Shame on the Olympics

Vous avez peut-être vu passer l’info, dans un journal ou à la télévision : pour les JO de Londres, le besoin de « femmes de ménage » est grand. Pendant quinze jours, des milliers de personnes vont répandre leurs déchets, des athlètes vont jouer les stars, sous les caméras de télévision dans un espace restreint. Je parle des télévisions, parce l’on fête les 50 ans de la retransmission d’images par satellites, celle-là même qui fait des Jeux Olympiques un « événement » planétaire : plus de 4 milliards, voire 5 d’être humains vont le regarder,  pour s’intéresser à une chose sans importance pendant 15 jours, qui sera le/la meilleure,  qui courra le plus vite, sautera le plus haut, sera le plus fort (et la plus vite, la plus haute, la plus forte…). Et quel pays (oh, comme par hasard, les plus riches ou puissants) emporteront le plus d’or…

Glorification de l’esprit patriarcal de compétition, et son corollaire, l’exploitation des opprimées. Si certains sont au sommet de la gloire, d’autres sont là pour nettoyer leurs déchets.

Des centaines de femmes de ménage ont donc été embauchées pour l’occasion. Seulement elles ne sont là que pour faire le ménage, cette activité pourtant essentielle. Une activité qui a beau avoir toute la noblesse de faire ce que souvent les gens qui se pensent importants et/ou qui ont suffisamment d’argent ne souhaitent pas faire, l’organisation olympique londonienne n’a rien trouvé de mieux que de les installer dans un mini-camp de concentration (voir photo): 10 par chambre, 1 wc pour 25, 1 douche pour 75. et j’imagine que personne ne s’est posé la question de qui ferait le ménage… Surtout que le lieu est totalement insalubre, le terrain inondé à la moindre pluie (qui a été plus qu’abondante cette année), et la pluie qui coule à l’intérieur des baraquements.

En outre, ce logement qui n’en mérite pas le nom, n’est pas gratuit, loin de là : 18 dollars par jour sont retirés de la paie pour vivre dans ces conditions misérables (ce qui équivaut à 500 euros par mois) !

A lire sur la question de la nouvelle domesticité

Beaucoup des femmes de ménage (beaucoup sont venues d’Espagne, d’autres d’Europe de l’est) ont refusé de signer le contrat. D’autres ont quand même accepté

Une personne des autorités sanitaires aurait dit que le site n’était pas adéquat. La société qui emploie les femmes de ménage n’en a pas tenu compte. Et critique les employé-e-s qui ont parlé à la presse (cela leur est interdit par contrat (!), ainsi que d’avoir des visites de leurs familles).

Voici ce qu’a dit un responsable de Locog : « This is not a prison. Nobody is forced to stay there. Many of our staff have come from areas where there is extremely high unemployment and are very happy to be working in the Games.

« Ceci n’est pas une prison. Personne n’est obligé de rester ici. Beaucoup de nos employés viennent de zones de fort chômage et sont très contentes de travailler pour le jeux ».
Tout est dit dans cette phrase : je fais une seconde traduction : Ce n’est pas une prison. Tout le monde est « libre » de partir et de crever de faim. Mais comme elles ont vraiment besoin de boulot, elles pourraient nous être reconnaissantes quand même de les traiter comme des riens du tout ».

L’image du choix d’entrer dans la gueule du patriarcapitaliste…

C’est exactement comme pour les personnes prostituées (et on n’ose imaginer ce qui se trame autour des jeux olympiques à ce propos). Dans ce monde où les femmes sont maintenues dans la pauvreté par le système patriarcal et victimes de violences multiples (même hors crise, mais en crise elles sont les premières touchées -80% des personnes pauvres dans le monde sont des femmes), voilà à quoi se résume leur choix : payer pour vivre dans des conditions indignes. Voila de quoi elles sont libres : et tout ça pour que l’image sur l’écran des athlètes des jeux olympiques soit bien propre, cette image destinée à distribuer partout dans le monde la bonne parole du patriarcat capitaliste…

Un dernier mot : les médias britanniques se sont émus de ce que les emplois qui « devaient » être proposé à des anglais-e-s, ne leur aient pas été réservés. Encore une démonstration qu’il est malheureusement beaucoup plus facile d’exploiter la misère des immigrant-e-s que celles de ses propres citoyenn-e-s…qui ne manquent pas de se retourner ensuite contre les mauvaises personnes…

A lire aussi ici : http://www.cnikel.com/services-a-la-personne/enquete/femmes-de-menage-jo-londres-2012

S.G

7 réflexions sur “Shame on the Olympics

  1. Merci pour ce reportage sur des réalités difficiles à connaître. Je partage à 200% ces préoccupations et le désarroi de ces femmes soumises à une telle exploitation. Je partage l’information avec toutes les personnes qui se sentent concernées par la dignité et la place des femmes dans Notre Monde.

  2. C’ est beau ,c’est propre ,respect de chacun ,égalité ,VIVE LES JEUX OLYMPIQUES ,source de misère et d’exploitation .
    Ils sont gérés par l’oligarchie dont le seul objectif est le profit ,ne se souciant pas des catastrophes sociales et écologiques qu’il génère.

  3. c’est pas la puissance d’un pays qui lui permet de gagner des médailles mais la culture sport, d’ailleurs les propos de l’auteur (assez représentatif de la mentalité française) montre pourquoi la FRANCE ne gagne rien des les grandes compétitions.

  4. Soukougnan ,il cherche du boulot pour sa femme ,ses enfants!……….. .Il n’a rien compris au problème soulevé .
    Parler d’éducation dans le sport de Haut niveau :il n’a rien compris là non plus !

  5. beraud il/elle n’a pas compris que mon précédent commentaire ne concerne pas la globalité de l’article mais son introduction un brin démago, qui tente de présenter les performances sportives comme la traduction des rapports de force economique. je comprends bien l’attrait d’une telle théorie pour les feministes-marxistes mais c’est objectivement faux. il y a dans le meilleur des cas une légere correlation.

    pour le reste je ne me suis pas prononcé car je sais qu’ici ce n’est pas un site de débat. mais apparement BERAUD a le pouvoir de lire dans les pensées puisqu’il/elle sait même ce que je n’ai pas dit.

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