Féministe, pour quoi faire ? Ne pas tomber dans le panneau, peut-être

Court coup de gueule du matin. Avec les résidentes du FIT (ou plutôt, du C.H.R.S « Les UniversElles) », nous sommes en train de faire un film : « féministes, pour quoi faire ? »

Et forcément, vu l’actualité, et que plusieurs des participantes sont musulmanes, on peut difficilement éviter le sujet de l’interdiction du voile intégral.

Aujourd’hui, le gouvernement nous présente la loi d’interdiction au nom du droit des femmes. Ce serait en fait pour les musulmanes, opprimées par leur mari qu’on le ferait. Ce serait, même, féministe. Or, comment réagissent les musulmanes de mon groupe ? Pour elle, c’est très clair, on leur interdit de s’habiller comme elles veulent (et ça, même si elles-mêmes ne portent jamais de voile et sont contre la burqa), parce qu’elles ne sont pas « françaises » (parce que musulmane).

Pour moi aussi, c’est très clair. Ce que fait le gouvernement, ce n’est pas féministe. C’est anti-féministe. Ce n’est pas pour les femmes musulmanes. C’est contre l’islam. Sauf que pour faire passer cette politique discriminatoire, encore une fois, comme toujours dans l’histoire, on se sert de qui ?
Des femmes.

Désolée, mais sans moi. Je préfère continuer à avancer avec des jeunes femmes musulmanes vers une prise de conscience, ensemble, de la nécessité pour les femmes de lutter contre les verrous spécifiques qui les empêchent de faire ce qu’elles veulent (et en plus, de ce qu’elles peuvent apporter à la société, si elles y prennent part, comme elles m’apportent en atelier) plutôt que de m’associer à un gouvernement dont le but est de monter les uns contre les autres, les unes contre les autres, pour assurer son maintien au pouvoir. Je préfère cet échange, positif, entre nos deux mondes. Femmes, libres ou bientôt libres, musulmanes, elles ont beaucoup, énormément à apporter à la société française. Il serait temps qu’elles y aient leur place. Telles qu’elles la définissent, elles-mêmes.

Sandrine Goldschmidt

3 réflexions sur “Féministe, pour quoi faire ? Ne pas tomber dans le panneau, peut-être

  1. D’accord sur le fait qu’on utilise les femmes, et que ce gouvernement retirerait sa loi en moins de trente seconde s’il pensait que cela puisse lui servir électoralement (ou autre) ; pas d’accord sur le fait qu’il ne faille rien faire. Dire qu’il faut avancer vers une prise de conscience est une chose (très utile), mais il est aussi très utile d’habiter dans un pays qui affirme par une loi qu’obliger quelqu’un à se voiler entièrement est contraire à la dignité humaine.

    Parce qu’il ne faut pas se leurrer : déjà pour le foulard, une grande partie des femmes musulmanes qui le portent le font parce qu’elles craignent d’avoir trop de problèmes avec leur entourage – on fait toujours monter au créneau les trois ou quatre qui l’ont choisi, et on oublie toutes celles qui le portent uniquement pour ne pas être ennuyées (voire pire) tous les jours par leur famille ou leurs amis, et qui y sont venues un peu désabusées après quelques rébellions adolescentes ou de jeune adulte pour enfin avoir la paix, parce qu’on s’use à lutter quotidiennement. Pour celles-ci, pour toutes celles qui essaient justement après une prise de conscience de ne plus être astreintes au port du voile ou de la burqa, il est tout de même très bon d’être soutenues par une loi, de même que toutes les personnes qui se battent contre les discriminations sont plus fortes lorsque le principe d’égalité et la lutte contre les discriminations sont inscrites dans la loi même.

    Et quand bien même c’est un gouvernement macho, rétrograde ou hypocrite qui impose une loi qui aide les femmes, cela reste une loi qui aide les femmes.

  2. Si le gouvernement (pas seulement) était si préoccupé de l’opression faite aux femmes, il aurait lancé un programme simultanné contre la burqa mais aussi contre les images imposées de femmes objet sexuel dont sont victimes les petites filles en occident dès le plus jeune âge (et je passe la liste d’injoction sociale à devenir viande sexuelle pour homme hétérosexuel – pub, jouets, pronographie, idoles). Comme ce n’est pas le cas, c’est bel et bien de l’anti islamisme, du colonisateur et de son colonisé, voila de quoi il s’agit.

    1. Je crois qu’on est d’accord. Dans mon autre article, cité dans celui-ci « et si les femmes avaient leur mot à dire », c’est ce que je dis… bonne journée!

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