Féministe, pour quoi faire ? Ne pas tomber dans le panneau, peut-être

Court coup de gueule du matin. Avec les résidentes du FIT (ou plutôt, du C.H.R.S « Les UniversElles) », nous sommes en train de faire un film : « féministes, pour quoi faire ? »

Et forcément, vu l’actualité, et que plusieurs des participantes sont musulmanes, on peut difficilement éviter le sujet de l’interdiction du voile intégral.

Aujourd’hui, le gouvernement nous présente la loi d’interdiction au nom du droit des femmes. Ce serait en fait pour les musulmanes, opprimées par leur mari qu’on le ferait. Ce serait, même, féministe. Or, comment réagissent les musulmanes de mon groupe ? Pour elle, c’est très clair, on leur interdit de s’habiller comme elles veulent (et ça, même si elles-mêmes ne portent jamais de voile et sont contre la burqa), parce qu’elles ne sont pas « françaises » (parce que musulmane).

Pour moi aussi, c’est très clair. Ce que fait le gouvernement, ce n’est pas féministe. C’est anti-féministe. Ce n’est pas pour les femmes musulmanes. C’est contre l’islam. Sauf que pour faire passer cette politique discriminatoire, encore une fois, comme toujours dans l’histoire, on se sert de qui ?
Des femmes.

Désolée, mais sans moi. Je préfère continuer à avancer avec des jeunes femmes musulmanes vers une prise de conscience, ensemble, de la nécessité pour les femmes de lutter contre les verrous spécifiques qui les empêchent de faire ce qu’elles veulent (et en plus, de ce qu’elles peuvent apporter à la société, si elles y prennent part, comme elles m’apportent en atelier) plutôt que de m’associer à un gouvernement dont le but est de monter les uns contre les autres, les unes contre les autres, pour assurer son maintien au pouvoir. Je préfère cet échange, positif, entre nos deux mondes. Femmes, libres ou bientôt libres, musulmanes, elles ont beaucoup, énormément à apporter à la société française. Il serait temps qu’elles y aient leur place. Telles qu’elles la définissent, elles-mêmes.

Sandrine Goldschmidt