#8mars22h : des femmes à la rue

logo-femPour ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, je suis en révolte… car en 2019, alors que le féminisme progresse, que de nombreux événements et campagnes importantes sont menées, que des condamnations sont enfin prononcées contre les agresseurs, que la langue devient moins masculiniste (Académie française) et que je peux facilement utiliser la règle de proximité…

Des femmes qui viennent d’accoucher dorment dehors, sans qu’on puisse leur proposer de solution. C’est insupportable.

#8mars22h, parce que c’est l’heure limite après laquelle, ce soir, des femmes qui n’ont pu avoir de solution au 115, dormiront dehors.

Ainsi ce 8 mars, le Samu social de Paris publie ceci :

-« En moyenne en 2018, 40 femmes chaque jour ayant appelé le 115 sont restées sans solution ». Rien qu’à Paris.
2 900 ont appelé pour la première fois, soit 31% de plus que l’année précédente.
4 400 femmes seules avec enfants ont appelé, 5 % pour les secondes.
Et maintenant, on agit ?
https://www.samusocial.paris/8-mars-noublions-pas-les-femme…

-Par ailleurs, cette semaine est parue dans Libération une tribune fondamentale sur l’hébergement des femmes et en particulier des femmes avec enfants. Le Mouvement du Nid Paris, Voix de femmes et l’association FIT Une femme un Toit y lancent un cri d’alarme :  « Nous, professionnel-les et bénévoles de l’accompagnement de femmes victimes de violences devons désormais composer avec cette réalité : il n’y a plus de places d’hébergement d’urgence à Paris en nombre suffisant. Même pour les femmes et les nouveau-nés. Même en plein hiver. La décision politique de couper le budget de l’hébergement d’urgence de 57 millions d’euros démontre bien que la situation va encore empirer ! »

Les femmes et les bébés dehors ?

Cette situation est intolérable. Je n’en veux pas aux personnes qui gèrent au quotidien l’hébergement d’urgence. Mais à l’absence de réaction de la société face à l’urgence qui monte un peu chaque jour.

Aujourd’hui, je voudrais qu’on pense à elles, et j’ai un peu l’impression que la société française est un peu dans un bocal comme la grenouille qu’on a renoncé à ébouillanter pour mieux augmenter la température progressive de l’eau…on sait que le résultat est le même…sauf qu’on a encore le temps d’arrêter le processus !

S.G

 

 

 

Tout ce qu’il me reste de la révolution

Toutcequ'ilmeresteVoilà un film très intéressant, réalisé par Judith Davis, marquée par le fait qu’elle a grandi sur les « Maréchaux », boulevards de ceinture de Paris aux noms des Maréchaux de France, et qui sont une sorte de « pré-périph » autour de Paris.

Intéressant, car sans jamais ennuyer, elle nous pose la question de ce qu’il reste de la « révolution », celle de 1968… pas grand chose ? un film avant les Gilets jaunes, qui, qu’on les honnisse ou les adore, ou qu’on ne sache vraiment pas quoi en penser, sont en quelque sorte en germe dans le récit du film… Intéressant, et drôle, aussi, et c’est une des grandes forces du film, comme l’explique la réalisatrice : « ne pas laisser le terrain de l’humour à la bêtise ».

Quelle bonne idée ! Un vent de liberté souffle sur ce film, qui fait aussi penser à « Oublier Cheyenne », sorti en 2005, et qui se posait le même genre de questions…d’ailleurs, on y reconnaît souvent la patte de la co-scénariste Cécile Vargaftig.
Angèle, la personnage principale interprétée par Judith Davies, a du mal à abandonner le mythe du grand soir, de la révolution. Et sa façon de continuer la lutte est tout d’abord rafraîchissante : engueuler son patron, ex-soixante-huitard qui la renvoie sans états d’âmes, se planter devant Pôle emploi en faisant une parodie des services de l’agence et arracher des sourires à celles et ceux qui font la queue devant la porte, en investissant une banque pour y lire un poème aux employé·es et client·es sidéré·es.

Recruter lors de ces actions des femmes et des hommes pour participer à des « groupes de parole politique », où « il n’y a pas de chef·fe », où il n’y a pas de bon et mauvais sujet, pas de règle… mais que c’est difficile à réaliser ! (la référence à des mouvements comme Nuit debout est évidente).

A l’opposé d’Angèle, sa soeur incarne l’anti-révolution. Elle, qui a renoncé depuis longtemps à la lutte, a choisi la société actuelle, où l’objectif, est d’avoir une belle maison, une grosse voiture qu’il faut garer « dans le bon sens » (mais à quel prix), beaucoup d’invité·es à l’anniversaire de l’enfant qui constitue l’épicentre d’une famille, celui sur qui se concentre toute l’attention -le contraire en fait de ce qu’elle a vécu dans son enfance à elle.

A travers elle, et en particulier à travers le personnage du beau-frère, elle montre la violence économique, comment la société capitaliste, en exacerbant la notion de compétition, de loi du plus fort (s’il faut écraser les autres pour réussir et avoir un intérieur bourgeois, alors on y fonce), broie ces individus qu’elle prétend glorifier, et en fait des bras armés pour l’élimination des plus faibles. A tel point qu’il manque de devenir fou, dans une scène d’une violence inouïe, où masculinité toxique et violence économique se mêlent alors qu’il rejoue une scène de son quotidien : renvoyer quelqu’un·e, qui est un « boulet » pour la société (société anonyme, l’entreprise, qui se confond avec la société -le peuple).

Liberté et révolution 

Angèle, contrairement à sa soeur, a gardé l’esprit de la révolution. Comme sa mère, qui les a « abandonnées » à ses 15 ans (la suite de l’histoire révèlera ce qu’il en est réellement de cet « abandon »), voit dans la famille un obstacle à la révolution. A tel point que cela la fait résister à l’amour. Mais on découvrira que c’est en fait sa situation individuelle, la non résolution de la crise de ses 15 ans, qui l’empêche de dépasser l’époque révolue de cette forme là de révolution. Et on découvre avec elle la responsabilité de son père, Simon le révolutionnaire, dans cette crise.

Au cours du film, sans que ce soit appuyé comme tel, la masculinité toxique est épinglée. Que ce soit le mari, ou le père, à l’opposé politique l’un de l’autre (le premier incarnant le capitalisme, le second la révolution) tous deux se révèlent à un moment clé, comme porteurs de cette « maladie » patriarcale, qui mènent la société et les femmes qui les entourent à l’impasse, qui les empêche d’être libres. 

Ainsi, alors que le film, analysé un peu rapidement, pourrait donner l’impression que « tout ce qu’il me reste de la révolution », c’est l’amour…en réalité, livre une réflexion fine et drôle sur l’imbrication du privé et du politique, et sur ce que peut signifier aujourd’hui être révolutionnaire.

La séquence-clé du film nous fait quitter Paris pour une nature idyllique, nous emmène à la campagne, ce fantasme de tant de Francilien·nes se sentant « en boîte » à Paris. En boîte,  pressé·es comme des sardines, que ce soit dans les transports ou au travail, pressé·es, ne travaillant que pour les vacances ailleurs, là où l’on peut se retrouver enfin comme un poisson dans l’eau, enfin libres d’étendre les bras, de nager (comme dans la dernière scène de la séquence, dans la rivière).

Je ne sais pas si c’est l’intention de la réalisatrice, mais le film est venu rencontrer une réflexion que j’ai eue avec une amie deux jours plus tôt : et si, être révolutionnaire, être libre, ce n’était ni se fondre dans l’impératif du « collectif révolutionnaire agissant pour le grand soir », ni se fondre  dans un libéralisme qui condamne chacun·e qui l’accepte à jouer pour soi de la loi du plus fort et permet, si l’on fait partie des plus forts, de « faire ce qu’on veut », tant pis pour les autres. Si c’était, tout simplement, à chaque instant, qu’on pouvait incarner la révolution dans nos actes,  dans nos idéaux, en étant en mouvement permanent donc en révolution, en n’arrêtant jamais les aiguilles de la montre, pas plus sur ses 15 ans que sur 1789 que sur 1917 ou 1968 ou sur le backlash des années 1980… mais en continuant à les laisser  tourner, en apprenant de nos erreurs, et en ne limitant jamais notre liberté d’être nous-mêmes qu’à celle de l’autre, à chaque instant ?

S.G

La bande annonce :

 

 

Guerre contre les filles : Etat d’urgence

-Cette semaine, la journaliste Claudine Legardinier a observé une semaine de presse parlant de la prostitution et de proxénétisme. Elle publie ses observations dans Prostitution et Société, dans cet excellent article  : « Chronique d’une semaine ordinaire »

arton871-d7250On y apprend que 26 ados nigérianes, probablement destinées aux trottoirs de nos villes, pour la « satisfaction sexuelle » des clients hors-la-loi  de notre pays et l’enrichissement des réseaux, ont péri en Méditerranée, peut être assassinées…une enquête a été ouverte. Mais qui s’en offusque ? Qui décrète un état d’urgence pour que cesse ce trafic d’être humain à des fins d’esclavage sexuel ?

En parlant d’esclavage sexuel, Claudine Legardinier souligne le nombre d’articles présentant des affaires où des adoes françaises, de 14,15, 16 ans, sont entraînées, parce qu’elles sont en situation de vulnérabilité (fugue, détresse, …), dans des réseaux de proxénétisme et de prostitution. Lesquels réseaux sont grandement aidés par la facilité de vendre et louer des jeunes filles sur Internet, via des sites de petites annonces qui prétendent ne pas savoir ce qui se passe.

Mais comme le signale le Mouvement du Nid dans un « thread » sur Twitter, déjà, depuis l’an dernier, 4 médias se sont prêtés à l’exercice d’enquêter sur ces sites, comme par exemple Vivastreet, pour voir si les petites annonces de rencontres, ou « Erotica », étaient de la prostitution. Du Monde à France Info en passant par Les Inrocks et Complément d’enquête, la réponse est sans ambigüité.

La question est donc maintenant : pourquoi, si les journalistes parviennent si facilement à prouver qu’il y a bien de la prostitution sur ces sites, la police et la justice ne le font-elles pas ?

Pourquoi laisse-t-on faire cette prostitution via les sites internet, prostitution qui se développe à toute allure ? Pourquoi des politiques ne s’emparent-ils pas de la question, la portant sur les bancs du Parlement, comme le font des Sénateurs aux Etats-Unis ? Ces derniers, qui luttent rien moins que contre les géants d’internet, viennent d’obtenir l’inscription d’une loi de lutte contre le trafic sexuel d’enfants qui cesserait de dédouaner les sites internets comme Backpage (lire sur l’affaire Backpage cet article)

-Cette semaine, des féministes et personnalités ont lancé une pétition qui a déjà recueilli plus de 120.000 signatures, pour demander au Président de la République un plan d’urgence contre les violences sexuelles. 5 mesures, assez simples à mettre en oeuvre dont :

-doublement des subventions aux associations accueillant des femmes victimes de violences (de la violence conjugale en passant par les enfants violées et les victimes de prostitution) : disons-le, c’est peanuts, rien, à peine une aumône. On pourrait les multiplier par 10 que cela ne serait pas encore trop.
-Pareil pour le doublement des places d’hébergement d’urgence, dont les femmes manquent cruellement.

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Cette semaine, on se réveille avec un mal au crâne tenace, alors qu’ éclate un nouveau scandale judiciaire : un homme adulte a été acquitté du viol d’une fillette de 11 ans, au prétexte que les éléments constitutifs du viol (menace, surprise, contrainte, violence), ne seraient pas prouvés. Aucun doute sur le fait que le rapport sexuel ait eu lieu : il est reconnu, et l’enfant est tombé enceinte et a accouché…mais des juges semblent estimer « qu’on ne sait pas si la petite était consentante ou pas ». A 11 ans !

Comment ne pas penser qu’on nous fait la guerre ? Une enfant ! Alors oui, une proposition de loi pour que les juges ne puissent plus faire cela a été déposée par Laurence Rossignol, et le Secrétariat d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes soutient la présomption de non consentement. Mais c’est tellement violent de penser que la loi puisse aujourd’hui être appliquée de cette façon, qu’on se demande ce que trouveront les juges dans la prochaine loi pour faire durer l’impunité !!!!

-Cette semaine, le Samu Social, le fameux 115, ce numéro tellement envahi de demandes (et donc lui aussi sous-financé), injoignable et qui ne peut pas répondre aux 3/4 des demandes pour les femmes, a lancé une campagne alertant sur le sort des femmes sans abri. C’est dire combien la situation doit être grave pour qu’on fasse enfin une campagne spécifique pour demander du soutien pour les femmes sans abri ! On ne les voit pas -elles se cachent, elles tentent d’éviter les viols. Et quand on les cherche, quand on essaie de les aider, on entend juste la réflexion suivante, si elles sont majeures : « on ne peut rien faire ». C’est la liberté individuelle. Seulement parce qu’elles sont majeures ? Même pas, et on revient à cet extrait de « Complément d’enquête », lorsqu’une mère, dont la fille de 14 ans est exploitée via des sites internet, explique qu’on lui répond, tout le temps, qu' »il n’y a rien à faire »…

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Cette semaine, on se dit alors : rien à faire ? Faire, ce serait sûrement possible. Mais pour cela, il faudrait reconnaître que partout, tout le temps, à la maison ou dans la rue,  au lit ou au trottoir, au travail ou à l’école, c’est la guerre contre les femmes, c’est la guerre contre les fillettes. Mais pour cette guerre-là, qui fait des dizaines de milliers de victimes (des centaines ?) il ne semble pas pour l’instant, que nos pouvoirs publics, et l’opinion, soient prêts à décréter l’état d’urgence.

Seule consolation, les voix se font plus nombreuses, surtout chez les féministes et les abolitionnistes, pour dire, avec Anne Sylvestre, « IL FAUT QUE CELA S’ARRÊTE » !

Sandrine Goldschmidt

Tu ne tueras point

Petit texte personnel après la tuerie homophobe d'Orlando

Capture d’écran 2016-06-13 à 12.03.36Tu ne tueras point

Tu as vu deux hommes s'embrasser. Tu ne le supportes pas ? 

Un homme aime un autre homme. Tu ne le supportes pas ?

UnE noirE aime unE blancHE tu ne le supportes pas ?

Une femme se promène, seule, dans la rue, la tête découverte. Tu ne le supportes pas ?

Une femme choisit qui elle veut aimer, femme ou homme, tu ne le supportes pas ?

Tu ne le supportes pas, alors tu les tues ? Et tu invoques Dieu ? Mais Dieu t'a dit de ne pas tuer. Qu'est-ce que tu n'as pas compris ? Dieu n'y est pour rien. Dieu d'ailleurs, n'existe pas. C'est sûrement une invention de l'être humain pour désigner la vie. Pour la rendre précieuse, pour nous éviter de nous auto-détruire en détruisant tout autour de nous. Sauf qu'au nom de Dieu, depuis toujours, tu tues. 

Si Dieu n'y est pour rien, la religion des hommes et l'obscurantisme, y sont certainement pour quelque chose. Si tu ne supportes pas de voir deux hommes s'embrasser, c'est que tu as été élevé dans l'obscurantisme, c'est-à-dire dans la mort. Et que tu l'as embrassée.

Dans l'obscurantisme, tu trouves ta jouissance mortifère. L'obscurantisme, cette incapacité de distinguer entre ce qui te regarde et ce qui ne te regarde pas. Ta vie te regarde. La mienne, la sienne non. Dans l'obscurantisme, tu vénères plus la vie d'un fœtus – qui n'est pas encore un être humain, que celle d'une femme. 

Incapacité de discerner entre toi et l'autre. Depuis le plus jeune âge, on t'a dit : l'enfer, c'est les autres. L'enfer, c'est toi. Regarde toi en face. Tu ne tueras point.

Depuis le plus jeune âge, tu as appris à considérer tes priorités comme celles du monde, tes dégoûts et tes pulsions comme légitimes. Pour t'y aider, tu as trouvé la religion. La version obscurantiste de la spiritualité, celle qui au lieu de t'aider à vivre, t'encourage à la haine. Au lien de t'encourager à aimer, t'enjoins à aimer un concept abstrait : Dieu. Au lieu de t'aider à faire vivre la communauté des êtres embarqués sur la même galère -vivre sur terre, la religion désigne les uns comme les ennemis, les unes comme les impures, les autres comme moins dignes de vivre que toi. 

Tu ne tueras point. Mais tu es déjà mort. La haine des autres, ce n'est que ta haine de toi-même. Tu ne supportes pas que d'autres tentent d'être eux-mêmes, tu ne supportes pas de creuser en toi pour accepter tes contradictions, tu ne supportes pas de te regarder en face, de rester à la place qui est la tienne dans ce monde. Une vie, une toute petite vie, parmi d'autres. 

Tu fais allégeance au plus grand mouvement déclaré de haine consciente de notre temps, Daesh. Un mouvement qui ne supporte pas IMG_0809que des êtres humains vivent leur vie : femmes, lesbiennes, gay-bi-trans, mécréants, artistes...qu'ils et elles aiment, soient, en dehors de Dieu, en dehors de toi. Daesh ne supporte pas la vie. Comme ailleurs l'industrie qui marchandise 
la violence sexuelle et l'être humain -et dont Daesh s'accomode très bien. Un mouvement mondial de haine et de destruction, dont Daesh est le monstre émergé, engendre des armes de destruction massive : 
des êtres humains qui réfléchissent encore, mais ne réfléchissent que la mort, sont coupés des émotions qui engendrent la vie : la joie, l'amour, la rencontre, avec l'autre, cet inconnu qui te reflète. Des assassins, des violeurs, des tortionnaires : le terrorisme pornographique, comme l'industrie pornographique, jouissent de la torture et du viol, jouissent de la mort.



Tu ne tueras point. Tes neurones-miroirs et d'autres font que tu ressens en l'autre humain un autre toi-même. Tu ressens s'il ou elle souffre, tu ressens que ton plaisir ne peut passer par sa souffrance ou par sa mort, car sa souffrance est la tienne. 

Tu ne tueras point, parce que tu sais qui tu es, où tu es, d'où tu parles, quelle est ta place dans l'univers et que cela te rend humble. Tuer c'est un accident, pas une volonté, pas un choix : ça ne peut que se limiter à la légitime défense (individuelle ou collective), à la nécessité de la survie. 

Tu n'as pas le droit de décider de la vie des autres. Tu n'as pas besoin de tuer, tu n'as pas besoin de haïr. 

Tu ne tueras point. Nous vivrons, nous mourrons.

S.G

Prostitution : le Sénat-UMP marche sur la tête

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Certaines personnes arguent en ce moment que droite et gauche « molle » au pouvoir, c’est pareil. Certes, la gestion des affaires « habituelles », économie, budget, déficit ne semble pas particulièrement différente. En revanche, si vous voulez voir où est la différence, c’est sur l’archaïsme de la politique en matière de droits et défense des personnes humaines. Ainsi, le Sénat de l’époque du PACS avait-il voté un PACS sans l’article sur le PACS…heureusement remis ensuite par les députés de l’Assemblée nationale.

Sur la lutte contre la prostitution, qui est la source d’un trafic mondial d’être humains et de mise en esclavage sexuel de femmes et d’enfants (en immense majorité), le Sénat repassé à droite l’an dernier a décidé de frapper fort. En effet, la Commission spéciale, nouvellement dirigée par le sénateur UMP Jean-Pierre Vial après démission de Jean-Pierre Godefroy (PS), a décidé, comme l’indique le Mouvement du Nid dans son communiqué (voir ci-dessous), de revenir 10 ans en arrière, après avoir fait traîner le texte 16 mois en commission… (depuis le vote par l’Assemblée nationale du texte de progrès en décembre 2013). Bref, un texte qui sera discuté la semaine prochaine qui ne sert à rien, puisqu’il entérine le status quo.

Oui, vous avez bien lu : non seulement la Commission spéciale se dit défavorable à l’amendement qui rétablit la responsabilisation-pénalisation des clients-prostitueurs (ceux qui sont à la source de la demande et dont la violence envers les femmes n’est plus à démontrer, cf cet article), mais en plus elle s’annonce favorable à l’amendement qui rétablit le délit de racolage, actuellement en vigueur, mais que le texte supprimait fort heureusement.

Ainsi, on en revient à la politique classique du mâle : on pénalise les personnes prostituées (qui restent ainsi les seules victimes que la loi pénalise), et on dédouane les prostitueurs de toute responsabilité dans le trafic mondial d’êtres humains et les violences faites aux femmes.

Voici donc qu’il est nécessaire de rappeler les éléments de base : aujourd’hui

-L’abolition est la seule solution

-Pourquoi il faut pénaliser le « client » prostitueur, car c’est lui qui est auteur des violences et à la source du trafic 

-Une politique abolitionniste n’a de sens que globale, avec des accompagnements à la sortie de la prostitution, avec un simple traitement normal et humain des personnes,

En  résumé, « Pour les personnes prostituées, contre le système prostitueur »

Abolir le système prostitueur c’est oeuvrer pour les personnes prostituées

Gageons qu’il faudra donc encore attendre la deuxième lecture à l’Assemblée nationale pour aller vers cet objectif…la lutte continue !

 

Communiqué de presse du Mouvement du Nid
Alerte PPL prostitution 
Répression pour les victimes et impunité pour les auteurs :
le Sénat travaille 16 mois pour revenir 10 ans en arrière !
 
Communiqué de presse du Mouvement du Nid – 26 mars 2015
 
Réunis en Commission spéciale mardi 25 mars, à quelques jours du vote en plénière sur la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel, les sénateurs ont annoncé leur intention : ne surtout pas toucher à l’impunité des clients prostitueurs et rétablir au contraire la répression à l’encontre des personnes prostituées. Le Mouvement du Nid dénonce avec la plus grande vigueur cette tentation de revenir à une politique archaïque et injuste qui va à l’encontre des engagements croissants contre les violences faites aux femmes et pour l’égalité femmes-hommes des Gouvernements, de droite et de gauche, en France et en Europe, depuis 15 ans.
« Nous sommes consternés de constater que ceux qui, pendant 16 mois, ont fait obstruction à la pénalisation des clients afin de soi-disant protéger les personnes prostituées, proposent aujourd’hui de s’attaquer directement à elles en maintenant le délit de racolage » a déclaré Grégoire Théry, secrétaire général du Mouvement du Nid.
« Il y a quelques semaines seulement, à l’occasion du procès Carlton, la France réalisait à l’écoute des personnes prostituées accompagnées par le Mouvement du Nid, à quel point la prostitution était une violence dont les clients prostitueurs sont les premiers responsables. Et voilà qu’aujourd’hui, le Sénat leur répond : « pas question de pénaliser les clients, nous maintenons la répression contre les personnes prostituées » » a renchéri Claire Quidet, porte parole du Mouvement du Nid.
La Commission spéciale, nouvellement présidée par le sénateur UMP Jean-Pierre Vial, a en effet donné un avis favorable à l’amendement UMP visant à rétablir le délit de racolage, et un avisdéfavorable à l’amendement socialiste visant à interdire l’achat d’un acte sexuel.
 
La position de la rapporteure socialiste, Michelle Meunier, soutenue depuis mardi par une position du groupe socialiste en faveur de l’inversion de la charge pénale, et par le Gouvernement représenté la semaine dernière en audition par la Secrétaire d’Etat aux droits des femmes, Pascale Boistard, n’aura donc pas résisté à un clivage partisan déshonorant, qui semble malheureusement prendre le dessus à une semaine du vote.
Alors que l’Assemblée nationale avait construit de façon transpartisane un texte global, cohérent et ambitieux autour de son président de commission spéciale, Guy Geoffroy (député UMP) et de sa rapporteure, Maud Olivier (députée PS), le Mouvement du Nid déplore les 16 mois perdus au Sénat pour aboutir au status quo, c’est-à-dire à la pénalisation des personnes prostituées et à l’impunité de ceux qui exploitent leur précarité pour leur imposer un acte sexuel par l’argent.
« Parce que les victimes du système prostitutionnel et de la traite des êtres humains, 16 mois après le large vote de l’Assemblée nationale en décembre 2013, demeurent abandonnées par les politiques publiques françaises, le Mouvement du Nid appelle solennellement le Sénat à être à la hauteur de l’enjeu représenté par cette proposition de loi pour la construction d’une société plus juste et moins violente » conclut Jacques Hamon, président du Mouvement du Nid.

#8 mars de la MMF : « tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous marcherons »

DSC_0140C’est le slogan de la MMF qui organisait cette année la manifestation du 8 mars. Très joli parcours, très belle manifestation sous le soleil, environ 5.000 personnes, et une première étape pour aller vers la liberté des femmes, et notamment de celles qui sont sous le joug patriarcal de la prostitution : l’abolition et le vote de la loi, qui passera au Sénat fin mars. Mais tant que tous les enfants n’auront pas le droit de grandir, les femmes ne pourront non plus être libres, il faut encore le rappeler…
Voici donc plus qu’un long discours une longue série de photos, qui j’espère vous plairont (cliquez sur la première, vous aurez ensuite une galerie il suffira d’appuyer sur flèche droite pour que ça défile)

S.G
PS : et en ce #8 mars, je remercie Elaine Audet, qui a mentionné mon blog en des termes très agréables à lire sur Sisyphe 

DSK et prostitution : deux enseignements majeurs du #Carlton

15 octobre : manif suite verdict de Créteil

Je voulais faire une revue de presse des articles les plus intéressants à propos du procès du Carlton et de l’implication de Dominique Strauss-Kahn. Voici qu’un article de Slate fait absolument le tour de la question, sur un des deux points que je voulais aborder.
En effet, ce procès est exemplaire de deux faits transversaux de la question de la prise en compte judiciaire des violences sexuelles faites aux femmes. La première, c’est la question de l’impunité que la justice à tendance à perpétuer pour les perpétrateurs de viols. La seconde, c’est la question de la légalité de l’imposition d’un acte sexuel par l’argent, qui d’un coup ne semble pas relever de la contrainte, qui caractérise le viol.

Affiche de « NO » The Rape Documentary

Sur le premier point en effet, toutes les révélations des témoignages du Carlton nous disent ceci (voir liens à la fin de l’article) : les faits décrits par certaines femmes qui ont été prostituées pour DSK (à son insu ou non, ce n’est pas le point central, même si malheureusement c’est sur celui-là qu’il est jugé), sont des faits de viol. Donc, alors même que les accusations de proxénétisme à l’encontre du bonhomme semblent tomber, ce qui est révélé ici est plus grave : cela relève du crime et de la cour d’assises. Bien sûr, on a entendu la défense de l’intéressé : « moi je ne l’ai pas ressenti comme ça ». C’est d’un grotesque sans nom : en effet,  en quoi est-ce le ressenti de celui qui pénètre qui devrait compter dans des faits de viol ? Ce qui compte, c’est le ressenti de celle dont l’intimité est pénétrée. Et si le monde tournait à l’endroit, ce n’est pas celui de l’homme qu’on interrogerait, car il ne devrait pas y avoir d’ambiguité, s’il s’était préoccupé de ce que ressentait la femme. Il est donc urgent, (mais je rêve) que la notion de consentement soit revue : ce n’est pas le consentement qui doit être présumé, mais le non-consentement. Les militantes de la lutte contre le viol le disent comme Aishah Simmons aux Etats-Unis, en affirmant que oui, c’est oui, non c’est non, et le silence, ou l’hésitation, c’est non. Je discutais également cette question ici : « présumé-non-consentement » ?  au moment de l’affaire du Sofitel.

La réponse est donc claire : il faut, comme le redit dans ce documentaire radio de Frédérique Pollet-Rouyer  Marilyn Baldeck de l’AVFT, inverser l’adage : qui ne dit mot consent, c’est faux. La seule solution, c’est de partir du principe que « qui ne dit mot ne consent pas » ! Et que le consentement est donc à obtenir, puisqu’il semblerait que de trop nombreux hommes ne sont pas capables de ressentir le désir ou non-désir des femmes.

On n’en est pas là, malheureusement, et voici ce qui se profile, en ce qui concerne d’éventuelles poursuites de Strauss-Kahn pour viol :

« Selon Philippe Conte, pour que le parquet lance une nouvelle enquête, il faudrait qu’un témoignage entendu pendant le procès en cours indique clairement qu’il y a eu viol, mais le professeur juge l’hypothèse «peu probable» ».

Peu probable, alors que toute personne qui a bien écouté, bien lu les témoignages, se demande ce qui pourrait bien ne pas « indiquer clairement qu’il y a eu viol », et ce qui mériterait à tout le moins d’être jugé.

Deuxième point, le procès de la prostitution

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Marche de Rosen

Au-delà de l’affaire « Strauss-Kahn », qui semble avoir un comportement hors normes, même dans le cadre de soirées prostitutionnelles organisées, les témoignages du procès auront -on espère définitivement- permis de lever le voile sur la réalité de la prostitution, telle que nous la décrivons pourtant si souvent avec des témoignages. Même si les victimes souhaitaient le huis clos, on peut se dire que c’était mieux que le procès soit public. Ainsi, il n’est désormais plus possible de se voiler la face. Non seulement le proxénétisme c’est dégueulasse, mais de toute évidence, les clients-prostitueurs sont ceux pour qui cela existe, et s’en contrefichent des femmes qui leur sont ainsi « vendues » ou « offertes ». Elles sont pour eux des choses qu’ils utilisent à des fins de plaisir et d’exercice de violence en toute impunité.
S’il y a donc une chose que ce procès aura permis, c’est de mettre en lumière que sans client, il n’y a pas de prostitution, de violence prostitutionnelle, et que consentement ou pas, ce qu’à un moment l’argent permet, c’est l’achat du consentement, et l’achat de l’impunité si ce consentement n’est pas donné (car on l’a bien vu, un non ou des pleurs d’une femme ne les arrête pas). Connaissant la définition du viol (tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise), connaissant les motivations de l’entrée en prostitution des femmes (« remplir le frigo », « survivre »), on voit bien qu’il s’agit de contrainte.

La moindre des choses était donc que le Sénat inscrive enfin à l’ordre du jour le texte de la proposition de loi de renforcement de la lutte contre le système prostitutionnel. Elle sera discutée les 30 et 31 mars prochains. Désormais, à voir comment ce procès et les actions militantes précédentes, dont la marche de Rosen, ont permis d’ouvrir les yeux de l’opinion, on peut raisonnablement espérer qu’elle finira par être votée, avec son volet de sanction du client, et tous les autres qui dépénalisent et aident les personnes mises en prostitution. En tout cas, on continuera à faire tout pour !

Procès Carlton : une plaidoirie pour l’abolition 

Ces audiences racontent un esclavage, pas du libertinage

La déclaration de DSK est typique des paroles de violeurs 

Sonia et Jade, le dessert de ces messieurs

Edito de Libé: réalité 

Communiqué du Mouvement du Nid sur la PPL

Et soudain, la dignité s’est exprimée

Wild : la vie au bout du chemin

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Surmonter ses traumatismes et donner un sens à sa vie dans la nature et en s’infligeant une épreuve personnelle, c’est presqu’une tarte à la crème du cinéma américain. Après « Into The Wild », qui racontait une histoire vraie, « Wild » s’attaque à cette thématique. L’originalité, c’est que c’est une femme qui s’attaque à la Pacific Crest Trail. Une femme jeune et tourmentée qui n’a aucune expérience de la randonnée s’attaque aux 1700 km de cette marche exceptionnellement difficile, à travers déserts, neige et haute montage, de la Californie à l’Etat de Washington (à la frontière avec le Canada).

Un film inspiré des mémoires de Cheryl Strayed, incarnée par Reese Witherspoon (qui a acheté les droits pour sa maison de production), un ouvrage sorti en 2012 et rapidement considéré par le New York Times comme un classique de la « littérature sauvage et du féminisme moderne ».

Car Strayed n’hésite pas à le dire, elle est féministe. Et ce n’est pas que le deuil de sa mère adorée, morte d’un cancer à 45 ans qu’elle tente d’oublier sur les 1700 km de sa route, ce sont aussi les embûches de notre société patriarcale qu’elle doit surmonter, embûches qui sont autant de traumatismes graves. Violences conjugales subies par sa mère et la terreur que cela inflige à la petite fille qu’elle était et son frère, et ses conséquences après le choc du deuil : addictions dissociantes que sont pour elles l’héroïne et « de coucher avec n’importe qui ». Seule façon de dépasser ça, couper avec ce monde et se retrouver seule face à l’adversité et la nature.

Elle fait sur sa route des rencontres, dont une mauvaise -heureusement elle échappe de justesse à l’homme qui incarne le prédateur sexuel. Mais la plupart des hommes qu’elle rencontre sur sa route du Pacific Crest Trail lui rendent service, tant et si bien qu’elle parvient à laisser sa légende derrière elle, surnommée par trois jeunes gens « que personne n’aide », la « Reine du PCT. Et lorsqu’elle « tombe » enfin sur une femme, c’est un grand cri de joie et d’enfin possibilité de réel partage qui se présente à elle. Dernière rencontre essentielle, celle d’un petit garçon et sa grand-mère, petit garçon avec qui elle a un échange émouvant, et en chantant, lui permet de libérer son émotion.

Tout au long de la route, le film décrit bien les flashes qui la parcourent, les souvenirs qui l’assaillent, 1.700 kilomètres qui lui permettent d’explorer et faire l’aspect avec tous les recoins de son cerveau, et finissent par lui permettre  de se séparer enfin de sa culpabilité intériorisée de femme victime. La marche n’est plus seulement rédemptrice, mais tout simplement libératrice. Au bout de son chemin, elle peut enfin espérer vivre sa vie, et faire ce que sa mère avait tant voulu pour elle. Profiter de chaque lever et chaque coucher du soleil.

Car il n’est pas inutile de nous le répéter chaque jour : s’il n’y a qu’une chose sacrée dans ce monde, c’est bien la vie.

S.G

 

Nikki de Saint-Phalle ou quand la rage devient une oeuvre éternelle

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Je suis allée voir l’exposition Nikki de Saint-Phalle. Je ne vous raconterai pas sa vie et son œuvre exceptionnelles, des « nanas » au jardin des Tarots en passant par ses performances de tirs de peinture, vous pourrez les trouver bien mieux expliqués ailleurs. Mais j’ai envie de partager le choc réjouissant de voir rassemblée ici au Grand Palais (jusqu’au 2 février) cette œuvre exceptionnelle, artistique pas seulement parce qu’elle est politique, mais parce qu’elle magnifie le politique.

IMG_0740Dès le premier « collage » avec le petit singe en peluche et le wagon de train vert, dès la première huile de femme préfigurant les nanas, dès la première porte peinte « à la Pollock », j’ai vécu une expérience intérieure. Il se passe quelque chose au plus profond. Une inventivité, une liberté d’expression, peu communes. « Peindre la violence », dit le premier panneau de l’exposition, oui mais aussi tout simplement peindre la vie, ses émotions, sa rage (voir ci-dessous le mur de la rage), avec une modernité folle dans les habits IMG_0776d’une autre époque ?

L’exposition est ponctuée de vidéos qui nous font découvrir dans son visage, sa voix, la beauté de la passion et de la révolte, alors que son discours féministe, sur un ton qui évoque la radio d’antant, reste dans notre actualité.

Nikki de Saint-Phalle parle dans les années 60 de la domination masculine et du système patriarcal avec une intense lucidité. Mais ce qui fait que ces mots ne restent pas ceux d’une énième théoricienne ou militante du féminisme, c’est qu’elle est poète, peintre, sculptrice, créatrice d’un monde où les femmes ont un rôle. IMG_0751Le système ne nous donne pas de place (voir la capture d’écran vidéo), qu’à cela ne tienne, elle fabrique des gigantesques nanas, qui décrivent une société matriarcale dans laquelle la tête est un peu moins présente -mais toujours là, et l’amour et la justice un peu plus…

IMG_0785Elle dénonce, évidemment, la violence des pères et des amants (voir l’amant crucifié). Elle dénonce « la mère dévorante aussi ».

Elle tire sur ses tableaux, en peinture, précurseure là encore d’une mode des performances, mais elle le fait dans la continuité de son œuvre, et du sens de son œuvre. Ainsi, elle tire sur son art, plutôt que de tirer sur les hommes, et de devenir terroriste (cf citation ci-dessous).

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C’est donc en transformant sa rage en œuvre d’art, qu’elle change le monde et touche au cœur de nos émotions.

L’exposition rend magnifiquement la joie de la création, la force de la révolte, et donne envie de parcourir la Toscane, l’Europe et le monde, pour aller voir sur place comment, par ses statues monumentales, elle a imposé à un monde gris les couleurs de la vie.

Pour finir, quelques photos supplémentaires,  en commençant par le mur de la rage

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Sandrine GOLDSCHMIDT

 

Revue de presse : Rosen en marche et soutien féministe à Najat Vallaud-Belkacem

Ouf ! Najat Vallaud-Belkacem devient la personnalité politique de gauche préférée des FrançaisEs, selon un baromètre exclusif CSA-Les Echos. C’est heureux, ce soutien face à l’infâmie et l’innommable dont elle est l’objet d’une partie de la presse française et par certains internautes…

Les féministes la soutiennent évidemment aussi. Voici le communiqué publié aujourd’hui par de nombreuses associations (et auquel évidemment je m’associe).

Depuis sa nomination au ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud Belkacem subit une volée d’attaques et d’injures sexistes, racistes, misogynes, émanant à la fois de certains membres du personnel politique, de certains médias, de certains sites internet, de certains individus ou groupes s’exprimant sur les réseaux sociaux.

Elle est attaquée et injuriée sous divers angles : pour ce qu’elle pense, pour ce qu’elle a fait en tant que ministre des droits des femmes, pour ce qu’elle est, une jeune femme française d’origine marocaine. Sont ainsi visés ses idées, son action, son parcours, sa personne.
Nous tenons à affirmer notre entière solidarité avec Najat Vallaud Belkacem, conscientes qu’à travers elle, est aussi gravement mis en cause ce que doit être l’égalité républicaine, c’est-à-dire l’égalité entre les sexes, entre les origines, entre les personnes.

Associations signataires
Féminisme et géopolitique – 40 ans de MLF – Forum femmes méditerranée – Les Chiennes de garde – Collectif Féministe Contre le Viol – Libres MarianneS – Réussir l’égalité femmes-hommes – Ligue du droit international des femmes – Réseau féministe Ruptures – Fit une femme un toit – Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir – Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes – Le monde à travers un regard – Femmes solidaires – Le Planning Familial de Paris – Elles aussi – Association nationale des études féministes – Assemblée des Femmes – Elues contre les violences faites aux femmes – Fédération nationale Solidarité Femmes – Du côté des femmes – Fédération GAMS – Osez le féminisme ! – Féministes en mouvements

 

Par ailleurs, voici quelques bonnes nouvelles de Rosen Hicher, qui marche pour l’abolition de l’esclavage sexuel et pour la pénalisations des clients-prostitueurs : elle a bien commencé sa marche hier, et la presse parle déjà abondamment d’elle. Et ce n’est qu’un début !

Voici quelques articles déjà parus, jusqu’aux Etats-Unis et au Japon ! :

http://www.japantimes.co.jp/news/2014/09/04/world/crime-legal-world/ex-prostitute-marches-on-paris-for-law-to-criminalize-clients/#.VAi9bfl5NOk

http://www.globalpost.com/dispatch/news/afp/140903/ex-prostitute-marches-law-criminalise-clients

http://www.elle.fr/Societe/News/Une-ex-prostituee-entame-une-marche-en-faveur-de-la-penalisation-des-clients-2760970

http://www.liberation.fr/societe/2014/09/02/la-prostitution-est-une-drogue-puis-une-mort-lente_1092355

http://www.lhebdo17.com/actualite/PROSTITUTION-:-Rozenn-Hicher-marche-contre-la-prostitution.-3930.html

http://www.sudouest.fr/2014/09/03/charente-maritime-une-ancienne-prostituee-marche-pour-l-abolition-de-l-esclavage-sexuel-1659682-1531.php

http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/Terriennes/p-16162-Accueil.htm

http://www.emma.de/artikel/rosens-langer-marsch-gegen-prostitution-317693