Revoici l’article retiré pour cause d’embargo…avec l’affiche !
Alors je commence par dire Bravo à Osez le féminisme, qui a lancé sa campagne pour le clitoris, cet organe du plaisir féminin mal connu.
Avec « Osez le clito ! », l’association souhaite affirmer « que les sexualités des femmes sont multiples, se vivent en dehors de toutes procréation, ne sont pas forcément complémentaires du sexe masculin ». Et condamne fermement toute mutilation de cet instrument de plaisir, souvent d’ailleurs, au nom de l’interdiction du plaisir pour les femmes, dont le corps, toujours, doit être maîtrisé…
Une campagne très importante, en particulier en mettant en avant le droit aux plaisirs des femmes. Ainsi, le slogan repris sur l’affiche est : instigateur de plaisirs. C’est bien. Le clitoris, et la tête, font bien l’affaire
Et pourtant, je le dis d’autant plus aisément que je soutiens cette campagne, je n’aime pas cette affiche, qui prend le cadre (un peu réduit de « l’origine du monde ») et y dessine schématiquement un clitoris. Les autres parties du sexe féminin sont gommées, heureusement on voit les poils. Pas de vulve.
Et surtout, on ne voit pas le reste du corps des femmes. Or, si le clitoris a besoin d’être connu, le fait qu’il fasse 11 centimètres n’est pas une performance en soi ! Mais comme celle du sexe des hommes, on s’en fiche aussi un peu, de sa taille…On ne va quand même pas jouer ça…elle n’a d’intérêt que parce qu’elle nous apprend que l’on peut en récupérer une partie en cas de mutilation sexuelle pour faire la réparation dans certains cas. Ou pour moucher certains idiots qui feraient de la taille de leur pénis un argument de supériorité.
Donc, très bien de montrer ce qui n’est pas immédiatement visible, aussi pour comprendre comment, pourquoi, nous avons du plaisir « de partout », et que même quand un orgasme est dit vaginal, cela n’est pas sans rapport avec la présence du clitoris tout autour.
Mais pour avoir du plaisir, s’il nous faut connaître notre corps, nous n’avons pas besoin de savoir sa taille ou sa forme. Nous avons besoin de savoir qu’il est là, et fondamental dans notre sexualité. Aux côtés de cette autre partie de notre corps qui est fondamentale, quelle que soit sa taille : c’est notre cerveau. Et ce qui me gêne, ici, c’est qu’on réduit les femmes à leur sexe. Avec une partie de leur sexe trop ignorée et martyrisée, certes. Mais avant de voir de quoi il s’agissait, cela m’a fait penser au cadrage d’une image porno : qui fait exactement un gros plan sur cette partie là du corps des femmes.
Autre chose, encore : c’est un regard extérieur, qui voit le sexe des femmes différemment, et est invité à y prêter attention…cela s’adresse donc à celui qui regarde et devrait avoir plus conscience qu’il existe et à l’inclure dans la vie sexuelle. C’est bien, mais c’est écarter la vision subjective, qui s’adresse aux femmes…
Voila, c’est très difficile de faire une affiche, c’est très difficile de plaire à tout le monde, et Osez le féminisme, fait vraiment un gros travail . Mais je pense que faire du buzz et débattre de cette question de la représentation des femmes dans l’image, de leur sexe, de leur sexualité, est crucial, et que toute occasion est bonne ! Parce que les images qui ne montrent pas la tête des femmes, sont incroyablement nombreuses. Et que c’est un réflexe que toutes nous avons tendance à avoir, semble-t-il. Ainsi, dans le flyer du colloque de l’IEC, que j’ai publié la semaine dernière, c’est pareil. Il y a deux femmes nues enlacées, une dont on voit la tête, de dos, l’autre, celle qui aurait été de face, dont la tête est coupée…mon corps a-t-il un sexe. Ou plutôt : mon corps a-t-il une tête ?
Et donc, n’hésitez pas à réagir, et me donner votre avis, ça m’intéresse…
Sandrine GOLDSCHMIDT