Carton rouge à Amsterdam…

Je suis à Amsterdam, ville des canaux, d’un parc avec de très jolies perruches, des musées, des coffee shops (sans moi), et du « quartier rouge ». Ici, la prostitution est réglementée, du coup, on trouve dans tous les magasins de souvenirs des choses inesthétiques (comme tous les souvenirs, d’ailleurs) qui concernent la tarification du sexe et du corps des femmes. On peut, comme un peu partout, y acheter des tasses avec des inscriptions plus ou moins intéressantes. Ainsi, à Londres, une des mes meilleures amies m’a offert une tasse avec la mention de Virginia Woolf’s « a room of one’s own », dans laquelle j’aime boire mon thé au lait. A Berlin, j’ai acheté « Bad girls go to Berlin ».

A Amsterdam, j’ai été bien obligée de boycotter, après avoir vu ce qu’on me proposait…

« Home fucking is killing prostitution.

Keep hookers employed, they need to eat too » (baiser à la maison tue la prostitution. Donnez du travail aux personnes prostituées, elles ont besoin de manger, elles aussi)…

Le cynisme mercantile n’a donc pas de limite, et les féministes n’auront jamais d’humour…d’ailleurs, elles ne cherchent pas à en avoir…car on ne peut pas rire de tout avec n’importe qui…c’est aussi le sens de cet article qui décortique comment l’humour des féministes, qui peut aller jusqu’à les conduire à imaginer se réapproprier les armes de l’oppresseur, ces chantres de la troisième vague du féminisme, sont en fait dépassées par un système qui les abuse avec leur consentement

A propos, le consentement d’Alix Girod de l’Ain, qui réclame une case princesse mais pas la suppression de mademoiselle, en est presque drôle et je n’insisterai pas longtemps – elle s’est fait suffisamment allumer par ses propres lectrices, avec son édito dans Elle, je me dis juste qu’à Berlin elle aurait pu acheter cette autre carte qui circule : « contrairement à ce que me dit mon papi, je ne suis pas une princesse !  Et cette phrase qu’elle a écrite me fascine malgré tout :

« Il faut défendre « mad-moi-zell’ » parce qu’elle est « chaarmante », la supprimer serait porter un coup fatal aux loulous qui nous interpellent sur les trottoirs : comment on va faire, si ça devient illégal de se faire draguer

Eh bien justement, portons donc ce coup fatal aux loulous, et à tout le système, et ne nous faisons plus draguer dans la rue !

Pour boucler la boucle, en parlant d’illégal, si on rendait illégal l’achat de sexe, alors, oui, peut-être, enfin, on pourrait commencer à avoir la paix…en attendant, dans certains pays, en autorisant, légalisant ou fermant les yeux sur la prostitution, ce sont les gouvernements eux-mêmes qui se font proxénètes…et les pays qui ont réglementé sont là pour nous montrer combien toute légalisation de pseudo « services sexuels » est une complicité à ce système qui nous oppresse, en facilitant la traite au lieu de lutter contre…

S.G

Et je rajoute grâce à un commentaire d’Hélène, que les néerlandais eux-mêmes n’en veulent plus ou commencent à dire la vérité sur ce qui se passe lorsqu’on légalise : http://www.dutchnews.nl/news/archives/2011/10/we_must_be_honest_about_prosti.php

6 réflexions sur “Carton rouge à Amsterdam…

  1. Bonjour… Juste pour signaler que le bandeau violet (affiche de la marche du 5 nov) empêche de lire la colonne de gauche… Peut-être y a t-il moyen de résoudre cet inconvénient?

    1. Bonjour, désolée de la lenteur de ma réponse : j’ai essayé sur plusieurs ordinateurs, cela ne le fait pas. C’est peut être la configuration de votre écran ? normalement le bandeau d’images verticales est à gauche de la gauche… mais merci en tout cas de me l’avoir signalé

  2. Ce constat d’échec de la légalisation (ce n’est pas le premier) vient bien à point au moment où la France va peut-être mettre son engagement abolitionniste en actes. Et puis, on peut rêver, ça fera tache d’huile sur les voisins – la Belgique par exemple! 😦 .
    Même si, ici, il est par la même occasion, sous entendu qu’il y aurait une prostitution libre (ce sont la traite et la prostitution « forcée » qui seraient indignes). Qui pourra encore prétendre, de bonne foi, que la légalisation protège les prostituées?.

    Si quelqu’un n’a pas un intérêt personnel à la prostitution d’autrui (consommateurs, commerçants, communes pour les taxes, états pour les impôts…), s’il a un minimum d’empathie pour ses semblables, et s’il se renseigne sur la réalité de ce système, il ne peut qu’être abolitionniste.

  3. Pour illustrer à quel point la double-morale est infecte, quand les ‘clubs’ de prostitution sont légaux, ce mini-scandale à Valencia, en Espagne : d’immenses photos d’un cul, publicités pour des maisons closes, « puticlubs », sont affichées sur 9 lignes des bus de la ville, depuis le mois d’avril (voir photo sur l’article en lien, c’est assez impressionnant. A toute heure, passant devant toutes les écoles..)
    http://www.publico.es/espana/403400/buses-valencianos-aceptan-publicidad-de-prostitucion

    Cette mairie, ultraconservatrice, très attachée aux valeurs traditionnelles, avait refusé l’an passé une campagne sur les mêmes bus, avec le message suivant : « Dieu n’existe probablement pas. Arrête de t’inquiéter et profite de la vie ! », au prétexte de porter un message idéologique choquant.
    La maire s’en est dans un premier temps lavé les mains (« Ah non, j’avais rien vu, c’est une entreprise privée blabla »), puis, devant le scandale national -les accusations de proxénétisme ont ‘peut-être’ un peu aidé- la préfecture a finalement ordonné hier de retirer les affiches.

    Par ailleurs et toujours en Espagne, saluer la publication par le gouvernement d’un guide « La traite à but d’exploitation sexuelle », très complet autant en termes d’infos légales, que de conseils de prévention-détection, que d’explications de phénomènes mondiaux. Excellent. Je viens de leur demander s’ils prévoient des traductions.

    Cliquer pour accéder à doc166_LATRATA.pdf

    Merci pour ton blog, c’est la première fois que je commente mais je lis avec beaucoup d’intérêt tous tes billets !

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