Pour en finir avec l’amour fou…

D’ordinaire, je n’écoute jamais la radio. Exception faite du retour de vacances en voiture…une radio qui passe des « chansons de légende », pendant plus de deux heures…alors, d’abord, moi qui écoute beaucoup de chanteuses, je n’ai guère eu l’occasion d’entendre de voix de femmes pendant ce temps là…à part France Gall, au moins deux fois…et Véronique Sanson…

Et puis, j’ai eu droit à tous les « grands », ces « grands hommes » qui chantent l’amour, de ce pseudo-amour qui rime avec « possession », nourriture narcissique…cet amour « de 7 à 77 ans », dirait Michel Sardou…(grrrr…)

Vous savez, cet « amour fou », dont les journaux nous rebattent les oreilles et qui cherche à justifier tous les plus grands crimes contre les femmes, contre les enfants…et dont les journaux se font l’écho. Quand on cherche, d’ailleurs, crime passionnel sur wikipedia, rien qui dise que c’est en fait un crime de la domination, qui cherche sa justification et réussit à passer inaperçu. Eh bien, dans les chansons, c’est tout à fait ça. Nos grandes idoles hurlent que « ce n’est pas leur faute » à longueur de chanson, demandent pardon (moment bien connu du cycle de la violence), cherchent par tous les moyens à se déculpabiliser…en faisant aussi croire, que c’est ça, l’amour, auquel nous devrions rêver…

Je n’en citerai donc que deux, ceux que j’ai eu la (mal) chance d’entendre sur la route du retour de vacances, de deux « monuments » des années 60, Halliday et Lennon…

Requiem pour un fou :

« Je n’étais qu’un fou mais par amour
Elle a fait de moi un fou, un fou d’amour
Mon ciel c’était ses yeux, sa bouche
Ma vie c’était son corps, son coeur
Je l’aimais tant que pour la garder je l’ai tuée »

Pour qu’un grand amour vive toujours
Il faut qu’il meurt, qu’il meurt d’amour.

L’autre, c’est John Lennon, « I am just a jealous guy »…

« I was dreaming of the pas/And my heart was beating fast/I began to lose control/I began to lose control

I didn’t mean to hurt you

I’m sorry that I made you cry

Oh no, I didn’t want to hurt you

I’m just a jealous guy »

Alors bien sûr, ici, ce n’est pas aussi clair…c’est plus enveloppé, dans une mélodie enjôleuse et d’une douceur infinie…eh bien sûr, l’homme n’est que jaloux…et il faudrait le pardonner. Moi, je préfère la réponse de « La Marseillaise des cotillons », que je publiais l’an dernier aux côtés d’autres chansons de liberté, ici :

« Tremblez, maris jaloux, respect aux Cotillons »…

Enfin, les femmes ne sont pas en reste, on connaît bien sûr « mon homme », défendue par Françoise Giroud face à Pivot dans l’émission que « Maso et Miso vont en bateau » de Carole Roussopoulos, Delphine Seyrig, Ioana Wieder et Nadja Ringart dénonçait.

Et je viens de découvrir « la femme est faite pour l’homme », d’Arletty…tout un programme. Jugez plutôt :

« Quand au paradis
Sous un pommier couvert de fruits
Adam vit la femme,
il fut bien surpris
Il fit, stupéfait
«Ce p’tit joujou, pourquoi qu’c’est fait ?»

Tiens, moi je préfère, à propos d’Adam et Eve, celle-ci, « La faute à Eve », et beaucoup d’autres chansons d’Anne Sylvestre…

Et sans oublier Lilith…

10 réflexions sur “Pour en finir avec l’amour fou…

  1. 100 % d’accord !

    Encore hier, j’ai lu une nouvelle de Gabriel Garzia Marquez où on évoquait « l’amour passionnel » d’un individu ayant tué sa « bien-aimée »…

    Je ne vois pas d’amour là-dedans !

    Je crois qu’en feuilletant un jour ce numéro de Derveau et Psycho (http://www.cerveauetpsycho.fr/ewb_pages/s/sommaire_pls.php?art_id=25726&num=3), ils analysaient ces cas de « meutres passionnels » en disant que justement, ça n’était en aucun un signe d’amour.

    Je ne connais pas bien cette revue, mais ça avait l’air pas mal… J’aurais du l’acheter !

  2. Anne Sylvestre ! là tu me prends par les sentiments !!! 🙂

    (bien sûr : 100 % d’accord avec le billet)

  3. Ah ben celle de Lenon je l’interprétais justement comme un gars qui se sait faible et l’avoue, sans chercher à changer mais non plus se trouver d’excuses. Pour moi, c’était une chanson fataliste sur sa lâcheté.
    Après, c’est ambiguë, et tout dépend de la manière dont elle est interprétée, dans le sens « acteur » du terme.
    Mais sinon, 100% d’accord avec toi. Je me rappelle que déjà, petite fille, ces chansons me mettaient très mal à l’aise.

    1. oui, je comprends, il y a une partie de la chanson qui laisse penser ça, parce que justement, c’est un peu l’excuse permanente. Il s’apitoie sur son sort, et tu as raison, c’est ambigu…mais ça reste a priori un mec qui pète les plombs parce qu’il est quitté, un homme jaloux, quoi… et ça me met aujourd’hui très mal à l’aise moi aussi…

  4. « Les femmes font leur coming-out d’êtres humains. Historiquement, les femmes ont joué le rôle de bétail, de monnaie d’échange, de moyen de transport, d’allégorie, de muse, de jouet sexuel et de vache à lait, mais d’être humain, rarement (…) Quand les femmes changent de place, tout le monde change de place. » Isabelle Alonso – Même pas mâle !, La révolution clandestine
    http://www.decitre.fr/livres/Meme-pas-male-La-revolution-clandestine.aspx/9782266189507

    Tue-t-on par amitié ? Jamais ! Tue-t-on par amour ? Impossible, l’amour recherche la présence de l’aimé et souhaite son bien. Tue-t-on par jalousie ? Malheureusement oui, et un grand nombre de comportements violents, humiliants et dévalorisants à l’encontre d’un partenaire amoureux sont dictés par la jalousie.
    Et malgré cela, de nombreuses personnes pensent que la jalousie est une preuve d’amour…
    La jalousie n’est pas une émotion fondamentale comme la colère, la peur, la tristesse ou la joie, mais apparait vers l’âge de 18 mois en moyenne, quand un concept de soi est formé.
    La jalousie se base sur un sentiment de possession et/ou sur une faible estime de soi.
    http://www.withatti.com/blog/index.php?2007/09/10/265-les-10-plus-gros-mensonges-sur-lamour-et-la-vie-de-couple-no6

    Dans l’amour, il n’est pas question de possession : intimité, oui, complicité, oui, engagement, oui, sentiments, oui mais possession, non ! Dans une relation amoureuse, aucun des partenaires ne possède l’autre puisque l’amour se nourrit de liberté. C’est de plein gré et avec plaisir que l’on se donne à cet autre. L’obligation tue l’amour ; elle ôte cette liberté fondamentale et réduit ainsi le partenaire à l’état de serviteur dont on peut user à sa guise. C’est sans doute dans des phrases comme ton corps m’appartient, largement relayées par l’Église, qu’il faut voir la source de nombreuses détresses conjugales. Par conséquent, si la jalousie procède d’un instinct de possession lésé, elle ne s’inscrit déjà plus dans la dynamique de l’amour, ainsi que le prétendait La Rochefoucauld : Il y a dans la jalousie plus d’amour-propre que d’amour.
    http://www.psychanalysemagazine.com/amour_seduction_sexualite_couple_jalousie_amour.html

    Mars la conquête ; Vénus la diplomatie et le souci de l’autre
    contrôle, domination, maîtrise, empire, disposition, jouissance, propriété, usage, détention, connaissance, bien, conquête, domaine
    http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=possession

  5. j’aime aussi Brassens : « ne jetez pas la pierre à la femme adultère, je suis derrière… »

    « Sur le Titanic, j’aurais crié les femmes adultères d’abord »

    plutôt que l’amour fou… préférons l’amour d’abord…

  6. Merci pour cet article, ca fait déjà quelques temps que je me fais cette réflexion : les « chansons d’amour » décrivent très souvent un schéma glaçant, les femmes dépendantes, manipulées par des beaux-parleurs qui les maltraitent, les hommes forts, virils et durs mais bien désolés quand même…une façon un peu romantique de décrire un système de domination qui peut aller très loin, et d’entretenir la normalité de ce système…

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