son intégralité ici : http://celmrs.free.fr/euroLESBOpride/Preprogramme-euroLESBOpride.pdf

-du 11 au 19 juillet, un village lesbien

-les 15, 16 et 17 juillet : 3 jours de colloques, réflexions et projections

Jeudi 18 juillet : Rencontre des Organisations Lesbiennes en Euroméditerranée + Marche de nuit

Vendredi 19 juillet : concert

Samedi 20 : cortège lesbien dans la marche de l’Europride

J’espère de mon côté pouvoir y être, filmer et vous raconter l’événement ici !

 

 

Cineffable, 24e édition : « s’emparer de notre réalité et repenser notre fiction »

Pour sa 24e édition qui se déroulera de mercredi soir à dimanche, Cineffable, le festival lesbien et féministe de Paris a l’ambition de transmettre la culture lesbienne et politique, définie comme « la lutte contre les oppressions de l’hétéropatriarcat ; c’est aussi un lien unissant les écarts et désaccords, à tartiner à l’envi dans l’écoute et le respect de l’autre, plus que jamais indispensables. Notre culture c’est, sur les pas de nos artistes, se réapproprier notre part d’utopie, s’emparer de notre réalité et repenser notre fiction. C’est vous inviter toutes, pendant et au-delà de ces 5 jours, à décoloniser l’imaginaire. »

Un vaste programme dans un festival qui se déroule cette année au théatre de Ménilmontant (15, rue du Retrait métro Gambetta), que s’emparer de la réalité et repenser notre fiction. Reste à savoir si cette année, le festival parviendra, au travers des fictions présentées, à réellement à incarner cette décolonisation, ce qui semblait si difficile l’an dernier,
quand de nombreux films reprenaient à ce point les codes pornographiques, voire l’esthétisation de la torture : https://sandrine70.wordpress.com/2011/11/02/la-torture-ca-nest-pas-esthetique-ni-artistique-encore-moins-subversif/

Cette année, le programme documentaire semble très riche. Avec trois axes principaux :

-les grandes figures féministes et lesbiennes françaises avec les documentaires « Carole Roussopoulos, une femme à la caméra », « Un écrivain en terres mâliques » (entretien avec Michèle Causse) et « Marie-Josèphe Bonnet, histoires d’amours féminines ».

-Les documentaires sur la situation des femmes dans le monde : « Ladies’ Turn , « Cartografia de la soledad » sur la situation des veuves en Inde, Népal et Afghanistan mais aussi « Voices Unveiled: Turkish Women Who Dare », « Voces desde Mozambique », « Sex Crimes Unit »…

Et « un état des lieux parfois dur mais indispensable sur la difficulté de vivre son homosexualité dans le monde : « Call Me Kuchu » en Ouganda, le percutant « Taboo… Yardies » en Jamaïque, « 365 without 377 » en Inde, « Our Story – 10 Years Guerrilla Warfare of Beijing Queer Film Festival » ainsi que le Sud-africain « Waited For ». »

Plus d’infos sur le site du festival : http://www.cineffable.fr/fr/edito.htm et la grille horaires à télécharger ici : ProgrammeCineffable2012

« Foot for love », soutenir la résistance des lesbiennes sud-africaines face à la haine

J’y reviendrai dans les jours qui viennent, après avoir rencontré Zanele Muholi et l’équipe du Tokhozani football Club, en France pour une semaine dans le cadre de « Foot for Love » et qui seront ce soir à la librairie Violette and co, pour une rencontre autour de l’oeuvre de la photographe et lesbienne militante.

Mais déjà, je vous transmets le communiqué des organisatrices de foot for love (dégommeuses, LOCs) qui informe du nouvel assassinat d’une jeune lesbienne des townships. Elle avait 22 ans. Et a été assassinée parce qu’elle était lesbienne.

« Le 23 juin, à une semaine exacte de la Marche des Fiertés 2012, le township de Nyanga (Cape Town – Afrique du Sud) a été le théâtre d’un nouveau crime de haine. Une jeune lesbienne de 22 ans, prénommée Phumeza, a été abattue par balle dans son propre domicile à cause de son orientation sexuelle.

Cet assassinat est le troisième qui frappe la communauté LGBT sud-africaine en moins d’un mois. Le 9 juin dernier, deux inconnus ont assailli et égorgé le défenseur des droits LGBT Thapelo Makhutle.

Quatre jours plus tôt, un autre homosexuel, Neil Daniels, a également été victime d’une agression mortelle, après avoir subi des mutilations génitales laissant peu d’espace au doute quant à la nature du crime.

Des militantes luttant pour les droits des LGBT en Afrique du Sud, dont la photographe Zanele Muholi et plusieurs femmes qui ont survécu à des viols correctifs, sont présentes actuellement à Paris dans le cadre de l’opération « Foot For Love ». Elles défileront dans le carré de tête de la Marche des Fiertés, le samedi 30 juin ».

Etre lesbienne dans les townships d’Afrique du sud, c’est un héroïsme de tous les instants. Le travail de Zanele Muholi est un travail essentiel de résistance. Ce voyage des footballeuses dans le cadre de « foot for love », c’est le signe de cette résistance des femmes et des lesbiennes qui ne fléchit jamais, quelle que soit l’adversité. Partout, toujours, les « sorcières » ont été victimes de la haine, mais n’ont jamais abdiqué. Nous devons les soutenir !

S.G

Vous pourrez les retrouver également vendredi soir au RAL, rassemblement d’action lesbienne devant la mairie du 3è à Paris, et jeudi soir pour le vernissage de l’exposition des photos de Zanele Muholy à l’espace Canopy dans le 18è arrondissement.

 

 

Patchwork du samedi : infos importantes et événements passés ou à venir

D’abord, un petit retour sur  l’hommage aux éditions Tierce et à une de ses fondatrices, Françoise Pasquier. De nombreuses « féministes des années 1970 », qui l’ont connu et ont agi en première ligne du mouvement sont venues à la librairie Violette and co pour évoquer le souvenir d’une époque où l’on pouvait entrer rue des Fossés Saint-Jacques et discuter avec l’éditrice, où les idées fusaient, et l’innovation régnait…un peu d’inspiration pour nous, même si les souvenirs, toujours, diffèrent des unes aux autres, selon le regard de chacune…

A noter : des ouvrages des éditions sont en vente à petits prix à la librairie Violette and co.

Ensuite, une video fondamentale : celle de Muriel Salmona, psyschiatre psychotraumatologue, interviewée au forum Marie-Claire pour le journal 20 minutes, dans la ligne de la campagne #jenaipasportéplainte, Muriel explique, très clairement à son habitude, tous les obstacles mis sur le parcours des victimes dans une société d’impunité des violences sexuelles.

C’est à voir ici : http://www.dailymotion.com/video/xre35w_muriel-salmona-dans-les-cas-de-violences-sexuelles-porter-plainte-est-difficile-mais-indispensable_news

Dans le même ordre d’idées, toujours, la lutte qui s’intensifie contre le système prostitueur, avec le manifeste du Conseil des femmes francophones de Belgique : http://sisyphe.org/spip.php?article4214

Toujours contre les violences sexuelles, cette fois contre les lesbiennes d’Afrique du sud, notez déjà une semaine entière de rendez-vous à Paris fin juin avec le projet « foot for love ».

Foot For love en quelques mots
Cette semaine d’action donnera lieu à une série d’évènements articulés autour de la présence d’une délégation de footballeuses lesbiennes sud-africaines. Parmi elles, figurent plusieurs survivantes de viols correctifs désireuses de transmettre leur témoignage. Le Thokozani Football Club de Durban participera à un match de gala au Parc des Princes(ses), dans le cadre du tournoi b.yourself, le 24 juin. Au programme également : une action de sensibilisation aux discriminations auprès de jeunes de la région IDF; une projection-débat autour du documentaire Difficult Love ; une exposition photo de Zanele Muholi ainsi qu’une rencontre avec l’artiste.

Zanele Muholi qui sera d’ailleurs à la libraire Violette and co le 27 juin.

A l’occasion de ce projet, qui se déroule donc sur une semaine du 23 au 30 juin, les LOCs (lesbiennes of Colors), associées à d’autres organisations lesbiennes, organisent un RAL, rassemblement d’action lesbienne en leur honneur et soutien :

 « Une soirée de mobilisation contre les violences et les discriminations faites aux lesbiennes, pour une solidarité concrète et pour une visibilité lesbienne plus importante.

En plus des associations, de nombreuses artistes participent au RAL 2012 : Keepers of Ka (trio vocal afro-carabéen alternatif), Dj MyV, Audrey et Sylex au slam, le groupe Aquellare (féministe latino-américain), Reya Sunchine (rythme raga ), Lo &Elements (guitare rythme ragga), Batucadadykes (groupe de percussion batucada).
RAL 2012 : le 29 juin à 18h00 à Paris, 2, rue Eugène Spuller (mairie du 3eme arrondissement)

1er mai tout en couleurs

De Denfert-Rochereau à Bastille, le défilé du 1er mai, vu à partir du cortège féministe et lesbien à l’appel des LOCs, avec La Marche mondiale, l’AG…

Quand la sono s’est éloignée, nous avons même pu nous entendre…

Et puis, parce que le soleil était revenu et qu' »aux arbres citoyennes », les sourires ont défilé devant mon objectif, Christine, Sylvie, Moruni, et aussi quelques arbres. Chose étonnante, même  leurs feuilles avaient revêtu des couleurs inatttendues -le rose- Je le prends comme un signe de bon augure pour l’avenir proche !

Voici une galerie de sourires donc, et une mini video prise avec mon appareil photo…

 

 

Femmes à la rue : du rassemblement au comité de soutien

Organisé dans l’urgence par des groupes de féministes et lesbiennes, le rassemblement contre la fermeture du seul centre d’hébergement d’urgence de la région parisienne qui accueillait des femmes (et aussi des hommes mais un autre centre, à Montrouge, en accueille) a connu une belle mobilisation. Du coup s’est créé un comité de soutien, qui se rendra demain à la mairie du 11ème pour demander à pouvoir rencontrer les femmes qui ne seront pas relogées par le samu social à partir d’après-demain.

Un rassemblement animé, qui a même pris la rue vers la fin. Et la plus belle parole est venue d’une jeune femme, résidente d’un centre d’hébergement, qui, alors qu’une travailleuse sociale disait « ce n’est pas que les femmes, mais tout l’hébergement d’urgence qui a des problèmes ». Elle a dit : « oui, mais pourquoi les hommes, on les a relogés, et pas les femmes ? ». Oui, au fait, pourquoi ?

Voici les photos de la soirée

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Lettre à la mère Noël…les cadeaux à ne pas faire !

Cette année, pour Noël, j’ai décidé de demander à la mère Noël de se limiter dans ses cadeaux. Déjà,
si on décidait d’offrir aux petites filles et  garçons…la même chose, on éviterait la plupart des rayons des grandes surfaces de jouets… Et si on offrait un petit cadeau, symbolique, par exemple, un dictionnaire ?
Mais attention, là aussi, il faut veiller au cadeau A NE PAS FAIRE !
Un dico, ça n’est pas très « fun », mais ça peut être très enrichissant…oui, sauf si…on y véhicule une idéologie normative et rétrograde…

Depuis Vaugelas, grand instigateur du masculin qui l’emporte, sous couvert « d’objectivité grammaticale », on fait passer toutes sortes d’idéologie au travers de la langue…ainsi, aujourd’hui, on va plus loin, jusqu’à faire des dicos « pour les filles ».
C’est le cas de ce petit volume qui fait couler beaucoup d’encre depuis quelques années et est édité par Fleurus  et que je vous conseille vivement d’éviter à tout prix, surtout si vous avez des enfants !
Déjà, l’idée de faire un « dico des filles », tout rose, qui vient encore souligner l’idée qu’il y aurait autre chose qu’une différence biologique minimale entre filles et garçons, m’énerve. Mais au moins, il pourrait aborder de la façon la plus neutre possible, les questions qui concernent plus particulièrement les filles (même s’il serait temps que les garçons s’y intéressent aussi). Surtout quand, en plus, on y affirme qu’avec ce livre, on veut oeuvrer à la déculpabilisation des futures jeunes femmes, et qu’on clame vouloir les encourager à avoir confiance en elles !

Masi ce dico des filles-là ne le fait qu’à une condition…qu’elles soient » dans la norme », c’est-à-dire hétérosexuelles ! Je vous laisse découvrir dans cet article de Yagg les incroyables et dangereuses considérations en matière d’homosexualité des adolescentes… SOS homophobie leur a déjà écrit plusieurs fois, mais rien n’y fait… Je vous encourage donc non seulement à ne pas acheter le dico des filles, mais aussi à le déconseiller vivement à votre entourage, et pourquoi pas, à protester sur le blog que les éditions consacrent à  cet ouvrage de propagande…

S.G