Le 13 avril, ensemble, construisons un monde sans prostitution !

afficheLe 13 avril, le collectif Abolition 2012 organise un événement pour prononcer l’Abolition citoyenne du système prostitueur.
Parce que la prostitution et son corollaire la pornographie sont des violences indigne d’une société de droits humains et un verrou de la violence des hommes contre les femmes.
Des personnalités publiques, viendront exprimer devant les politiques pourquoi elles nous soutiennent dans notre demande d’une loi globale d’abolition du système prostitueur. Une loi qui commence par demander la suppression de toute mesure de pénalisation des personnes prostituées (donc abrogation du délit de racolage), qui prévoie des mesures d’accompagnement à la sortie de la prostitution pour elles, qui lutte efficacement contre le proxénétisme et inverse la charge pénale vers ceux  qui tirent profit de l’achat d’un acte sexuel : les clients-prostitueurs.

Pour tout savoir sur cet événement qui se déroulera dans la salle de concert « La Machine du Moulin Rouge », 90 boulevard de Clichy à Paris, le 13 avril de 13h30 à 18h, et pour vous inscrire, rendez-vous sur le blog créé pour l’occasion : abolition13avril.wordpress.com

Par ailleurs, vous pouvez suivre abolition2012 sur twitter : @abolition2012 et sur Facebook : http://www.facebook.com/abolition2012?ref=ts&fref=ts

Si vous souhaitez vous inscrire directement : http://www.emailmeform.com/builder/form/ff6Hg04w82bU8y72Q

On vous attend nombreuses et nombreux !

Et pour faire suite à mon dernier article, une bonne nouvelle ! Le Comité consultatif national d’éthique a rendu un avis négatif sur la question de l’assistance sexuelle des personnes handicapées, qu’on pourrait résumer ainsi : « La société ne doit pas réparation aux frustrations sexuelles des hommes. Personne n’a le droit d’utiliser sexuellement un-e autre ».

Voici sa conclusion :

« Si la sexualité peut être source de plaisir, elle peut être aussi le champ de toutes les violences y compris lorsqu’elle ne peut se vivre. Force est de constater qu’il n’y a pas une norme qui serait celle de l’harmonie et de l’équilibre, mais une réalité plurielle dont nous devons prendre conscience, plus ou moins brutalement, plus ou moins crûment. La complexité de ce qui y est mis en jeu nous oblige à entendre les questions dérangeantes sur la dignité, la vulnérabilité, et les limites de ce qui est éthiquement acceptable.

En conséquence en matière de sexualité des personnes handicapées, le CCNE ne peut discerner quelque devoir et obligation de la part de la collectivité ou des individus en dehors de la facilitation des rencontres et de la vie sociale, facilitation bien détaillée dans la Loi qui s’applique à tous. Il semble difficile d’admettre que l’aide sexuelle relève d’un droit-créance assuré comme une obligation de la part de la société et qu’elle dépende d’autres initiatives qu’individuelles ».

Abolition 2012 : sommaire et ressources pour comprendre

Pour ouvrir cette semaine qui sera consacrée à la lutte pour l’élimination des violences des hommes contre les femmes, avec un focus sur l’Abolition de la prostitution, je propose une revue de presse des principaux articles que j’ai publiés sur le sujet, et de ressources en lignes importantes.

D’abord, une fois que vous aurez lu tous ces liens ou au moins quelques uns d’entre eux, vous aurez peut-être envie de rejoindre notre lutte pour l’adoption d’une loi d’abolition du système prostitueur, et de signer l’appel des 50 associations d’Abolition 2012 : pour le faire,

c’est ici : http://www.abolition2012.fr

Et rappelle cette citation de « Une fièvre impossible à négocier », de Lola Lafon : « On invite les plus fraîches de ces humaines là a témoigner a la télé de leur « choix de vie ». Les autres ne peuvent pas témoigner, elles ne parlent pas français ou juste assez pour négocier de pouvoir dormir, douze sodomies quinze sexes d’affilée jusqu’à l’aube dans leur bouche ».

Je commence par le scoop.it de référence de Fée ministe, qui sur une dizaine de pages, recense plus de 500 articles.

http://www.scoop.it/u/fee-ministe#pg=1&mi=topics&si=curated&panel=followedPanel

La rubrique du site québecois Sisyphe sur prostitution et pornographie : http://sisyphe.org/spip.php?rubrique12

Sites essentielles de survivantes :

https://sandrine70.wordpress.com/2012/03/18/des-survivantes-de-la-prostitution-sunissent-survivors-connect-network/

http://rmott62.wordpress.com/ 

avec un de ses articles les plus clairs et poignants : https://sandrine70.wordpress.com/2011/12/08/pour-survivre-a-la-prostitution-il-est-vital-detre-quasi-morte-rebecca-mott/

Le texte de l’intervention de Muriel Salmona, présidente de l’Association mémoire traumatique et victimologie, lors du colloque du 8 octobre à Lyon :

http://stopauxviolences.blogspot.fr/2012/11/texte-de-lintervention-de-muriel.html

Un article intéressant pour en finir avec le « travail du sexe »:

http://acciofeminista26n.wordpress.com/2012/06/03/syndicalisme-et-prostitution-quelques-questions-embarrassantes/

Le très bel article tout récent de Frédérique Pollet-Rouyer sur « Veillée d’armes » d’Ophuls :

http://fpolletrouyer.blogspot.fr/2012/11/marcel-la-guerre-et-une-prostituee.html

photo C.Le Doaré

Il faut toujours replacer la prostitution dans son contexte réel : celui d’une société qui (ne) fonctionne (pas) en fermant les yeux voire en encourageant les violences sexuelles depuis l’enfance et jusque dans le viol prostitutionnel, sur lequel s’interroge ce blog :

http://enquelquesorte.blogspot.ca/2012/05/le-client-prostitueur-et-le-violeur.html?m=1

Une sélection de mes articles :

Avec le tract pour expliquer pourquoi la prostitution est une violence criminelle qu’il faut abolir :

https://sandrine70.wordpress.com/2012/11/08/abolition-2012-derniere-violence-des-hommes-contre-les-femmes-que-la-loi-ne-condamne-pas/

Un long argumentaire : https://sandrine70.wordpress.com/2012/03/13/pour-les-personnes-prostituees-contre-le-systeme-prostitueur/

Pourquoi c’est un combat pour la liberté :

https://sandrine70.wordpress.com/2012/08/18/pourquoi-labolition-pour-la-liberte/

Retour sur la convention abolitionniste : de 29 novembre 2011 : https://sandrine70.files.wordpress.com/2012/03/abo12.jpg et https://sandrine70.wordpress.com/2012/01/09/en-suede-les-hommes-et-les-femmes-ne-sont-pas-a-vendre/

Un film essentiel : https://sandrine70.wordpress.com/2012/06/25/pas-a-vendre-not-for-sale/

Un autre film essentiel : https://sandrine70.wordpress.com/2011/10/03/limposture/

https://sandrine70.wordpress.com/2012/07/31/jusqu-au-bout-de-lhorreur/

https://sandrine70.wordpress.com/2012/06/06/je-reve-quun-amour-sans-tyrannie-soit-possible-revue-de-presse-abolitionniste/

https://sandrine70.wordpress.com/2012/09/03/abolition-de-la-prostitution-limposture-mediatique/

https://sandrine70.wordpress.com/2012/03/21/hasta-la-vista-de-la-sexualite-des-hommes-en-situation-de-handicap/

Des témoignages pris sur le site essentiel de Prostitution et société

http://www.prostitutionetsociete.fr/temoignages/clara-moi-qui-n-avais-rien-fait-de

Il me disait toujours : si j’ai quelqu’un à tuer, tu seras la première. Je me disais : ou je le tue et je vais en prison ou je me tue ; il n’y avait plus d’autre solution.

Raphaël

http://www.prostitutionetsociete.fr/temoignages/raphael-on-n-avait-pas-le-temps-d

Homosexuel, Raphaël a connu la « zone » et la prostitution. La « fête », l’alcool, la drogue ont englouti plus de cinq ans de sa vie. Récit…

Stéphanie

http://www.prostitutionetsociete.fr/temoignages/stephanie

Stéphanie est une survivante de la prostitution, elle milite au sein de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES). Le 11 octobre 2009, dans le cadre du Forum Social Québécois, la CLES a présenté les résultats d’une recherche sur les « clients » prostitueurs. Stéphanie est intervenue à propos des regards que des femmes ayant une expérience dans l’industrie du sexe portent sur les « clients ». Merci à elle et à la CLES, qui nous ont autorisé à diffuser son intervention.

Julie

http://www.prostitutionetsociete.fr/temoignages/julie-une-vie-de-sans-papiers-dans

Julie était secrétaire. Une séparation, un surendettement, deux enfants à élever… Elle est devenue « escorte » sur Internet. Elle dit son irrépressible envie de témoigner, « mais à visage caché, bien obligée ». Condamnée à la clandestinité et à une solitude sans nom, elle décrit l’indifférence de sa famille et des hommes qui l’exploitent, et l’abandon des institutions et de la société. Mieux que tous les discours, son histoire montre un processus d’enfermement dont il est bien difficile de s’extraire.

Caroline

http://www.prostitutionetsociete.fr/temoignages/ils-utilisent-les-techniques-des

En 2008, la délégation du Mouvement du Nid du Gard a accompagné une jeune femme prostituée dans un réseau sado-masochiste. Ce soutien a été déterminant puisqu’il lui a donné le courage de porter plainte contre son proxénète. Un procès a eu lieu en octobre 2011, qui a mis en lumière les pratiques terrifiantes du milieu du « BDSM » [1]. Caroline [2], l’une des victimes, nous a raconté son histoire.

http://www.prostitutionetsociete.fr/temoignages/sortir-des-sables-mouvants

Nous avons reçu ce témoignage par courriel. Nous le livrons tel qu’il nous a été transmis, avec la promesse faite à son auteure d’un anonymat absolu.

Angel K

http://www.prostitutionetsociete.fr/temoignages/angel-k-les-mensonges-que-l

Angel K. est une survivante de la prostitution, une des chanceuses qui est parvenue à quitter la prostitution ainsi qu’elle se présente elle-même. Elle nous a autorisé à publier ici ce texte, entre témoignage et analyse, d’abord paru sur son blog, Surviving prostitution and addiction.

http://www.prostitutionetsociete.fr/actualites-europe-2/actualites-france/abolitionnistes-du-systeme

http://www.prostitutionetsociete.fr/eclairage/interviews/gisele-halimi-avocate-et-feministe

Murakami, le féminisme radical et les pornographes

Un ustensile de cuisine qui m’a fait penser à « 1Q84 »

Après un long week-end sans écrire, quelques infos en vrac : cette année, et c’est bien dommage, je n’ai pas pu voir beaucoup de films à Cineffable, le festival lesbien et féministe de Paris, mais je tenais à saluer l’organisation du festival et à souligner ce que m’ont rapporté les copines de Femmes en résistance qui ont pu voir au moins 3 documentaires de grande qualité : l’un sur la thématiques des veuves, « Cartografia de la Soledad », en Inde, Népal et Afghanistan, « No Gravity », que j’avais en revanche déjà vu au Latina et qui est tout à fait réjouissant sur les femmes dans la conquête de l’espace, et aussi « Sex Crimes Unit », documentaire sur l’unité spéciale consacrée aux violences sexuelles à New York.

Un film exceptionnel semble-t-il, qui nous montre surtout tout ce qu’il faudrait qu’il soit fait dans l’accueil et la prise en charge des victimes de violences sexuelles et viols. Reconnaissance du viol de personnes prostituées, écoute des victimes, et remise en cause de la prescription quand elle fait obstacle à la justice.

Autant de sujet que nous avons ensuite évoqués lors du débat sur la loi sur le harcèlement sexuel auquel j’ai participé le samedi (avec l’AVFT, la MMF et OLF) et qui a permis d’insister sur différents points et qui furent l’objet de « Pas de justice, pas de paix »: comment avoir une prise en charge politique d’un crime trop souvent sans victimes et sans criminels, reconnaître sa massivité, et lutter pour que « le viol » ne soit plus qu’un crime sur le papier, c’est-à-dire dans la loi. C’est-à-dire aussi, dire qui sont les victimes, les femmes, et les aider et les prendre en charge, et dire qui sont les agresseurs (et non pas les auteurs, même si c’est le terme juridique, il ne faut pas édulcorer…), les violeurs. Et enfin dire les choses telles qu’elles sont : nous luttons contre l’impunité des violeurs.

Dans ce contexte, je dois dire que j’étais plutôt étonnée de lire, dans le dernier best-seller d’Haruki Murakami, 1Q84, un discours -presque- féministe radical. Et si. En effet, dans ce livre teinté de fantastique qui croise deux histoires (j’en suis à la fin du tome 1…), on pourrait par moments se dire que l’auteur est féministe radical. Car il décrit la démarche de deux femmes contre l’impunité des hommes violents et violeurs. Et leur démarche, c’est, face au constat longuement exposé de violences contre lequel la justice ne fait rien, il n’y a qu’une seule solution pour éviter que les hommes violents et les violeurs de fillettes fassent plus de victimes : les éliminer.

En voilà un discours radical !  Qui, lorsque ce sont des féministes qui le tentent, dans la littérature, sont bien souvent en risque d’être censurées ! Alors pourquoi ici, cela passe-t-il aussi facilement ? Simplement parce que c’est un homme  qui écrit ?
Pas tout à fait, à mon avis. Mais parce que ce discours féministe radical n’est ici qu’à des fins littéraires, et ne met rien en danger de la domination : il s’agit de trouver un truc original à raconter. Mais rien ne met ici en danger le patriarcat. Pour deux raisons principales :

-d’abord, même si ce discours qui pourrait être au sein d’un discours féministe radical existe, jamais il n’est relié à un propos explicitement politique : et on dirait, à part dans quelques paragraphes, que les deux femmes qui entreprennent d’éliminer les hommes violents luttent contre des cinglés. Pas contre un système qui pousse à une culture de la violence.

-Mais surtout, ce discours est totalement contrebalancé par le reste de l’histoire de l’héroïne, Aomamé, et la description qui nous en est faite.

Justicière pour les femmes (mais sans discours politique de sa part encore une fois), est en même temps une icône pornifiée. Il faut qu’elle aie une tentation lesbienne (histoire d’exciter l’imaginaire pornographique des hommes), et qu’elle ait une relation particulière à la sexualité : elle a aimé un  garçon depuis ses dix ans et veut ne pas le trahir, alors elle n’a que des histoires de passage avec des inconnus. Ce qui ne serait pas un problème, si une scène où elle scelle son amitié avec une autre femme, n’était une scène de viol déguisée en orgie sexuelle. En effet, elle se réveille chez elle ne se souvenant plus de rien, et découvre qu’elle a participé à une nuit de sexe avec cette femme et deux hommes…et jamais, cette scène qui implique forcément qu’elle a été droguée ou alcoolisée, donc viol avec circonstances aggravantes, n’est décrite comme une scène de viol. Il semble même qu’elle s’en accomode et le vive bien, seulement un peu embêtée de ne pas se souvenir « qu’elle a fait des choses bizarres avec une femme »… Avoir subi des pénétrations anales sans l’avoir voulu n’étant pas décrit comme un problème…

C’est donc ainsi que la culture pornographique  et la force de l’anti-féminisme nous envahissent au quotidien. Jusqu’aux discours les plus féministes radicaux sont utilisés pour faire passer inaperçue la violence qui nous entoure… Car lutter contre les pires crimes qui soient est décrit d’une part comme faire justice, mais si la justicière, pornifiée, les subit, alors c’est décrit comme de la sexualité, voire du féminisme…

Voici en revanche deux articles vraiment féministes radicaux sur ces sujets :

pour comprendre la haine des pornographes à notre égard : https://againstpornography.org/pornographersspeech.html 

et le système d’impunité : http://www.feministes-radicales.org/2012/03/28/pourquoi-demande-t-on-aux-victimes-de-parler-plutot-qu-aux-coupables-d-arreter/

S.G

 

Actus féministes d’août : Pussy riots, harcèlement sexuel, Tunisie, stop Porn

Paris a beau être déserte…

l’actualité du féminisme ne s’arrête pas pour autant (normal, me direz-vous, Paris n’est pas la planète !)

La tête encore un peu en vacances, je me contenterai juste de faire quelques liens vers des infos importantes :

D’abord, pour faire le suivi de l’actu du printemps, voici le lien vers le texte de loi sur le harcèlement sexuel, sur le blog de Muriel Salmona :

http://stopauxviolences.blogspot.fr/2012/08/harcelement-sexuel-loi-n-2012-954-du-6.html et les derniers commentaires de l’AVFT :

http://avft.org/article.php?id_article=653
Il y a ensuite la Tunisie, avec la mobilisation pour que l’on n’aille pas vers la régression, avec un projet de constitution qui au lieu de faire perdurer l’égalité des sexes, instaurerait…une complémentarité entre eux ! Hier, 6.000 personnes, en grande majorité des femmes, ont manifesté en Tunisie : http://www.lemonde.fr/tunisie/video/2012/08/14/en-tunisie-les-femmes-dans-la-rue-pour-defendre-leurs-droits_1745925_1466522.html

Autre actu du moment, la mobilisation internationale en faveur des « Pussy Riots », militantes d’un groupe anarchiste enfermées pour avoir « blasphémé » en Russie : une affaire complexe : bien sûr, il faut tout faire pour qu’elles soient libérées, mais aussi pour qu’on cesse d’utiliser, pornifier, violenter les femmes pour servir la cause de la liberté : http://christineld75.wordpress.com/2012/08/13/pussy-riots-faut-pas-pousser/

Enfin, en toute objectivité, et dans la suite de ce qui précède, un lien fondamental à conserver vers le meilleur blog féministe radical français :

http://www.feministes-radicales.org/2012/08/13/la-torture-la-plus-mediatisee-au-monde/

qui nous montre ici avec toute l’évidence que la réalité propose parfois, que la pornographie, c’est de la torture infligée à des femmes dans le but de faire jouir des hommes…et dont tous les héraults du libéralisme mal placé voudraient nous faire croire, dès lors que les victimes sont des femmes, qu’il y a là un rapport avec la liberté ou l’art.

Comme quoi, avant de songer à l’absurdité de la notion de « libérer le féminisme » sur lequel beaucoup de femmes et d’hommes usent de la salive et de l’argent capitaliste (…), continuons à nous employer à agir : « libérons les femmes » !

Ah, et au risque d’avoir mal aux genoux, je republie ceci : https://sandrine70.wordpress.com/2012/05/18/la-pornographie-cest-la-theorie-et-le-viol-la-pratique-bouleversement-radical/, et ceci :

https://sandrine70.wordpress.com/2012/03/13/pour-les-personnes-prostituees-contre-le-systeme-prostitueur/ où il est clairement dit que la prostitution, c’est l’achat de l’impunité du viol.

Et puisqu’on parle de cela, je ne peux pas ne pas repartager les scoop.it de Lise Bouvet, qui donnent plus de 700 liens pour mieux comprendre la position abolitionniste de la prostitution, ce qui ne lui a pas valu que des amie-e-s (menaces, intimidations sur la toile, etc.). C’est une ressource fondamentale :

http://www.scoop.it/u/fee-ministe#pg=1&mi=topics&si=curated&panel=followedPanel

S.G

 

« La pornographie, c’est la théorie, et le viol, la pratique »

Merci à Euronews de me faire travailler la nuit…du coup, en fin de travail, j’ai enfin eu le temps de lire le texte de cette conférence qu’on me disait magistrale de Rebecca Whisnant. En quelques mots, quelques lignes, me voici totalement réveillée, dans tous les sens du terme : http://sisyphe.org/spip.php?article4191#.T6N-Z_4E7WI.facebook

Des mots donnent corps à mes rêves, à mes réalités, un texte limpide, qui explique tout, qui comprend tout, qui répond à tout. Son  titre c’est :

« Le féminisme contemporain dans la culture porno : ni le playboy de papa, ni le féminisme de maman »

Explication à la fois de pourquoi certaines féministes qui se disent de la troisième vague croient pouvoir être plus fortes que l’oppresseur, pourquoi c’est si difficile de lutter contre toutes ces force qui sont contre nous, mais pourquoi aussi c’est merveilleux, réjouissant, parce que, peut-être pour la première fois de notre vie, il y a pour nous, « classe des femmes » (voir citation ci-dessous), un espoir.  Mais bien sûr, il faut tout lire, pour que tout s’articule.

Plutôt que d’en faire un texte compliqué, j’en ai extrait quelques citations bouleversantes. Qui j’espère vous donneront envie de le lire.

« La pornographie, c’est la théorie, et le viol, la pratique » . Robin Morgan

« Si tu ne peux pas avoir ce que tu désires, alors désire ce que tu as », affirme le proverbe.

Classe des femmes : « le destin de chaque femme – peu importe son appartenance politique, sa personnalité, ses valeurs, ses qualités – est lié au destin de toutes les femmes qu’elle le veuille ou non » .R.W

///

« le meilleur moyen, et sans doute le moyen principal, par lequel les systèmes oppressifs se perpétuent, c’est de donner l’illusion à quelques membres du groupe opprimé qu’il y un enjeu/intérêt pour eux à suivre les règles établies ».  R.W

///

 » dans la pornographie « alternative » ou féministe, nous voyons occasionnellement des femmes différentes du canon de beauté prescrit par Hollywood. (Le plus souvent, l’apparence « alternative » semble se composer principalement de tatouages et de piercings – mais j’ai remarqué que cela implique rarement d’avoir des poils pubiens »). R. W

///

« . Puisque la culture porno devient de plus en plus invasive et destructrice, et que les gens sont de plus en plus conscients qu’elle affecte leur vie, de nombreuses personnes cherchent une échappatoire. Le problème c’est qu’ils ne trouvent pas d’alternative, et ce qu’on leur présente comme différent ne l’est pas vraiment en réalité. » R.W

///

« La droite soutient l’appropriation des femmes (épouses ou filles) par les hommes dans la sphère privée, au sein du foyer, tandis que la gauche défend l’appropriation sexuelle des femmes par les hommes au niveau collectif, à l’extérieur du foyer, dans la sphère publique, y compris dans la pornographie et la prostitution » (…) . Les personnes qui se préoccupent de la justice et qui veulent trouver une issue à la culture porno doivent agir et penser de façon à déplaire à toute sorte de groupes qui haïssent les femmes » R.W

///

« Mais il est vrai que notre camp ne doit pas être seulement « la part morbide du mouvement des femmes » , comme l’a formulé avec justesse Andrea Dworkin. Il y a quelque chose de cet ordre là, inévitablement : il n’y a pas moyen de mettre à bas les industries de l’exploitation sexuelle sans se confronter à d’horribles réalités. Nous ne devons pas flancher et nous devons trouver les moyens d’aider les autres à faire face à ces réalités sans mourir intérieurement. » R. W

                                                                                                             ///
« Pour créer un espace de réflexion et d’expérimentation, nous devons nous désintoxiquer, nous dégager des messages cyniques, manipulateurs et haineux de la culture porno. Pour commencer à penser par nous-mêmes et rêver nos propres rêves, nous devons d’abord fuir les salauds qui nous hurlent dessus avec des mégaphones. » R.W
                                                                                                             ///
. Deuxièmement, nous devons faire appel à nos propres expériences de l’amour et du sexe en tant que joie et communion (et encourager les autres à faire appel aux leurs)
                                                                                                              ///
Nous avons besoin d’encourager les gens à utiliser ces expériences, ces petits je ne sais quoi, ces faibles lueurs – pour se souvenir de ce qu’ils savent de leurs vies, ce qu’aucun maquereau ou compagnie commerciale ne leur vendront ou ne pourraient même leur vendre, et à en vouloir davantage.
                                                                                                             ///
A quoi ressemble la véritable liberté sexuelle et qu’est-ce qu’elle nous fait ressentir – celle que tout le monde peut avoir, plutôt que ce qui donne la liberté à certains au prix de celle des autres ? Nous devons imaginer et encourager ces autres à imaginer un autre monde : un monde dans lequel aucune femme n’est traitée de « trainée », « prude », « salope », « chatte », ou « gouine » ; où aucun-…e femme, homme, ou enfant n’aurait à craindre le viol ou d’en souffrir les dommages ; dans lequel les hommes ne contrôlent pas leur comportement et celui des autres hommes par peur d’être perçu ou traité comme une femme ; et dans lequel l’amour et les relations lesbien-nes ne se réduisent pas à du fétichisme porno pour homme.
                                                                                                           ///
Nous devons utiliser le pouvoir de notre désir pour ce monde – notre désir de le faire advenir pour nous-mêmes, pour nos enfants, nos petits-enfants – pour nous unir, pour mobiliser notre pensée et des stratégies pour reprendre notre culture aux pornographes.

Revue de presse : harcèlement sexuel, sexisme médiatique, pornographie

L’actualité est toujours aussi forte…en attendant une réponse longue au manifeste « nous, féministes » par femmes en resistance sur son blog et ici, dans quelques heures, voici une petite revue de presse.
1/Suite à l’abrogation du délit de harcèlement sexuel, trois infos intéressantes :

-l’Assemblée des femmes qui déclare le Conseil constitutionnel anti-constitutionnel parce que non paritaire (mais comment ne le serait-il pas : il doit statuer sur une constitution qui est forcément anti-constitutionnelle, puisque jamais bâtie avec l’égalité femmes-hommes en tête : donc, malgré la parité rajoutée, malgré les principes édictés qui devraient nous inclure, nous femmes, ce n’est pas possible !). A lire ici : http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/civilisation-articles-section/civilisation/1890-le-conseil-constitutionnel-en-accusation

et ici : feministesentousgenres.blogs.nouvelobs.com/archive/2012/05/10/inconstitutionnalite-du-conseil-constitutionnel.html

Toujours sur le harcèlement, une mauvaise nouvelle de plus : le harcèlement moral risque à son tour une question prioritaire de constitutionnalité, lesquelles sont en train de se transformer en machine à backlash, à faire reculer les droits des femmes : http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/05/10/apres-le-harcelement-sexuel-le-harcelement-moral-suspendu-a-une-qpc_1699660_3224.html

2/Le sexisme ambiant des médias, des institutions, du monde cinématographique, avec deux exemples : un, qui finit bien, l’immonde « tweet » de Pierre Salviac, qui après une carrière de journaliste sportif caractérisée par de nombreuses remarques sexistes, a fini par en payer le prix : RTL l’a renvoyé. Espérons que cela fera réfléchir ses confrères à deux fois ! A lire la mise au point d’Isabelle Germain sur le sujet : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/549870-merci-pierre-salviac-le-seuil-de-tolerance-au-sexisme-est-en-baisse.html

Et la performance qu’on avait remarquée mais contre laquelle La Barbe a lancé une pétition, du festival de Cannes, qui une fois de plus, n’a pas « trouvé » de film réalisé par une femme dans sa sélection. Il faut dire que 4 l’an dernier, cela devait être « trop »… A lire la réponse ici ! http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/05/11/a-cannes-les-femmes-montrent-leurs-bobines-les-hommes-leurs-films_1699989_3232.html On étudiera ensuite le » bechdel test » (voir sur ce blog)  du palmares, cela devrait être amusant…

3/ Sexualité et son ennemie la pornographie, enfin :

en commençant par une vraie réflexion sur la sexualité, par Lucie Sabau : http://egalite.blogs.liberation.fr/sexes/2012/05/sexualites-bien-liberees-commencent-par-soi-meme.html

En continuant par l’arme normative de la violence contre les femmes, la pornographie : mise au point sur le blog féministes radicales : « porno et féminisme, pas même combat ! »

Et pour faire contrepoids, ce lien vers un livre recueil de textes féministes sur la question : http://radicalhub.com/2012/03/11/big-porn-inc/
En résumé, plein de lectures, en trois jours à peine, on dirait que le féminisme, si on ne lui fait pas une place, commence à savoir s’en faire une lui-même !

S.G

« Pour survivre à la prostitution, il est vital d’être quasi-morte » (Rebecca Mott)

Je parle souvent ici de Rebecca Mott, femme écrivaine sortie de la prostitution et qui tient un blog salutaire.
Aujourd’hui encore, alors que le débat sur l’abolition de la prostitution se poursuit ici, et qu’on n’a même pas commencé à aborder la question de la pornographie et ses conséquences,
j’ai lu son dernier billet. Et encore une fois j’ai la chair de poule et la plus profonde reconnaissance envers son courage. C’est elle, qui explique « qu’elle en a marre d’entendre quelques individus priviliégiés parmi les « travailleurs du sexe » (terme dont ils se nomment mais qu’elle réprouve) prendre la parole au nom de la grande majorité des prostituées: « non, ils parlent, le plus souvent, pour les profiteurs et pour enrichir l’industrie du sexe », dit-elle. Ce qui suit est dur à lire, mais pour que cela en vaille la peine -la notre n’est rien par rapport à celle de l’auteure, il faut lire jusqu’à la dernière ligne.

Vous pouvez lire l’article en anglais ici

Affronter une conférence sur la porno et ses conséquences
Ce billet parle de l’expérience vécue à la conférence de Londres « défier la pornographie ». J’étais très fière de mon discours et de ma présence là-bas; Mais cela fut profondément bouleversant.
Le discours de Gail Dines m’a profondément inspirée et émue.  Mais j’ai remué des choses qui étaient enfouies au plus profond.
J’ai vu à plusieurs reprises des images de hard-porn. J’ai été à de nombreuses réunions anti-porno présentant ces images.
D’ordinaire je suis détachée.. Pas pire que détachée, souvent, je ne ressens rien que de la froideur.
La froideur née du déni que cela fut dans mon corps. La froideur du fait que l’on avait fait de moi du porno vivant, que j’étais si près de la mort.
Mais ce samedi, cela m’a envahie.
Ce sont les images de « gagging » qui l’ont provoqué.
A mon époque, on appelait ça « deep-throating », (gorge profonde) mais c’était la même merde.
Forcer un pénis ou des pénis si loin dans ma gorge que je n’avais d’autre choix que vomir ou perdre conscience. C’était enfoncer des poings dans ma gorge délicate.
Ce sont aussi les images de viol anal.
C’était ça, mon quotidien. J’étais devenue totalement hermétique à la pensée que je puisse compter. Mais aujourd’hui, l’agonie à l’intérieur de mon anus hurle – tu as de l’importance, tu as de l’importance, mon dieu femme, tu as de l’importance.
Ce sont aussi les images de gang-rapes.
C’était mon quotidien et ma punition. Utilisé pour me contrôler. Cela m’est arrivé si souvent, que je n’avais aucune idée de ce qu’était la sexualité, la vraie.
Alors, je sais de l’intérieur, dans mon corps, combien le hard-porn est lié à la prostitution. Au final, toutes les femmes dans l’industrie pornographie sont transformées en prostituées par les consommateurs et les producteurs.
Mais de façon encore plus importante, de nombreuses femmes à de nombreux niveaux de l’industrie du sexe, sont entraînées dans le hard-porno pour pouvoir être sous-payées et contraintes à pratiquer des actes sexuels hautement dangereux et dégradants – parce qu’on a détruit leur cerveau par la violence sexuelle et mentale de l’industrie du sexe.

 
Voici le discours que j’ai prononcé.
« C’est un grand honneur pour moi de prendre la parole à cette conférence où les femmes qui sont sortie de la prostitution ne sont pas victimes de jugements.

C’est très émouvant d’être dans un espace où une femme sortie de la prostitution peut parler sans être jugée ni cataloguée dans des stéréotypes dès le départ.
La pornographie et la prostitution sont reliées en de nombreux point. Au travail, je me concentre sur le fait que tant de femmes dans l’industrie pornographique viennent de nombreux secteurs de l’industrie du sexe, y compris la prostitution.
Il est également important de savoir que la majorité des consommateurs de femmes prostituées le font avec des têtes remplies d’images pornographiques,et voudront que les prostituées soit l’incarnation réelle de ces images. Le client fera à la femme prostituée des actes sexuels qui seraient considérés comme vils et criminels s’ils les pratiquait sur des « femmes normales ». Parce que la prostituée est déshumanisée, qu’on considère qu’il ne lui est fait aucun mal.
Ce n’est pas surprenant – pour être prostituée à long terme, il est vital de se dissocier de toute forme de douleur et de dégradation. Pour survivre à la prostitution – il est vital d’être quasi-morte.
Parce que c’est exactement ce que les industriels et les consommateurs de porno veulent -des femmes quasi-mortes.
C’est logique qu’ils utilisent des femmes prostituées. Elles ont dû vivre avec des actes sexuels indicibles commis sur elle sans cesse, jusqu’à ce que ceux-ci soient leur seule référence et leur seule existence. Ce n’est qu’alors qu’elles peuvent correspondre au monde vicieux et dangereux de l’industrie de l’industrie de la pornographie.
De nombreuses femmes au sein de cette industrie sont parmi les personnes les plus abîmées que je connaisse. Elles ont dû et doivent vivre dans un monde ou les violences mentales, physiques et sexuelles sont lan orme – et pour rajouter à leur enfer, elles doivent sourire, faire les « bons » bruits sexuels, et s’infliger ces violences encore et encore et encore.
Nous devons mettre ces femmes au centre du débat sur la pornographie.
C’est une question qui touche à la légitimation de la torture. C’est une atteinte fondamentale aux droits fondamentaux de ces femmes.
Le droit de vivre en sécurité.
Le droit de s’exprimer librement, sans contrainte, menace ou violence.
Le droit à la liberté de mouvement sans contrainte.

Le droit à contrôler et être propriétaire de toute image ou commentaire la concernant.
Placez ces femmes au centre de votre combat.
—————————————————————————————————————————————
Réponse à une question sur le choix
Il y a un énorme double discours lorsqu’on discute de la question du choix libre d’être dans l’industrie du sexe. Nous les croyons sur parole lorsqu’elles disent que c’est « empowering », et ne regardons que le moment -bref- où la femme semble heureuse, quand elle sourit. Mais cela, nous ne le croyons pas quand c’est une femme battue et violée par son petit copain – qui se dit heureuse, encore amoureuse de lui. En revanche, nous décidons qu’être dans la prostitution cela doit être librement choisie ? Il y a une trahison générale des femmes et filles qui sont dans le commerce du sexe – et cela me met très en colère.
———————————————————————————————————————————————–
Ce discours a eu un effet énorme sur moi. J’ai depuis été très bouleversée.
Principalement par des mémoires corporelles.
Ma gorge est tellement remplie de la connaissance de la réalité du viol oral – j’ai vomi, puis vomi et vomi et revomi- je ne pensais pas qu’il me resterait un estomac ou une gorge.
Mon agonie anale est tellement intense que j’ai l’impression que je vais m’évanouir.
Mais le chagrin enfoui serait est encore plus traumatisant.
La douleur et le chagrin que mon corps a été forcé de subir est impensable pour la plupart. Le chagrin d’imaginer que n’importe quel homme puisse avoir en tête de commettre de telles brutalités sans voir la douleur, la terreur – sans vouloir voir qu’il détruit un être humain.
C’est un chagrin qu’il faut ressentir. Mais c’est comme un immense trou dans mon corps.
Quand j’ai ce chagrin, je sais que j’entre à nouveau dans la vie.
Et ça, c’est merveilleux.
Rebecca MOTT