Plaidoyer pour l’abolition: « il est possible de changer les choses »

EkmanSouvent, au fil de ma prise de conscience féministe, je me suis dit que faire le choix de regarder la réalité en face était douloureux. En effet, chausser des lunettes féministes, c’est découvrir un monde où les violences des hommes contre les femmes sont la règle et le quotidien à un point tel qu’on peut parler d’une guerre contre les femmes. La situation est rendue d’autant plus difficile qu’une des particularités du système, c’est que contrairement à d’autres systèmes oppressifs, les opprimées vivent de très près avec les oppresseurs, et que leur emprise ne s’arrête même pas avec la possibilité de s’évader pour dormir, rêver, se ressourcer dans une chambre à soi.

Avoir conscience de cette situation montre aussi à quel point il est difficile d’en sortir. A quel point il est délicat de faire sienne la phrase de Christine Delphy à propos des « femmes de droite » d’Andrea Dworkin : « ce qui paraît le plus noir est ce qui est éclairé par l’espoir le plus vif« . Pour autant, pouvons-nous nous permettre de désespérer ? A contrario, pouvons-nous ne pas désespérer ?

L’exemple de notre lutte pour l’abolition de la prostitution est à cet égard fondamental à mon avis : en effet, la perversité du système d’oppression est ici totale, comme l’explique Kajsa Ekis Ekman dans « L’être et la marchandise ». Pour contrer l’évidence du crime de masse que constitue l’autorisation faite à des hommes de payer pour disposer sexuellement et violemment d’êtres humains, le mensonge est partout et il est organisé.

Comme le dit l’auteure, « Vu de l’extérieur, le discours pro-travail du sexe ressemble à un récit qui saisit la complexité de la vie, qui insiste sur le fait « qu’il existe aussi bien de bonnes que de mauvaises expériences dans la prostitution » et qui prétend proposer une image nuancée sur tous les aspects de la prostitution »

Pour donner un  exemple, ce commentaire reçu ici sur mon précédent article : « Un seul combat doit être mené : la prostitution forcée. Quand la prostitution est pleinement consentie (oui des cas existent !!!), on rentre dans la sphère de la vie intime et de la vie privée. »

On voit bien qu’il s’agit là d’opposer un discours qui serait simplificateur et dogmatique à un regard nuancé. Ekman poursuit :

« S’arc-bouter contre le prétendu dogmatisme du féminisme radical est peut-être l’argument le plus commun. Il n’existe guère de textes favorables au « travail du sexe » ne montrant pas d’irritation devant les arguments des féminismes radicales. Il n’est pas possible de raconter l’expérience de vie des « travailleuses du sexe » sans commencer par une tirade sur « les féministes radicales qui pensent que toutes les prostituées sont des victimes et qui ne laissent personne d’autre exprimer son point de vue ».

Dans un contexte où les féministes, lorsqu’elles dénoncent trop fort les violences, sont accusées de vouloir « la guerre des sexes » (cf la suite du commentaire cité plus haut : « De quel droit quelques féministes d’arrière garde se permettent d’imposer leur propre conception de la morale et légiférer sur la sexualité de leurs congénères. ! Vous vous trompez de combat, en vous ne faites qu’alimenter une guerre des sexes avec vos propos d’un autre âge sur le patriarcat »),

« On ne dit jamais ce qu’est le féminisme radical », explique Ekman. Toutefois, en général, on laisse entendre qu’il s’agit d’un féminisme extrêmiste, lequel est décrit comme dogmatique, détestant les hommes et la sexualité. Par contraste, le discours pro-travail du sexe dépeint un prétendu féminisme « sexuellement radical », qui se prétend ouvert, nuancé, et qui discute des désaccords. Cependant, si nous observons les faits relatifs à la prostitution, l’analyse féministe radicale n’est pas du tout exagérée. Tout ce qu’elle avance concernant la violence dans la prostitution est exact et même plus encore. Dans sa description de la réalité, le féminisme radical a raison, car il se base sur ce qui se passe réellement et non sur une image idéalisée de la prostitution ».

1/Le féminisme radical dit la vérité, mais ne permet pas de sortir du constat

Pourquoi alors le féminisme radical est-il rejeté, en particulier par certaines femmes sur le chemin de leur prise de conscience féministe ? Kajsa Ekis Ekman avance une explication : c’est parce que s’il dit la vérité, le féminisme radical ne permet pas de sortir du constat : en gros il nous fait toucher le fond de la piscine, mais ne permet pas (ou ne nous donne pas l’impression de permettre) de donner le coup de pied qui va nous donner l’espoir de remonter. Et les tentatives, dès lors qu’elles affirment pouvoir changer les choses, sont souvent rejetées comme étant des compromissions.

« Après avoir constaté ce qui se passe dans la prostitution, plus rien n’est dit : il n’existe pas de voie de salut ni de signal d’où pourrait venir la libération. L’analyse se clôt après avoir constaté ce que font les hommes aux femmes. Aussi, la réalité devient-elle immobile, inaltérable. La violence masculine contre les femmes semble immuable.

Il y a là aussi une sorte de réification. Les positions se figent et se bloquent. Néanmoins, les causes de cette réification ne se situent pas dans le féminisme radical en soi. C’est plutôt un processus que beaucoup de mouvements sociaux traversent, une conséquence de la marginalisation des forces radicales. Celles qui ne s’adaptent pas à l’ordre du jour néolibéral en vigueur risquent de se trouver bloquées et d’opérer une analyse statique. Elles cessent de voir la dynamique, de rechercher des solutions et désespèrent. Au lieu, elles sèment le découragement et expriment l’idée que tout changement n’est qu’un simple maquillage. Cela peut se produire dans des mouvements sociaux, exactement comme dans l’art, la littérature, la religion ou une relation amoureuse. Un mouvement social doit être capable d’identifier les contradictions dans la société telles qu’elles existent aujourd’hui et, en particulier, où se situe le germe du changement social ».

Le féminisme radical, dès lors qu’il apparaît comme statique et n’identifie pas où se situe le germe du changement social, laisse alors la place « au relativisme et au postmodernisme ».

2/ Le relativisme pro-prostitution : tout est noir et blanc ou la fausse dialectique

votezlabolitionEkman explique alors comment elle a vécu une période -les années 1990- où les femmes ont commencé à ne plus pouvoir « se concentrer sur tout ce qui était fâcheux, et à la place, ont invoqué la théorie queer » : l’avantage de celle-ci, c’est que tout y est acceptable, « aussi longtemps que c’est considéré comme formidable et que la société dit que c’est mauvais ».

Exemple type : la société disant qu’être une « salope » c’est mauvais, il nous suffirait donc de dire « je suis une salope » pour prendre le pouvoir et que tout soit formidable…

Donc, alors que les féministes radicales « ont développé des antennes extrêmement sensibles devant l’oppression des femmes, vivre avec ces idées pouvait devenir trop lourd et impossible à endurer à la longue« . Elle explique ensuite que le discours pro-travail du sexe a eu l’intelligence de flatter notre esprit dialectique : « ce discours parle de nuances, de complexité, et assure écouter les différentes voix. il se dit capable de maîtriser les contradictions de la vie »

Ce n’est toutefois que « de la publicité sur un emballage. En réalité, le mythe du travail du sexe est lui aussi complètement figé », poursuit-elle.

En effet, il affirme en même temps que la prostitution est une oppression (forcée) mais aussi une libération, qu’elle « défie et renforce à la fois le patriarcat, qu’elle est simultanément une bonne et une mauvaise chose ». Contre l’expression tournée en dérision « tout est soit noir soit blanc« , le discours pro-travail du sexe proclame : tout est en permanence noir et blanc« . Ce n’est pas une opposition dans le sens dialectique du terme, au contraire, « c‘est la confirmation du vide comme statu quo« .

Ainsi, elle montre comment le discours pro-travail du sexe, « comme le discours post-moderne, fait semblant d’être ouvert, de bouger et d’être nuancé, mais en fait rien ne bouge et nulle porte ne s’ouvre« .

En fait, conclut-elle, ce discours permet d’arriver à défendre le fait qu’on s’en tient à l’exception. Dialectiquement, on démontre en général que l’exception confirme la règle. C’est-à-dire que l’existence d’une exception montre que si une chose est généralement vraie, cela ne veut pas dire qu’elle l’est systématiquement. En revanche, les post-modernes affirment que l’exception infirme la règle. « Aussi Petra Östergen peut affirmer qu’il existe des prostituées heureuses de leur sort, sans toutefois se sentir obligée de prendre en considérations le fait que 89% d’entre elles, selon l’étude internationale la plus importante jamais réalisée jusqu’à présent, désirent quitter la prostitution (M.Farley). Le fait est que, pour les post-modernes, non seulement l’exception infirme la règle, mais elle est la règle !

Le chemin de la sortie

Nous avons donc analysé comment le désespoir ne pouvait qu’être porteur d’immobilisme et que le féminisme radical avait pu être compris comme désespérant. Comment également le discours venu le contrer – le post-modernisme pro-prostitution- faisait semblant de bouger mais ne visait qu’à renforcer le statu quo par le déni de la réalité et le mensonge systématique d’une fausse dialectique. Quel est alors le chemin de la sortie ?Place de l'Abolition

Ekman considère qu’il peut parfois y avoir des « chocs », des coups de tonnerre « qui peuvent frapper l’ensemble de la société. (…) Dans des moments de turbulence et de bouleversement social, une société dans sa totalité peut traverser le processus collectif qui consiste à ôter les masques ».

Ainsi, elle donne l’exemple du travail d’une chercheuse suédoise qui a voulu appliquer une expérience partant d’une hypothèse novatrice, qui stipule que pour pouvoir analyser à la bonne distance, il fallait que l’enseignant-e et le/la chercheur-e soient en proximité avec les personnes qu’elles étudient. Hanna Ollson, chercheuse suédoise raconte comment elle a été transformée par son immersion dans la réalité de la prostitution. Et elle écrit :

« c’est maintenant seulement que je commence sérieusement à voir la violence et l’abus, qui s’expriment de différentes façons, dans pratiquement chacune des interviews. Le sentiment d’appartenance croît et il m’est de plus en plus difficile d’instaurer une limite entre le travail et moi-même ». A tel point qu’elle commence elle-même à être dissociée : « ce sont deux Moi qui se développent : un moi de prostitution et un moi propre. Et il faut que je tienne ces deux Moi séparés. C’est la seule chose à faire pour pouvoir survivre« .

Ce que découvre cette chercheuse, peut-être que la société est en train de commencer à le découvrir. Ainsi, les pays réglementaristes commencent à voir tomber les masques. Pays-Bas et Allemagne sont obligés de se rendre à l’évidence : ils favorisent la traite des êtres humains et la perpétuation des violences.

A l’opposé, la position abolitionniste suédoise fonctionne et est bien accueillie dans de nombreux pays.

Donc, alors même que dans les années 1990 le désespoir a provoqué l’émergence d’un discours post-moderne qui a mené aux expérimentations les plus violentes, à affirmer qu’on allait protéger les prostituées par une politique de réglementation et de réduction des risques, qui s’est avérée désastreuse, on constate que les efforts des abolitionnistes paient, font avancer les choses, sont un véritable facteur de changement.

Les abolitionnistes démontrent un fait qui est fondamental si on veut pouvoir rester féministe, ou tout simplement vivant-e-s :

« Il est donc possible de changer les choses ».

S.G

Toutes les citations sont tirées de « L’être et la marchandise », de Kajsa Ekis Ekman, éditions M éditeur, collection « mobilisations », pages 128 à 134

 

L’intervention de Kajsa Ekis Ekman lors de la manifestation d’abolition citoyenne du système prostitueur, le 13 avril 2013 à la machine du moulin rouge :

 

 

 

Dworkin et sexualité : d’où vient le malaise ?

Demain mercredi 20 mars à la librairie Violette and co (102, rue de Charonne, Paris 12e), une présentation très attendue : « Les femmes de droite », deuxième livre de la théoricienne féministe radicale Andrea Dworkin à être traduit en français ! Car si l’auteure qui, avec Catharine McKinnon, a réussi à révéler les dangers de la pornographie, est souvent citée voire décriée en France (cf Badinter, « Fausse route », E.Jouvet, etc.), elle a peu été lue, et donc comprise, et peu discutée.

Le livre est paru aux « Editions du remue-ménage » et a été traduit par Martin Dufresne et Michèle Briand. C’est Christine Delphy, qui a écrit une préface lumineuse à cette ouvrage, qui viendra le présenter à la librairie féministe mercredi à 19h. N’ayant pas eu le temps de finir le livre, je ne peux pour l’instant vous en parler, mais d’autres l’ont déjà fait, comme @Antisexisme ou Entre les lignes entre les mots

Je reviendrai juste un instant sur la préface, qui explique pourquoi l’absence de traduction de Dworkin est à la fois « stupéfiante et révélatrice » : « La première raison du silence fait sur elle est sans doute que Dworkin est radicale. Elle écrit sur un sujet qui, alors qu’on prétend en parler, est en réalité toujours aussi tabou : la sexualité, et plus précisément l’hétérosexualité, et plus précisément encore, sa pratique et sa signification dans un contexte précis : la société patriarcale. Elle parle de sexualité dans un régime de domination, et de sexualité entre dominants et dominées« . Delphy souligne qu’en fait, le sujet n’a pas été abordé en France depuis le  la deuxième vague féministe. Et ce malaise a bien une raison : « D’un côté, aujourd’hui, la majorité des femmes essaie de redéfinir la sexulaité comme le lieu du désir et du plaisir, de la redéfinir comme non seulement opposée mais contraire à la violence, au viol, à l’inceste, à la prostitution : de la raboter pour n’en garder que ce qui est bon, pour faire autre chose de l’acte sexuel que de la ‘baise ». De l’autre côté, pourrait-on dire, Dworkin iniste et démontre dans ce livre la continuité entre toutes ces formes de sexualité : faire l’amour c’est baiser, la baise c’est le viol, et la baise c’est la prostitution« . Selon elle, les féministes mainstream voudraient débarrasser la sexualité de ses scories violentes, alors que la volonté « d’humilier, de rabaisser, d’annihiler la personne-femme (…) existe dans la définition, dans le coeur -qu’on voudrait pur- de l’acte hétérosexuel ».

A la lecture de cette introduction, on comprend mieux les origines des résistances à toute discussion autour de la pensée de Dworkin,

Quand on voit combien même le féminisme le plus « modéré » s’attire sarcasmes et sanctions de la société patriarcale, il y a de quoi avoir des craintes.  Quand on est sur le champ d’un intime dans lequel il est bien difficile de distinguer le plan politique du plan personnel, quand, en clair, on veut aimer et être aimée dans ce contexte, le malaise est palpable. Enfin, il y a, semble-t-il, dans cette pensée décrite par Delphy, une crainte du pessimisme fondamental, et du désespoir. Et pourtant, cette déconstruction radicale est porteuse d’espoir, dit la féministe française. Car ce qui caractérise l’oeuvre de Dworkin, écrit Delphy, c’est que : « ce qui paraît le plus noir, c’est ce qui est éclairé par l’espoir le plus vif ».

On pourrait bien sûr ne pas être d’accord avec ce que dit Dworkin. Mais pour cela, il faut accepter de l’avoir écoutée, lue, entendue. N’est-ce pas le propre de la pensée critique, de la pensée tout court, de vouloir tout entendre, analyser, essayer de comprendre, pour ensuite, si jugé pertinent, critiquer et en démontrer les limites ? Il est donc plus que temps que ses ouvrages soient disponibles à la discussion !

S.G

« A vous qui osez nier la guerre contre les femmes »

Dans notre monde féministe, il y a celles qui ont un blog, et celles qui, n’en ayant pas, nous livrent parfois leurs merveilles sur Facebook.
Seulement voilà, elles doivent être partagées au-delà, alors j’ai souhaité le faire pour vous qui lisez A dire d’elles.
Féministe radicale, Typhaine Duch, de Femmes en résistance, dit les choses avec courage et sans compromission…

Du coup, certains, certaines parfois, mais surtout certains, viennent la rappeler à l’ordre patriarcal : les femmes peuvent être massivement victimes de généralisation morbide, de chosification et de destruction, dans tous les domaines de la culture, de la pensée, et de la réalité, cela ne dérange personne.

Et il faut laisser dire, au nom de la liberté d’expression. Mais quand les femmes disent les choses telles qu’elles sont, attention, ce serait intolérable…

Je vous laisse découvrir, et méditer, sa réponse. Et réfléchir à deux fois, avant de faire un commentaire, qui n’y aurait rien compris.

Réponse aux hommes qui me disent que la voix des hommes vaut autant que celles des femmes dans le mouvement féministe.

« Auriez-vous osé dire à un militant noir d’Afrique du Sud ou même d’ici, que votre voix en matière de racisme vaut autant que la sienne ? Auriez-vous osé nier sur son mur la guerre dont il dit être victime en tant que noir par les blancs, et vouloir résister contre pour ne pas mourir et pour qu’enfin le monde change ? Auriez-vous osé ? Non. Évidemment. Parce qu’un homme noir est encore un homme, vous avez appris ça. Quand une femme c’est… pas un homme.
Alors : en matière de féminisme, les voix des hommes comptent moins que celles des femmes. En matière de racisme, la voix des personnes racisées vaut plus que celle des dominants. La voix des opprimées est une meilleure expertise, elle est de bonne foi, elle n’a pas intérèt à ce que le système oppresseur perdure puisqu’elle souffre et ne bénéficie d’aucun avantage au quotidien, quand TOUS les dominants profitent des avantages du système patriarcal.
Vous n’avez pas regardé le documentaire de Clarisse Feletin.
Vous n’avez pas lu les féministes (Andrea Dworkin, connaîs-tu seulement son nom par exemple ?)

Vous n’avez pas vécu l’oppression depuis votre naissance et tout le temps, comme nous.
Vous ne subissez pas des agressions sexuelles quotidiennes, dans la rue, au travail, à la maison.
Vous savez que vous êtes une personne humaine, personne ne peut vous enlever ça.
Vous n’êtes pas réduit à vos organes pornifiés, démembrés, partout dans chaque image de pub, de film, de photo.
Vous n’êtes pas un objet. JE suis vue comme un objet. Des hommes, de toutes sortes, tous les jours, tentent de me tuer dans ma qualité de sujet.
Si vous avez regardé de la porno (et je suppute que c’est le cas vu ce que vous dîtes et vu que je n’ai rencontré aucun homme qui n’en ait regardé plusieurs fois), vous avez joui de tortures, de viols infligés par des hommes à des femmes. Vous les avez chosifiées, et faire d’une personne une chose c’est la tuer, et vous avez joui de ça. Comme tous les hommes que je connais. Par là, vous avez tué votre empathie envers toutes les femmes. Et maintenant vous avez, après ce que le patriarcat appelle « orgasme » par son pouvoir de nommer, et qui est en fait une disjonction due à un stress post-traumatique ; vous avez une phase appelée « petite mort », une phase de néant, d’anesthésie, d’immobilisme, de rien mortifère, d’endormissement, de rien. Ce qui prouve que vous n’avez pas de sexualité au sens vrai, vivant, respectueux, joyeux tu terme.
Si vous ne comprenez rien de ce que je dis, écoutez l’émission de radio dont le lien est sur ce superbe site : https://sandrine70.wordpress.com/2012/09/06/une-emission-a-ecouter-absolument/
Puis regardez le documentaire « sexe,mensonges et harcèlement ».
Y a même pas à lire, vous n’avez qu’à voir, c’est super facile.
Ce que vous dîtes est très grave. Que vous osiez le dire est très grave aussi. Votre retournement de la culpabilité est une stratégie typique de l’agresseur (la guerre des hommes contre les femmes est menées, par tous les hommes collectivement, et à différents niveaux individuellement, vous nous tuez tous les jours, les femmes meurent sous vos coups, mais vous osez dire = « c’est vous qui avez la haine envers les hommes, c’est vous les violentes et les méchantes… » Faut oser être à ce point négationniste. Il faut être un dominant pour dire une chose pareille.)
Bref. Je savais qu’un homme au moins réagirait. M’interdirait d’appeler guerre ce qui en est une contre Nous depuis le début des sociétés patriarcales, et encore tellement aujourd’hui et partout. Je savais le retournement de la culpabilité vous alliez mener du haut de votre seule autorité de dominant. Je savais.
Maintenant, sachez que j’en suis triste. Désespérée.
Je vous demande d’avoir du respect pour mon désespoir.
Mon désespoir de morte en survivance.
Je vous demande de ne plus répondre sur mon mur à la suite de ce post. J’en ai le droit. C’est mon espace à moi. Mon choix. Vous devez le respecter. Je ne viens pas vous éduquer sur vos espaces. Je pourrais. Mais je ne vais sur aucun mur d’homme perdre mon temps, ma joie, mon énergie féministe. Si vous ne respectez pas ma demande, je ferai moi-même votre silence. »

Typhaine DUCH