Mon corps a-t-il un sexe ?

 

Pioneer_plaque_humans.svg_Ma carte d’identité me le dit : je suis de sexe féminin. Une « femelle de l’homme ». C’est la définition de femme dans le dictionnaire. J’ai les cheveux longs, une poitrine, un visage fin. Pas de doute, ça se voit, je suis une femme ! Si je me mets nue, vous verrez que j’ai un large bassin, je n’ai pas les épaules larges. Et une vulve poilue. Je suis plus petite que les hommes. J’ouvre la bouche, au téléphone, vous me dites « bonjour madame ». Aucun doute, je suis une femme. je m’exprime, j’agis : je suis douce, fine, je ne m’agite pas dans tous les sens. Je suis donc une femme. Ah bon ? Vraiment ? Vous êtes sûrEs ?

Reprenons les éléments ci-dessus. Oui, sur ma carte d’identité, c’est marqué. Je suis une femme. J’y reviendrai.

Les cheveux courts : l’anti-nature

J’ai les cheveux longs. Voilà que Samson, personnage biblique mythique ne verrait rien de genré à cela. Il s’agit seulement de bon sens : les cheveux longs, ça donne de la force. Ou pas. En tout cas, j’ai aujourd’hui les cheveux longs, c’est féminin. Cela l’est d’autant plus que les hommes n’ont plus les cheveux longs. Comme si la remise en cause du genre leur faisait craindre qu’on ne les confonde. Alors ils recourent à cette pratique tout à fait anti-naturelle (mais le masculin, n’est-ce pas ce qui rompt avec la nature…) qui consiste à se couper les cheveux pour qu’on voie bien qu’ils sont des hommes.

J’ai une poitrine. Certes. Mais je pourrais aussi ne pas en avoir. Les femmes qui n’en ont pas ou presque sont légion. Et les hommes qui en ont ne sont pas si rares.

Mon visage est fin. Bien. Mais regardez bien. Si on m’y met des cheveux courts, excluez-vous vraiment de vous tromper ? Combien sont les personnes pour qui, si on enlève la barbe et qu’on fait la même coupe de cheveux, on reconnaîtra si c’est un hommes ou une femme ?

J’ai un large bassin. Ah bon ? Nous entrons là dans le pur fantasme. En effet, vous avez déjà conclu des critères précédents que je suis une femme. Vous en avez donc certainement conclu que j’avais un bassin large. Celui-ci s’est bel et bien élargi quand j’ai été enceinte. Mais depuis, il a repris sa « largeur habituelle ». Mon bassin n’est pas très large. Pourtant, vous l’avez toujours entendu : les femmes ont un bassin plus large. Savez-vous d’où vient cette observation, si « consensuelle » ? Du 19e siècle. Quand on a reproduit pour la première fois deux squelettes mâle et femelle, dessinés dans un ouvrage, l’un à partir d’un modèle homme, l’autre à partir d’un modèle femme. Il semble à les voir que la femme a le bassin plus large. Mais figurez-vous que les deux bassins sont identiques ! Ce qui donne cette impression, c’est que le thorax de la femme est plus étroit. Et savez-vous pourquoi le thorax de la femme est plus étroit ? Parce que le modèle est une femme de catégorie sociale élevée, qui dès sa formation physique, a été contrainte de porter un corset… qui a empêché sont thorax de se développer. En réalité, le bassin n’est en rien plus large.

Un squelette mâle, un squelette femelle ?

Revenons sur le squelette. Il doit bien, donc, y avoir une différence entre le squelette des hommes et des femmes ? Demandons à une spécialiste : Evelyne Peyre, qui a dirigé avec Joëlle Wiels l’ouvrage « Mon corps a-t-il un sexe » qui vient de paraître aux éditions La Découverte et qui met fin « une bonne fois pour toutes » (mais non, je sais bien que dans un siècle, on débattra toujours de la binarité sexuelle) aux idées fausses sur l’existence de deux sexes biologiques.

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J’aime la mention : « ideal proportions » used…proportions idéales utilisées

Eh bien, Evelyne Peyre a étudié de très nombreux squelettes d’habitants d’un village au premier millénaire de notre ère et s’est retrouvée devant un problème scientifique qui allait rendre possible la réflexion que nous avons ici aujourd’hui : 70% des squelettes qu’elle observait ne présentaient pas de caractères typiques qui permettent de déterminer avec certitude leur sexe (1).

70% où ce n’était pas clair du tout. En revanche, aux deux « extrêmes d’une courbe en cloche », on avait des squelettes avec des os « faibles », légers, et des squelettes avec des os « lourds », forts. Les premiers sont à coup sûr des squelettes de femmes et les autres d’hommes. Mais pourquoi une telle conclusion, puisqu’une majorité des autres ne présentent pas une différence de « force des os » qui permette de différencier le masculin du féminin ? C’est là que la connaissance des habitudes sociales des individus de l’époque permet de comprendre : ce n’est pas le sexe biologique qui apparaît ici, mais comme pour le corset cité plus haut, les effets de la croissance différenciée et hiérarchisée des enfants filles et garçons. La nourriture donne la force aux os. Les protéines sont nécessaires pou cela. Le village était constitué de nombreuses personnes pauvres, c’est à dire miséreuses. Souvent donc, il ne devait pas y avoir la possibilité de donner de la viande à tout le monde parfois pendant plusieurs années. Qui en bénéficiait alors ? Pas chacunE à tour de rôle, mais les hommes en priorité. Les fillettes pauvres pouvaient ainsi avoir des carences alimentaires fortes entraînant une fragilité osseuse. On peut donc déterminer ici le sexe du squelette, uniquement sur des critères environnementaux et de connaissances historiques des modes de vie et de l’idéologie qui décide que les hommes doivent être mieux nourris.(2)

Ca veut dire quoi être une femme biologique ?

Continuons. j’ai dit donc, que ma vulve poilue permettait d’affirmer que j’étais une femme. Bien. Une mauvaise femme toutefois. Puisqu’il semblerait que pour être une femme aujourd’hui « appréciée » par notre monde à l’envers, il faille l’épiler. Mais passons. Revenons à nos sexes biologiques.

Ca veut dire quoi être une femme ? Ah oui, avoir deux paires de chromosomes XX et non pas, comme les hommes, deux paires de chromosomes XY, ces différenciateurs qui permettent la procréation sexuée, celle qui prend les gènes de deux être distincts pour en faire un troisième (quand la reproduction est simplement à l’identique, et empêche donc toute variabilité, et dans une certaine mesure donc, la résistance à la variabilité de l’environnement (3)). Donc, nos organes génitaux permettent-ils de dire que je serais sans aucun doute une femelle ? En vérité, je le suis, car ayant mis au monde un enfant, je sais que je ne suis pas stérile. Mais ce n’est pas la vue de mes organes génitaux qui permet de l’établir. Je pourrais en effet parfaitement avoir des seins typiquement « féminins » et une vulve etc…et avoir une formule chromosomique XY. Ou XXY. Ou XXX. En effet, si XX et XY ont été découverts en 1956, dès 1958 environ, on sles scientifiques se sont rendus compte qu’il n’y avait aucun systématisme ni obligation à avoir ces chromosomes pour exister. Des XXX, n’ont aucun signe extérieur de différence, peuvent donc passer totalement inaperçus. S’agit-il d’exceptions, d’anomalies qui n’ont pas d’impact sur la « majorité’ ?

Des différences normales et non pathologiques

70717358_000_CV_1_000Le problème, c’est le nombre de personnes concernées (difficile à déterminer, puisque la plupart du temps on n’enquête pas dessus). Or, les estimations, dont les dernières, pour la première fois publiées par la très institutionnelle revue scientifique « Nature », donnent un chiffre 1% de personnes qui ne seraient ni XX ni XY. Une autre étude reconnue parle de 2%. Une étude enfin menée sur des vaches en Allemagne a permis de relever 4% de non XX ou XY. Or, scientifiquement, un tel taux ne peut être qualifié « d’anomalie ». cela pousse au contraire à considérer qu’il n’y a pas deux sexes, mais une grande variabilité, un continuum. Les écrits de Joëlle Wiels biologiste moléculaire, nous éclairent là-dessus.

Ainsi, ce continuum chromosomique est pourtant considéré par la société qui tient tant à la binarité comme des « anomalies », qui somme toute (et de façon totalement non-scientifique), n’infirmeraient pas la règle. Les personnes qui les portent, lorsque cela se voit à la naissance, sont celles qu’on appelle les « Intersexes ». Le drame qui les touche, c’est qu’aujourd’hui encore, le corps médical (quelle expression !) décide d’opérer -quand ils sont repérés- ces enfants à la naissance pour les assigner à un sexe ou un autre, car ce qui n’est pas « normal » est considéré par la médecine comme « pathologique ». Des opérations sont réalisées sur des enfants sans leur demander leur avis (avec il faut le dire, peut-être la meilleure intention du monde : leur « faciliter » la vie dans un monde binaire). Ici, la reconnaissance scientifique qu’il ne s’agit pas d’anomalies pourrait favoriser une acceptation sociale qui permettrait de mettre fin définitivement à ces mutilations sexuelles médicalisées (4)

De désillusion en désillusion pour « Dame Nature » féminine

Je continue ma description. Ma voix est celle d’une femme. On ne m’a jamais prise pour un homme au téléphone. En revanche, autour de moi, je connais de très nombreuses femmes à qui on dit systématiquement « bonjour Monsieur ». Qu’elles soient souvent des femmes fortes et affirmées aurait-il quelque chose à y voir ? La voix n’aurait-elle pas, elle non plus, de sexe (de désillusion en désillusion pour les tenants de « Dame nature » féminine). Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que la voix est -là encore- extrêmement variable, et dépend beaucoup de la croissance et de la posture. Comme l’explique Mireille Ruppli, linguiste, chacunE d’entre nous a deux voix possibles : une de tête, l’autre de poitrine. L’une étant beaucoup plus aigüe que l’autre. Le thorax des hommes est plus développé que celui des femmes, par l’exercice. Bien. Voilà donc qui peut mener à une voix qui porte mieux…les cours de placement de sa voix, liés à la posture du corps et à l’occupation de l’espace transforment la voix de certaines femmes, de fluette à bien entendable. C’est souvent lié à des formations qui encouragent et aident à la confiance en soi.

Aujourd’hui, à la radio ou la télé, on n’accepterait plus des voix de femmes hyper aigües comme autrefois. Au contraire, le nombre d’hommes contre-ténors explose : alors que leur voix au quotidien n’est pas forcément du tout suraigüe (point besoin d’avoir été « émasculé » pour être contre-ténor, en clair).
Mais l’argument le plus intéressant, c’est celui des personnes qui veulent changer de sexe. Lorsqu’un homme veut devenir une femme, il se soumet souvent à des opérations sur ses organes génitaux. Souvent aussi, il veut que sa voix ne permette pas de l’identifier en tant qu’homme. Mais là, l’opération est risquée et peu efficace (réduction des cordes vocales). Ainsi, il est plus judicieux de choisir un travail sur la posture du squelette pour obtenir une voix plus aigüe. On fabrique ainsi des voix féminines…

Une femme douce et sage

Ensuite, si je parle, si vous observez mon comportement, vous allez donc reconnaître que je suis une femme parce que je serai plus douce sage, non ? Que mon caractère est féminin ? Là-dessus, c’est le cerveau qui aurait donc un sexe. Je ne vais pas m’étendre là-dessus très longtemps, Catherine Vidal ayant depuis longtemps tordu le cou à cette idée trop bien reçue (5) je vous renvoie donc à ses travaux sur le cerveau, très plastique, où la variabilité est là encore la règle, et rien ne permet de deviner le sexe du cerveau, en dehors des effets de l’environnement, et encore…

Heureusement, il y a la testostérone ?

Voilà. Aucune des caractéristiques qui font de moi une femme ne sont donc probantes. Mince alors. Cela voudrait-il dire que si je veux construire ce monde sur une binarité sexuelle qui permette à un sexe d’être plus fort que l’autre, donc d’occuper toutes les positions de pouvoir et de garder le contrôle sur l’autre, jusqu’à le posséder, il faut donc y mettre de l’idéologie ?

Ah non, j’oubliais ! Il y a les hormones. Je suis sûre que les hormones vont nous sauver. Les hommes, produisent de la testostérone, et quand une femme veut devenir un homme, elle prend de la testostérone. On le sait d’ailleurs, les femmes et les hommes sont gouvernés par leurs hormones. Et si ce n’est pas le cerveau qui rend ces derniers agressifs et violents, et les femmes douces et instables d’humeur, ce doivent bien être les hormones ?

IMG_0751Mince, encore raté ! Ainsi, explique Evelyne Peyre, la testostérone, ce n’est pas une hormone mâle, apprend-on en cours de biologie. C’est une hormone produite par l’effort. Donc, les bébés puis enfants puis hommes qui sont perpétuellement poussés par l’environnement à « faire plus d’efforts » physiques, ont forcément des taux de testostérone plus élevés. Ainsi, des travailleuses soviétiques, qui portaient les rails sibériens, pouvaient très bien avoir des taux d’hormones nettement plus élevés que la moyenne des femmes. Et donc des « caractères sexués secondaires » apparents les rendant d’apparence plus « masculines ». Mais pas forcément ayant à voir avec une binarité biologique (6).

En conclusion, voilà qui est désormais clair, grâce à ce livre qui s’annonce fondamental puisqu’il réunit en un seul lieu et en quatre parties les articles de biologiques et de spécialistes en sciences humaines: il n’y a pas deux sexes biologiques. On ne devrait plus pouvoir se servir de cet argument-là pour asseoir la domination d’une partie des individus sur une autre.

En revanche, il y a bien deux sexes. Et je suis bien une femme. Politiquement parlant. Car sur ma carte d’identité, s’il est marque « Sexe : F » ce n’est pas parce que je suis une « femelle de l’homme ». Mais bien parce que la société s’est organisée sur une binarité hiérarchisée entre les sexes. C’est bien parce qu’il faut que déjà, sur mes papiers, à la Sécurité sociale, on puisse savoir si je suis citoyenne de première ou de seconde classe (n° 1 ou 2). Et cela, même si la science nous aide à démontrer que cela n’a rien à voir avec la nature, nous ne pouvons pas pour autant l’effacer en disant simplement : supprimons les catégories sexuelles. Il faut encore -malheureusement-peut-être pour longtemps, les reconnaître, pour ce qu’elles sont : le signe d’un patriarcat -d’un idéologie- qu’il faut combattre. 

Sandrine GOLDSCHMIDT

(1) Rappelons au passage que nous ne savons absolument pas avec certitude si Lucy notre « ancêtre » était une femme ou un homme, et qu’elle doit son nom à la célèbre chanson des Beatles « Lucy in The Sky with Diamonds » que les anthropologues écoutaient au moment de sa découverte.

(2) aujourd’hui les filles dans de nombreux pays sont mieux nourries. Mais ne voilà-t-il pas que le système a trouvé un autre moyen pour les maintenir en infériorité physique ? La violence sexuelle + les injonctions de beauté qui poussent tant de jeunes femmes à devenir anorexiques et boulimiques arrive au même résultat que la misère des premiers siècles et le corset d’autrefois : rendre les femmes moins fortes physiquement. Et dans un système de plus en plus pervers, plus il est difficile de défendre une binarité sexuelle naturelle pour fonder la hiérarchie, on a trouvé des alliées  les femmes elles-mêmes, qui aujourd’hui arguent de leur liberté et de leur choix. Mais quel choix, au regard de cette histoire ?

(3) Evelyne Peire a expliqué de façon édifiante ce que nous apprenaient les découvertes de la science moins idéologiquement sexuellement hiérarchisée.  Ainsi, une espèce de boa a été découverte en Amérique, qui a la particularité d’alterner les types de reproduction. Tantôt le recours à la parthénogénèse, reproduction du même, tantôt recours à la procréation. Voilà quelque chose de révolutionnaire. Et comme maintenant on va pouvoir rechercher ce type de choses, on risque d’en trouver bien d’autres…
La variabilité permise par la procréation, qui permet de créer un être unique et différent à partir de deux être uniques (et non du même à partir d’un), permet d’être plus fortEs face aux accidents de l’environnement. Ainsi, face à un cataclysme, beaucoup d’individus vont mourir, mais certains pourront y échapper. Et la survie de l’espèce ne sera pas menacée. D’où la possibilité -quand l’espèce n’est pas menacée, de recourir à la parthénogénèse, et la possibilité de recourir à la procréation à d’autres moments. La nature n’est-elle pas géniale ?

(4) le dernier chapitre du livre mentionné ici laisse place à des témoignages de personnes intersexes et transsexuelles

(5) venue je le rappelle d’une étude sur 20 cerveaux, très rapidement démentie, mais dont le démenti n’a lui, jamais été « bien reçu »

(6) les effets principaux de l’environnement sur la biologie du corps, sont : l’alimentation, l’activité ou la contrainte physique.

13 réflexions sur “Mon corps a-t-il un sexe ?

  1. Article très intéressant, cependant bien que deux sexes ne puissent être clairement définis chez les mammifères, un fait demeure, seules les femelles peuvent mettre au monde des enfants – même si elles peuvent choisir de ne pas le faire. Il me semble que c’est la différence la plus probante, en tous cas, celle qui a entraîné leur asservissement d’après Françoise Héritier. Récemment, j’ai lu le témoignage d’une jeune femme hermaphrodite – je préfère ce joli mot mythologique au terme intersexué-e – qui a donné naissance à des jumelles suite à un don d’ovules, elle avait des chromosomes XY, un micro-utérus, agrandi suite à un traitement hormonal et pas d’ovaires. Génétiquement homme mais d’apparence tout à fait féminine selon les standards. Cela laisse rêveur, mais c’est plutôt exceptionnel comme cas, l’humanité aurait sans doute été très différente si nous étions tou-te-s pourvu-e-s de deux sexes comme les limaces ou les escargots !

    1. Oui, ici on n’attaque que la binarité pas l’existence du sexué. Merci pour cet exemple éclairant.

  2. J’aime bien votre blog, mais … aïe, là, je viens de lire « les maintenir en infériorité physique ».

    Pourquoi une force physique supérieure signifierait-elle « supériorité physique » ? Et le fait que les femmes soit plus robustes, avec un taux de mortalité plus faible à tout âge à traitement et mode de vie égal – y compris dans la petite enfance ?
    Et le rôle supérieur des femmes dans la procréation ?

    1. bonjour, je comprends votre remarque, mais… pas la tournure, un tant soit peu belliqueuse… »j’aime bien mais, là, j’ai trouvé où vous avez faux ». Je suis d’accord avec vous, les femmes sont souvent résistantes. Je crois néanmoins que ma phrase se défend…peut-être me suis-je mal exprimée ? Je pense que la sous-nutrition entraine faiblesse physique, celle que décrit E.Peyre, en fragilisant les os.Donc, quand bien même vous auriez raison et que les femmes seraient « plus résistantes », il s’agit là justement d’une intention politique de mettre à mal cette résistance. Ce qui ne mène pas à dire « les femmes sont inférieures physiquement », mais c’est une intention.

  3. Article très intéressant, quand il est écrit à la première personne. (Didier de Entreleslignesentrelesmots donne aussi une vaste bibliographie sur le sujet).
    Pourtant, il me semble qu’un point reste obscur. votre analyse déconstruit toute base essentialiste au ‘genre’. Il y a un continuum de variations biologiques, admettons le. La société humaine impose ensuite une forte polarisation en deux groupes, femmes et hommes, et cherche à invisibiliser ou à modifier ceux qui ne s’y retrouvent pas (soit +/- 1 à 4 %, dites-vous). Cette identité est basée sur une caractéristique biologique majeure : l’appareil de gestation (Même s’il est imposé parfois à tort, il y a bien un fait qui permet la distinction chez la plupart). Même si on se déprend de toutes les autres prétendues caractéristiques, le fait de produire des ovules et de les faire croître d’un côté, et d’éjaculer des spermatozoides de l’autre côté, marque un très grand nombre des humains et induit une expérience du corps et de la vie qui n’est pas identique. (Vous n’évoquez ce fait qu’un instant pour passer aux variations hormonales).
    Même les sociétés matriarcales ont polarisé le groupe humain en deux genres. C’est bien une création sociale qui catégorise à sa façon les humains, quitte à les forcer un peu et plus qu’un peu. Il ne faudrait pas nier cette opération, comme si notre vecu social pouvait être identique entre hommes et femmes. Nous avons un vécu différent. Il induit des jeux de rôles sexuels distincts (qu’on pourrait interroger et faire évoluer, il me semble qu’on le fait peu : séduction, vêtement, etc.). Autre chose est la hiérarchisation qui est ensuite introduite, et qui a fondé la domination masculine en investissant notamment un rôle de « père » très particulier. Et très peu naturel : femmes et enfants pourraient dénier tout droit aux hommes (sauf l’usage de leur sperme). Je veux simplement dire que « le patriarcat » ne recouvre pas totalement la polarisation en deux genres et que son renversement souhaitable ne va pas faire de nous des « mêmes », mais seulement, on l’attend, des égaux.
    D’où mon malaise avec l’expression « refuser d’être un homme » titre du livre de John Stoltenberg.
    Il y a bien un effet retour des dominants (le ‘corps médical’ notamment, dont vous parlez) qui cherchent à essentialiser les trois niveaux (attribution, polarisation, hiérarchisation — pour faire bref) et les légitimer en bloc, en force. Mais faut-il les déconstruire et les abattre tous les trois ensemble ? J’en doute.

    1. Je suis assez d’accord avec vous. C’est pour cela que je conclus que ces faits scientifiques ne doivent pas forcément mener à la réponse politique d’un abandon des catégories sexuées. C’est vrai aussi que c’est un sujet compliqué en féminisme, la capacité de donner la vie et ses conséquences sociales. Un sujet tabou ?

  4. Très amusant, instructif aussi, mais surtout amusant, à mes yeux.
    Très « jésuite » aussi. La preuve supplémentaire que vous n’êtes pas une femme…?
    Je plaisante.
    Corrigez-moi si je me trompe mais cette ardente volonté de ne plus être sous-estimée parce que femme produit un effet boomerang. En essayant effacer tout signe indiscutable de votre féminité vous justifiez le préjugé suivant lequel les mâles vous sont supérieurs! Ce n’est sûrement pas ce que vous avez souhaité.
    Je trouve curieuse cette envie de nier la différence entre les hommes et des femmes alors que, au moins à mes yeux, la diversité, en général, est enrichissante et celle entre les femmes et les hommes, en particulier, très plaisante.
    Je parle d’expérience. En tant qu’ « émigré héréditaire » j’ai appris énormément (même si ce n’est sans doute pas beaucoup, et encore moins suffisamment…) en traversant diverses civilisations. Et les femmes que j’ai eu le plaisir de connaitre, en premier lieu celle dont je partage la vie depuis presque un demi-siècle, ont encore élargi mon horizon alors que pendant mes études, influencé surtout par des hommes, je voyais le monde comme à travers un tunnel.
    Au lieu de nous considérer identiques, nous avons tout intérêt à nous accepter dans nos différences.

    1. « Corrigez-moi » si je me trompe, mais il me semble que vous n’avez pas tout à fait compris le propos de l’article, ni peut-être lu la conclusion ?
      L’article fait un point sur des faits scientifiques, et ne consiste pas en des considérations personnelles liées à mon expérience de la différence…ou pas. En effet, ce que dit le texte, c’est que nous sommes tous et toutes uniques. Et qu’il serait bon qu’un jour cela soit reconnu, dans l’égalité. Mais pas en inventant des catégories pseudo-scientifiques…

  5. Bonjour,
    Article passionnant.
    Par contre, j’ai été étonnée d’apprendre que les bassins hommes/femmes sont identiques.Et je ne trouve aucun lien sur internet qui va ds ce sens.Je retrouve sans cesse cette description « le bassin de la femme est plus large que haut alors que celui de l’homme est plus haut que large »
    Du coup, je ne sais que penser…

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