Rosen en marche pour l’abolition !

En ce 26 août 1970, 44e anniversaire du dépôt de gerbe à la femme du soldat inconnu à l’Arc de Triomphe par une petite dizaines de militantes de ce qui allait devenir le MLF, mouvement de libération des femmes, quel meilleur « hommage » à rendre que de parler d’une autre action qui pourrait marquer son époque, celle que va entreprendre Rosen Hicher, survivante de la prostitution et militante active de l’abolition depuis 4 ans. 

Aujourd’hui, alors que le Sénat peine à inscrire à l’ordre du jour une loi d’abolition que la Commission spéciale a amputé de sa cohérence (mais ce qui ne présage en rien de l’avenir, puisque la navette se poursuivra), elle estime que cela ne peut plus durer et ne veut rester inactive. Pour cela, elle va marcher plus de 700 km de Saintes à Paris pour dire stop à l’achat d’être humains et de femmes.

 Rosen : 

« … laisser le droit aux clients de nous acheter, c’est laisser le droit aux proxos de nous vendre…. » 

« Je partirai à travers la France le 3 septembre sac sur le dos et je marcherai pour l’abolition de l’esclavage sexuel dans le monde . Pourquoi ais-je choisi Saintes comme ville de départ , c’est mon dernier lieu de prostitution et pendant cette marche j’irai vers les lieux ou je me suis vendue. 
Je veux combattre cette dernière violence faite et autorisée encore dans le monde.

JE DIS STOP A TOUS ACHATS DE CORPS « .

 
M43
Il va sans dire que les militantEs abolitionnistes la soutiennent, et que nous ferons tout pour être au maximum à ses côtés. J’y reviendrai ici, bien sûr. Et pour suivre l’événement, vous pouvez le rejoindre sur Facebook : https://www.facebook.com/events/679288918820531/?fref=ts
 
Déjà un grand merci à Rosen pour son initiative, sa force, et nous marcherons avec elle pour l’abolition, et ferons tout pour faire connaître son initiative ! 
 

6 réflexions sur “Rosen en marche pour l’abolition !

  1. Encore plus inconnue que la femme du soldat inconnu… la putain du soldat inconnu !
    J’ai encore vu à la télé un reportage il y a quelques mois sur la Première Guerre mondiale, qui s’attardait évidemment longuement sur les conditions de vie terrible des soldats… et puis un bref passage sur les maisons closes construites pour les soldats, avec un commentaire d’excuse et d’apitoiement, non pas pour les femmes sur lesquelles tout le régiment passait, mais sur ces pauvres soldats qui étaient réduits à cette sexualité misérable et qu’il fallait bien comprendre dans ces conditions de guerre… Et puis un dernier commentaire lapidaire, en substance : « Elles pouvaient faire jusqu’à 40 soldats par jour. C’est ce qu’on appelle de l’abattage. » Et puis hop, rideau, rien à voir, on passe à autre chose, comme le déroulement stratégique des batailles par exemple.

  2. Total respect, Rosen est formidablement courageuse ! Cela a du être très dur pour elle de sortir des conséquences de la prostitution et plus encore d’en parler au grand jour, ça redonne de l’espoir pour toutes les femmes 🙂
    @Harmony, c’est du masculinisme ordinaire, les femmes sont juste un décor, personne ne s’occupe de leur sort et de l’oppression qu’elles subissent même lorsque les bonhommes se massacrent entre eux, il faut qu’ils trouvent le moyen de venir se décharger de la misère qu’ils entretiennent sur des femmes…

  3. Je vois bien, Ismène, je vois bien…
    Je trouve ça fascinant comment les produits culturels et les récits historiques s’échinent à canaliser et à diriger l’empathie du public… La compassion à l’unique destination des hommes ! Ou tout du moins les hommes comme la catégorie de population la plus digne de recevoir une compassion pure. Pourtant, c’est tout le contraire de ce qu’on veut nous faire croire et qui envahit jusqu’aux cercles féministes libéraux, alias « le féminisme-pour-les-mecs » (vous savez, le féminisme qui nous dit qu’il ne faut pas combattre le sexisme parce que ça nuit aux femmes, mais parce que ça nuit aussi aux hommes : ça concerne « tout le monde », c’est un « problème humain » ! Parce que, je suppose, quand ça ne concerne que les femmes, on a une excuse pour ne pas s’en occuper, et ce n’est pas « un problème humain »… parce que les femmes ne sont pas des humains.) On nous rabâche qu’on traumatise les pauvres petits garçons en leur disant de ne pas pleurer, de ne pas se plaindre, de ne pas montrer qu’ils ont mal, etc. Alors que tout nous dit en même temps « pauvres hommes, pauvres petites choses qui font tant de sacrifice, qui souffrent sans rien dire (vous ne dites rien, là ?), qui n’osent pas verser une larme (vous ne versez pas une larme, là ?) ».
    Sans vouloir m’essuyer les pieds sur les soldats des deux guerres (qui est un cas extrême, je ne veux pas dire qu’il ne faut pas plaindre les souffrances de la chair à canon, hein), je finis par trouver que la majorité des hommes sont des pleurnicheurs et des geignards. Je pense qu’il faudrait commencer à les obliger à porter des talons hauts et à s’épiler les jambes, les aisselles, la moustache, les sourcils et une partie de l’entre-jambe, et puis à se faire pénétrer sexuellement (ça fait un peu mal ? c’est entièrement ta faute, il faut que tu te détendes et que tu accueilles le phallus salvateur qui va te libérer !). Ça va leur faire un peu découvrir ce que ça veut dire que de vivre réellement dans un monde qui fait de la souffrance physique une norme et interdit (ou du moins décourage fort) de s’en plaindre et encore plus de ne pas s’y soumettre.
    La prostitution est le comble du lavage de cerveau continuel imposant la désensibilisation du corps féminin. La prostituée est le corps qui ne ressent rien, qui prend les fluides dangereux et les coups sans broncher et qui se tait en échange d’une liasse de billets (et qui doit sourire et dire merci, en plus). Je pense qu’il y a du vrai dans les commentaires misogynes types « Toutes des putes ! » La prostituée est le paradigme absolu de ce qu’est censée être « la femme » dans la pensée patriarcale et misogyne. Nous devrions toutes nous identifier aux prostituées, non pas parce que « Oh, nous avons des désirs sexuels, nous aussi ! J’assume ma salope-attitude ! » (Bon sang ce que ça m’énerve, ces discours… La pire preuve de la misogynie intériorisée façon branchée.), mais parce qu’elles sont la preuve de la manière dont beaucoup, beaucoup trop d’hommes, aimeraient nous traiter et nous traitent en effet dès que nous sommes dépourvues de tout moyen pour nous défendre (argent, études, travail, ou, beaucoup plus efficace, un mâle protecteur aimant/propriétaire tel le père ou le mari qui, au mieux, respecte enfin sa fille/femme comme un être humain, ou au pire n’aime pas qu’on abîme ses affaires).
    C’est pour ça que je suis reconnaissante du travail de Rosen Hicher et que je l’admire beaucoup. Elle a été mise tout en bas, et malgré ça elle arrive à parler la tête haute. Et je pense que, si elle parle en tant qu’ex-prostituée, cependant elle ne parle pas que pour les prostituées mais pour toutes les femmes. Même les plus protégées d’entre nous sont toutes à deux doigts d’être pornifiées et prostituées. Il paraît même qu’on aime ça.

  4. Effectivement le seul critère réel pour être prostituée est la féminité, les prostituées sont en grande majorité des femmes et filles et les hommes prostitués sont surtout des enfants ou de très jeunes adultes, c’est à dire pas encore considérés comme suffisamment virils pour avoir de la valeur. En fait, ce qui surtout agaçant est d’entendre dire des hommes qu’ils souffrent de leur condition d’hommes en niant les avantages qu’elle leur donne. Sinon bien sûr les hommes souffrent, de racisme, de pauvreté, d’avoir été maltraités dans l’enfance, etc. Mais ils ne connaissent pas l’oppression liée au sexe qui pèse sur n’importe quelle femme, quelle que soit sa condition.

  5. Merci Rosen pour ta marche et ta démarche courageuses.
    Nous pensons comme toi qu’il faut en méme temps lutter contre le systéme prostitutionnel et contre toute forme d’exploitation sexuelle.
    Nous diffusons les infos dans nos réseaux.
    De tout coeur avec toi.
    Pour le cri31

    > Julie Roger Joelle Mado Genevieve Héléne…

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