« Still Alice », jusqu’au bout, la vie

Bien sûr, il y a Julianne Moore. Je ne vais pour une fois pas faire l’originale, et dire moi aussi qu’elle méritait largement son Oscar. Parce qu’elle tout simplement géniale, dans ce film comme dans tant d’autres : « Loin du paradis », « The Hours », « Magnolia », pour ne citer que 3 films immenses.

En incarnant une états-unienne brillante, « la femme la plus belle et la plus intelligente » que son mari ait rencontré, même après 30 ans de mariage (le film commence ainsi par ce toast d’Alec Baldwin à sa femme, à l’occasion de ses 50 ans), qui est foudroyée par une forme précoce et génétique de la maladie d’Alzheimer, elle ne livre pas seulement une « performance » d’actrice. Elle permet surtout qu’un sujet grave et tabou soit vu par un très large public. Et comme le film est juste, ni larmoyant, ni désespérant, alors on ne peut que conclure qu’il n’était que justice qu’elle ait l’Oscar, pour sa performance, mais aussi pour ses choix de films, qui nous apportent toujours un plus (je pense encore à « The Hours »).

Outre la façon dont elle incarne la tranformation d’universitaire brillante et comblée en malade perdue mais qui lutte toujours, ce qui m’a plu dans le film, c’est le regard que portent le réalisateur et les actrices sur la maladie. En effet, ce n’est pas le récit d’une déchéance, mais le portrait de tout ce qui reste, de ce qui fait qu’Alice est « Still Alice », toujours Alice. Que malgré les pertes cognitives terribles, elle est toujours celle qu’elle a été, et qu’elle développe même de nouvelles capacités, qui vont s’incarner dans sa relation avec sa plus jeune fille, Lydia (interprétée par Kristen Stewart, superbe). Ainsi, Lydia est celle qui va le mieux comprendre la « bonne » attitude à avoir face à sa mère, en n’étant jamais ni dans le déni ni dans le tabou. Dès que sa mère annonce qu’elle est malade, elle dit qu’elle avait remarqué ses pertes de mémoire. Elle est aussi la seule qui lui demande ce qu’elle ressent face à la maladie, et cette simple question est une façon de reconnaître encore à sa mère, qu’elle est une personne.

Les scènes entre la mère et la fille, qui communiquent mieux depuis la maladie, et la scène finale, sont à la fois émouvantes et justes, et nous ouvrent une voie vers la compréhension d’une maladie très dure (j’aurais préféré avoir un cancer, dit Alice à son mari), mais qui ne doit pas être vue que comme productrice de dégradations : elle permet encore, comme le dit Alice lors de son discours très fort lors d’un congrès sur la maladie, de vivre des moments d’émotion et de bonheur.

Sandrine GOLDSCHMIDT

 

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