Tristane Banon 2ème partie : « les féministes, c’était les seules à dire la vérité »

Voici la suite des videos tournées lors de l’intervention de Tristane Banon à la librairie Violette and co le 26 novembre dernier, pour la présentation à un public féministe de son livre « Le bal des hypocrites ».

Dans cette deuxième partie, Banon explique comment ce qui s’est passé depuis mai lui a permis de prendre conscience qu’elle n’était pas seule, de la difficulté des femmes à porter plainte, et de la nécessité de le faire, pour changer la société :

Ensuite, questionnée sur ses rapports avec les féministes (elle s’est beaucoup montrée aux côtés d’Olivia Catlan de Paroles de femmes), elle a expliqué comment sa vision des choses avait changé. Pour elle aujourd’hui, les féministes sont un acteur crucial du changement de la société.

Du coup, il se pourrait bien, qu’elle partage à l’avenir son expérience : passée d’une méfiance à l’égard du mouvement féministe, elle considère aujourd’hui qu’il n’y a pas plus moderne que le féminisme.

Enfin, elle est revenue d’une façon intéressante sur l »émission d’Ardisson en 2007, alors qu’on lui posait une nouvelle fois la question de son attitude à ce moment-là. Belle réponse, appuyée par Annie, sur les moments de révélation des violences, et surtout sur l’incrédulité quand la parole reste lettre morte…

Videos Joss, Sylvie, Sandrine.
Vous pouvez également voir ces videos sur le blog de Sylvie « Féministes en tous genres ».

8 réflexions sur “Tristane Banon 2ème partie : « les féministes, c’était les seules à dire la vérité »

  1. courage contre l’abnégation… combat contre ce qu’on nous interdit de dire, qu’il est conseillé de taire… vous donnez envie de dire ce qu’on ne devrait pas dire même si dans un premier temps cela risque et risquera toujours d’en poser… ces problèmes peuvent être d’autant plus violents que le couple ou la simple proie (viol par un inconnu) se connaissent ou vivaient depuis longtemps ensemble bien qu’il n’y ait pas de rapport logique entre le fait que si ça fait 20 ans qu’on vit ensemble si ça craque, si il y a séparation que ça puisse devenir violent pour les deux parties… généralement l’un est plus blessé que l’autre même si le couple se sépare sur de bons termes , dans de bonnes conditions… même parfois en de meilleurs rapports d’entente… Certains se demandent même si il ne serait pas plus prudent dans une rencontre d’avoir toujours un témoin comme à son mariage et de ne pas rencontrer seul… en « tête à tête »… la relation publique est la garantie sécuritaire de l’impossibilité d’en venir à des violences physiques dans la vie d’un couple… la violence des couples qu’on ne voient pas, qui sont isolés, qui vivent loin de toute possibilité de propager une parole dénonçant les actes malveillants…

  2. Merci pour cette mise à disposition de ce moment vécu… Mais, Sandrine, je ne réussis pas à obtenir les images du 2ème ni du 4ème segment… Ni chez toi ni chez Sylvie. Est-ce mon ordino ou bien…?

    1. ah, de où je suis ça marche…ça dépend peut être du navigateur…ou problème temporaire ? ou alors c’est ton ordi 😉

  3. Tout cela (la deuxième vidéo) vaut peut-être pour les femmes violées adultes…
    Je connais un énorme nombre de victimes d’inceste qui regrettent d’avoir porté plainte, moi la première, et pour l’instant je ne suis que dans l’attente puisque 11 mois après ma plainte, aucun début d’enquête n’a encore eu lieu, mais j’ai été très mal reçue, on est loin du soulagement dont parle Tristane, bcp de victimes sont reçues par des gens non formés qui les enfoncent dans la culpabilité.
    J’avais un papier sur moi on m’a dit « on n’est pas là pour faire une dictée » on m’a refusé les toilettes , je ne sais pas à qui j’ai parlé, l’autre flic à côté est entré sans dire un mot ni bonjour ni rien…
    On a refusé de me poser des questions pour m’aider à être précise et j’en passe.
    Oui je regrette et non je ne conseillerai jamais de porter plainte (sauf mineure que je signalerai évidemment et personne étant encore en danger )

    1. Même si cela semble pénible aujourd’hui, il ne faut pas regretter d’avoir porté plainte car chaque victime qui porte plainte contribue à faire changer la société.
      Le témoignage sur le mépris et la suspicion que chaque victime affronte lorsqu’elle porte plainte, ce témoignage est important. Votre témoignage, sur la façon dont vous avez été reçue, est important. Il met en évidence l’hypocrisie de notre société, le non respect des lois, le non respect des droits des victimes.
      Rien ne peut changer si les victimes ne portent pas plainte. Ne regrettez pas d’avoir porté plainte et gardez courage.

  4. « Les féministes sont un acteur crucial du changement de la société. » (TB)

    Tout passera par là.

    Le féminisme est désormais une stratégie incontournable dans la lutte contre le patriarcat et son associé le machisme, et dans la lutte pour la protection de l’Enfance.

    La dénonciation d’inceste est irrecevable dans une société machiste et patriarcale : impossible de toucher à ces bases de culture prémoderne dans laquelle les parents continuent d’être assimilés soit à l’image d’un dieu hiératique, nourricier et protecteur, soit à l’image de la « vierge à l’enfant ».

    On a préféré admettre officieusement, dans les tribunaux, dans les cabinets de psychanalyse et dans l’idéologie patriarcale, que l’inceste était admissible : le tabou qui l’entoure ne fait que le protéger.

    Victor Khagan

  5. Tristane Banon parle du rôle de l’école. L’école devrait être un lieu d’information et de formation des filles et des garçons. Malheureusement, tout comme la société, l’école ferme les yeux face aux violences. Lorsque la vérité dérange, lorsque la vérité n’est pas présentable, nombreux sont ceux et celles qui préfèrent fermer les yeux ou regarder ailleurs.

    Ma fille aînée avait 13 ans lorsqu’elle a été harcelée sexuellement et frappée par un garçon de sa classe. Elle avait honte et n’osait pas m’en parler. Pendant trois mois, elle a souffert en silence. Je voyais qu’elle allait mal et je cherchais les causes, je la questionnais et elle criait qu’elle ne voulait plus aller à l’école. Un jour, ce garçon a tenté d’aller plus loin et elle a pris des ciseaux et lui a dit : « Si tu me touches, je te tue. » Un professeur a vu et entendu, il a demandé aux deux élèves de s’approcher. Ma fille lui a dit que ce garçon la harcelait depuis plusieurs mois et qu’il avait essayé d’aller plus loin. Le garçon a pris un air innocent et a nié les faits. Le professeur a pris le parti du garçon contre ma fille.

    Ce jour là, elle est rentrée furieuse chez nous et en larmes m’a tout raconté. Je n’ai pas mis sa parole en doute, je l’ai emmenée le jour même au commissariat de police et nous avons porté plainte. Nous avons écrit à la directrice de l’école, j’ai été convoquée et on a osé me dire que ma fille avait peut-être un peu provoqué ce garçon. J’ai été choquée de la légèreté avec laquelle cette affaire a été traitée. Le garçon n’a pas été inquiété, il est toujours dans cette école. Ma fille a été obligée de quitter l’école car elle se faisait insulter par les copains du garçon : « Sale balance, pourquoi tu l’as accusé, salope, on va t’avoir, etc. »
    Ma fille est en seconde par correspondance. Je n’ai pas retiré la plainte, mais je ne suis pas allée devant un tribunal car je sais qu’il y aura un non-lieu. La parole de ma fille contre la parole de ce « pauvre » garçon. Il est évident que ce garçon est un futur violeur. Je l’ai signalé au nouveau directeur de l’école. Si une autre plainte contre lui est déposée, alors nous pourrons témoigner devant un tribunal.

    La vérité dérange, alors la société accuse les victimes de mentir. C’est regrettable et il faut que cela CHANGE.

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