#STOPaudéni ! dénonçons la culture du viol, aidons les victimes !

« Imaginons que vous croisiez une femme s’agrippant désespérément au bord d’un précipice. Sous elle, le vide — sans aide elle ne pourra pas remonter, elle finira par tomber et s’écraser au sol.
Que faites-vous ?
Vous l’aidez bien sûr, vous lui tendez la main pour la secourir. A aucun moment il ne vous viendrait à l’idée de passer votre chemin en la laissant se débrouiller, ou pire de lui écraser les mains d’un coup de talon pour lui faire lâcher prise.
Pourtant c’est exactement ce qui se produit pour une immense majorité de victimes de viol et d’agressions sexuelles.
Car ignorer la parole de la victime, la mettre en cause, lui demander si « elle ne l’a pas un peu cherché », si « elle est sûre que c’était un viol » ou « pourquoi elle ne s’est pas débattue », ne pas lui tendre la main pour l’écouter, l’aider, la soutenir et reconnaître la gravité de ce qu’elle a subi, c’est se conduire exactement comme si l’on refusait de tendre la main à quelqu’un qui risque de tomber dans le vide. »

A l’occasion du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, l’association Mémoire traumatique et victimologie présidée par Muriel Salmona lance une campagne « Stop au déni«  destinée à remettre le monde à l’endroit : les coupables à leur place, celle d’agresseurs et criminels, et les victimes à la leur, celles de victimes pour lesquelles la solidarité nationale et humaine doit s’exercer.

L’association lance donc une campagne de communication avec un dossier de presse explicatif très bien fait et très complet que vous pouvez télécharger ici : StopAuDéni_DossierDePresse

A partir de ce soir 22h, vous pourrez voir sur la page Facebook de l’événement un clip vidéo de la campagne à diffuser largement : https://www.facebook.com/events/443980902400341/?ref=ts&fref=ts

Et une campagne Twitter #stopaudeni où vous pouvez vous exprimer pour remettre le monde à l’endroit !

Aujourd’hui, ce crime qu’on ne dénonce trop souvent que lorsqu’il est une arme destinée à atteindre les hommes pendant les guerres, est une guerre quotidienne faite aux femmes et aux enfants. Le déni qui l’entoure et l’absence de reconnaissance et de soutien aux victimes qui est encore la règle sont à la mesure de la gravité des actes, et aussi la condition de leur reproduction. En ne soignant pas les victimes, on prépare une société d’hommes violents/violeurs et de femmes victimes, condamnées à revivre, dans leur mémoire ou parfois dans la réalité, les traumatismes subis. (Pour comprendre les mécanismes qui provoquent cela, lire « Le livre noir des violences sexuelles » de Muriel Salmona et ici et )
C’est donc massivement qu’il faut retourner la culpabilité et la responsabilité collectives. Les victimes ne sont pas les coupables, ce n’est pas à elles de changer la société. C’est aux coupables d’arrêter, et à la société de l’exiger d’eux. C’est à la société d’aider les victimes, pour qu’elles puissent mener une vie digne qui sorte de la survie. Ainsi, on peut mener toutes les politiques d’égalité professionnelle qu’on veut, de lutte contre les stéréotypes, tant que la famille sera le premier lieu où s’exerce la violence contre les personnes, contre les femmes massivement, contre les enfants peut être encore plus massivement, il ne faut pas espérer qu’un jour les filles puissent s’épanouir à leurs justes capacités. Mettre fin au déni, c’est donc le préalable à toute volonté d’établir une société juste, de liberté, égalité et de « Care », de solidarité envers les personnes vulnérables. Ainsi l’article premier de la déclaration universelle des droits humains dit : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ». Il est temps de moderniser ce dernier mot et de dire que TOUS les êtres humains, doivent agir, toujours, envers les autres humains, (et aussi la plupart du temps envers les êtres vivants en général), dans un esprit de respect de leur liberté, égalité, dignité, et d’empathie réciproque, que cette dernière ne soit plus réservée à une moitié de l’humanité. Pas de justice, pas de paix ! #Stopaudéni Sandrine GOLDSCHMIDT

Violette and co : 10 ans, ça se fête !

vandcoLa librairie Violette and Co a 10 ans ! Un vrai événement pour cette librairie féministe unique en son genre, qui dispose en plus d’ouvrages qu’on ne trouve souvent pas ailleurs, d’un espace d’exposition et de rencontres dont je vous ai souvent parlé ici, qui organise des ateliers d’écriture et se déplace sur les festivals.

C’est là que je les ai rencontrées, sur un festival, Femmes en résistance, la première année que j’y ai participé. C’était en 2005, donc il y a presque 10 ans !

J’étais moi même une débutante en militantisme féministe -même si la fibre était ancrée en moi depuis longtemps- et la table de livres à Femmes en résistance, c’était un peu la caverne d’Ali Baba…

Depuis, j’ai assisté à de multiples rencontres passionnantes, depuis la présentation des Textes premiers pour les 40 ans du mouvement en passant par Tristane Banon ou la présentation par Christine Delphy des Femmes de droite d’Andrea Dworkin, sans oublier la rencontre organisée par les amiEs du festival avec Muriel Salmona pour le « Livre noir des violences sexuelles ».

Les libraires fêtent donc leurs 10 ans avec un agenda de rencontres, et dès le 8 février un vernissage d’une expo « récapitulative » « 10 ans, 40 artistes », le 28 mars une rencontre « lire Violette Leduc aujourd’hui » et bien d’autres que vous retrouverez sur le nouveau blog.
A lire également, une interview des deux libraires ici.

On souhaite donc un excellent anniversaire et longue vie à la libraire !

S.G

Colloque Violences et soins : « il ne faut pas laisser les victimes survivre seules »

Image 21Pour vous rappeler le colloque de demain « Violence et soins » organisé par l’Association mémoire traumatique et victimologie » et que j’animerai ,

je diffuse cette vidéo tournée par Mariana Colotto lors du colloque pour une Europe libérée de la prostitution début octobre.

Muriel Salmona, Présidente de l’association, psychiatre et psychotraumatologue, y fait une analyse brillante et fondamentale pour comprendre la mémoire traumatique et la nécessite de « ne pas laisser les personnes survivre seules ».

Avoir, et diffuser

Colloque Violences et soins le 5 novembre : le soin est politique

L’association Mémoire traumatique et victimologie organise le 5 novembre prochain de 9h à 18h à l’Agoreine de Bourg-la-Reine (20′ de Châtelet par le RERB) un colloque autour de Violences et soins que j’aurai le plaisir d’animer aux côté de Muriel Salmona, présidente de l’association. Pour vous inscrire : colloque.violencesetsoins@gmail.com

La journée sera donc consacrée à un état des lieux des violences et de leurs conséquences sur la santé. Il s’agira de dénoncer le manque d’offre de soins spécialisés, de donner la parole aux victimes, de mieux informer le grand public et de proposer des pistes pour améliorer des soins. Enfin, faire des propositions pour élaborer une vraie éthique des soins à proposer aux victimes, en 20 recommandations.
Car le soin est politique. En effet, il ne se réduit pas aux secours nécessaires et vitaux, il est aussi (F.Worms, « soin et politique, PUF 2002), soutien, travail social, solidarité, souci du monde.
En effet, soulager le ou la patiente d’un symptôme, ce n’est pas prendre soin : c’est se débarrasser du problème. La soigner, c’est chercher à comprendre l’origine du symptôme, détecter les violences qui ont pu être subies, physiques, et psychologiques, et pour la victime, il s’agit avant tout de remettre le monde à l’endroit, et de le rendre plus juste.

Le programme (version détaillée ici) est donc bâti autour de deux axes (matinée autour des soins aux victimes de violences et les oubliées parmi les oubliéEs), l’après-midi violence des soins et perspectives d’amélioration) :

1- d’abord donc le soin des victimes de violences et violences sexuelles, enfants et adultes, et surtout son absence, est un scandale de santé publique que l’association, à travers sa présidente Muriel Salmona, psychiatre et psychotraumatologue, s’emploie à dénoncer.

Pour cela, l’association a lancé depuis deux ans un manifeste « violences et soins » qu’elle a réactualisé récemment, dont je vous cite le préambule :

« En France, en 2013, l’absence de dépistage des violences, de protections des victimes et de soins spécialisés sont à l’origine d’un coût humain énorme et d’un coût très important en dépenses de santé et en aides sociales qui auraient pu être évités. Or il est possible de combattre la violence, non par un tout-sécuritaire qui ne cible que certaines violences, mais par une prévention ciblée, une protection sans failles et une prise en charge spécialisée des victimes. Toute victime doit être protégée et soignée, ses droits doivent être respectés ».

C’est un scandale sanitaire, social et humain : où comment toute une société abandonne les victimes de violence, sans protection ni soin, et fabrique sans fin des souffrances, des maladies, de l’exclusion, de l’inégalité, de l’injustice et de nouvelles violences ».

Vous pouvez lire la suite et signer ce manifeste en cliquant ici : http://stopauxviolences.blogspot.fr/2013/10/manifeste-violences-et-soins-de.html

2- La violence dans le cadre des soins :

malheureusement la non prise en compte des mécanismes de la mémoire traumatique dans le cadre des soins aux personnes malades et la focalisation sur les symptômes de maladie et non leur origine possible entraîne pour les victimes des violences à répétition : anorexies, maladies, tentatives de suicides, conduites addictives qui ne sont jamais reliées aux faits de violences subies dans l’enfance, médecins qui ne sont pas formés à détecter les violences, etc.

Mais la violence dans le cadre des soins, c’est aussi l’abus de position dominante pour exercer des violences et profiter de son statut d’autorité (exemple du médecin lorrain, etc.) De nombreuses invitées et spécialistes viendront parler de tous ces thèmes. Des témoignages de victimes seront présentés ou lus, deux expositions (« En chemin elle rencontre » et « Pas de justice pas de paix ») orneront le hall, enfin une pièce de théatre sera proposée :  « Pour le dire », de Camille Guillon Courtin, par la compagnie « théatre en action ».

On vous attend donc nombreusEs à l’Agoreine, le 5 novembre, de 8h30 à à 18h !

Agoreine, 63 boulevard du Maréchal Joffre, Bourg La Reine, à 5′ à pied du RER B.

 

 

 

 

4 septembre : Les AmiEs de Femmes en résistance invitent Muriel Salmona à Violette and Co

4 septembre 2013 à 19h à la Librairie Violette and Co

Rencontre avec Muriel Salmona organisée par Les AmiEs de Femmes en résistance

Voilà c’est la rentrée. Après le Panthéon hier, cap sur le festival féministe de documentaires que je co-organise depuis 8 ans maintenant et dont c’est la 11e édition, Femmes en résistance à l’obscurantisme !  Vous pouvez découvrir le programme ici et je vous en reparlerai bien sûr.

Mais cette année, nous innovons en créant le groupe « Les AmiEs de Femmes en résistance », auquel vous pouvez adhérer (voir modalités ici) et ainsi nous aider à enrichir notre programmation (rémunération des artistes, financement de déplacements de personnalités). Pour animer le groupe, nous organiserons des rencontres réservées aux membres pour discuter de la programmation passée et future du festival.

Et pour inaugurer sa création, nous avons, avec notre partenaire depuis 11 ans, la librairie Violette and Co, décidé d’organiser une « rencontre du mercredi » à la librairie féministe de la rue de Charonne, et avons invité Muriel Salmona, psychiatre psychotraumatologue, meilleures spécialiste de la mémoire traumatique en France, Présidente de l’association Mémoire traumatique et Victimologie. Elle viendra parler de l’indispensable livre qu’elle a écrit et est sorti au printemps:  « le livre noir des violences sexuelles », paru aux Editions Dunod.

La rencontre se déroulera en 2 temps : présentation du groupe « les AmiEs de Femmes en résistance » et présentation du programme (la plaquette de la 11e édition sera disponible) puis discussion avec Muriel autour de son livre.

Elle le dédicacera ensuite et vous pourrez adhérer également adhérer sur place aux AmiEs de Femmes en résistance !

Voici deux liens à propos du travail de Muriel Salmona d’articles parus sur mon blog :

Redonner au monde sa cohérence pour éliminer les violences

Evénement : sortie du Livre noir des violences sexuelles

 

Redonner au monde sa cohérence pour éliminer les violences

nc2b017-diable_coqDepuis que j’ai moi même un enfant -une fille- j’ai toujours pensé que nous avions en face de nous avec les enfants non seulement des personnes humaines dont les droits doivent être d’autant plus défendus qu’ils et elles sont plus vulnérables, mais aussi des perles d’humanité : des enfants nous avons tout à apprendre, avec les enfants nous avons tout à construire, plutôt que de continuer à les détruire, comme le fait l’institution familiale autoritaire qui prédomine, particulièrement dans le cadre des violences qu’ils et elles -beaucoup trop nombreux d’entre eux- subissent.

Ce sentiment est renforcé par la lecture, l’écoute et l’expérience de ce qui concerne les troubles post-traumatiques, en particulier au travers du travail de la docteure Muriel Salmona, psychiatre psychotraumatologue et Présidente de l’association mémoire traumatique et victimologie, qui a fait de son combat pour les victimes une ligne de vie.

Au centre de son combat, et cela a été un des aspects les plus intéressants de l’émission « Pas de quartier » sur Radio Libertaire hier (elle y présentait son livre indispensable « le livre noir des violences sexuelles » et vous pouvez réécouter l’émission ici : http://media.radio-libertaire.org/backup/24/mardi/mardi_1800/mardi_1800.mp3)

la nécessité de redonner une cohérence au monde qui, du fait des systèmes de pouvoir et de domination, en premier lieu patriarcale, parentale et économique, devient le lieu d’un système absurde, incohérent, et dont l’incohérence même est la garantie de sa perpétuation.

Je m’explique (en essayant d’être aussi claire que Muriel) : l’enfant naît avec des neurones miroirs qui l’aident à se construire. Et si le monde tourne à l’endroit, ces neurones miroirs lui permettent de connaître l’empathie. Ainsi, lorsqu’une violence est commise, et qu’elle provoque une souffrance, alors ces neurones font que l’enfant ressent la souffrance et éprouve alors de l’empathie. Cette empathie fait normalement que si il impose une souffrance -volontaire ou involontaire à la personne en face de lui, alors il s’arrête.

Le problème, c’est que si le petit garçon ou la petite fille subit des violences, et que l’adulte qui les commet ne fait pas preuve de cette empathie, ne réagit pas à sa souffrance, alors cela crée un stress intolérable pour son cerveau. Si en plus, la personne qui commet ces actes est une personne qui devrait d’autant plus éprouver de l’empathie qu’elle est censée être celle qui vous protège et vous aime -père, mère, famille…alors le stress est encore pire. Et le cerveau devient incapable de gérer ce stress, et de réguler les « drogues » de l’hyper-vigilance qu’il génère. Celles-ci le mettent en danger vital, et ça seule façon de s’en sortir, est de disjoncter, provocant la dissociation, une anesthésie émotionnelle.

Cette anesthésie émotionnelle, si elle se double d’un enfermement du souvenir émotionnel dans la mémoire traumatique, fait que le stress vécu pourra réapparaître à l’identique au moindre rappel, stimulus, faute d’avoir pu, dans la mémoire autobiographique, devenir un souvenir dont on arrive peu à peu à se distancier émotionnellement.

Tout ceci, provoque donc une souffrance intolérable, fait vivre aux victimes un enfer, alors qu’en même temps il n’y a pas de symptômes à l’identique d’un bras cassé pour lequel il faut à l’évidence un plâtre. En outre, la poursuite du « tout est normal », l’indifférence des autres adultes, surtout lorsqu’il y a révélation des faits, vient « achever » les victimes dans leur recherche de cohérence. Elles souffrent de symptômes qui ne sont pas reliées aux violences : les conduites dissociantes, qui sont interprétées par les autres comme de la faiblesse de leur part, alors qu’elles sont le fruit de l’incohérence et de la violence.

Pire : ce processus est en outre le garant de la reproduction de la violence. En effet, lorsqu’un enfant a été victime ou témoin de cette violence absurde et non nommée, niée, et alors qu’on fait de lui le responsable (1), il développe une anesthésie et une dissociation et est victime de crises de mémoires traumatique. Dans ces cas-là, il a plusieurs moyens pour réagir : s’anesthésier par des conduites dissociantes : prise de drogues, alcool, mais aussi de comportements qui vont le pousser vers la création d’un nouveau stress qui permettra la disjonction. Ainsi, il peut arriver qu’à ce moment là, envahies par le scénario de l’agresseur, elles reproduisent la violence : contre elles-mêmes ou contre les autres. Car le scénario de recherche de l’anesthésie de la personne qui les a violenté-e-s les a envahies au point qu’ils/elles savent inconsciemment que ce scénario est anesthésisant pour les bourreaux. Et donc que de le reproduire va leur permettre de s’anesthésier.

C’est là qu’intervient un facteur fondamental : celui du choix. Et ce choix n’est pas le même selon qu’on est un homme ou une femme. Ou plutôt, il n’est pas le même selon qu’on a été -au-delà- des violences, construits comme un dominant et valorisé en tant que tel. Donc, les hommes ont une plus forte probabilité de devenir violents envers les femmes parce que c’est ce que l’on attend d’eux et qu’ils en bénéficient. C’est socialement valorisé, sous les termes de « virils », de « capable d’autorité ». Et, comme l’expliquait Muriel, c’est même valorisé socialement dans l’entreprise : ce sont des gens qui savent ne pas se laisser envahir par leurs émotions (forcément, ils n’en ont pas avec l’anesthésie). Donc licencier des collaborateurs en détresse, laisser mourir des personnes dans la rue, regarder martyriser des enfants ou ne pas s’émouvoir de voir violer ou battre des femmes, ne les trouble pas plus que ça. Dans ce système, les dominants, même s’ils ont été victimes, sont donc les bénéficiaires : ils ont les moyens de s’anesthésier très efficacement en reproduisant la violence sur d’autres. Ce qui n’enlève rien à leur culpabilité : ce sont des crimes qu’ils commettent, et c’est un choix qu’ils font de persévérer dans cette violence.

Tandis que celles qui ont des comportements de retournement de la violence sur elles mêmes, et ne font jamais de mal à personne, sont considérées comme anormales. La preuve, c’est que les jeunes agresseurs/violeurs qu’a suivi Muriel et qui, par un long travail incessant de remise à l’endroit du monde, qui se retrouvent à leur tour conscients que ce qu’ils ont fait est très grave, sont d’un coup moins valorisés qu’avant pour peu qu’ils aient des idées suicidaires ou retournent la violence contre eux-mêmes (2) et sont plus rejetés par leurs familles que s’ils violaient/violentaient d’autres personnes. Et ce non seulement parce que cela se verrait moins (1% de condamnation pour les viols), mais aussi parce que la tolérance de la société à l’égard des violences masculines est immense.

roses
Si la rose existe, le monde peut être à l’endroit

Pour en revenir aux victimes, et finalement à tous les êtres humains, nous avons besoin de redonner de la cohérence au monde. Et de revenir à ce que les enfants savent, ont toujours su au fond:qu’avoir de l’empathie c’est normal. Que de ne pas supporter de voir souffrir des personnes, a fortiori qu’on est sensées aimer (mais dans un monde idéal on pourrait aimer tout le monde), c’est normal. De tout faire pour que ces souffrances s’arrêtent, c’est normal. De ne pas arriver à être dans l’anesthésie inhumaine des dominants, c’est normal.  Il faut aussi dire que depuis le départ ce sont les enfants en nous qui ont raison : vouloir des relations douces et gentilles avec les autres, c’est normal. Que trouver la pornographie inhumaine et criminelle, qui consiste à filmer des tortures sexuelles et physiques à des femmes (certes actrices, mais ça ne change rien) c’est normal. Que de dire que la prostitution c’est du viol et que le viol, c’est la destruction des femmes, ce n’est pas moraliste ni liberticide, c’est juste normal. Que d’avoir envie d’une sexualité libérée de toute forme de violence et de domination, ce n’est pas bisounours, c’est normal. Et que d’aider les personnes qui en ont besoin, c’est normal.

Enfin, il faut encore remettre le monde à l’endroit en confirmant aux victimes ce qu’elles savent et nous disent, si on les écoute :  que même si un jour elles ont été victimes, ce n’est pas une honte, ce n’est pas à elles d’avoir honte. Elles resteront toujours les victimes de ces actes, de ces hommes violents, de cette société qui marche sur la tête, mais elles ne sont pas des victimes en soi. Elles sont des êtres humaines qui ont le droit de vivre selon leur désir et leurs rêves d’enfants, dans un monde remis à l’endroit. Et elles ont le droit qu’on soit contentes pour elles.

C’est ce que fait depuis plus de 10 ans Muriel Salmona, une oeuvre d’humanité et hymne à la vie malgré les crimes contre l’humanité. Mieux, elle commence à être un tout petit peu entendue. C’est ce dont tous les enfants rêvent : un monde à l’endroit, ou aimer c’est partager douceur et attention à l’autre, ou vivre c’est aimer dans l’empathie. Et tant pis si cela semble simpliste à ceux qui tentent de survivre dans un monde à l’envers.

C’est le monde à l’endroit des enfants, celui qui fait dire à une enfant de 8 ans (la mienne) : « l’amour, forcément c’est gratuit, ça ne peut pas s’acheter ».  C’est le monde des enfants, des vivant-e-s, et il serait temps qu’on les regarde, et qu’on les écoute.

Sandrine GOLDSCHMIDT

(1)je m’explique : imaginez un enfant de 2 ans battu par un adulte. C’est découvert, on rompt avec l’adulte. L’enfant ne se souvient pas des sévices. Et puis, un jour, comme il est de la famille, on renoue. Tout à l’air de bien se passer jusqu’à ce qu’on découvre que le garçon s’est mis à son tour à infliger des sévices à un autre, sans que lui-même d’ailleurs y comprenne quoi que ce soit).

(2) Muriel explique que quand elle traite des jeunes agresseurs elle ne les « lâche pas » jusqu’à ce qu’ils remettent le monde à l’endroit et comprennent qu’ils ont fait quelque chose d’inadmissible. « Tu as subi des violences mais tu n’avais pas le droit de faire ça et on va analyser pourquoi tu as pu faire ça : parce que depuis ta naissance le monde est à l’envers, remettons le à l’endroit. Et il n’y a que quand ils dénoncent inlassablement ce monde et leurs actes en ce monde qu’ils peuvent « guérir ».

Victimes DE, mais pas « victimes par définition »

Aujourd’hui, je vais juste vous partager deux articles essentiels, qui parlent des femmes, des enfants et des hommes victimes de violences sexuelles, familiales et conjugales, et du fait d’être victime. Car en effet, jusqu’au sein du mouvement féministe, il y a parfois une confusion, entretenue par les libéraux, et par l’imprécision du langage, sur ce que l’on veut dire quand on parle de victimes. Quand, comme Muriel Salmona, psychiatre psychotraumatologue, Présidente de l’association mémoire traumatique et victimologie et auteure de l’indispensable « livre noir des violences sexuelles qui vient de paraître » on se bat pour mettre fin au scandale de l’abandon et l’absence de soin aux victimes en France. Une absence de soin et un abandon des victimes qui est servi par un discours médiatique qui minimise systématiquement les violences qu’elles ont subi et la responsabilité de l’agresseur -dont il découlerait forcément la responsabilité globale du système, de la société.

C’est ce qu’elle développe dans l’article qu’elle a publié le 8 mai à propos de la libération de trois Américaines sequestrées, torturées et violées depuis des années :

« Nous sommes sous le choc de cette information qui est tombée le 7 mai 2013 concernant trois jeunes femmes de Cleveland aux USA disparues depuis 10 ans qui venaient d’être retrouvées, l’une d’entre elle ayant en l’absence de leur bourreau (pour l’instant un seul des trois frères Castro, Ariel Castro est inculpé) réussi à alerter un voisin en cherchant à s’évader.

Mais nous avons aussitôt assisté à tout un discours de minimisation et de négation de la réalité particulièrement intolérable avec l’habituelle incapacité de nombreux journalistes et spécialistes de nommer précisément les violences, de parler de leurs conséquences psychotraumatiques, et de les replacer dans un cadre plus politique de violences et de crimes sexistes commis par des hommes envers des femmes. Les mots crimes, viols, sévices, tortures, actes de barbarie ne sont que trop rarement entendus, les journalistes ne parlant surtout que d’enlèvement, de séquestrations, de calvaire, et même de syndrome de Stockholm… »
Pour lire la suite et la démonstration magistrale de Muriel, c’est ici :

http://stopauxviolences.blogspot.fr/2013/05/les-trois-jeunes-femmes-de-cleveland.html

Ces femmes, c’est très clair, ont donc été victimes DE : un homme, qui a perpétré de nombreux crimes contre elles, peut être plusieurs, et de la société qui n’a rien vu (et qui, très probablement, va tâcher de les culpabliser à un moment de quelque chose pour pouvoir éviter de se poser les vraies questions. Voir à cet égard la conclusion de l’article de ce matin du Huffington Post:

La police reste cependant perplexe: comment se fait-il que les gens rendant visite à Ariel Castro au 2207 Seymour street n’aient jamais rien remarqué de suspect? Pourquoi les voisins n’ont-ils jamais rien entendu? « Ariel tenait tout le monde à distance », avait souligné mercredi le chef adjoint de la police de Cleveland, Ed Tomba. « On ne sait pas encore à quel point Castro contrôlait ces jeunes femmes. Il va certainement nous falloir beaucoup de temps pour comprendre tout ça », avait-il ajouté.

Donc, elles sont victimes DE, et c’est des traumatismes subis qu’il faut les soigner, c’est pour les conséquences matérielles qui en découlent qu’il faut les aider. Pas parce qu’elles « seraient » des victimes. Elles sont des individues, dont une caractéristique -parmi d’autres- même si elle prend beaucoup de place dans leur vie en raison des explications données ci-dessus est d’avoir été victime DE. Pourtant, la société dans son discours insiste à les enfermer dans ce statut. C’est une façon d’en faire les responsables de ce qui serait un « état de fait ».

EkmanC’est aussi une nécessité politique libérale, comme l’explique admirablement Kajsa Ekis Ekman (l’auteure suédoise présente à l’abolition citoyenne du système prostitueur le 13 avril), dont le livre « L’être et la marchandise » sort en France, et qui explique comment la société « rend tabou la notion de victime, pour masquer l’existence d’agresseurs » :

« Comme tous les systèmes qui acceptent les inégalités, l’ordre néolibéral déteste les victimes. Parler d’un être humain sans défense, d’un être vulnérable, suppose en effet la nécessité d’une société juste et le besoin d’une protection sociale. Rendre tabou la notion de victime est une étape pour légitimer le fossé entre les classes sociales et les sexes. Ce procédé exige deux phases. D’abord, il faut affirmer que la victime est, par définition, une personne faible, passive et impuissante. Puisque les personnes vulnérables se battent malgré tout et développent de nombreuses stratégies pour maîtriser la situation, « on découvre » que l’idée qu’on s’est faite de la victime est inexacte. La personne vulnérable n’était pas passive, bien au contraire. Donc, nous dit-on, il faut abolir la notion de victime. En conséquence, nous devons accepter l’ordre social – la prostitution, la société de classes, les inégalités – si nous ne voulons pas étiqueter des gens comme des êtres passifs et impuissants ».

Ou la façon expliquée plus haut de confondre victime et sujet, appliquée au discours pro-protsitution. La suite des extraits de ce texte magistral est à lire ici : http://sisyphe.org/spip.php?article4415

S.G

Evénement : Sortie du « livre noir des violences sexuelles » de Muriel Salmona

Précision : cet article ne reprend qu’une partie de ce qu’il y a dans le livre. En particulier, je n’entre pas dans les chiffres, qui sont pourtant une mine d’informations précieuses de l’ouvrage. J’ai choisi de mettre en avant certains aspects qui me touchent plus particulièrement et dont j’avais envie de parler. Il y a en a plein d’autres
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C’est demain que sort en librairie le livre attendu de Muriel Salmona, psychiatre psychotraumatologue et Présidente de l’Association mémoire traumatique et victimologie. Le livre noir des violences sexuelles qui sort chez Dunod est un indispensable pour comprendre la violence du monde qui nous entoure envers les femmes et les enfants.

Récemment, Muriel expliquait qu’elle avait déjà transmis le livre à Najat Vallaud-Belkacem, la ministre des droits des femmes, et que celle-ci avait été particulièrement marquée par l’ampleur des violences sexuelles faites aux enfants. C’est en effet un des plus grands intérêts de l’ouvrage de Muriel, montrer l’ampleur des violences sexuelles subies, et leurs conséquences pour les victimes, et pour la société. A la fois, il explique comment surviennent les violences et la mémoire traumatique dans un contexte de domination patriarcale :  de pères -et parfois de mères, qui possèdent leur enfant comme leur chose et ne lui permettent pas de se construire comme une personne libre et indépendante. C’est à ce moment là que se construit la perversion suprême : celle qui consiste à désigner comme coupable des violences qu’ils subissent, et coupables des crimes et dysfonctionnements de leur parents des enfants qui ne sont bien évidemment coupables de rien, et au final seulement responsables d’être venu-e-s au monde, et d’exister. Montrer l’ampleur des violences et en particulier des violences sexuelles qu’ils subissent, permet de comprendre comment le système oppresseur peut se perpétuer.

1/ Les violences sexuelles, et en particulier sur les enfants, ou comment fabriquer le monde à l’envers, faire de la victime la coupable. Et comment le remettre à l’endroit

Cela devrait paraître évident que les victimes ne sont pas les coupables, et pourtant, les violences s’exercent sur des enfants dès le berceau, et la société ne cesse de les justifier, les cacher, les laisser impunies. Ainsi l’absurde domine : en effet, quel sens peut avoir le monde si on désigne les enfants comme coupables d’exister ? D’être là, et responsables et coupables, de tout ce que font leurs parents ? Alors que la responsabilité des parents, leur autorité, consiste à permettre aux petits êtres humains qu’ils ont mis au monde, et aujourd’hui, avec la possibilité de l’avoir désiré, de devenir des personnes autonomes, conscientes et capables de choisir entre le crime et la justice ?

Qui a eu un bébé ou été proche d’un bébé sait combien le petit être qui vient de naître est totalement dépendant de ceux entre les mains desquels il tombe. Sa seule arme est le cri, et quelques mouvements. Et l’amour qu’on lui porte. Ainsi, c’est normal qu’un enfant crie, mais c’est risqué. En criant, il émet sa première action propre. Il en est responsable. Il fait alors ce qu’il doit pour survivre (dire qu’il a besoin d’être nourri, qu’il a mal au ventre, qu’il se sent mal), et en même temps, il est mis en danger : celui de tomber sur ceux qui commenceront, dès cet instant, à le désigner comme coupable d’une intention (un caprice, l’envie de pourrir la vie de ses parents, toutes choses très couramment entendues, et très tôt). Aussi, alors qu’il pleure, si c’est un bébé garçon, on dira (comme le montre une expérience de psychologie célèbre) qu’il est fort et vigoureux, si c’est une fille, qu’elle est triste et plaintive. Et déjà, un peu de la capacité d’être elle même de la personne disparaît.

Et certain-e-s, au lieu de le prendre en compte comme un signe légitime -plus ou moins bien ou mal interprété, selon lequel l’enfant a besoin de l’adulte, et d’une réponse, vont tirer parti de cela pour exercer la domination, la contrainte. Et justifier la violence qu’ils s’autorisent alors à exercer sur un autre être humain. Il faut donc remettre les pendules à tourner dans le bon sens, et c’est ce que fait ce livre :

« la victime n’est pas responsable de la violence exercée contre elle. Rien de sa personne ni de ses actes ne justifie la violence. La victime est toujours innocente d’une violence préméditée qui s’abat sur elle. Ce n’est pas à elle, contrairement à ce qui est souvent dit, de faire en sorte que la violence n’explose pas ».

Muriel dénonce les points aveugles de la société, dans un aveuglement volontaire :

En gros, d’un côté on fait comme si ce n’était pas un crime qui était commis, par un criminel, qui commet un acte illégal, de l’autre on nie que ce qu’a subi la victime est intentionnel, qu’il y ait eu volonté de nuire :

« un autre point aveugle, « est l’absence de reconnaissance de l’intentionnalité de l’agresseur. Sa volonté de nuire, de détruire, de faire souffrir le plus possible, d’opprimer, de réduire sa victime à une chose, de la déshumaniser pour son intérêt et son plaisir, et même, comble de la cruauté, d’en jouir, est escamotée. Seules ses rationalisations et la mise en scène mensongère montée pour s’absoudre de toute culpabiilité sont relayées et prises pour argent comptant »

Le livre est par ailleurs très clair sur la disctinction agresseurs/victimes. Car oui, les agresseurs sont souvent d’anciennes victimes (1), eux-mêmes peuvent d’ailleurs souffrir de la mémoire traumatique, ce qui ne les excuse en rien : « Face à cette mémoire traumatique, si l’un des membres du couple se positionne comme dominant, supérieur à l’autre en rapport de force (et l’homme est aidé en cela par une société profondément inégalitaire), il peut instrumentaliser son conjoint pour échapper à l’angoisse déclenchée par les allumages de sa mémoire traumatique. Sa prétendue supériorité donnant plus de valeur à son bien-être qu’à celui du reste de sa famille, il impose que ce soit à l’autre et à ses enfants de mettre en place des conduites d’évitement efficaces pour qu’il ne s’allume pas, les transforomant en esclaves aux service de son bien-être physique,, psychique ou sexuel. Il aura recours à des conduites dissociantes : alcoolisation massive, violences verbales, physiques, sexuelles, à des mises en danger, à des menaces suicidiaires…qui vont les terroriser et ainsi lui permettre de « disjoncter, de se dissocier et de s’anesthésier ». 

2/Ainsi, en démontant, de façon féministe, le système qui produit tant de violences sexuelles que Muriel documente avec une très grande précision, elle réalise bien un « livre noir » qui peut enfin permettre de mesurer, évaluer, envisager l’ampleur du système et ses conséquences. Et donner des pistes pour en sortir, en comprenant la mémoire traumatique et son traitement.

Mais bien sûr, ce que le livre apporte de tout aussi fondamental et essentiel, c’est une compréhension de pourquoi et comment ces violences sexuelles sont dévastatrices pour le psychisme, pour la vie des personnes humaines, combien elles peuvent être déshumanisantes et combien elles portent en elles le mécanisme de leur impunité et de leur perpétuation.

En détaillant le mécanisme de la mémoire traumatique, elle permet à tout un chacun de comprendre et de redonner du sens à ce monde qui n’en avait plus. Pourquoi en effet, les victimes étaient-elles  désignées comme les coupables ?  Il y a l’explication donnée ci-dessus d’une société inégalitaire où certains être sont autorisés à se penser et vivre supérieurs et à utiliser/esclavagiser d’autres être humains.

PDJPDPXMais il y a aussi le mécanisme de la mémoire traumatique, qui fait que les victimes agissent d’une façon que l’entourage ne parvient pas à comprendre. Et qui donne l’impression qu’elles sont folles, ou trop fragiles, alors qu’en fait elles souffrent terriblement, qu’elles sont colonisées par la violence, par le biais de la mémoire traumatique.

Pourquoi ont-elles l’air d’avoir des comportements disproportionnés ? Imaginons une victime qui a connu un ou de multiples chocs traumatiques (voir le site de mémoire traumatique et victimologie), et qui vit des crises à répétition. Le simple fait de sentir par exemple une odeur, à un moment donné, qui serait celle qu’elle a senti au moment d’une des agressions subies, qui l’ont obligée à disjoncter et se dissocier, peut provoquer la libération de la mémoire traumatique (enfermée dans une partie du cerveau, comme l’explique Muriel). A ce moment là, elle ressent à nouveau et de façon identique, le stress émotionnel de l’agression. Et c’est même l’ensemble des stress subis au cours de différentes agressions s’il y en a eu plusieurs (ce qui est particulièrement vrai pour les enfants qui ont été victimes), qui lui tombe dessus. Un peu comme si d’un coup, pour un bruit, une heure de la journée, une odeur, une couleur ou autre, un 4 tonnes leur tombait dessus. Les voici dans une grande souffrance et totalement désemparées de ne pas comprendre elles-mêmes ce qui leur arrive. Alors que -et pour cause, il est invisible, puisque mémoriel- personne autour n’a vu de 4 tonnes tomber.

C’est donc très difficile à comprendre pour un entourage non averti. Et surtout, cela peut se produire souvent, à n’importe quel moment, quand il s’agit de personnes qui ont subi des viols et des traumatismes à répétition (enfants, personnes prostituées en particulier, c’est pour cela que je pense que ce sont les deux grands verrous de l’arme de la violence patriarcale auxquels il faut s’attaquer avec acharnement).

C’est insoutenable pour la personne qui les vit. C’est incompréhensible pour l’entourage. Alors, que faire ?
C’est le dernier enseignement essentiel de ce livre à lire absolument : la mémoire traumatique se soigne, elle peut se résorber, et c’est un long parcours, difficile pour les personnes qui ont été victimes, mais salutaire, qui leur permet enfin de vivre. Pour cela, il faut lire et chercher à comprendre les mécanismes, et être capable de réagir, d’aider la personne qui souffre, et de l’amener à être capable elle-même de repérer ce qui provoque ses crises, et de les chasser.

Ce n’est pas Muriel Salmona qui le dit, bien sûr ici, mais c’est mon interprétation. C’est là qu’intervient une forme de « magie », qui est bien réelle. Pour bien la comprendre, une image (anagramme), celle d’Harry Potter. Harry Potter, enfant maltraité, est victime d’attaques du mal (des agresseurs) par des crises traumatiques, incarnées par les détraqueurs et Voldemort qui s’emparent de son esprit, le font souffrir et tentent de le vider de la vie qui est en lui, et de s’emparer de son psychisme pour le détruire et prendre le pouvoir et en jouir. Mais la capacité d’amour qu’il possède -qui n’est autre que son humanité profonde- + celle de son entourage, dont le fait d’être guidé par des « professeurs de défense contre les forces du mal » (en tête, le fameux Dumbledore), lui permettent de déminer son psychisme et de chasser de lui même ses crises traumatiques.

GRÂCE aux travaux sur la mémoire traumatique, et à l’aide de ce livre indispensable de Muriel Salmona, on pourrait donc enfin sortir de ce cycle infernal de la violence et de la domination, qui fait des millions de victimes. A condition que la société entende et s’en donne les moyens.

Pour cela, il faut que soient formés tous les professionnels, pour être, comme Muriel Salmona, capables de guider les personnes qui ont été victimes, vers la sortie du champ de mines qui ont été placées dans leur psychisme, et qu’en même temps, leurs entourages soient informés de ce qui se passe lors des crises et de comment ils peuvent aider. Il faut donc diffuser le plus largement possible l’information sur les mécanismes traumatiques. Et sur les moyens d’aider les victimes à ne plus l’être, mais à l’avoir été.

Et, comme conclut Muriel, il est GRAND TEMPS !

« Pour lutter contre les violences et leur reproduction de proche en proche et de génération en génération, il est temps de garantir l’égalité des droits de tous les citoyens, mais il est temps aussi que les « blessures psychiques » des victimes de violences et leur réalité neuro-biologique soient enfin reconnues, identifiées, comprises, prises en charge et traitées. Il est temps de considérer enfin que ces « blessures psychiques » sont des conséquences logiques d’actes intentionnels malveillants faits pour générer le maximum de souffrance chez les victimes, et organiser délibéréemnt chez elles un traumatisme qui sera utilse à l’agresseur pour s’anesthésier et mettre en place sa domination. il est temps que les victimes soient enfin réellement secourures, protégées et soutenues. Il est temps d’être solidaires des victimes, de s’indigner de ce qu’elles ont subi et de dénoncer les coupables. Il est temps de leur redonner la dignité et la valeur que leur a déniées l’agreseur en les instrumentalisant et en les colonisant. Il est temps de leur rendre justice et de les soigner ».

 

Sandrine GOLDSCHMIDT

Le livre noir des violences sexuelles, éditions Dunod, parution le 10 avril :

Avec son site ( informations, articles, nombreux témoignages, ressources et bibliographie actualisées, vidéos, etc. ) : 
Avec, à feuilleter, les premières pages du livre noir des violences sexuelles en cliquant ICI
Vous pouvez vous le procurer dans les librairies, 
et chez Dunod, à la FNAC , sur  Amazon ou sur Decitre (e-book-PDF)
 
Une première séance dédicace est organisée le 20 avril 2013 à Bourg la Reine de 15 à 19h30
pour toute information: drmsalmona@gmail.com
Et le contact presse Dunod :
Elisabeth Erhardy Attachée de presse,  01 40 46 35 12, presse@dunod.com
Extraits : (2) « Non, la violence n’est pas une fatalité, l’être humain n’est pas violent par essence, il le devient d’une part parce qu’il a subi lui-même des violences ou qu’il en a été témoin, le plus souvent très tôt dans son enfance, à l’intérieur de ces mondes comme la famille que l’on veut croire idéaux et sécurisants. Il le devient aussi parce qu’il peut s’autoriser à reproduire les violences sur des victimes plus faibles, plus vulnérables ou désignées comme telles pour soulager son mal-être, aidé en cela par une société inégalitaire qui cautionne la loi du plus fort »

La prévention des violences passe avant tout par la protection et le soin des victimes.

bannièrePJPEn écho à mon dernier article et pour poursuivre la réflexion, voici un texte important, le coup de gueule de Muriel Salmona, psychiatre psycho-traumatologue, présidente de l’Association mémoire traumatique et victimologie, sur l’absence des questions de santé et de soins spécialisés aux victimes.

Vous pouvez le lire en entier sur son blog Mediapart, en voici la conclusion :

Sortir du déni, protéger et soigner les victimes de violences est donc une urgence de santé publique. Ces conséquences psychotraumatiques sont encore trop méconnues, alors que leur prise en charge est efficace. Elle doit être la plus précoce possible. En traitant la mémoire traumatique, c’est à dire en l’intégrant en mémoire autobiographique, elle permet de réparer les atteintes neurologiques, et de rendre inutiles les stratégies de survie. Il est donc essentiel de protéger les victimes de violences et d’intervenir le plus tôt possible pour leur donner des soins spécifiques, il s’agit de situations d’urgence pour éviter la mise en place de troubles psychotraumatiques sévères et chroniques qui auront de graves conséquences sur leur vie future, leur santé, leur scolarisation, leur vie professionnelle, leur socialisation, et sur le risque de perpétuation des violences. Il est nécessaire de sensibiliser et de former tous les professionnels de l’enfance, des secteurs médico-sociaux, associatifs et judiciaires sur les conséquences psychotraumatique des violences.

La prévention des violences passe avant tout par la protection et le soin des victimes.

http://blogs.mediapart.fr/blog/muriel-salmona/021212/vous-avez-dit-droits-des-femmes

Par ailleurs, vous pouvez signer la pétition et le manifeste de la campagne violences et soins et la partager autour de vous : il faut des signatures massives ! http://stopauxviolences.blogspot.fr/2012/06/nous-accusons-manifeste-petition-signer.html

Pour les adolescentes et jeunes femmes : brochure d’infos sur les violences

Voici à l’occasion du 25 novembre une brochure à destination des adolescentes et des jeunes femmes réalisée et publié par l’Observatoire des violences envers les femmes du 93 et l’Association Mémoire Traumatique et Victimologie.  

Des messages essentiels pour aider les jeunes filles et femmes à comprendre que toute violence est une injustice, et à les repérer pour elles-mêmes.

Que les seuls responsables de ces violences sont les agresseurs.

Vous pouvez la découvrir en intégralité sur le site de Muriel ici : http://stopauxviolences.blogspot.fr/2012/11/brochure-destination-des-adolescentes.html