Le Gorafi en vrai : sexisme quand tu nous tiens

DSCF6528En l’espace de 2 heures, ce matin, j’ai trouvé sur Facebook 2 informations qui -dans un monde que j’imagine à l’endroit- auraient dû figurer sur le site legorafi.fr

Vous connaissez le Gorafi ? Figaro mélangé, c’est un site satirique suffisamment subtil pour que nous nous fassions tous et toutes avoir à un moment ou à un autre. Criant des « non, mais c’est pas vrai » à la lecture d’une info…suffisamment proche de la limite pour qu’on ne se rende pas de suite compte que « eh bien non, ce n’est pas vrai » !

Or ces deux informations trouvées dans mon réseau justifient à elles seules que nous nous fassions avoir. Car ici encore, à n’en pas douter, la réalité dépasse la fiction !

-Première info, elle est de taille et son seul titre mériterait les félicitations du site satirique :

Houellebecq présente un projet politique dans « Lui », nous disent Le Parisien ou encore Libération

Oui, oui, vous avez bien lu, c’est le magazine Lui de Beigbeder, opus largement sexiste désigné aux seuls hommes qui sert désormais de lieu pour développer une plateforme politique !. Alors je sais bien que le monde de la pornographie et de « l’érotisme » machiste a un poids fondamental sur ceux qui détiennent le pouvoir, mais tout de même…

Ah, le contenu maintenant. C’est du même ordre de pantalonnade que le titre. Houelletruc défend d’abord le fait de présenter son projet dans « Lui  »

« Il est assez inhabituel de lancer une campagne politique dans Lui, mais je ne dispose pas de beaucoup de relais d’opinion sérieux, et puis il faut changer les habitudes anciennes », explique Michel Houellebecq, « qui redoute une guerre civile ».

Ben voyons.

 Il faut dire que son projet politique qui se repaît du mot « démocratie directe » que tant aiment à galvauder ces jours-ci vaut le déplacement ! Réaliste à souhait, pas populiste pour deux sous :

Il veut semble-t-il supprimer le Parlement et faire élire à vie le Président : » mais instantanément révocable sur simple référendum d’initiative populaire ».

Quant au budget, citoyens au boulot, ce sera à vous de le faire !

« Enfin, dans le projet de l’écrivain, le budget de l’Etat est décidé par les citoyens « qui devront chaque année remplir une feuille avec des cases à cocher. Le peuple décidera ainsi quelle dépenses il juge prioritaires ». Cela nous promet de belles heures devant nous !

 

On imagine bien qu’il y a là surtout coup de pub et délire littéraire, à la fois pour l’écrivain qui a besoin d’exister, et pour le magazine « Lui » qui a aussi besoin de faire parler de lui…

Toutefois, l’égo de l’individu a de belles plumes :

« Si l’on n’adopte pas mes mesures, on court à la catastrophe », dit Michel Houellebecq à Frédéric Beigbeder.

La clé de compréhension de ce chef d’oeuvre d’imposture nous vient pourtant à la fin. Il y a en effet un vrai projet politique derrière tous ses écrits, il est androcentré (centré sur le mâle, masculiniste si vous voulez), et penser qu’il lui a été confié de post-facer « SCUM Manifesto » de Valerie Solanas me donne encore des sueurs froides…

 Le Parisien nous dit en effet :

« l’écrivain qualifie de « saloperie pure et simple » le projet de loi pénalisant les clients de prostituées. « Elles adorent leur métier et empêcher ces filles d’exercer est une première saloperie considérable », dit-il.
Elles adorent leur métier. Ah. Celle-là, même le STRASS ne va pas si loin ! Cela doit être pour cela que 90% d’entre elles rêvent d’en sortir !

A peu près chaque phrase pourrait être mise au négatif et nous remettrions ainsi le monde à l’endroit. On dirait alors que la saloperie pure et simple est celle de l’homme qui paie ne plus se préoccuper de l’être humain en face de lui et le violer, et cela serait certainement beaucoup moins littéraire, mais nettement plus juste…

Image 9-Deuxième info Gorafi-esque :

« Appli sur les règles : SOS PMS, le gadget sexiste de Sanofi pour « survivre » aux humeur des femmes
Des fausses applications mobiles, Le Gorafi nous en a déjà servies. Mais celle-là, elle est vraie ! Vous avez bien lu, une appli destinée à aider les hommes à savoir quoi faire pour éviter la mauvaise humeur de leurs femmes lorsqu’elles ont leurs règles…

(si vous comprenez l’italien, vous apprécierez la vidéo ci-dessous)

L’idée est donc d’associer à la vente d’un produit contre le syndrôme prémenstruel pour les femmes (des compresses effervescentes de Sanofi si je comprends bien) une appli mobile pour prévenir les hommes de l’arrivée des règles de la femme :

« Survivre au syndrome prémenstruel des femmes? Aujourd’hui, il existe enfin une solution pour vous: SOS PMS, l’application qui vous permet d’éviter la tragédie qui s’abat chaque mois sur tous les hommes », peut-on lire dans les premières phrases de la description de l’Apple Store.

Donc, une tragédie s’abat chaque mois sur tous les hommes lorsque les femmes ont leurs règles ! Voici à nouveau une belle illustration du monde à l’envers, quand c’est tous les jours que tant d’hommes sont pour tant de femmes une tragédie, avec des humeurs misogynes pour lesquelles ils n’ont pas besoin de règles…sinon celles d’un patriarcat bien compris !

Je ne sais encore pas me décider si ces infos sont sérieuses tant j’aurais apprécié de les lire dans Le Gorafi se moquant de notre monde. Et pourtant, elles sont diffusées dans des médias par ailleurs sérieux…

 

 

 

Pourquoi on dit que les femmes aiment les hommes drôles…

…à cause d’une étude stupide ou au moins sa recension : celle-ci, c’est le pompon. On titre, que les femmes seraient programmées génétiquement pour aimer les hommes drôles. Ah ! Ah ! Ah!

Bon, je n’ai pas vu l’étude d’origine, donc ma critique porte sur l’article (précision pas intuile) qui nous explique le pot aux roses.

Donc, des chercheurs américains ont pris un échantillon (publié dans Neuroscience)  :

1- 22 enfants, garçons et filles ! (il y a 40 ans déjà, on avait déterminé que les femmes et les hommes avaient des cerveaux différents sur un échantillon de cet ordre, la suite avait prouvé que c’était totalement faux dès qu’on prenait un échantillon plus grand). On ne tire pas de conclusions sur l’humanité sexuée sur 22 individus…

déjà donc, c’est bidon.

2- Des enfants âgés de 6 à 13 ans. Ah bon, parce que la construction sociale du genre, c’est bien connu, ne commence pas dès la naissance. Donc, si on observe des choses à 6 ans, c’est génétique ? pfff…

3- Ils leur ont montré différentes vidéos et ont observé leurs réactions. je cite l’article : Et l’imagerie médicale montre nettement que le cerveau « émotionnel » des jeunes filles associé à la récompense connaît un pic d’activité devant les vidéos comiques. Les garçons préfèrent de leur côté ce qui est « positif ». « Nos données, pour la première fois, révèlent que les différences sexuelles dans l’appréciation de l’humour existent déjà chez les jeunes enfants »,

Ok il y a des différences sexuelles sur 22 enfants, déjà conditionnés depuis 6 ans à 13 ans aux rôles sociaux de sexe !

4-Le pompon, c’est la conclusion :

« précise l’étude, qui en conclut que les femmes choisiraient de préférence un partenaire qui les fasse rire ».

Oui, forcément, c’est logique. Les femmes préfèrent les vidéos drôles donc elles préfèrent des hommes drôles comme partenaire.

Cet été, on fait un concours de bêtise ? Ou alors, on retourne lire des choses sérieuses sur le cerveau qui est à la fois ultra-plastique, sensible à l’environnement, et qui ne permet pas de déceler de différences sexuées d’ordre biologique. Et on essaie de se poser la question aussi : pourquoi les journaux sont tellement friands de rapporter ces âneries (cf photo)…


S.G

Bravo à Marion Bartoli, une championne qui doit nous inspirer !

Capture d’écran 2013-07-07 à 12.56.50Je ne sais pas si vous avez entendu parler des commentaires de trolls sur twitter et de commentateurs hommes de la BBC à propos de la victoire de Marion Bartoli à Wimbledon…estimant qu’elle n’avait pas le physique d’une femme et minimisant ainsi son exploit*. On  entend parler à ce propos de sexisme ordinaire ou de « everyday sexsism » en anglais, sexisme de tous les jours. Je ne vais pas en rajouter, juste un mot : quel est le problème avec la victoire de Marion Bartoli ? Qu’elle ne ressemble pas aux Barbie formatées pour le plaisir objectifié de ces messieurs ? Oui. Mais pas seulement. Il s’agit ici de Backlash et de l’illustration parfaite de comment le patriarcat résiste aux progrès humains du féminisme :

Ainsi, si Marion Bartoli avait ressemblé à une femme pornifiée, donc montrant sa soumission aux hommes malgré le fait qu’elle veuille réussir, il n’y aurait pas eu de réaction. Elle est une femme magnifique mais qui ressemble à une femme -et pas à une image photoshopée et inspirée par la pornographie et voilà que les hommes paniquent et ont peur de perdre leur pouvoir. Et eux, n’attendent pas comme nous bien longtemps pour réagir : immédiatement, ils frappent.

Cela veut dire : vous voulez réussir, d’accord, mais à nos conditions, que vous continuiez au moins à être à notre disposition.

En bref, on est ici vraiment dans la réaction et la propagande, qui dit à toutes les femmes : faites gaffe, n’adoptez pas celle-ci en modèle, sinon vous subirez le même sort : on ne reconnaîtra pas vos talents, on ne vous félicitera pas de vos exploits, on vous cassera. Il faut donc le dire à Marion Bartoli. Ce n’est pas elle qui ne serait pas belle, c’est eux qui sont bêtes, et inhumains. Et bravo à elle, elle est une championne, et une héroïne.

S.G

*

Elle, Lybrido, déculottée : la haine des femmes en haut de l’affiche

Haine des femmes, et haine de soi. C’est ce que les images de nous que donnent ceux qui sont censés être « nos journaux » les féminins (bon ce sont pas les miens hein), les affiches, le cinéma, qui nous morcèlent et nous étête, et haine de notre désir, à la fois en imposant le « tout à l’orgasme », le « tout au coït » et l’interdiction de « trop en vouloir ». bref, l’interdiction de faire ce qu’on a envie et de ne pas être dans le désir de l’homme (cf Ozon, etc.)

3 exemples en 2 jours…

project

-vu hier dans le métro, le « movie project », le projet de film de nous donner la déculottée ?!!! Inouï.

elle-vu en une de Elle cette photo d’une « non-femme »au corps totalement irréel, avec en dessous cet article qui dit : « se plaire telle qu’on est ». Vraiment ? C’est typique des injonctions paradoxales de Elle, mais à ce point, on se demande en effet comment les femmes peuvent garder une tête sur leurs épaules.

Enfin, dans le genre « WTF », lisez cet article qui explique comment « le viagra féminin » risque de rendre les femmes agressives : une quintessence de millénaires de corsetage physique moral et sexuel des  femmes. Pour le Viagra, est-ce qu’on s’est posé la question si ça allait augmenter le nombre de viols ? http://www.slate.fr/life/73191/viagra-feminin-trop-efficace-lybrido

Buzzons contre le sexisme 2e : un bon cru !

Mercredi au cinéma La Clef à Paris, c’était la remise des prix « Buzzons contre le sexisme », organisé par Teledebout, dont c’était la deuxième édition.
Plus de 50 films réalisés, et de nombreux primés à l’arrivée. Car dans chaque catégorie, 10-14 ans, 15-16 ans et 17-25, il y a eu de belles découvertes. Femmes en résistance décernait comme l’an dernier son prix, et le choix n’a donc pas été facile. Nous avons décidé de récompenser 2 films (que vous pourrez voir dans la 9e édition du festival) : « Un unique chromosome », qui a également eu un premier prix du jury, un très court film autonome qui nous a plu parce qu’il réussit là où tant d’autres, selon nous, échouent d’habitude : il fonctionne sur le principe du renversement. En moins de 2′, avec un commentaire (un peu trop rapide dans son rythme), ce film d’animation raconte l’histoire de l’humanité à l’envers. Avec des rôles sexués vraiment renversés, à tel point qu’on voit au final l’absurdité ET l’artificiel de ces rôles.

Un unique chromosome 1’39 min / Vidéo autonome  de Marie Herpe, 17 ans, Laval.

http://www.dailymotion.com/video/k4zThyI52pnqms3WE56

Nous avons par ailleurs primé un film réalisé par le lycée professionnel Lautréamont à Tarbes,

Le sexisme c’est tabou on en viendra toutes à bout 8’40

http://www.dailymotion.com/video/k6ykueUOtBEhza3XaqV

un film qui réfléchit, en partant du support d’images d’archives récentes qui montrent le sexisme ordinaire (Cécile Duflot moquée en robe à fleur à l’Assemblée, etc.) aux moyens de vraiment lutter contre le sexisme. Des lycéennes et lycéens, filmés en groupe face caméra s’expriment sur le sexisme, et au fur et à mesure du film, on sent une prise de conscience : que  le sexisme est partout. Que ce sont les hommes qui en sont les bénéficiaires et les agents, et qu’il faut faire quelque chose. Ainsi, des idées -surtout des filles- fusent. « On ne va comme même pas supprimer tous les hommes », dit l’une, une autre réfléchissant elle très concrètement à où l’on pourrait faire passer le message massivement pour que le sexisme cesse. Et de proposer une idée originale (que je vous laisse découvrir). Double attrait du film donc : on voit les lycéens et surtout les lycéennes, vraiment concernées et transformées pas la réflexion, et en plus, elles réflechissent à des modes d’action qui seraient efficaces. Certes, avec encore quelques illusions sur la possibilité que nos idées de justice et d’égalité soient reprises à grande échelle, mais peut-on vraiment changer quoi que ce soit sans illusions ?

Il y avait beaucoup d’autres films très intéressants dans la sélection. En premier lieu un film que nous aurions primé et de loin en tête, « Maintenant à poil », de Marine Claverie et Margaux Chataux. Un film d’une grande maîtrise et d’une grande maturité de réflexion autour de l’épilation, avec des idées très originales et dans le montage et dans le fait d’avoir fait un sondage sur le sujet. Mais… la chute du film, dernière image  était trop ambiguë et sujette à interprétation totalement à l’opposé de l’intention même de la réalisatrice. Selon nous, elle risque de se laisser interpréter par des jeunes comme une attaque envers les féministes. Je vous laisse découvrir cette chute et vous faire un avis :

http://www.dailymotion.com/video/k7kmup5YASe8SF3W3iI

Enfin, deux films cette année -chez les 15-16 ans, se sont intéressés à la lesbophobie. Intéressant à noter sachant qu’on était en plein « débat » sur le mariage étendu aux personnes de même sexe. Certaines classes ont donc tenu à mettre en avant le sexisme qui s’allie à l’homophobie dans le regard de la société sur les lesbiennes. Avec en particulier un très joli film, qui dit tout simplement les choses : « Chemin de femmes », d’élèves de Landivisiau,  à voir ici :

http://www.dailymotion.com/video/k3rEpuJkPVbFKV3XflY

Voici pour les films qui nous ont le plus marqué, d’autres nous ont plu, certains n’ayant pas eu de prix m’ont aussi intéressé pour ce qu’ils nous donnaient à voir du sexisme à partir des préoccupations des ados d’aujourd’hui. Que forcément nous, féministes plus âgées ne pouvons pas toujours voir.  Ainsi quand des élèves découvrent par la réflexion autour du film que les filles n’ont pas accès aux espaces de repos et/ou d’activités comme le foyer et la table de ping pong, lorsqu’ils s’interrogent autour d’une soirée entre jeunes sur les comportements vis à vis des filles et des garçons (un garçon bourré c’est bien une fille c’est la honte, par ex). Des petites prises de conscience qui correspondent à leur quotidien, et nous permettent de rester en prise avec leur réalité.

Enfin, je salue dans la catégorie des plus jeunes, le film d’une classe de 5e, « nous sommes nés en l’an 2000 », galerie d’interviews des élèves d’une classe, qui disent très concrètement, que dès 12 ans on peut avoir une idée très précise du sexisme qui nous entoure et de l’injustice qu’il représente.

C’est donc réjouissant et très motivant, comme l’ont souligné toutes les membres du jury (Christine Bard, Geneviève Fraisse, Hélène Fleckinger, Laetitia Puertas, Hélène Marquié, Agnès Szabo, Clémentine de La Barbe,..) que tous ces films puissent désormais être utilisés comme supports de réflexion pour d’autres jeunes, et on attend avec impatience la troisième édition l’an prochain !

Et encore merci à Barbara et Josefine deTélédebout pour l’organisation. Il ne faut pas hésiter à les solliciter pour obtenir des DVD et faire circuler au maximum ! teledebout.org/news/4/105/Remise-des-Prix-de-Buzzons-contre-le-sexisme/

Cannes, palme du cinéma par et pour les hommes

Capture d’écran 2013-05-15 à 10.10.13Ce qu’il y a de bien avec le cinéma, c’est que c’est un étalage sans fin de ce qu’est ou peut être la misogynie et le backlash, un sujet perpétuel donc de dénonciation pour les féministes en quête d’articles à écrire…

Comme je le dis ici souvent, la culture en général, et le cinéma en particulier est un lieu idéal de la propagande d’un monde fait pour et par les hommes, misogyne et réduisant les femmes à l’état d’objets de possession : pour cela, il faut préciser ce que l’on entend par culture : aujourd’hui, dans une société ultra-libérale qui dispose de médias de masse (télévision, cinéma, internet), la culture est un ensemble de produits culturels commercialisables. Le fait qu’il y ait des critiques et labellisations « artistiques » à ces produits, n’est qu’une façon de plus ou moins les distinguer, et de donner des lettres de noblesse aux procédés patriarcaux qui sont derrière ces produits. Ainsi, avec un festival, comme celui de Cannes, qui commence cette année, on est dans le plus parfait des  effets à double détente (libérale et patriarcale) :

D’un côté, il s’agit là d’un immense marché de produits culturels, destinés à renforcer les parts sur ce marché de certain-e-s dans un contexte de crise (d’où 5 films américains et 5 films français dans la sélection 2013, comme si, « artistiquement », le cinéma de ces deux pays était plus inventif, créatif, vivant, ce qui est loin d’être le cas. C’est juste que c’est là qu’économiquement cela a beaucoup d’importance). De l’autre, il s’agit de renforcer la propagande que sert le cinéma sur une représentation du monde qui sert à la fois les clichés séculaires des rôles femmes hommes et les évolutions vers un libéralisme liberticide (pour celles et ceux qui sont moins égales que les autres). Pour cela, il suffit de regarder la sélection cannoise, que ce soit dans la compétition pour la Palme d’or ou dans la principale section parallèle, un certain regard. Dans la sélection pour la palme, il y a cette année 1 femme sur 18 ou 19. Ce n’est donc pas mieux que quand il y en avait zéro, contrairement à ce que dit cet article-modèle de soutien à tout ce qui sera dénoncé ici surrue89 : http://www.rue89.com/rue89-culture/2013/05/14/couleur-festival-cannes-femmes-etats-unis-cul-losers-242300).

Mais encore plus que le nombre de femmes réalisatrices, le choix des réalisateurs sélectionnés, est tout à fait édifiant. Représentatif d’ailleurs de ce que sont les 18 ou 19 films qui sortent sur nos écrans chaque semaine. « Virils », stéréotypés, et ne balayant le spectre des sentiments et situations humaines que par un tout petit bout de lorgnette baignés aux jouets pour garçons…que ce soit les jouets de guerre, ou d’exploitation sexuelle des femmes.

Ce serait presque drôle si cela n’était tragique, de vous faire part des films sélectionnés, avec les résumés trouvés dans le magazine d’UGC, tellement c’est caricatural.

Guerres et trafics :

Un certain Takashi Miike, présente « Shield of Straw » :« graphique, ultra-violent, fou à lier, le couperet du japonais hyper-actif… ».

Amat Escalante, : « Heli », mexicain, « au talent précoce et furieux affronte en frontal les cartels mafieux. Après une magistral paire de baffes (dans son précédent film), il enverra au jury un uppercut gagnsta qu’on voudrait aussi ahurissant de style ».

Nicolas Winding Refn : « only god forgives » roule au carburant de la violence froide et pope telle une laque prête à éclater.

Alex Van Warmerdam, « borgman ». : Thriller horrifique sur un couple fortuné qui recueille un SDF. »

Mahamat Saleh Haroun « grigris » (bon là je parle pas du racisme du commentaire). .portrait d’un jeune danseur, qui confrontera le soleil cannois à la moiteur d’une Afrique violente et corrompue ».

Histoires d’amitié entre hommes ou pères-fils :  précision. Je n’ai rien contre le fait que des mecs veuillent écrire des histoires d’amitié entre hommes ou des histoires pères-fils. Mais juste : si seuls les mecs ont des financements et des possibilités de distribution+ sélection à Cannes, quand voyons nous des histoires d’amitié entre femmes et des relations mères-filles ? (ah mais non, dans ces cas-là c’est nul, je vous le disais l’autre jour).

Ethan et Joel Coen : « Inside Llewyn Davis, « un biopic, ballade folk dans « Greenwich village d’un musicien pote de Dylan ».

Hirokazu Kore-eda, nous propose : « like father, like son » : « cette histoire de paternité et de séparation impossible ».

Alexander Payne : « Nebraska » : « road-movie à deux têtes -un père et son fils »,

Arnaud Desplechin « Jimmy P. » : « Sujet familier (la psychanalyse), il adapte en anglais son livre fétiche, l’amitié entre un indien alcoolo et son psy…

Femmes pornifiées, promotion de l’exploitation sexuelle des femmes.

L’autre grande caractéristique de cette sélection, c’est -et vous vous attendez bien sûr à ce que j’en parle- la présence de plusieurs films de propagande pro exploitation sexuelle. Il y a, évidemment, la rage ressentie devant la glorification permanente d’un criminel (viol d’une jeune femme de 13 ans, avec moultes circonstances aggravantes) non jugé, Polanski, qui depuis qu’il a échappé à la justice après avoir été arrêté pendant le festival de Cannes (ce qui semble-t-il était là un crime de lèse-festival) est systématiquement adulé et sélectionné partout. Il y a pire : en plus, il utilise sa femme pour adapter à l’écran « La Vénus à la fourrure ».

La Vénus à la fourrure est une nouvelle de Sacher-Masoch. Moins connu que le Sade du sadisme, il est bien le Masoch du masochisme…  Voici donc comment est résumée la nouvelle de cet auteur du XIXe sicèle : « La Vénus à la fourrure est la première oeuvre marquante de la littérature qui s’attache à décrire la relation entre un homme et une femme où la représentation extrême de l’amour prend la forme d’un esclavage librement choisi et consenti ».

Ici, c’est un homme qui se soumet à cet esclavage qui, s’il est librement choisi et consenti, ne peut pas être de l’esclavage. En fait, c’est  le comble de la perversité, comme le montre cette recension : « D’ailleurs, le héros masochiste, loin de n’être qu’un partenaire faible et « subissant », à la recherche de la main punitive, est l’être d’une certaine posture : bien qu’il se complaise dans la soumission, l’abaissement, il est aussi le grand ordonnateur, le metteur en scène de ses propres fantasmes ; celui qui amène l’autre dans ses contrées fictives, dans la logique de ses fantasmes. Il manipule, persuade ; c’est, selon Gilles Deleuze, la victime qui dresse son bourreau. Dans La Vénus à la fourrure, Wanda confie à Séverin : « Vous avez une manière bien à vous d’échauffer l’imagination, d’exciter les nerfs et d’accélérer le pouls de qui vous écoute. En vérité, vous êtes un homme à corrompre une femme, entièrement. »

Sauf que, ce fantasme littéraire d’esclavage non pas librement consenti donc mais de manipulation d’une femme, est devenue un outil supplémentaire d’oppression des femmes par les hommes. Les cas où des femmes sont effectivement des « domina » sont rarissismes. Les cas où des femmes sont victimes de l’oxymore absolu où on leur fait prétendre qu’elles « consentent » à la violence qu’elles subissent, sont massifs, et deviennent normatifs dans notre société. Tellement qu’en justice, des hommes ont des circonstances atténuantes et des peines de prison ridicules s’ils ont tué leur partenaire dans le cadre de ce pseudo « consentement à l’esclavage ».

Alors que Polanski s’empare de cette histoire ou plus exactement d’une histoire de Broadway où il s’agit d’adapter la nouvelle de Sacher-Masoch,  c’est franchement insupportable. Et en plus, il y fait jouer sa femme. Voici un résumé qu’on peut lire sur le net, qui décrit le personnage principal du film, qui joue une actrice  : « L’actrice vulgaire, écervelée et débridée rebute d’abord l’homme de théâtre. Mais cette dernière va peu à peu lui montrer qu’elle comprend parfaitement le personnage dont elle a d’ailleurs le prénom. Perverse, sulfureuse, tous les qualificatifs bruissent sur cette oeuvre qui emprunte aux théories de Leopold von Sacher-Masoch, l‘inspirateur du masochisme.

Bon, j’arrête ici les frais, me direz-vous ? Mais non, parce que je ne vous ai pas encore parlé d’Ozon. Ozon François, auteur de « 8 femmes », « gouttes d’eau sur pierres brûlantes », qui propose cette année : « Jeune et jolie ». Passons sur le titre qui pue la propagande mainstream (car n’allez pas imaginer de la dénonciation). Mais le sujet du film ! Une jeune femme de 17 ans qui se prostitue « par plaisir » ! Je ne vais pas vous refaire ici une démonstration de pourquoi on ne se prostitue pas par plaisir.

Ozon ne sait-il pas, qu’aujourd’hui, déjà dans la loi, les hommes n’ont pas le droit d’obtenir des actes sexuels contre de l’argent de femmes mineures ?  Ne sait-il pas que le consentement n’existe pas lorsqu’on est mineure ? Qu’il s’agit donc de viol ? Quel intérêt à aller raconter sur un écran qu’une femme de 17 ans pourrait prendre plaisir à se prostituer, alors que tous les témoignages expliquent comment ces actes sexuels répétés sont destructeurs, et comment on ne se retrouve pas en situation de prostitution par hasard à 17 ans, mais par la double équation violence-nécessité de survivre, et ce dans l’immense majorité des cas ? Alors quel pourrait donc être le but d’un tel film, sinon faire de la propagande pour celles et ceux qui voudraient nous faire passer des vessies pour des lanternes, des viols pour du désir ? Pour préparer les mentalités au backlash, quand l’explication du fait que la prostitution est toujours une violence, commence à se répandre dans la société ?

 

BacklashBref, il y a quelques autres films (4 ou 5) dont l’effet backlash est moins évident à la lecture des résumés (il y a au moins Ashgar Fahradi, peut-être..), mais je m’arrête à 11/19 films insupportables…

Ce n’est pas mieux non plus dans la sélection « un certain regard ». C’est un peu moins mal. Mais c’est pire en fait : car s’il y a 7 femmes réalisatrices sur 18, cela autorise les journalistes à écrire que « les films de femmes se ramassent à la pelle »(1) : et c’est là ce que j’appelle le backlash, celui qui prend la moindre petite avancée pour un avènement du féminisme et de l’égalité, pour mieux faire taire toute revendication. Sans parler de la comparaison des films de femmes avec les feuilles mortes…

merida

A propos de « Backlash », il y a un dernier exemple dans l’actualité, qui circule pas mal ces jours-ci : celui de « Rebelle », « Brave » en anglais. Vous savez, le Disney écrit par une femme, avec une héroïne princesse non seulement courageuse et intelligent, qui crée une relation forte avec sa mère, mais qui n’a que faire de trouver le prince charmant, qui veut vivre sa vie en priorité ? Eh bien Disney a accepté d’en faire une de ses égéries. Parce qu’ils deviendraient plus féministes ? Non je rigole. Parce que c’est un moyen de la faire rentrer dans le rang. Ou plutôt dans le corset de la pornification. Car en « l’adoubant » aux côtés des Cendrillon, Ariel ou Belle au bois dormant, il lui on refait le profil…jugez plutôt. Heureusement, cela n’est pas passé inaperçu. Et la réalisatrice d’origine (car oui, elle a été écartée à la fin) comme les femmes à travers le monde et même les enfants, ont décidé de réagir, en signant cette pétition, qui a déjà près de 200.000 soutiens : http://www.change.org/petitions/disney-say-no-to-the-merida-makeover-keep-our-hero-brave

Le backlash de la nuit de Nike

Hier, en parcourant le métro, un slogan d’une affiche publicitaire m’a surprise « we own the night », « la nuit nous appartient », des femmes qui courent… une des revendications les plus radicales des femmes, reprendre la nuit, qui s’afficherait dans le métro ?

Capture d’écran 2013-05-06 à 10.14.31

Et non. C’était une publicité pour un événement organisé par Nike, la marque internationale symbole du capitalisme, qui s’est emparée du slogan. Ainsi, il ne s’agit pas de « reprendre la nuit », « take back the night », (dont je vous parlais ici l’an dernier).

De quoi s’agit-il dans le cas de Nike  ? De rendre la nuit aux femmes ? Evidemment non, mais d’un événement à des fins commerciales, destiné à vendre du Nike aux femmes, en organisant une course de 10 kilomètres la nuit, et à faire croire que la multinationale s’intéresse aux problèmes des femmes.

Seul hic : ici, ce ne sont pas elles qui décident de reprendre la nuit, et forcent les hommes à renoncer à leur mainmise. En fait, c’est exactement le contraire de ce que les femmes dans la vidéo ci-dessus revendiquent. C’est, face à ce cri féministe légitime de pouvoir circuler librement, un événement très encadré… 4 soirs, ceux qui détiennent le pouvoir sur la rue jusqu’au 26 mai, vous offrent le droit de courir dehors, à leurs conditions. « Une perm' », quoi…

Autrement dit, c’est un peu : « Mesdames, vous voulez sortir de votre prison ? Alors je vous offre 4 soirs de liberté, bien organisés par moi pour ne pas vous donner des idées ».

C’est ça, le backlash : quand les féministes clament : rage de nuit ou reprenons la nuit, les patriarches capitalistes s’emparent du slogan, et leur donnent une permission de sortie. Pour mieux ensuite, nous garder captives…

S.G

 

Le cinépatriarcat à l’oeuvre

Hier, j’ai lu le résumé d’un film : « Ouf » sur le site d’Ugc :

« À 41 ans, François avait tout pour être heureux : une femme qu’il adore, deux enfants d’une précédente union, un bel appartement. Mais un jour il a pété les plombs : la rage l’a envahi, il a voulu foutre le feu, a mis ses proches en danger. Alors on l’a interné. À sa sortie d’hôpital, Anna, l’amour de sa vie, ne veut plus le voir. Réfugié chez ses parents, fragilisé, infantilisé par ses proches, il serait bien tenté de retourner à l’hôpital. Mais il va plutôt se démener pour reconquérir la femme de sa vie ». Immédiatement je me suis dit : je vais le voir, parce que ça va m’énerver et que je pourrai en parler et dénoncer/démonter les mécanismes de la propagande cinématographique. Celle qui nous montre de la violence conjugale l’air de rien, comme si c’était juste un type qui a eu un coup de folie et qui sinon est tout à fait gentil avec « l’amour de sa vie ».

Eh bien je n’ai pas été déçue ! j’ai été énervée, tout le long, ne restant jusqu’au bout que pour voir si la curée serait totale…ce qu’elle fut. Car dès la première scène, on voit Anna, mère de deux enfants, qui se déguise en Wonder Woman et fait un bide devant ses enfants (dévalorisation). Pire, au même moment, son ex qui vient de sortir de l’hôpital et qu’elle ne veut pas voir s’est caché dans un carton et regarde la scène. S’ensuivent une série de scènes où il harcèle Anna au téléphone et en sonnant à la porte, alors même qu’elle ne veut pas lui répondre, mais qui ne sont pas montrées comme telles. On a plutôt l’impression qu’elle est froide et que quand même, elle pourrait lui répondre. Ensuite, il s’impose chez elle, et quand elle le fait ressortir, il fait mine d’accepter, puis sonne chez le voisin et essaie de rentrer par la fenêtre, ce qui amène à sa réhospitalisation. Mais alors, on justifie le fait de le réhospitaliser par ces mots :  « vous avez mis votre vie en danger » et non « vous avez harcelé et nié la volonté de votre ex en allant jusqu’à tenter de rentrer par effraction en faisant une grande scène, donc en la terrorisant ». Ce qui pourtant est exactement ce qu’il fait.

Il y a aussi une allusion claire au masculinisme des pères, avec d’un coup, alors qu’il se comporte en agresseur, il dit à quelqu’un « je crois qu’Anna et Céline (son ex femme) vont se liguer contre moi pour que je ne voie plus mes enfants ». Comme s’il s’agissait de se liguer et non de protection contre la violence d’un père (alors même que les deux femmes ne se liguent pas du tout).

Mais au moins, pendant toute la première partie du film, la famille, les psys, les amis, lui disent que son comportement est inadmissible (maissans l’identifier comme de la violence conjugale). Dans la deuxième partie du film, il n’est plus question de cela.

Une fois réhospitalisé, après quelques jours dans cet hôpital, il semble calmé. Sa psy lui conseille d’être « chevaleresque » s’il veut reconquérir sa femme. Et d’un coup, il « s’échappe », et puis donne un rendez-vous à Anna alors qu’elle est sur le point de se libérer de son emprise par le biais de l’éloignement (elle a accepté une mutation à Turin). Elle dit alors à quelqu’une: « parfois, il a un côté irrésistible ». Et là, on sait que la femme qui a courageusement résisté à l’homme violent a dû céder face à l’emprise, et qu’elle va aller au rendez-vous. Alors qu’elle va à ce rendez-vous,-il l’emmène au milieu de nulle part et elle ne sait pas où, lui non plus, elle est donc totalement à sa merci-  elle semble totalement anesthésiée, perdue. Et tout d’un coup, il lui dit que c’est un endroit qui ne serait rien s’ils ne s’embrassent pas, et elle se met à sourire Mais au lieu de montrer tout cela comme la réussite d’un agresseur dans sa manipulation perverse, c’est ce qui constitue dans ce film le « happy end ».

C’est bien un film du cinépatriarcat, qui apprend aux hommes qu’ils ont bien raison d’être des agresseurs (les rires des spectateurs hommes à chaque agression déguisée ou humiliation de la femme ne trompant personne), et aux femmes qu’elles doivent se soumettre.

***

Pour continuer sur ce cinépatriarcat,  je parlais de sexisme des Oscars dans mon dernier billet, mais il y avait pire à venir :la cérémonie fut semble-t-il un paroxysme du genre : à lire  We saw your boobs, une célébration du viol aux oscars. Et l’analyse du blog Féministes radicales : Rape joke, quand les virils font de l’humour

Pas étonnant dans ce contexte, qu’avec une telle propagande au cinéma et partout dans la société, il y en ait encore qui défendent les assassins de femmes, et prétendent qu’il n’y a pas récidive en cas d’assassinat conjugal (qu’une émission de France Inter osait encore appeler drame passionnel récemment)…alors que tous les mécanismes sont connus. Cette semaine, cet article de Metro est venu révéler ce qui ne nous étonne pas, à propos de Bertrand Cantat, qui a passé 4 ans en prison pour le meurtre de Marie Trintignant, et dont l’ex-femme, Kristina Rady s’est « suicidée ».

Elle était victime de violence conjugale, et les faits qui ont été révélés cette semaine sont accablants, en particulier le message vocal qu’elle a laissé sur le répondeur d’une amie : Kristina Rady : des témoignages accablent Bertrand Cantat
« Hier, j’ai failli y laisser une dent, il m’a frappée, mon coude est complètement tuméfié, un cartilage s’est même cassé. Mais ça n’a pas d’importance, tant que je pourrai encore en parler », dit-elle. « Bertrand est fou, il croit que je suis l’amour de sa vie et que (…) tout va bien », poursuit-elle. Puis elle détaille le carnet scolaire (bien faible) de ses enfants. « J’espère qu’on va pouvoir s’en sortir et que vous pourrez encore entendre ma voix… Sinon vous aurez au moins une preuve que… mais des preuves il y en a « , lance t-elle avant de passer le combiné à sa fille Alice ».

« Il croit que je suis l’amour de sa vie » : ça ne vous rappelle pas le résumé d’un film cité plus haut ?

Quand j’avais écrit ceci il y a trois ans, dénonçant déjà la propagande médiatique, certain-e-s m’avaient dit que l’homme ayant purgé sa peine, j’allais trop loin…Ce noir désir d’euphémisme et d’oubli.

Mais pour finir sur une note un peu plus optimiste, je signale cette info d’hier : le Congrès américain a enfin reconduit une loi contre les violences conjugales de 1994,, qui accorde protection et assistance aux femmes victimes. Elle était retardée depuis plusieurs mois par des Républicains qui s’opposaient à l’ajout de clauses protégeant les victimes homosexuelles, immigrées et autochtones.

 

Oscars 2013 : toujours sexiste !

Bon ce n’est pas un scoop que le cinéma, que je qualifie parfois d’outil de propagande du patriarcat, est sexiste.
Mais comme l’an dernier, je publiais ceci : 7 sur 9 des films nominés aux Oscars ne passent pas le bechdel test

et que ce soir ce sont les Oscars, me suis dit que c’était intéressant de voir en un an les différences.
Eh bien voilà, Hollywood est toujours sexiste, pas de femmes nominées comme réalisatrices, et guère de progrès pour le Bechdel Test dont je rappelle les règles. Il faut qu’il y ait dans un film :

1-au moins deux femmes identifiées par leur nom »

2-2 femmes qui se parlent

3-D’autre chose que d’un homme

En 2013, il y a plus de films que l’an dernier qui passent : « Les misérables », « Amour », « Happiness Therapy » (en anglais : Silver Linings Playbook). Dans « Life of Pi », il n’y a pas de femme, mais bon, il n’y a qu’un personnage humain, Pi. Enfin, dans « Zero Dark Thirty », ce n’est pas facile à déterminer (deux femmes parlent politique mais de Ben Laden, un homme). Donc 3/4 sur 9 (ce qui est déjà peu, puisque dans la vraie vie, c’est 100% de situations où il y a des femmes et où elles parlent, sur un temps long, d’autre chose que d’hommes).
Mais ce qui est encore plus intéressant que ces chiffres, c’est que les deux films nominés qui parlent de la vraie vie, et d’histoire des Etats-Unis, « Lincoln » et « Django Unchained », ne passent pas le test. L’histoire, c’est bien connu, s’est faite sans femmes. On se demande à ce propos comment les hommes sont nés. Ah oui j’oubliais, c’est un truc de dieu.

Enfin, si l’on considère l’ensemble des films, il n’y a que « Les Misérables » et « Happiness Therapy » où une interaction entre deux femmes pour parler d’autre chose que d’hommes dure plus d’une minute, sur 2 heures de film en moyenne.
Pour avoir toutes les précisions, vous pouvez lire cet article en anglais :

Oscar 2013 nominations do they pass the bechdel test

Enfin, il n’y a donc pas de réalisatrices nominées encore cette année (comme à Cannes l’an dernier). A lire à ce propos l’article (toujours en anglais) de l’écrivaine et féministe Soraya Chemali qui explique qu’en 85 ans de cérémonie, il n’y a eu que 4 femmes nominées à ce rôle, et revient sur toutes les raisons qui brident l’accès des femmes au cinéma/ (En France, il y a environ 11% de réalisatrices, c’est autour de 5 aux Etats-Unis, où il y a 18% de femmes scénaristes). Je n’entre pas dans les détails de la démonstration et vous laisse lire l’article :

Dear Academy : Why won’t you nominate women ?

La personnalité de votre prénom dans ELLE fait le buzz sur twitter

Et voilà. Suite au buzz sur twitter, la page horoscope n’existe plus. « elle sera bientôt de retour ».
I-AU FEMININ
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sandrine

Sandrine est en général très belle — d’une beauté à vous couper le souffle. Sa beauté est touchante, désarmante, ensorcelante. Il serait bien difficile de faire l’inventaire complet de sa panoplie de séductrice. Elle garde très longtemps un corps jeune et souple, avec une taille de guêpe et des courbes douces et harmonieuses.

(…)

Bien sûr, Sandrine a des défauts, petits et grands, qui ne font pas le bonheur des hommes. Consciente de sa beauté et de son pouvoir de séduction, elle ne peut s’empêcher d’avoir une attitude hautaine et désagréable à certains égards. Cervantes a déjà remarqué que « dédain et beauté sont inséparables ».

(…)

Sandrine est aussi très possessive, à tel point que ceux qu’elle aime se sentent parfois étouffés. Ses enfants sont les principales victimes de cette possessivité. Au fond d’elle-même, elle ne veut pas les voir grandir et acquérir de l’indépendance. Elle veut les garder toujours avec elle et exercer un contrôle inlassable sur leurs pensées, faits et gestes.
(…)

Lorsque Sandrine arrive à dompter son coeœur, elle peut être une excellente épouse, affectueuse et fidèle, et une mère de famille admirable. Cela n’est pas étonnant puisqu’elle possède un solide fonds de sagesse. Pourtant, elle ne peut s’empêcher d’avoir de temps en temps des regrets ou un sentiment de révolte. « Les honnêtes femmes sont inconsolables des fautes qu’elles n’ont pas commises », disait Sacha Guitry. La Rochefoucauld était du même avis: « Il y a peu d’honnêtes femmes qui ne soient lasses de leur métier. »

II-AU MASCULIN

sandrine

Quoi qu’il fasse ou quoi qu’il mange, Sandrine ne connaîtra pas le problème de l’embonpoint. C’est le type d’homme à l’aspect physique quelque peu desséché, noueux, au ventre plat, aux épaules tombantes et aux membres qui n’en finissent pas. Lorsqu’il marche, c’est comme s’il était en train d’arpenter un terrain, tellement il allonge ses jambes démesurées. La voix est grave et forte, aux chaudes intonations, celle à laquelle toute femme vraiment sensuelle aurait du mal à résister. Le regard, vif et teinté d’une certaine malice, a tôt fait de décontenancer celui qui essaie de dire un mensonge.

L’ambition est la trame de la vie de cet homme. Elle peut se traduire à tous les niveaux et dans tous les secteurs d’activité où Sandrine peut se trouver. Gagner beaucoup d’argent, collectionner des tas de diplômes ou de rubans, séduire le plus grand nombre de femmes possible… tout moyen lui semble bon, pourvu qu’il lui permette de briller.

(…)

Les jolies femmes sont la grande affaire de la vie de Sandrine, non parce que sa sexualité est exceptionnellement débordante mais parce qu’elles constituent pour lui un sujet de prestige. Le natif ne prise rien tant que la possibilité de s’entourer de beautés qui vous coupent le souffle, de les épater, de les dresser par jalousie les unes contre les autres.(…)

(…)
Parmi les professions susceptibles d’attirer Sandrine, citons en premier lieu les spéculations financières. La banque et la bourse forment son terrain de prédilection, car il est avide d’argent qui lui permette d’épater. Il aime aussi la politique et le barreau qui lui donnent la possibilité de faire des discours fleuris.

—-Au féminin comme au masculin, c’est tout à fait moi ! 😉