Abolition : les jeunes se rallient, les prostitueurs dans le collimateur

Trois infos importantes aujourd’hui :

Capture d’écran 2013-09-24 à 15.44.26D’abord, le site d’Abolition 2012 a fait peau neuve : c’est le lieu où se trouvent nos recommandations et les signataires de l’appel (et ou vous pouvez le signer, d’ailleurs). Ensuite, il renvoie vers les outils « d’actualité », blog, réseaux sociaux d’Abolition 2012.
Parmi ces outils, outre Twitter et Facebook, un nouveau Tumblr, conçu par Lise Fée Ministe, dont le Scoop.it est déjà célèbre, qui présente des « paroles de clients ». Paroles de prostiteurs, donc, que la loi -si elle est inscrite au Parlement proposerait de pénaliser par -en premier lieu, une amende (délit en cas de récidive).

A lire les paroles de ces hommes qui achètent des femmes comme de la viande, on comprend toute l’intensité de la violence de l’acte prostitutionnel. AVERTISSEMENT : la lecture n’en est pas facile, tellement c’est violent…

C’est ici : http://prostitueurs.tumblr.com/

Autre initiative du jour, l’appel des jeunes pour l’abolition, paru dans Libération, et qui a son site ici :

abolijeunes

http://lesjeunespourlabolition.fr/ 
– Fatima Benomar, Secrétaire Générale des EfFRONTé-e-s
– Ivan Demanthon, Président de l’Union Nationale Lycéenne (UNL)
– Vanessa Favaro, Présidente de La Mutuelle des Etudiants (LMDE)
– Nordine Idir, Secrétaire Général du  Mouvement des Jeunes Communistes Français (MJCF)
– Anne-Cécile Mailfert, Porte Parole d’Osez le féminisme ! (OLF)
– Thierry Marchal-Beck, Président du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS)
– Hugo Pompugnac, Secrétaire Général de l’Union des Etudiants Communistes (UEC)
– Emmanuel Zemmour, Président de l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF)

A noter qu’un rassemblement « les jeunes pour l’abolition » est appelé ce soir sur L’île aux Cygnes à Paris près de la « statue de la Liberté ») à 19h30

5 femmes au Panthéon !

PanthéonCertes, le Panthéon, lieu où « aux grands hommes la patrie » se veut « reconnaissante n’est pas le lieu idéal pour commémorer les figures historiques féminines. Toutefois, si l’on agit dans un monde d’hommes, alors il faut bien viser les lieux qu’ils reconnaissent comme historiques. C’est, féministement rageant, mais assez obligé.

Et je crois que cela ne peut guère faire de mal que la République rende honneurs aux femmes qui ont fait son histoire. Et c’est toujours réconfortant de se réunir, pour des actions, mêmes symboliques, qui montrent qu’on n’est pas seules.

Voici donc des photos de l’action co-organisée par Osez le féminisme, La Barbe et la CLEF (Coordination pour un lobby européen des femmes) au Panthéon ce 26 août, pour demander au Président de la République la Panthéonisation de 5 femmes :

Solitude, figure de la lutte des escalves noirEs en Guadeloupe, Olympe de Gouges, révolutionnaire et rédactrice de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Louise Michel, héroïne de la Commune de Paris, Simone de Beauvoir, l’auteure du « Deuxième sexe » et Germaine Tillion, ethnologue et résistante.

De l’humour les féministes ? J’appelle l’AFP

« les féministes peuvent avoir de l’humour. C’est l’info du jour. Il faut appeler l’AFP ».

Non, non, ce n’est pas une blague…

Oui oui, c’est bien la conclusion de la journaliste après une interview hallucinante d’Anne-Cécile Mailfert, porte-parole d’Osez le féminisme, sur France Inter ce matin. 43 ans après, la femme du soldat inconnu doit se retourner dans sa tombe…(bon, c’est de l’humour, mais je ne sais pas si c’est drôle), d’entendre que les efforts des féministes atteignent si peu les cerveaux médiatiques…laquelle journaliste va même s’étonner que le féminisme d’OLF ne souhaite pas émasculer les hommes

Commémoration des 40 ans de l’action de l’Arc de triomphe…

Voici un bon résumé en quelques mots de ce que les médias font à la vérité et à l’histoire, de ce que l’histoire fait aux femmes…

Et puis je pointerai une question en particulier qui m’a interpellée. Clara Dupont-Monod qui adopte la tendance actuelle que le féminisme, cela serait quand même beaucoup mieux quand c’est des hommes qui le portent…en effet, dès qu’un homme serait féministe, il faudrait le féliciter et le remercier. Mais les femmes, ouh la la cela doit être des mangeuses d’hommes !

Alors ça vaut bien, 43 ans après l’action devant l’Arc de Triomphe, d’aller ce soir devant le Panthéon pour une nouvelle action, co-organisée par OLF et La Barbe, pour demander la « Panthéonisation » de deux femmes…

http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/civilisation-articles-section/parite/3048-manifestation-pour-un-pantheon-mixte

Abolition citoyenne : quand la place Pigalle devient « Place de l’Abolition »

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La Place Pigalle devenue Place de l’Abolition !

Je ne prétendrai pas ici donner un compte-rendu objectif de cette journée à la préparation de laquelle j’ai été de tous les instants…ce sera donc mon sentiment personnel. Quelle formidable journée ! Et voici un article du Point pour compléter : Les abolitionnistes gagnent du terrain. Merci aux centaines de personnes venues nous soutenir dans ce combat, venues manifester la volonté des citoynnEs qu’une loi d’abolition du système prostiteur soit votée d’ici la fin de l’année.

Merci aux 3 femmes sorties de la prostitution qui sont venues témoigner et dire le besoin qu’elles ont que nous soyons à leurs côtés, et de ne jamais relâcher l’effort pour que la prostitution, qui est une violence répétée et inhumaine faite aux femmes. Parmi elles, Laurence, formatrice depuis 28 ans, et pour qui la stigmatisation d’avoir été en situation de prostitution reste forte, et qui ne veut plus que la honte pèse sur les victimes. Blandine Métayer, auteure interprète, l’a dit elle aussi avec force et conviction : la honte doit changer de camp, elle ne doit plus être sur les personnes prostituées mais sur les prostitueurs : institutions complices, proxénètes et clients-prostitueurs-violeurs.

Autres moments forts, avec les vidéos du Premier secrétaire du PS, Harlem Désir, qui a délivré un message abolitionniste sans ambiguité, (bientôt en ligne), avec celle de Stella Marr, à la tête d’un réseau international de 95 survivantes, qui a aussi envoyé un message vidéo (voir la retranscription ci-dessous), et de la réalisatrice Eve Lamont, dont le film L’imposture devrait à tout prix être vu par toutEs (la vidéo également très bientôt en ligne).

Un petit film sur les 3 ans de lutte pour arriver à ce 13 avril :

Un super photomaton abolitionniste formidable dont les photos ont déjà circulé sur FacebookEnfin, une déclaration d’abolition lue par des associations d’abolition 2012, et une manifestation en fin de journée, de la Place Blanche à la Place Pigalle, pour porter notre combat au coeur même de ce quartier où trop de femmes sont victimes de l’exploitation et la violence du système prostitueur et ou trop d’hommes prostituent en toute impunité. Pendant quelques minutes, la place Pigalle est devenue celle de l’abolition.

Une utopie, qui doit devenir réalité. Pas demain, mais maintenant, parce qu’il y a urgence !

Merci à Christine Le Doaré pour les photos

Sandrine GOLDSCHMIDT

Intervention de Stella Marr :

Bonjour. Mon nom est Stella Marr et je suis directrice générale de SexTrafficking Survivors United, une organisation internationale qui rassemble plus de 95 survivantes de la prostitution. C’est un honneur pour moi que de pouvoir vous parler à cet important colloque. Victor Hugo a écrit : « On dit que l’esclavage a disparu de la civilisation européenne. C’est une erreur. Il existe toujours, mais il ne pèse plus que sur la femme et il s’appelle prostitution. » Celles d’entre nous qui avons connu la prostitution savons la vérité de ces paroles.
Ralph Ellison a écrit: «Nous sommes nombreux et nous devenons un seul. Ce n’est pas une prophétie mais une description du réel. » Celles d’entre nous qui avons vécu la prostitution en restons changées à jamais. Nous ne sommes plus simplement nous-mêmes, nous faisons partie de la fraternité des survivantes à travers le monde. Chaque matin, nous nous réveillons en pensant à celles d’entre nous qui souffrons de la prostitution, et nous sentons que nous devons faire quelque chose pour arrêter cela. Nous voulons libérer nos sœurs et nos frères et de la violence et de l’oppression de la prostitution. La meilleure solution disponible consiste à adopter des lois qui décriminalisent les personnes en prostitution, tout en criminalisant l’achat de services sexuels. Dans le même temps, les gouvernements doivent financer des programmes visant à aider les gens à sortir de la prostitution tout en lançant des programmes d’éducation et de prévention. La grande majorité des survivantes de la prostitution sont en faveur de ce type de législation. C’est parce que nous comprenons que tant que des hommes voudront acheter les personnes prostituées, il y aura des proxénètes violents et contraignants, il y aura de la violence et de la dégradation de la part des hommes qui achètent la classe prostituée. La prostitution est l’enfer dans une zone de guerre. Nous devons faire tout notre possible pour abolir un régime aussi violent.Aujourd’hui, mon cœur est plein d’espoir et d’amour parce que les survivantes de la prostitution disent la vérité à son sujet. Nous nous réunissons dans le monde entier. Il y a une puissante vague montante – la vague des voix des survivantes. La dynamique nous porte et rien ne peut l’arrêter. Nous remercions nos alliés pour leur travail acharné et pour leur soutien. Celles et ceux qui soutiennent la légalisation du proxénétisme et l’achat des gens de groupes vulnérables et marginalisés sont du mauvais côté de l’histoire. La culture française soutient depuis longtemps des visionnaires qui ont pris le parti des opprimés – Jeanne d’Arc, Rousseau, Hugo … et tant d’autres. Je crois que la France va poser le bon geste et une fois de plus conduire l’Europe vers la création d’un monde plus humain. La France va adopter des lois qui décriminalisent les personnes dans la prostitution, et qui criminalisent l’achat de services sexuels. La France va subventionner des programmes visant à aider les gens à sortir de la prostitution et à se remettre de ce terrible traumatisme physique et émotionnel. Vive la France! Vive l’abolition de la prostitution!Je vous remercie.

Revue du vendredi : images de V-day, et autres infos

Je vais faire texte court aujourd’hui, pour laisser place à une petite galerie de photos de la place Nikki de Saint-Phalle hier soir ou un millier de femmes ont dansé hier soir dans le cadre de One Billion Rising (voir billet précédent). Dans sous la lune et à la tombée du jour, ça donne une jolie ambiance photographique. Des danses de ce style ont eu lieu dans une cinquantaine de villes de France et dans 200 pays dans le monde entier. Pour voir tous les rassemblements, probablement le site d’OBR les reprendra.

Sinon, autre info, que je voulais traiter, cette affiche inouïe pour le handball féminin qu’on a vu circuler la semaine dernière : mais le blog d’une chienne de garde l’a fait et je vous recommande donc d’aller y voir : http://humourdedogue.blogspot.fr/2013/02/cest-une-affiche-pour-quoi-au-fait.html

Enfin, on aurait retrouvé la tête de « l’origine du monde ». C’est en effet la thèse de Paris-Match, par ailleurs très contestée. Courbet, en dessinant ce tableau, qui montre un sexe de femme, sur son corps mutilé par le cadre du tableau (jambes coupées et buste et tête absentes), aurait eu une tête au départ ! Ce serait extraordinaire ! La nécessité de couper la tête à une femme pour en faire une image, y aurait son origine ! Et ce dessin paru dans la presse dit finalement très bien les choses. Un homme, passant devant le tableau, avec une légende qui dit au dessus : « on a retrouvé la tête de l’origine du monde ». Et qui dit : « En même temps on s’en fout, de sa tête ». C’est exactement ça…

Pauvres hommes chosifiés !

L’affaire de la boutique « adopte un mec » a provoqué beaucoup de réactions offusquées, dont celle de féministes, avec la volonté claire de défendre les hommes ainsi « chosifiés ». Mais qu’est-ce qui se joue vraiment dans cette affaire ? La chosification des hommes ou le backlash masculiniste ? Analyse rapide…

Un site de rencontres semble traiter les hommes comme des objets de consommation, en créant une sorte de supermarché du mec, où les femmes peuvent venir se servir…pis, des hommes, des vrais (!) sont exposés dans une « boutique » …soi-disant au choix des femmes.
Ainsi, ce serait semble-t-il faire la même chose que d’exposer en pâture aux violeurs  les femmes qu’on emprisonne dans des bocaux pour les prostituer…celles pour qui, c’est bien connu, les hommes font tous les jours des actions coup de poing pour les défendre…

Sauf que…cela n’a rien à voir. Les hommes ne sont pas chosifiés, ils restent toujours sujets. Parce que leur éducation les a construits en tant que tels, alors que les femmes ont été bercées à n’être que des objets de (pseudo) désir, de service, à la disposition des hommes. Et le marketing ne suffit pas à changer la donne. Un homme derrière la vitrine, c’est, comme l’a finalement assez bien compris auféminin.com, une façon patriarcolibérale « d’offrir la belle illusion à la femme d’avoir le pouvoir sur l’homme. Une sorte de néo-féminisme pour débutantes ». Des débutantes, qui n’auraient pas compris que c’est le déterminisme culturel, sociologique, historique, social, politique, qui fait ici toute la différence…

Les « clientes », comprendront vite qu’elles ne décident de rien, et que c’est encore une façon de poursuivre l’oppression des femmes. C’est donc une action masculiniste, qui vise à faire croire que les femmes ont un pouvoir de sujet dans cette société, et que ce sont elles qui choisissent. Mais les hommes derrière les vitrines, eux, ont toujours plus de choix que les femmes. Derrière la vitrine, peut très bien se trouver un agresseur dont le regard sur la femme qui a l’illusion de le choisir, lui donnera le pouvoir. L’argent et le pouvoir, c’est toujours lui qui les a. Tout comme quand une femme croit acheter des accessoires de sa beauté -qui serait sa puissance. Il s’agit en fait uniquement de la démunir un peu plus, et de la rendre plus fragile face aux agresseurs.

Ainsi, il ne faut pas se tromper de cible : oui, cette action marketing du site de rencontres est pitoyable et mérite d’être dénoncée. Mais pas pour défendre ces pauvres hommes chosifiés…

Non, les hommes, qui s’embarrassent rarement, eux, de se mobiliser pour dénoncer la chosification, la mortification et la pornification systématique des femmes dans la culture, avec la pornographie, la publicité et le pseudo-art, mais préfèrent défendre la sacralité de leur liberté d’expression masculine (non, pas universelle, masculine), n’ont pas besoin qu’on prenne leur défense…ne nous faisons pas d’illusion, si cela mettait en danger leur position dominante, il y a bien longtemps qu’ils auraient pris les mesures qui s’imposent..

Et si elle mérite d’être dénoncée, cette boutique, c’est bien parce qu’elle est masculiniste : elle donne l’illusion à des femmes fragilisées, soumises depuis leur enfance à cette culture de la violence et de la pornification, qu’elles ont le pouvoir, qu’elles choisissent. Alors que ce n’est en fait qu’un effet du backlash que nous subissons.

S.G

 

Revue de presse : harcèlement sexuel, sexisme médiatique, pornographie

L’actualité est toujours aussi forte…en attendant une réponse longue au manifeste « nous, féministes » par femmes en resistance sur son blog et ici, dans quelques heures, voici une petite revue de presse.
1/Suite à l’abrogation du délit de harcèlement sexuel, trois infos intéressantes :

-l’Assemblée des femmes qui déclare le Conseil constitutionnel anti-constitutionnel parce que non paritaire (mais comment ne le serait-il pas : il doit statuer sur une constitution qui est forcément anti-constitutionnelle, puisque jamais bâtie avec l’égalité femmes-hommes en tête : donc, malgré la parité rajoutée, malgré les principes édictés qui devraient nous inclure, nous femmes, ce n’est pas possible !). A lire ici : http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/civilisation-articles-section/civilisation/1890-le-conseil-constitutionnel-en-accusation

et ici : feministesentousgenres.blogs.nouvelobs.com/archive/2012/05/10/inconstitutionnalite-du-conseil-constitutionnel.html

Toujours sur le harcèlement, une mauvaise nouvelle de plus : le harcèlement moral risque à son tour une question prioritaire de constitutionnalité, lesquelles sont en train de se transformer en machine à backlash, à faire reculer les droits des femmes : http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/05/10/apres-le-harcelement-sexuel-le-harcelement-moral-suspendu-a-une-qpc_1699660_3224.html

2/Le sexisme ambiant des médias, des institutions, du monde cinématographique, avec deux exemples : un, qui finit bien, l’immonde « tweet » de Pierre Salviac, qui après une carrière de journaliste sportif caractérisée par de nombreuses remarques sexistes, a fini par en payer le prix : RTL l’a renvoyé. Espérons que cela fera réfléchir ses confrères à deux fois ! A lire la mise au point d’Isabelle Germain sur le sujet : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/549870-merci-pierre-salviac-le-seuil-de-tolerance-au-sexisme-est-en-baisse.html

Et la performance qu’on avait remarquée mais contre laquelle La Barbe a lancé une pétition, du festival de Cannes, qui une fois de plus, n’a pas « trouvé » de film réalisé par une femme dans sa sélection. Il faut dire que 4 l’an dernier, cela devait être « trop »… A lire la réponse ici ! http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/05/11/a-cannes-les-femmes-montrent-leurs-bobines-les-hommes-leurs-films_1699989_3232.html On étudiera ensuite le » bechdel test » (voir sur ce blog)  du palmares, cela devrait être amusant…

3/ Sexualité et son ennemie la pornographie, enfin :

en commençant par une vraie réflexion sur la sexualité, par Lucie Sabau : http://egalite.blogs.liberation.fr/sexes/2012/05/sexualites-bien-liberees-commencent-par-soi-meme.html

En continuant par l’arme normative de la violence contre les femmes, la pornographie : mise au point sur le blog féministes radicales : « porno et féminisme, pas même combat ! »

Et pour faire contrepoids, ce lien vers un livre recueil de textes féministes sur la question : http://radicalhub.com/2012/03/11/big-porn-inc/
En résumé, plein de lectures, en trois jours à peine, on dirait que le féminisme, si on ne lui fait pas une place, commence à savoir s’en faire une lui-même !

S.G

Nous voulons l’égalité, maintenant !

Quand Osez le féminisme, cette association pleine d’énergie, de compétence et de sens de l’organisation, lance une campagne, c’est toujours impressionnant…

Ainsi, parfois, quand on est féministe et qu’on entend simplement : « 2012 : l’égalité, c’est maintenant », on se dit. Bon, elles sont bien gentilles, mais ça fait minimum 40 ans que nos copines se battent alors c’est pas encore pour 2012. Et puis, on regarde leur petit logo « tampon » habituel. Ce n’est pas forcément le summum de l’art. Cela dit, c’est clair, et ça se voit même sur des petits téléphones. Pas folles, les poil-à-gratter du sexisme ambiant. Ensuite, on va sur le site, dévoiléaujourd’hui, on lit l’appel, à signer, destiné aux politiques en perspective de l’élection présidentielle. C’est sur un ton modéré,politique, mais  juste. Il peut donc être signé de façon très large ! Bon, mais pour que ça serve à quelque chose, il faudrait plusieurs centaines de milliers de signatures, minimum. Alors à vos plumes (d’araignées de la toile) !

On va un peu plus loin sur le site, et on découvre tout un tas d’outils formidables, pour essayer de diffuser notre message, et arriver à cet objectif. Avec, en premier lieu, un très joli clip video. Il s’adresse aux femmes, aux femmes jeunes, et décrit comment on peut, sur une simple interpellation, découvrir que oui, le parcours d’une femme, ce n’est pas aussi facile que celui d’un homme (euphémisme). Et comme je le disais hier, ce sont les femmes qui, seules, peuvent faire changer les choses ! Il est donc intelligent, agréable à regarder (j’adore le pied de nez final), et destiné à un public large. Je recommande donc vivement de le diffuser, largement !

Enfin, un coup d’oeil aux chapitres du site : parce que si on veut l’égalité maintenant, il faut expliquer – en détail- pourquoi. Et c’est une des autres forces de l’association. Les onglets du site sont au nombre de 6, est c’est un centre de ressources sur l’égalité femmes-hommes très intéressant : Précarité, violences, liberté, sexisme, parité, parentalité. Au sein de chaque onglet, elles et ils nous proposent : un état des lieux, un bilan du quinquennat écoulé, le programme de chaque candidat-e sur le sujet, des reportages zooms, des témoignages videos d’expertes, et les revendications d’OLF.


En résumé, c’est un travail considérable, politique, très complet, et si je crois que c’est l’apanage de la jeunesse de penser qu’on peut avoir l’égalité maintenant, c’est aussi sa force, et ça ne coûte rien de la demander, haut et fort !
En écho à mon article « l’art de convaincre, convaincre avec l’art », je rajouterai qu’il faut aussi savoir poursuivre au-delà du calendrier politique. Tout cela, c’est un très beau condensé de nos revendications féministes, et dans l’agenda électoral, c’est parfaitement organisé. Mais puisque nous constatons que seules nous-mêmes pouvons changer les choses, les imposer, dire non, il nous faut aussi l’assortir de moyens concrets – et pas seulement de communication. OLF est notre porte-drapeau politique, aidons-les et encourageons-les, en le menant nous aussi, en  constituant les forces vives du refus au quotidien, des violences, des inégalités et des atteintes aux libertés qui sont faites à toutes les femmes. Réunissons toutes les compétences, les moyens financiers, les idées pour que nous soyons les actrices du changement. Agissons !

Avec le « manifeste pas de justice pas de paix », c’est ce que nous ferons, très prochainement. En attendant, bravo à Osez le féminisme !

S.G

A lire : revue de presse anti-nausée

Dans l’avalanche d’articles et d’infos qui nous sont tombés dessus, de l’incroyable journée du blanchiment prématuré au nouveau rebondissement de lundi, quelques articles sortent du lot.

D’abord, ceux qui, face au déchaînement contre Tristane Banon ou contre une femme dont pour l’instant on sait seulement que son récit des faits a comporté des inexactitudes, il est nécessaire de demander à celles qui, tous les jours, reçoivent des victimes de viol, quelles sont les conséquences d’un viol. Pour voir s’il n’y a pas quelque chose à comprendre. Ainsi, La docteure Muriel Salmona, présidente de l’association mémoire traumatique et victimologie et dont il est souvent question ici, a écrit un billet remarquable, baptisé « La nausée ». Suite à cela, elle est invitée par les journaux et sur les plateaux télé. Voici son interview dans 20 minutes. Pour celles qui n’ont pas le temps, c’est plus court, mais tout à fait percutant pour comprendre (comme si c’était compliqué) que si seules 10% des femmes victimes de viol portent plainte, c’est peut être aussi parce que seulement 3% des plaintes entraînent procès et 1% des agresseurs sont condamnés…

dans le même genre, ce premier rapport de l’ONU femmes est tout à fait intéressant : 127 pays ne punissent pas le viol conjugal, dit le rapport, qui souligne aussi que  « la non-divulgation des crimes contre les femmes est un grave problème dans toutes les régions du monde. Dans 57 pays, des études sur la criminalité montrent qu’en moyenne 10 % des femmes ont été victimes d’agressions sexuelles, mais seulement 11 % d’entre elles en font état.

Concernant les attaques envers les féministes, je pense que cela aurait pu être pire. L’article qui y répond le plus, c’est celui d’Audrey Pulvar et Clémentine Autain, « Non au procès du féminisme », en substance, même si la plaignante de New York a menti, les féministes ont raison de lancer une campagne contre le viol et la tolérance sociale qui l’entoure ! Dans le texte, il y a certaines choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord, (par exemple l’idée de « parole contre parole » : on sait que même pour les crimes commis envers les enfants 30 ans plus tôt on peut, si on veut, chercher des preuves et cette excuse-là est trop vite intégrée à mon avis / et le dernier paragraphe qui n’est pas nécessaire, le backlash existe de toutes façons, et existera même si rien n’est prouvé).

Voila je citerai encore ce papier des Nouvelles News sur la dénonciation calomnieuse qui nous donne un espoir,

et je vous mets la video du discours de Caroline de Haas, d’Osez le féminisme, à la fin des rencontres feministes en mouvement !

A noter l’appel à manifester samedi pour demander l’application de la loi du 9 juillet 2010, et le positionnement des féministes, « on ne lâchera rien » !

Sur le sujet qui nous concerne, ça commence à 2’32 jusqu’à 5’35. Merci Caroline.

Revoici Osez le clito ! autour d’une affiche et d’une belle campagne

Revoici l’article retiré pour cause d’embargo…avec l’affiche !

Alors je commence par dire Bravo à Osez le féminisme, qui a lancé sa campagne pour le clitoris, cet organe du plaisir féminin mal connu.
Avec « Osez le clito ! », l’association souhaite affirmer « que les sexualités des femmes sont multiples, se vivent en dehors de toutes procréation, ne sont pas forcément complémentaires du sexe masculin ». Et condamne fermement toute mutilation de cet instrument de plaisir, souvent d’ailleurs, au nom de l’interdiction du plaisir pour les femmes, dont le corps, toujours, doit être maîtrisé…

Une campagne très importante, en particulier en mettant en avant le droit aux plaisirs des femmes. Ainsi, le slogan repris sur l’affiche est : instigateur de plaisirs. C’est bien. Le clitoris, et la tête, font bien l’affaire ;-)

Et pourtant, je le dis d’autant plus aisément que je soutiens cette campagne, je n’aime pas cette affiche, qui prend le cadre (un peu réduit de « l’origine du monde ») et y dessine schématiquement un clitoris. Les autres parties du sexe féminin sont gommées, heureusement on voit les poils. Pas de vulve.

Et surtout, on ne voit pas le reste du corps des femmes. Or, si le clitoris a besoin d’être connu, le fait qu’il fasse 11 centimètres n’est pas une performance en soi !  Mais comme celle du sexe des hommes, on s’en fiche aussi un peu, de sa taille…On ne va quand même pas jouer ça…elle n’a d’intérêt que parce qu’elle nous apprend que l’on peut en récupérer une partie en cas de mutilation sexuelle pour faire la réparation dans certains cas. Ou pour moucher certains idiots qui feraient de la taille de leur pénis un argument de supériorité.

Donc, très bien de montrer ce qui n’est pas immédiatement visible, aussi pour comprendre comment, pourquoi, nous avons du plaisir « de partout », et que même quand un orgasme est dit vaginal, cela n’est pas sans rapport avec la présence du clitoris tout autour.

Mais pour avoir du plaisir, s’il nous faut connaître notre corps, nous n’avons pas besoin de savoir sa taille ou sa forme. Nous avons besoin de savoir qu’il est là, et fondamental dans notre sexualité. Aux côtés de cette autre partie de notre corps qui est fondamentale, quelle que soit sa taille : c’est notre cerveau. Et ce qui me gêne, ici, c’est qu’on réduit les femmes à leur sexe. Avec une partie de leur sexe trop ignorée et martyrisée, certes. Mais avant de voir de quoi il s’agissait, cela m’a fait penser au cadrage d’une image porno : qui fait exactement un gros plan sur cette partie là du corps des femmes.

Autre chose, encore : c’est un regard extérieur, qui voit le sexe des femmes différemment, et est invité à y prêter attention…cela s’adresse donc à celui qui regarde et devrait avoir plus conscience qu’il existe et à l’inclure dans la vie sexuelle. C’est bien, mais c’est écarter la vision subjective, qui s’adresse aux femmes…

Voila, c’est très difficile de faire une affiche, c’est très difficile de plaire à tout le monde, et Osez le féminisme, fait vraiment un gros travail . Mais je pense que faire du buzz et débattre de cette question de la représentation des femmes dans l’image, de leur sexe, de leur sexualité, est crucial, et que toute occasion est bonne ! Parce que les images qui ne montrent pas la tête des femmes, sont incroyablement nombreuses. Et que c’est un réflexe que toutes nous avons tendance à avoir, semble-t-il.  Ainsi, dans le flyer du colloque de l’IEC, que j’ai publié la semaine dernière, c’est pareil. Il y a deux femmes nues enlacées, une dont on voit la tête, de dos, l’autre, celle qui aurait été de face, dont la tête est coupée…mon corps a-t-il un sexe. Ou plutôt : mon corps a-t-il une tête ?

Et donc, n’hésitez pas à réagir, et me donner votre avis, ça m’intéresse…

Sandrine GOLDSCHMIDT