A dire d’elle : la carte d’identité

A propos des cartes d’identité…sur un forum Facebook, j’ai lu des commentaires sur les actualités de ces derniers jours. Certains parlent de brûler nos cartes d’identité en place publique, d’autres se choquaient énormément de cette proposition…

A côté de la mention "Juive", la mention "étranger surveillé". Pour une femme (ici ce n'est pas ma grand-mère) à Strasbourg en 1933...

Cela m’a fait penser à ma grand-mère et du coup, j’ai eu envie de vous raconter une histoire.

Savez-vous que l’existence même des cartes d’identité est liée à la discrimination entre français d’origine différente ? Elle a été instituée en 1921, sans aucun succès…elle s’est répandue par décision du gouvernement de Vichy  Au début  avec la loi du 27 octobre 1940, il reprend l’idée, la développe et, à la suite des mesures antijuives, l’étend en 1943à toute la France.

Ma famille est allée se faire faire des cartes d’identité. J’ai toujours la carte d’identité de ma grand-mère avec la mention « JUIVE », dessus. Je dois dire que la première fois que je l’ai vue, ça m’a fait drôle. Elle, elle ne l’avait pas brûlée, sa carte d’identité. Sa famille et les justes qui l’ont aidée, ont enterré leurs papiers avant de s’enfuir une nouvelle fois vers un abri de fortune. Ils laissaient toujours la fenêtre arrière ouverte pour pouvoir essayer de s’enfuir à tout moment…
C’est probablement pour ça que j’ai toujours été très réticente à avoir une carte d’identité et que pendant 14 ans je n’en ai pas eu.
Aujourd’hui, j’ai la chance de faire partie des personnes qu’on n’arrête pas au moindre prétexte dans la rue. Je serais née 70 ans plus tôt cela aurait été différent.Et qui sait ce que demain peut nous réserver..

Alors je crois que je comprends ce que certains veulent dire en parlant de brûler les papiers…si, avoir des papiers, c’est pour être plus facilement jeté dehors…

Et la phrase du Pasteur Martin Niemoller est, là encore, toujours plus d’actualité :

“First they came for the Communists, but I was not a Communist so I did
not speak out. Then they came for the Socialists and the Trade
Unionists, but I was neither , so I did not speak
out. Then they came for the Jews, but I was not a Jew so I did not
speak out. And when they came for me, there was no one left to speak out for me…

S.G

2 réflexions sur “A dire d’elle : la carte d’identité

  1. Tu sais quoi, à la frontière belge, mon père et ma mère. Ma mère, une carte d’ identé régionale ( Bretagne) , mon père kabyle, une carte d’ identité française ( avant l’ indépendance d’ Algérie ) . Mon père a pu passer la frontière, ma mère a été refoulée !!!!!!

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