Il y a un moment où il faut sortir les couteaux !

PDJPDPX« Un Mouscronnois de 46 ans a été condamné par le tribunal correctionnel de Tournai à trois ans de prison avec un sursis probatoire de quatre ans pour viol et attentat à la pudeur commis sur sa propre fille ».

Au civil, la victime encore mineure à l’heure actuelle recevra 1.000 euros à titre provisionnel.

« L’absence d’antécédent judiciaire du coupable, ainsi que l’ancienneté des faits lui ont permis d’obtenir un sursis. Il devra par contre se soumettre à une thérapie afin de lutter contre la délinquance sexuelle ».

C’est tellement intolérable que c’est difficile d’en parler. Car oui, quand les filles parlent, dénoncent, et que les mères portent plainte, il faut encore franchir cette étape, celle d’une justice qui donne du sursis à un homme qui a violé sa fille de 4 ans et continué par la suite…lui, il paraîtrait que ça suffise qu’il se fasse « soigner »…
Pour la jeune femme, 1000 euros. Et quels soins pour elle et se reconstruire ? Alors qu’elle a eu le courage de dire, que sa mère l’a soutenue, qu’il y a eu procès, et qu’il n’y a encore pas justice ?
C’est tellement la preuve noir sur blanc que « la justice des hommes est bien la justice des hommes », que je n’en dirai pas plus, sinon quelques liens indispensables et un texte indispenable, la définition de l’opprimé, de Christiane Rochefort
Pour bien dire que l’ancienneté des faits ne devrait rien avoir à y voir :
A propos de la « justice », de pourquoi les femmes ne portent pas plainte, et d’ailleurs, à quoi bon…
Et le texte de Christiane Rochefort
« Il y a un moment où il faut sortir les couteaux. C’est juste un fait. Purement technique. Il est hors de question que l’oppresseur aille comprendre de lui-même qu’il opprime, puisque ça ne le fait pas souffrir : mettez vous à sa place.
Ce n’est pas son chemin. Le lui expliquer est sans utilité. L’oppresseur n’entend pas ce que dit son opprimé comme langage mais comme un bruit. C’est la définition de l’oppression [….] L’oppresseur qui fait le louable effort d’écouter (libéral intellectuel) n’entend pas mieux. Car même lorsque les mots sont communs, les connotations sont radicalement différentes.
C’est ainsi que de nombreux mots ont pour l’oppresseur une connotation-jouissance, et pour l’opprimé une connotation-souffrance.
Ou : divertissement-corvée. Ou loisir-travail. Etc.
Aller donc communiquer sur ces bases. »

C’est ainsi que la générale réaction de l’oppresseur qui a « écouté » son opprimé est, en gros : mais de quoi diable se plaint-il ? Tout ça c’est épatant.

Au niveau de l’explication, c’est tout à fait sans espoir. Quand l’opprimé se rend compte de ça, il sort les couteaux. Là on comprend qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Pas avant.

Le couteau est la seule façon de se définir comme opprimé. La seule communication audible.[…] »

Christiane Rochefort