Ce qui est sûr, c’est que le présumé consentement n’existe pas

A écouter des informations récentes et qui font la une de l’actualité, j’ai envie de reparler du consentement.

Et rappeler un enseignement majeur d’un film majeur dont je suis prête à vous rebattre les oreilles le temps qu’il faudra, « NO! The rape documentary », d’Aishah Shahidah Simmons (voir bande-annonce ci-dessous). Pour que, alors que l’on risque de parler pendant des semaines sur le consentement ou non d’une femme de chambre dans un hôtel new-yorkais, on aie bien en tête la chose suivante : il n’y a pas de présumé consentement.

Une femme qui dit non ne consent pas.
Une femme qui ne dit rien ne consent pas.

Une femme qui est en situation quelconque d’infériorité (d’âge, de classe, de rapports de pouvoir) ne peut pas consentir.

Une mineure (ou un mineur) ne consent pas à un rapport avec un-e adulte.

Une femme à qui on veut extorquer du sexe contre de l’argent ne consent pas.

Une femme qui porte une mini jupe n’exprime pas par là son consentement.

Une femme qui a bu ou est droguée ne consent pas.

Une femme violée alors qu’elle portait un jean serré n’a pas « forcément » consenti.

Une femme mariée qui ne veut pas faire l’amour ne consent pas.

Une femme mariée de force ne consent pas.

Une femme ne consent pas parce qu’elle a accepté de monter dans la chambre ou dans la voiture d’un homme.

Une femme qui a commencé à avoir un rapport avec un homme mais qui n’en est pas satisfaite et veut arrêter ne consent pas.

Une femme qui a déjà couché avec un homme mais ne veut pas recommencer ne consent pas.

Une femme qui couche avec beaucoup d’hommes n’exprime pas ainsi son consentement de coucher avec n’importe qui n’importe quand.

Et si des hommes, et en particulier des jeunes hommes, ont des doutes sur le consentement de leur partenaire, ça serait peut-être bien qu’on commence à leur expliquer que ce n’est pas très compliqué. Il suffit de s’en assurer. En demandant. Et si la réponse n’est pas claire, alors ça veut dire NON. Tout simplement.

S.G

21 réflexions sur “Ce qui est sûr, c’est que le présumé consentement n’existe pas

  1. « Une femme qui est en situation quelconque d’infériorité (d’âge, de classe, de rapports de pouvoir) ne peut pas consentir. »
    Ah bon ?
    De quel droit vous interdisez à une femme dans cette situation de coucher si elle le souhaite ?

    1. c’est pour le moins une lecture biaisée de mon affirmation, qui je vous l’accorde, pourrait peut être être mieux formulée. Je ne m’accorde aucun droit, je dis juste qu’on ne peut pas parler de consentement à partir d’un certain degré de rapport de dépendance…

  2. Sandrine, vous avez raison : lorsqu’une personne (femme et/ou homme) est, OU SE CROIT, en situation quelconque d’infériorité, il ne peut y avoir de consentement. C’est pourquoi les relations entre personnes de situations très différentes sont la plupart du temps très difficiles.

  3. Une femme en situation d’infériorité se soumet. Appeler ça un consentement ne vise qu’à déculpabiliser l’agresseur.

  4. Ce que vous écrivez d’elles qui ne consentent pas, mériterait d’être affiché aux valves des lycées et collèges, débattu en classes…

  5. Hum… J’ai un peu de mal avec ces questions d’âge, d’infériorité sociale… qu’une relation amoureuse permet justement de transcender. Et qu’est-ce que l’infériorité en âge? Être beaucoup plus jeune ? De combien? Beaucoup plus âgée ? De combien? J’ai vu ma mère vivre (et subir la réprobation sociale qui allait avec) une relation amoureuse avec un homme qui avait 17 ans de moins qu’elle. Consentante. Ma cousine ne craque que pour des hommes bien plus âgés qu’elle. Et consent. Cela me semble expéditif comme approche – alors que je suis d’accord avec tout le reste.

    1. c’est pas expéditif, Jean-Marc, c’est subversif ;-)…
      bien sûr, c’est le plus mal écrit des points, et effectivement, cela demande un développement plus grand et ne peux pas être expédié ainsi en une phrase… Je faisais allusion par exemple aux vieux coréens du sud ou autres qui épousent de jeunes, très jeunes thaïlandaises…il est très difficile de mettre une règle en la matière, et cela mérite approfondissement. Là, en l’occurence, le niveau de richesse, le genre et l’âge se mêlent et rendent impossible le consentement.
      Je ne pense pas que l’exemple de ta mère entre dans cette catégorie : beaucoup de relations très consentantes sont l’objet de réprobation de la part d’une certaine bien-pensance et c’est un sujet différent. Enfin, c’est très complexe.
      Dans de très nombreux cas, et de façon systémique, je pense néanmoins que cette phrase expéditive en dit beaucoup…

      1. c’est subversivement constructif
        encourageant aux réflexions plutôt que d’entrer dans les concerts actuels de bienfaisances douteuses ou de haines houleuses
        c’est constructif et donc perfectible

  6. « Et si des hommes, et en particulier des jeunes hommes, ont des doutes sur le consentement de leur partenaire, ça serait peut-être bien qu’on commence à leur expliquer que ce n’est pas très compliqué. Il suffit de s’en assurer. En demandant. Et si la réponse n’est pas claire, alors ça veut dire NON. Tout simplement. »

    EXCELLENT !

  7. Génial! Merci pour avoir posté le petit documentaire, qui est trop bien.
    « [Women] don’t have a right to say no if a man becomes sexually aroused ».
    J’aime bien cette phrase – ça me renvoie au simple antagonisme de classe entre femmes et hommes – en dehors de toute inégalité sociale, raciale, âge, etc. – qui fait que des femmes se soumettent au désir des hommes simplement parce que dans le patriarcat (et pour beaucoup) le sexe et le corps des femmes appartient aux hommes, et c’est encore inimaginable de refuser ce qui est perçu comme leur étant dû. Lorsque l’homme est excité, il faut qu’il assouvisse son désir tout de suite! Lui refuser le « service sexuel » (le viol) serait le castrer, le frustrer, lui faire de la peine – ou le rendre dangereux, risquer de déplaire, qu’il aille voir ailleurs, qu’il s’énerve, etc.

    Donc ça m’amène à la réflexion que rien que le fait d’être un homme dans le patriarcat leur confère déjà en soi un énorme statut supérieur aux femmes – à statut social, économique, racial, et âge égal – qui, à mon avis, rend le consentement encore plus difficile.

    Je crois qu’à cela, une des meilleures réponses reste celle-ci: extrême prudence – en cas de doute, c’est toujours non « Et si des hommes, et en particulier des jeunes hommes, ont des doutes sur le consentement de leur partenaire, ça serait peut-être bien qu’on commence à leur expliquer que ce n’est pas très compliqué. Il suffit de s’en assurer. En demandant. Et si la réponse n’est pas claire, alors ça veut dire NON. Tout simplement. »

  8. personne ne me fera rien sans mon consentement … après avoir vécue tant d’années sans que l’on se préoccupe… jamais plus !!!

  9. C’est un article assez bien, à la section consacrée à l’infériorité et à l’âge qui me semble plus compliquée que vous ne semblez le dire.
    J’eusse aimé que vous ajoutiez qu’il en va de même pour les hommes. Après tout, nous ne sommes pas non plus consentants par défaut, contrairement à une idée trop répandue.

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