Femmes à la rue : du rassemblement au comité de soutien

Organisé dans l’urgence par des groupes de féministes et lesbiennes, le rassemblement contre la fermeture du seul centre d’hébergement d’urgence de la région parisienne qui accueillait des femmes (et aussi des hommes mais un autre centre, à Montrouge, en accueille) a connu une belle mobilisation. Du coup s’est créé un comité de soutien, qui se rendra demain à la mairie du 11ème pour demander à pouvoir rencontrer les femmes qui ne seront pas relogées par le samu social à partir d’après-demain.

Un rassemblement animé, qui a même pris la rue vers la fin. Et la plus belle parole est venue d’une jeune femme, résidente d’un centre d’hébergement, qui, alors qu’une travailleuse sociale disait « ce n’est pas que les femmes, mais tout l’hébergement d’urgence qui a des problèmes ». Elle a dit : « oui, mais pourquoi les hommes, on les a relogés, et pas les femmes ? ». Oui, au fait, pourquoi ?

Voici les photos de la soirée

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La rhétorique du moi universel (à propos de Catherine M.)

Ce qu’il y a de bien avec l’interview de Catherine Millet, dans rue89, c’est que c’est une belle illustration d’un principe tout à fait particulier : « mon opinion est universelle, parce que c’est la mienne ». Elle est ici interrogée sur la sexualité aujourd’hui sous prétexte qu’elle a raconté sa vie sexuelle dans un livre il y a dix ans (« La vie sexuelle de Catherine M. »), et, que, dit-elle, elle a bien le droit de donner son avis. Même sur ce qu’elle ne connaît pas nécessairement. Mais après tout, n’est-on pas dans un pays où il y a  la liberté d’expression ?

Ainsi, elle estime qu’un « puritanisme revendicatif » s’est répandu dans les dix ans qui séparent son livre de cette interview. Sans citer personne, bien sûr. Et, elle sent, comme d’autres de sa génération, « une régression dans la société sur tout ce qui touche à la sexualité. Même Libé titre en une que la France est en retard dans la condamnation du harcèlement sexuel ! »

Clin d'oeil

En quoi cela constitue une régression sur la sexualité libre entre deux personnes consentantes, franchement, je ne vois pas…encore, elle dirait que la définition du harcèlement sexuel lui paraît excessive, je ne dis pas, mais là…

Ensuite, son opinion sur l’affaire DSK (bon moi je ne lui aurais pas demandé, mais Libé l’a fait).
Dans son monde, qu’elle dit « privilégié », « personne qui soit scandalisé par cette affaire, pas même une femme. Tout le monde a pris ça plus ou moins à la rigolade ou comme Jack Lang(« il n’y a pas mort d’homme »). Il y a eu un certain décalage entre l’opinion publique et l’exploitation qu’en a fait la presse. »

C’est vrai, ça. Souvent, nous critiquons la presse qui aime à rester dans le mainstream et la pensée unique, au gré de ses influences idéologiques. Mais ce que fait Catherine Millet, là, c’est juste dire : mon opinion, c’est l’opinion publique ! « je » et les personnes qui gravitent autour de moi ont pensé que ce n’était pas bien méchant (et elle reprend à la fois le pire de Lang et Kahn qui eux, au moins, ont eu la décence de reconnaître ce que leurs propos avaient de choquant). En gros, elle dit, dans mon monde privilégié, on pense comm ça (ou au moins je perçois ou j’interprète qu’on pense comme ça), et donc c’est comme ça.

C’est le même phénomène qui la pousse à affirmer qu’on surévalue les conséquences des agressions sexuelles. Elle affirme que le viol, ce n’est pas si grave (voir aussi cet article en réaction), quand il n’y a pas eu contrainte physique, que c’est moins grave que de perdre un oeil. Sur quoi se base-t-elle pour l’affirmer ?

Est-ce qu’elle se base sur l’expérience ? Non. Elle affirme qu’elle n’a pas été violée (ou que si elle a eu des rapports non consentis, elle n s’en souvient pas, sic). Elle se base donc uniquement sur l’idée qu’elle se fait d’être violée ou de perdre un oeil (ou alors elle est dans le déni, mais ne suis pas là pour psychologiser, juste pour analyser)…

Est-ce qu’elle se base sur des études, qui montreraient que les victimes de viol n’ont pas de stress post-traumatique, pas de tendance au suicide ou aux comportements addictifs, pas de difficultés dans leur vie sexuelle, à condition qu’elles aient suivi ce vieil adage issu de la société pas-du-tout-libérée qu’elle critique, « serre les dents » et avance ? Non, et pour cause : de telles études, il n’en existe pas. Les études qui existent, montrent carrément le contraire, si tant est qu’on veuille bien ouvrir les yeux. Et quand on parle du viol à répétition (inceste dans l’enfance et/ou prostitution), on compare le degré de stress post-traumatique à ceux et celles qui ont subi la torture.

Encore une fois, la preuve ultime ici, c’est : c’est mon opinion et j’ai le droit d’en avoir une.

Cela me fait enfin penser aux raisonnements des pro-libéralisation-de-la-prostitution (dont elle fait partie d’ailleurs) qui contestent les études qui montrent que la prostitution est la pire des violences faites aux femmes, en étant incapable jamais de produire autre chose que leur cas particulier…cela me fait enfin à Caubère…en gros, si moi ça me fait plaisir, ou moi ça ne me fait pas de déplaisir, alors il n’y a pas de raison que pour les autres, ce soit différent…c’est la rhétorique du moi universel…

S.G

je m’arrête là pour l’instant, mais il y aura une suite. Parce que Catherine Millet semble également fascinée par la scatologie dans le sexe et les artistes qui réfléchissent sur les humeurs…ce qui est aussi semble-t-il un des grands « trucs » de la pornographie…Ce sera l’occasion de faire un lien avec cette étude sur la prostitution au XIXème siècle dont je veux absolument vous parler, et qui est tellement éclairante sur le débat abolitionnisme/réglementarisme…à suivre donc, « la porno, c’est de la merde »…

 

 

 

Samu social : l’urgence sans les femmes / Appel à manifester, mercredi soir

 

Les femmes, la rue, face invisible de la ville-lumière...

Le samu social est victime de coupes budgétaires. Une situation qui menace l’ensemble de l’hébergement des personnes défavorisées en région parisienne, alors que leur nombre ne cesse d’augmenter. Précarité et personnes migrantes (dont de nombreuses femmes seules) en tête.
Dans le même temps, le budget qui y est consacré baisse de 25%.

Côté hébergement d’urgence, pour les personnes en situation physique ou psychologique critique, il n’y avait qu’un seul centre d’hébergement à Paris, il fermera le 30 juin, faute d’argent.

« Fermeture pour rénovation et pour plusieurs années », explique cet article de L’Express, de ce centre qui compte «  57 places pour des hommes et 38 places pour des femmes.

Un bâtiment de remplacement a été trouvé pour les hommes, mais les crédits manquent pour en aménager un second pour les femmes, placées « dans d’autres associations humanitaires, catholiques et protestantes », elles aussi saturées, pour « parer au plus pressé », explique Xavier Emmanuelli, président fondateur du Samusocial.

Il existe un autre centre d’hébergement, à Montrouge, qui propose 66 places, exclusivement pour des hommes.
Quand on sait que le nombre de femmes à la rue est certes inférieur à celui du nombre d’hommes, mais qu’il ne cesse d’augmenter et que leur survie y est encore plus difficilee que pour ceux-ci, on ne peut que relayer l’appel ci-dessous :

Un appel à manifester contre la fermeture du centre d’hébergement d’urgence de Paris

Mercredi 29 juin à 18h30

« Le 30 juin, le Samu social, face au désengagement de l’Etat, est contraint de fermer son seul centre d’hébergement d’urgence parisien accueillant des femmes.

Le Collectif national pour les droits des Femmes, la Maison des femmes de Paris, la Coordination lesbienne en France, les Lesbiennes of Colors, Le Planning familial, la Marche mondiale des femmes,les Lesbiennes Bulldozer, la Ligue des femmes iraniennes pour la démocratie, avec le soutien de Fatima Lalem, adjointe au maire de Paris, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, appellent mercredi 29 juin à 18h30 à un rassemblement devant le centre, au 66, boulevard Richard-Lenoir, dans le 11e arrondissement. »

S.G

renversement

La princesse se rebelle…

Renversement des rôles. Souvent, une façon de mettre en lumière la réalité de notre société inégale entre femmes et hommes ?
Aussi, le moyen pour l’agresseur, de maintenir sa position. Une personne violente, accuse le plus souvent sa victime d’être responsable des maux qu’elle lui inflige.

Et la société patriarcale, vis-à-vis du féminisme, c’est exactement la même chose.
Ainsi, on traite les féministes de mal-baisées, lorsqu’elles recommandent une sexualité enrichie, qui connaît son corps, qui devrait bénéficier au-à la partenaire tout en lui bénéficiant…

Et que dit-on d’elles, « les féministes »,  quand elles dénoncent le fait que 90% des actes de violences dites conjugales sont le fait des hommes, ou que 95% des prostitueurs improprement appelés clients de la prostitution sont des hommes…et qu’elles voudraient que ce rapport de force cesse, pour que les relations entre femmes et hommes puissent se vivre autrement ? Eh bien on les accuse alors de vouloir attiser la guerre des sexes, bonne manière de dissimuler qu’on veut juste faire taire la réalité et réduire encore les femmes à un silence de mortes.

Et pourtant, si on regarde un peu de l’extérieur, c’est flagrant. La guerre des sexes, c’est quand un sexe se ressent comme fort et domine l’autre.

Et il suffit de regarder comment la société actuelle véhicule les représentations amour-sexualité de façon différenciée pour les deux sexes pour s’en convaincre.
D’un côté, la pornographie, qui semble être le message sur la sexualité qui arrive le plus massivement auprès des adolescent-es, quand l’éducation nationale et la famille ont toujours autant de mal à parler de ça. Un message violent, qui promeut la pénétration, et très souvent la violence, comme étalon de la sexualité, le tout dans un cadre violent lui même, puisqu’il réduit les personnes en des cadres qui découpent le corps un peu comme de la viande de boucherie…

Donc, la porno, destinée d’abord aux garçons et aux hommes, mais que voient aussi les filles (pour savoir ce qui les attend et les préparer à la soumission ?), c’est la sexualité violente, brute. L’être humain n’a plus que des morceaux issus d’êtres humaines, décérébrées.

Mais il n’y a pas que la porno, il y a d’un autre côté ce que cet article appelle : « l’eau de rose ». Car dans le même temps, on sert aux petites filles puis aux femmes, le fantasme purement cérébral de l’amour toujours. Ca commence petite fille avec les princesses et le prince charmant. Ca continue adulte avec les romans pour femmes, les comédies romantiques, les feuilletons débiles, qui ne contiennent guère plus de réalité que la pornographie ! Alors, aussi dangereuse que celle-ci, peut-être pas, mais propre à entretenir l’illusion et le mensonge, certainement !

Et donc, pour les maintenir, et avec elles le système, quoi de mieux que de faire taire les féministes en disant que ce sont elles qui attisent la guerre des sexes !

S.G

Marche des fiertés, demain !

La marche des fiertés LGBT+, c’est demain, de Montparnasse à Bastille, et tout l’après-midi !
Pour en savoir plus sur les raisons de la marche, le communiqué du centre LGBT Paris IDF

La Marche des Fiertés, c’est l’affaire de tous

Publié le 22 juin 2011

Parce que les personnes LGBT sont encore moquées, discriminées, agressées en France et persécutées dans beaucoup de pays ;

parce que les pouvoirs publics, l’éducation nationale, le ministère de la santé, etc., ne prennent pas les mesures nécessaires pour lutter efficacement contre les ravages des préjugés homophobes, lesbophobes et transphobes et leurs conséquences ;

parce que la solidarité internationale ne peut s’exercer comme elle le devrait sur le territoire français ;

parce que les mentalités évoluent trop lentement ;

parce les textes répressifs ne sont pas suffisamment dissuasifs ;

parce que nous ne sommes pas des citoyens de seconde zone ;

parce que nous voulons l’égalité des droits ;

parce que voulons vivre dans une société plus humaine, plus juste et plus libre ;

parce que le sexisme, le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie, la lesbophobie, la bi-phobie et la transphobie ça suffit ;

le Centre LGBT Paris IdF, défilera joyeux et combatif à la Marche des Fiertés 2011 qui s’élancera samedi prochain, à 14h, de Montparnasse, avec le mot d’ordre : « Pour l’égalité, en 2011 je marche, en 2012, je vote ! ».

Dans la Marche, le cortège du Centre LGBT Paris IdF a le numéro 10 (au début), rejoignez-nous, et reprenez nos slogans, dansez au son de notre Battucada !

Contre les LGBTphobies, pour plus de justice, d’égalité et de liberté, à samedi !

 » 

Toutes les infos pratiques sur le site de l’inter-LGBT
Et le trajet de la marche, ici :

 

 

Sur le parcours, un rassemblement d’action lesbienne, RAL, est organisé  par les LOCs (Lesbiennes of Color) devant l’institut du monde arabe, en point fixe, tout l’après-midi :

 » la non-mixité demeure un mode opératoire toujours d’actualité pour consolider nos espaces, renforcer l’autonomie de nos espaces, revendiquer l’utopie, organiser la résistance sur la place publique, libérer notre créativité, faire la fête et mener la danse.
Rassemblons-nous
Pour la solidarité entre les femmes et les lesbiennes du monde entier
Contre les oppressions-répressions-discriminations des femmes et des lesbiennes: lesbophobie, capitalisme, racisme et intégrismes
Pour la résistance au contexte politique nauséabond et aux discours antisémite, xénophobe, islamophobe

voir l’événement facebook ici

Une coordination féministe ? Contribution aux rencontres d’été

J’ai une proposition de discussion à mettre sur la table pour les rencontres féministes des 2 et 3 juillet (occasion pour moi de vous en parler si vous n’êtes pas au courant). 35 associations organisent des débats, des ateliers, des moments festifs pour sortir avec une déclaration commune. Cela sera à Evry, et on peut s’inscrire ici.

La profusion d’actions féministes depuis les 40 ans du mouvement, la prise en main d’internet par les mouvements féministes, avec l’explosion médiatique d’Osez le féminisme et suite aux remous de l’affaire DSK, est en soi une bonne nouvelle, certes. Mais c’est aussi symptômatique de notre société qui va trop vite, réagit de façon instantanée (et je parle aussi pour moi), et ne prend pas toujours le recul nécessaire.

Ainsi, ces dernières semaines, voire ces derniers jours, on a eu beaucoup de mobilisations, toutes aussi importantes les unes que les autres.
Manif contre le sexisme (par définition imprévisible), le lancement de Vie de meuf, le livre, la campagne « osez le clito« . Ca, ce n’est que pour OLF.

Mais aussi, la campagne du Lobby européen des femmes pour l’abolition de la prostitution, la campagne du CFCV contre le viol conjugal, la campagne -qui du coup passe malheureusement un peu inaperçue- pour qu’on parle des femmes dans le sport à la télé, les mobilisations pour l’égalité salariale, le suivi du comité de vigilance.

Tout ça, c’est super, mais n’y perd-on pas un peu en ne coordonnant pas nos actions ? Pour aller vite, on fait, on réagit, et on ne sait pas ce que sont en train de faire les autres ?

Du coup on se télescope, et même les féministes ne peuvent se tenir au courant de tout ? Alors imaginez la confusion dans la tête de celles et ceux qui ne s’y intéressent pas tous les jours ? Et c’est l’image qui prime et qui reste, l’image ou sa contestation, et le fond du message qui risque de passer inaperçu…

En résumé, je pense qu’il sera fondamental à Evry de discuter, ensemble, des moyens de mieux coordonner nos actions, d’avoir un agenda féministe. Il serait bien que toutes les associations représentant des courants du féminisme puissent y être, qu’on discute de savoir s’il faut utiliser les groupes collectifs existant pour le faire ou inventer de nouvelles façons… Cela sera particulièrement crucial si on veut porter nos revendications sur le devant de la scène d’une façon efficace à l’horizon de l’élection présidentielle !

Sandrine GOLDSCHMIDT

L’AVFT, le harcèlement sexuel au travail, et les médias…

Depuis quelques semaines, l’AVFT s’est retrouvée sur le devant de la scène. Parce que l’affaire DSK a soit disant libéré la parole des femmes, et que l’affaire Georges Tron a été soumise à l’AVFT bien avant l’affaire DSK. Du coup, l’Association contre les violences faites aux femmes au travail est obligée de s’excuser auprès des victimes qui font appel à elles parce qu’elle n’a plus le temps de traiter les dossiers, étant à son tour harcelée par des demandes médiatiques.

En fait, la seule chose nouvelle, c’est peut-être l’engouement médiatique pour le sujet (et qui, donc, ne durera qu’un temps). Ceux-ci déclarent que cela « change la donne », s’interrogent sur la complicité des uns et des autres dans le silence précédent (mais cherchent plutôt à désigner un coupable qui ne serait pas eux-mêmes). Et, du fait qu’ils font eux mêmes partie du système, et en particulier du système économique qui sous tend la fabrication de l’information (précarité, vitesse, course à l’exclu, qui font des journalistes des précaires qui font ce qu’on leur dit et peut les faire vivre), cela donne, sous couvert de libération de parole, un espèce de bal absurde. Car la seule chose qui les intéresse, c’est d’avoir des témoignages, et si possible, détaillés…un peu comme si c’était une banque de données…mais surtout, immédiate.

Ce bal hypocrite, l’AVFT le dénonce dans son fil d’infos sur son site. Des cas réels, quotidiens, qui montrent un peu le fonctionnement de l’info spectacle…

J’en publie un ici, mais allez voir les autres sur le site ici, c’est édifiant…

AVFT – Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail
Tél : 01 45 84 24 24

« … Mme D. est d’accord pour répondre à votre interview, mais elle ne souhaite plus relater précisément l’agression sexuelle dont elle a été victime. Elle dira qu’elle a été victime d’une agression sexuelle au travail mais sans la décrire. Elle pourra aussi vous dire que les femmes de chambre sont très souvent l’objet d’agissements intempestifs à caractère sexuel commis par des clients qui semblent considérer que « ça fait partie du boulot »…

- Ah bon ? Je ne peux pas faire un sujet avec rien dedans.

- Il n’y aura pas rien dedans, elle dira qu’elle a été victime d’une agression sexuelle. C’est juste qu’elle ne veut plus rentrer dans les détails. Aujourd’hui, si elle accepte de témoigner, c’est parce qu’elle juge qu’il est important de mettre en cause son employeur, la justice…

- Mais vous comprenez, j’ai des comptes à rendre à ma rédaction, moi.

- Oui mais ça… ça vous regarde. C’est à vous de décider si le témoignage de Mme D. rentre dans le cadre de votre sujet, pas à nous de répondre à une commande« .

Dire, être et jouir

Ca clite mais ça veut dire quoi ? Petit clin d’oeil au mot de ralliement des « militantes » d’Osez le féminisme » , qui depuis hier, « clitent » sur facebook, en parlant de leur campagne Osez le clito.

Clin d’oeil non dénué d’arrière-pensée. Il ne s’agit pas ici de faire jeune ou de lancer des mots qui ne veulent rien dire, mais de parler d’un sujet tout à fait sérieux!

L’éducation sexuelle.

En réaction à mon article et à la campagne, j’ai lui pas mal de choses depuis ce matin.

Parmi elles, « est-ce que tu as découvert hier que t’avais un clitoris » ? En s’adressant à moi. Alors, je rassure la charmante commentatrice, non, ça ne date pas d’hier, ça fait même quelques décennies…en revanche, même si ça datait d’hier, mieux vaudrait tard que jamais ! Et quand j’étais petite, je ne savais pas forcément alors que ça avait un nom ni que c’était une partie de mon sexe…j’arrête là pour les confidences…

Tout ça  pour dire que parmi les réactions, il y en a qui critiquent fort la campagne en disant qu’elle contribue à réduire les femmes à leur sexe-sexualité. Si je crois personnellement que le choix de l’image joue dans ce sens, je pense que c’est très exagéré.  Il y en a qui disent qu’on devrait arrêter de ne parler que de ça et qu’il faut aussi parler des sujets écomoniques, politiques, etc… OUI, il faut parler de tout, mais si le clitoris est politique, alors on fait ici bel et bien de la politique en en parlant.

Et c’est justement ce que je trouve dommage avec cette campagne : elle est très juste sur le fond, parler du clitoris, osez dire ce mot, le faire sortir du tabou, c’est politique. En revanche, le représenter comme un « en soi », pour attirer l’oeil, c’est un risque politique. Le risque de devoir utiliser l’imaginaire dominant pour le dénoncer…

Mais aussi, je voudrais réagir à celles qui disent « c’est ringard, nous l’avons déjà dit dans les années 70 ». On est au coeur d’un problème central au féminisme. OUI, c’est vrai, cela a été dit. Mais visiblement, si cela a été dit par les féministes, si le rapport Hite est en lui même bien plus fort que tous les « osez le clito » du monde, ce n’est pas pour autant que la petite fille née en 1970, ni celle née en 1980, ni celle née en 2000 a su qu’elle avait un clitoris, ou à su que le rapport en question existait (voir ci-contre). Parce que si le mot est resté tabou (et vu les réactions, il semble bien qu’il le soit, comme dit Valérie), cela veut dire que les mères  n’ont pas (pu) dit à leurs filles qu’elles avaient un clitoris, que les pères n’ont pas dit à leurs fils que les filles en avaient un et vice et versa, que les manuels d’éducation sexuelle n’ont pas dit que les filles avaient un clitoris et l’ont encore moins montré, ni expliqué que c’était le seul organe totalement dédié au plaisir. Et ce n’est pas parce que des féministes l’ont dit il y a 40 ans que même la plus féministe des féministes si elle a eu une fille n’a pas eu une hésitation avant de lui dire : là c’est ton clitoris, la ta vulve, tes lèvres ton vagin etc…et que ce n’est évident pour personne de parler sexualité aux enfants…si bien que oui, aujourd’hui, il y a certainement encore beaucoup de filles qui ont dû mal à dire le terme, à éprouver que c’est un instigateur de plaisirs, à concevoir leur sexualité comme « à elles » et non pas en « réaction à ». Et ce n’est ni en les moquant, ni en disant, ça ne sert à rien, on l’a déjà fait qu’on fera avancer les choses.
Et, si je n’aime pas l’affiche, ce que j’aime dans le ton des filles d’OLF, c’est la liberté avec laquelle elles disent les choses. Pour moi, c’est ça la VRAIE liberté sexuelle.

C’est peut-être aussi la liberté de nous dire qui nous donne la liberté d’être et de jouir…

Revoici Osez le clito ! autour d’une affiche et d’une belle campagne

Revoici l’article retiré pour cause d’embargo…avec l’affiche !

Alors je commence par dire Bravo à Osez le féminisme, qui a lancé sa campagne pour le clitoris, cet organe du plaisir féminin mal connu.
Avec « Osez le clito ! », l’association souhaite affirmer « que les sexualités des femmes sont multiples, se vivent en dehors de toutes procréation, ne sont pas forcément complémentaires du sexe masculin ». Et condamne fermement toute mutilation de cet instrument de plaisir, souvent d’ailleurs, au nom de l’interdiction du plaisir pour les femmes, dont le corps, toujours, doit être maîtrisé…

Une campagne très importante, en particulier en mettant en avant le droit aux plaisirs des femmes. Ainsi, le slogan repris sur l’affiche est : instigateur de plaisirs. C’est bien. Le clitoris, et la tête, font bien l’affaire ;-)

Et pourtant, je le dis d’autant plus aisément que je soutiens cette campagne, je n’aime pas cette affiche, qui prend le cadre (un peu réduit de « l’origine du monde ») et y dessine schématiquement un clitoris. Les autres parties du sexe féminin sont gommées, heureusement on voit les poils. Pas de vulve.

Et surtout, on ne voit pas le reste du corps des femmes. Or, si le clitoris a besoin d’être connu, le fait qu’il fasse 11 centimètres n’est pas une performance en soi !  Mais comme celle du sexe des hommes, on s’en fiche aussi un peu, de sa taille…On ne va quand même pas jouer ça…elle n’a d’intérêt que parce qu’elle nous apprend que l’on peut en récupérer une partie en cas de mutilation sexuelle pour faire la réparation dans certains cas. Ou pour moucher certains idiots qui feraient de la taille de leur pénis un argument de supériorité.

Donc, très bien de montrer ce qui n’est pas immédiatement visible, aussi pour comprendre comment, pourquoi, nous avons du plaisir « de partout », et que même quand un orgasme est dit vaginal, cela n’est pas sans rapport avec la présence du clitoris tout autour.

Mais pour avoir du plaisir, s’il nous faut connaître notre corps, nous n’avons pas besoin de savoir sa taille ou sa forme. Nous avons besoin de savoir qu’il est là, et fondamental dans notre sexualité. Aux côtés de cette autre partie de notre corps qui est fondamentale, quelle que soit sa taille : c’est notre cerveau. Et ce qui me gêne, ici, c’est qu’on réduit les femmes à leur sexe. Avec une partie de leur sexe trop ignorée et martyrisée, certes. Mais avant de voir de quoi il s’agissait, cela m’a fait penser au cadrage d’une image porno : qui fait exactement un gros plan sur cette partie là du corps des femmes.

Autre chose, encore : c’est un regard extérieur, qui voit le sexe des femmes différemment, et est invité à y prêter attention…cela s’adresse donc à celui qui regarde et devrait avoir plus conscience qu’il existe et à l’inclure dans la vie sexuelle. C’est bien, mais c’est écarter la vision subjective, qui s’adresse aux femmes…

Voila, c’est très difficile de faire une affiche, c’est très difficile de plaire à tout le monde, et Osez le féminisme, fait vraiment un gros travail . Mais je pense que faire du buzz et débattre de cette question de la représentation des femmes dans l’image, de leur sexe, de leur sexualité, est crucial, et que toute occasion est bonne ! Parce que les images qui ne montrent pas la tête des femmes, sont incroyablement nombreuses. Et que c’est un réflexe que toutes nous avons tendance à avoir, semble-t-il.  Ainsi, dans le flyer du colloque de l’IEC, que j’ai publié la semaine dernière, c’est pareil. Il y a deux femmes nues enlacées, une dont on voit la tête, de dos, l’autre, celle qui aurait été de face, dont la tête est coupée…mon corps a-t-il un sexe. Ou plutôt : mon corps a-t-il une tête ?

Et donc, n’hésitez pas à réagir, et me donner votre avis, ça m’intéresse…

Sandrine GOLDSCHMIDT

Teledebout contre le sexisme : jeunes, à vos caméras, pour changer le monde !


Teledebout.org (téléweb féministe pédagogique), qui existe depuis septembre dernier et a déjà une grande richesse de vidéos à proposer, lance un concours vidéos jeunesse « Buzzons contre le sexisme ». Voici une bonne occasion de demander aux jeunes d’essayer de réfléchir un peu à nos représentations du genre, des sexes, et en particulier des femmes ? N’hésitez pas à en parler autour de vous, voici sa présentation :

« Vous avez entre 10 et 22 ans et envie de changer le monde ?
Participez, seul-e, avec votre classe ou en équipe, à notre super concours  » Buzzons contre le sexisme  » …. Réalisez une vidéo drôle, sérieuse, révoltée, déjantée.
Les règles du jeu sont simples : Réalisez une vidéo d’une durée de 2 à 20 minutes, avec une caméra ou même votre téléphone portable. L’important est d’avoir des idées, des choses à dire, à montrer et une grande envie que le monde bouge…
Toutes les infos et inscriptions aux liens suivants :http://teledebout.org/concours/qui-quoi-comment/
Pour les jeunes de 10 à 22 ans
Pour les enseignant-e-s, educatrices/teurs…etc.. qui veulent inscrire leur groupe http://teledebout.org/concours/categorie-video-accompagnee
A vos caméras, vos imaginations, vos neurones, lancez-vous dans cette belle aventure avec nous et ensemble « Buzzons contre le sexisme ».