Abolition citoyenne : quand la place Pigalle devient « Place de l’Abolition »

M43
La Place Pigalle devenue Place de l’Abolition !

Je ne prétendrai pas ici donner un compte-rendu objectif de cette journée à la préparation de laquelle j’ai été de tous les instants…ce sera donc mon sentiment personnel. Quelle formidable journée ! Et voici un article du Point pour compléter : Les abolitionnistes gagnent du terrain. Merci aux centaines de personnes venues nous soutenir dans ce combat, venues manifester la volonté des citoynnEs qu’une loi d’abolition du système prostiteur soit votée d’ici la fin de l’année.

Merci aux 3 femmes sorties de la prostitution qui sont venues témoigner et dire le besoin qu’elles ont que nous soyons à leurs côtés, et de ne jamais relâcher l’effort pour que la prostitution, qui est une violence répétée et inhumaine faite aux femmes. Parmi elles, Laurence, formatrice depuis 28 ans, et pour qui la stigmatisation d’avoir été en situation de prostitution reste forte, et qui ne veut plus que la honte pèse sur les victimes. Blandine Métayer, auteure interprète, l’a dit elle aussi avec force et conviction : la honte doit changer de camp, elle ne doit plus être sur les personnes prostituées mais sur les prostitueurs : institutions complices, proxénètes et clients-prostitueurs-violeurs.

Autres moments forts, avec les vidéos du Premier secrétaire du PS, Harlem Désir, qui a délivré un message abolitionniste sans ambiguité, (bientôt en ligne), avec celle de Stella Marr, à la tête d’un réseau international de 95 survivantes, qui a aussi envoyé un message vidéo (voir la retranscription ci-dessous), et de la réalisatrice Eve Lamont, dont le film L’imposture devrait à tout prix être vu par toutEs (la vidéo également très bientôt en ligne).

Un petit film sur les 3 ans de lutte pour arriver à ce 13 avril :

Un super photomaton abolitionniste formidable dont les photos ont déjà circulé sur FacebookEnfin, une déclaration d’abolition lue par des associations d’abolition 2012, et une manifestation en fin de journée, de la Place Blanche à la Place Pigalle, pour porter notre combat au coeur même de ce quartier où trop de femmes sont victimes de l’exploitation et la violence du système prostitueur et ou trop d’hommes prostituent en toute impunité. Pendant quelques minutes, la place Pigalle est devenue celle de l’abolition.

Une utopie, qui doit devenir réalité. Pas demain, mais maintenant, parce qu’il y a urgence !

Merci à Christine Le Doaré pour les photos

Sandrine GOLDSCHMIDT

Intervention de Stella Marr :

Bonjour. Mon nom est Stella Marr et je suis directrice générale de SexTrafficking Survivors United, une organisation internationale qui rassemble plus de 95 survivantes de la prostitution. C’est un honneur pour moi que de pouvoir vous parler à cet important colloque. Victor Hugo a écrit : « On dit que l’esclavage a disparu de la civilisation européenne. C’est une erreur. Il existe toujours, mais il ne pèse plus que sur la femme et il s’appelle prostitution. » Celles d’entre nous qui avons connu la prostitution savons la vérité de ces paroles.
Ralph Ellison a écrit: «Nous sommes nombreux et nous devenons un seul. Ce n’est pas une prophétie mais une description du réel. » Celles d’entre nous qui avons vécu la prostitution en restons changées à jamais. Nous ne sommes plus simplement nous-mêmes, nous faisons partie de la fraternité des survivantes à travers le monde. Chaque matin, nous nous réveillons en pensant à celles d’entre nous qui souffrons de la prostitution, et nous sentons que nous devons faire quelque chose pour arrêter cela. Nous voulons libérer nos sœurs et nos frères et de la violence et de l’oppression de la prostitution. La meilleure solution disponible consiste à adopter des lois qui décriminalisent les personnes en prostitution, tout en criminalisant l’achat de services sexuels. Dans le même temps, les gouvernements doivent financer des programmes visant à aider les gens à sortir de la prostitution tout en lançant des programmes d’éducation et de prévention. La grande majorité des survivantes de la prostitution sont en faveur de ce type de législation. C’est parce que nous comprenons que tant que des hommes voudront acheter les personnes prostituées, il y aura des proxénètes violents et contraignants, il y aura de la violence et de la dégradation de la part des hommes qui achètent la classe prostituée. La prostitution est l’enfer dans une zone de guerre. Nous devons faire tout notre possible pour abolir un régime aussi violent.Aujourd’hui, mon cœur est plein d’espoir et d’amour parce que les survivantes de la prostitution disent la vérité à son sujet. Nous nous réunissons dans le monde entier. Il y a une puissante vague montante – la vague des voix des survivantes. La dynamique nous porte et rien ne peut l’arrêter. Nous remercions nos alliés pour leur travail acharné et pour leur soutien. Celles et ceux qui soutiennent la légalisation du proxénétisme et l’achat des gens de groupes vulnérables et marginalisés sont du mauvais côté de l’histoire. La culture française soutient depuis longtemps des visionnaires qui ont pris le parti des opprimés – Jeanne d’Arc, Rousseau, Hugo … et tant d’autres. Je crois que la France va poser le bon geste et une fois de plus conduire l’Europe vers la création d’un monde plus humain. La France va adopter des lois qui décriminalisent les personnes dans la prostitution, et qui criminalisent l’achat de services sexuels. La France va subventionner des programmes visant à aider les gens à sortir de la prostitution et à se remettre de ce terrible traumatisme physique et émotionnel. Vive la France! Vive l’abolition de la prostitution!Je vous remercie.

Rétro (5) : abolition de la prostitution !

25 novembre : Abolition !
25 novembre : Abolition !

EN 2011, le rapport Bousquet-Geoffroy remis le 13 avril, la convention abolitionniste du 29 novembre à l’Assemblée nationale qui a lancé le collectif Abolition 2012, la réaffirmation unanime par les députés de la position abolitionniste de la France le 6 décembre (et ici, je réponds d’avance à l’argument : il n’y avait personne dans l’hémicycle…oui, c’est toujours ainsi quand il n’y a pas de doute sur le vote, on délègue au responsables de groupe de voter, et cela se passe très souvent comme ça…enfin, rarement à l’unanimité, comme ici !).

En 2012, la position abolitionniste de la prostitution, qui est là Pour les personnes prostituées, et contre le système prostitueur, a encore marqué des points. Avec la prise de position de la ministre du droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, et la visibilisation progresive (mais il y a encore du chemin), de notre combat, qui fait qu’il y  a aujourd’hui plus de 50 associations dans le collectif.
Chacune, chacun peut d’ailleurs se solidariser en signant ici l’appel Abolition 2012 : http://www.abolition2012.fr

En 2013, nous continuerons à nous mobiliser, à essayer d’élargir l’espace public d’une position bien plus partagée que les médias ne voudraient le faire croire, et à lutter contre des mensonges et de la propagande qui voudraient faire croire que la réalité de la prostitution est autre que ceci : Les témoignages qui disent la réalité de la prostitution, sans strass (1)

Et nous le ferons, toujours, AU nom du rêve de Rebecca Mott

abolition20121-La  réalité de la prostitution : 

Les anti-abolitionnistes voudraient faire croire que la prostitution, et le règlementarisme, c’est glamour. Ou que la Suède, c’est l’enfer pour les personnes prostituées. La réalité, c’est ceci :

A voir ou revoir, le film qui, en 26′, dit tout (par Marie Vermeiren) :

Pas à vendre

Les survivantes de la prostitution, savent de quoi elles parlent. Malgré les menaces dont elles sont l’objet, les campagnes de dénigrement, elles ont le courage de continuer à dire :

Survivers connect network

Le règlementarisme, ça donne ça :

Grèce : les dérives du réglementarisme

Alors que quand les femmes ne sont pas à vendre, c’est toute la société qui change :

En Suède les femmes et les hommes ne sont pas à vendre

Et la réalité de la prostitution, est très éloignée de ce qu’en fait l’imposture médiatique :

Le front abolitionniste en 2012 comme en 2011

Et vouloir le règlementarisme, c’est aussi vouloir ça :

Paul emploie des seins nus

La réalité, jusqu’au bout :

Jusqu’au bout de l’horreur

logo-abo20123.jpg2-Pourquoi l’abolition, c’est la seule solution : une question de droits humains

Voici quelques textes qui exposent les fondements éthiques de nos positionnements. Il ne s’agit rien moins que de défendre qu’enfin les femmes soient des êtres humains avec des droits humains. Il s’agit aussi de défendre la liberté, la vraie. Et de repérer la propagande.

Abolir le système prostitueur pour réaffirmer les droits humains

Abolir la violence qu’est le système prostitueur

Pourquoi l’abolition ? Pour la liberté

Abolition 2012 : dernière violences des hommes contre les femmes que la loi ne condamne pas

Dénoncer l’oppression sans la reproduire

Apocalypse NO

Pour ou contre l’abolition de la prostitution (rue 89)

Année des femmes sans tête

3- L’imposture médiatique

Le discours sur la prostitution, principalement dans les médias, c’est beaucoup de mensonge. Et c’est une place démesurée donnée à la parole des anti-abolitionnistes. Pour peu qu’ils soient des hommes, et contre la pénalisation du client, on leur donne la parole.  Heureusement, à force d’explication, de persévérance, nos arguments commencent à être entendus. Mais il y a encore des murs à faire tomber. Comme l’a montré récemment l’affaire « Ce soir plus jamais » (voir ci-dessous)

L’imposture médiatique

Pas cher Patrick Bruel

Ce soir plus jamais

Ecrivons à France Télévisions

Réponse aux intellectuels anti-abolitionnistes : un peu de sérieux

Une femme sans tête c’est une morte

Benzema et Ribery en correctionnelle

Hasta la vista la sexualité des hommes en situation de handicap

4-Les événements abolitionnistes de l’année

Nous nous sommes intensément mobilisées, avec le collectif Abolition 2012, de la manifestation du 8 mars à l’appel de Bruxelles en 704650_10151316381924743_215429974_opassant par le Divan du monde et le 25 novembre. Voici.

L’appel de Bruxelles :

Videos de l’appel de Bruxelles,

SIgnez l’appel de Bruxelles

Victor Hugo aurait signé, et vous ?

Après les déclarations de Najat Vallaud-Belkacem

Abolition 2012 : féministes et donc pour une politique cohérente et entière en matière de prostitution

Les personnes prostituées soutenues au niveau de l’Etat

Fêterons-nous l’abolition du système prostitueur aux 3e rencontre FEM ?

Abolir le système prostitueur, l’engagement qui changera la vie des femmes

Le 13 avril au Divan du monde, conférence de presse, avec en particulier l’intervention en sketch de Typhaine Duch

Abolitionnistes et fièr-es de l’être, suite des videos

Abolitionnistes et fièr-es de l’être

Abolition 2012 au Divan du monde : vidéos de Typhaine Duch

Le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes

8 mars : pas d’égalité sans abolition de la prostitution

Le 25 novembre, journée de lutte pour l’élimination des violences faites aux femmes

Manif du 25 novembre
Manif du 25 novembre

Vidéo abolitionniste du 25 novembre

25 novembre : une belle journée en photos

8 mars : les femmes ne sont pas des marchandises

5-Ressources

Enfin, quelques articles qui vous donnent des liens indispensables vers d’autres articles que les miens, et en particulier le scoop.it de Fée ministe

Revue de presse d’indispensables

Scoop.it Abolition 2012

Abolition 2012 : sommaire et ressources pour comprendre

Ressources indispensables sur la prostitution

Je rêve qu’un amour sans tyrannie soit possible

Voilà, n’hésitez pas à vous servir de tout ça pour convaincre, et à diffuser à vos contacts !

S.G

Abolition de la prostitution : les personnes prostituées soutenues au niveau de l’Etat !

C’est incontestable : depuis le 6 mai, il n’a guère fait beau. Surtout, le déluge a souvent accompagné des sorties féministes…

et pourtant, c’est tout aussi incontestable : l’air est nettement plus doux, et il fait incontestablement plus beau depuis le 6 mai.

Depuis décembre, déjà, nous avions expliqué que « nous ne baisserions plus le front, après la réaffirmation par tous les partis de l’Assemblée nationale, de la position abolitionniste  de la France par une résolution votée à l’unanimité. Aujourd’hui, le gouvernement aussi soutient cette position de progrès, en la personne de la très courageuse ministre Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes.

Aujourd’hui, nous pouvons l’affirmer, les personnes prostituées sont soutenues, non seulement par des associations de terrain (Mouvement du Nid, Amicale du Nid, qui rencontrent plusieurs milliers de personnes prostituées par an) et des associations féministes (abolition 2012), mais aussi représentées, jusqu’au niveau de l’Etat et du gouvernement.
C’est donc le moment de les soutenir et de les encourager à poursuivre, parce qu’il s’agit d’une vraie avancée de société, parfaitement possible à mettre en place (voir l’exemple de la Suède et des pays qui l’ont suivi).

Il s’agit aussi de favoriser un changement dans le monde entier. Parce qu’aujourd’hui, se battre au niveau européen ou mondial est impossible (voir la récente campagne pro-science de la commission européenne pour comprendre où on en est), il semble que l’on ne pourra faire avancer la cause de toutes les femmes et celle des personnes prostituées qu’en utilisant l’exemple, en prouvant que c’est un politique de progrès, en aidant les personnes prostituées à pouvoir sortir de la prostitution, en encourageant les alternatives, en responsabilisant les clients, qu’on pourra faire tâche d’huile…

Bravo Madame Vallaud-Belkacem, et continuons !

Voici quelques articles écrits ici, ainsi que le lien vers l’indispensable site « Prostitution et société », magazine du mouvement du nid, et, en dessous des liens, le communiqué de presse du Mouvement du nid :

http://www.prostitutionetsociete.fr/

http://www.prostitutionetsociete.fr/actualites-europe-2/actualites-france/abolitionnistes-du-systeme

http://www.prostitutionetsociete.fr/eclairage/interviews/gisele-halimi-avocate-et-feministe

https://sandrine70.wordpress.com/2011/11/29/abolition-de-la-prostitution-nous-ne-baisserons-plus-le-front/

https://sandrine70.wordpress.com/2012/03/13/pour-les-personnes-prostituees-contre-le-systeme-prostitueur/

https://sandrine70.wordpress.com/2012/03/06/8-mars-2012-pas-degalite-sans-abolition-de-la-prostitution/

https://sandrine70.wordpress.com/2012/06/06/je-reve-quun-amour-sans-tyrannie-soit-possible-revue-de-presse-abolitionniste/

https://sandrine70.wordpress.com/2012/05/06/soutien-aux-personnes-prostituees-en-grece-ou-les-derives-du-reglementarisme/

https://sandrine70.wordpress.com/2012/04/13/abolition-2012-divan-du-monde-video/

Le communiqué de presse :

CP du MdN

Abolition de la prostitution: Coup d’envoi donné par la ministre des droits des femmes!

Ce dimanche 23 juin, le Mouvement du Nid-France, réuni en Assemblée Générale à Strasbourg, accueille avec une grande satisfaction l’annonce faite par Madame la Ministre des droits des femmes. En engageant le gouvernement à se donner les moyens d’abolir la prostitution, Najat Vallaud Belkacem se place dans la continuité de la résolution parlementaire votée le 6 décembre 2011 réaffirmant la position abolitionniste de la France en matière de prostitution.

Selon ses termes, il n’est plus question de débattre de l’opportunité de l’abolition de la prostitution, mais des moyens à mettre en oeuvre pour y parvenir. Le Mouvement du Nid se félicite que la ministre prenne clairement la direction d’un abolitionnisme effectif et honore ainsi les engagements pris par le Parti Socialiste durant la dernière campagne présidentielle.

La Ministre pourra compter sur le soutien et l’expertise du Mouvement du Nid et de ses 31 délégations départementales pour mener à bien le projet ambitieux d’une société plus égalitaire entre les femmes et les hommes.

Abolir le système prostitueur, l’engagement qui changera la vie des femmes

Dommage. L’abolition du système prostitueur n’est pas dans les 40 propositions du candidat socialiste François Hollande dévoilées aujourd’hui à 11h, pile au moment où au Divan du monde, les abolitionnistes recevaient la presse pour leur expliquer pourquoi, cette mesure qui est dans le programme du Parti socialiste, est le signe de progrès humain, de plus de liberté et d’égalité pour toutes et tous. Et le seul moyen de rendre leur humanité aux femmes que le système chosifie par l’imposition d’une violence extrême !

Le programme d’abolition 2012 est simple :

-supprimer toute mesure répressive envers les personnes prostituées. Donc supprimer tout délit de racolage.

-cibler les personnes qui sont responsables de la prostitution : donc interdire tout achat d’un acte sexuel, et le faire appliquer en sensibilisant les clients aux violences qu’ils font subir et en les pénalisant par l’introduction d’une peine de l’ordre du délit  et de l’amende.

-proposer des alternatives à la prostitution par les soins, l’accompagnement, puis la réinsertion des personnes prostituées. Une politique ambitieuse mais qui peut très bien être inventive. Ainsi, l’Etat, s’il lutte efficacement contre le proxénétisme, pourra en récupérer une partie des profits -non pas au sien- mais à celui des personnes prostituées.

Tout cela, c’est ce que les associations signataires d’Abolition 2012 ont défendu ce matin, tout en faisant la preuve, avec humour et modernité, que c’est un combat d’avant-garde.

-avec le sketch écrit et joué par Typhaine Duch, qui met à mal tous les clichés qui ont la vie dure (visible dans quelques heures ici même)
-avec le film de la délégation de Paris du Mouvement du nid, visible ici : http://www.abolir.fr/
-avec les interventions de Femmes pour le dire, femmes pour agir, Maudy Piot qui a expliqué combien la volonté de certains d’introduire une légalisation du proxénétisme par le biais de l’exploitation de la souffrance des personnes en situation de handicap était dangereuse et n’était pas une solution en faveur de celles ci. Celle enfin de Zéromacho -des hommes qui se mobilisent pour dire qu’ils ne veulent pas violer des femmes contre argent, et de Christine Le Doaré et Jean-Claude, militants LGBT abolitionnistes.

En attendant les videos, vous pouvez lire le communiqué de presse comdepresse13 avril2012(1)

 

Sandrine GOLDSCHMIDT

Hasta la vista, de la sexualité des hommes en situation de handicap

Pour mon premier article pour Prostitution et Société, l’excellent journal écrit et site Internet du Mouvement du nid, j’ai été voir Hasta La Vista, film de Geoffrey Einthoven, dont l’affiche m’avait déjà fait réagir il y a quelques semaines. Du coup, j’ai été voir, et j’ai bien fait. Comme ça, la critique est plus justifiée.

Et faire le point sur un film qui, tout en s’intéressant à la sexualité et la liberté des hommes en situation de handicap, ne s’intéresse ni aux femmes dans la même situation, ni aux personnes prostituées…

C’est à lire ici : http://www.prostitutionetsociete.fr/cultures/films/hasta-la-vista-de-la-sexualite-des?lang=fr

POUR les personnes prostituées, CONTRE le système prostitueur.

Ce week-end, j’ai amélioré ma connaissance du système prostitueur auprès de personnes remarquables qui militent toute l’année au mouvement du nid pour un monde où l’achat d’un acte sexuel serait interdit. Car c’est bien de cela qu’il s’agit dans l’abolitionnisme. Notre but premier n’est pas de « punir » les clients. Il ne s’agit pas de « faire la morale ».  Mais de libérer le monde des femmes de la violence – parce que la prostitution est rarement un choix, et toujours une violence. C’est donc un projet humaniste.

Lutter contre le système prostitueur, cela n’est pas anodin. S’agit il de lutter contre la prostitution ? Oui. Contre le système prostitutionnel ? Non. Parce que dans le système prostitutionnel, il y a les personnes prostituées. Elles, nous devons les défendre et les accompagner. Au mouvement du nid, les bénévoles, qui sont moins de 300, rencontrent chaque année environ 5000 personnes prostituées. Si on regarde le rapport Bousquet, qui avance le chiffre de 20.000 personnes prostituées en France, qu’on le multiplie par 2 en se disant que c’est peut-être sous-évalué, on se rend compte alors que cette association de 70 ans est celle qui représente le mieux les personnes prostituées : parce qu’elle en rencontre, chaque année, de 1 sur 4 à 1 sur 8 d’entre elles.

S’agit-il d’éradiquer la prostitution ? Non, l’esclavage a été aboli, il existe malheureusement toujours; Nous ne sommes pas prohibitionnistes. Il s’agit de l’abolir. Et ce, pour des raisons qui méritent d’être expliquées en longueur. C’est pour cela que cet article, une fois n’est pas coutume, sera un peu longuet…

Quand les abolitionnistes disent qu’ils luttent contre le système prostitueur, ce qu’ils et elles disent, c’est en fait : nous luttons POUR les personnes prostituées et contre le système prostitueur. Qui compose ce dernier ? Les proxénètes : ils sont déjà punis par la loi, et la France est un des rares pays d’Europe où la répression du proxénétisme est une réalité. Ainsi, il est interdit de profiter de la prostitution d’autrui.

Deuxième prostitueur sans qui le système ne peut exister : le client. C’est lui qui est à la source de la demande. C’est lui qu’on interroge jamais et qu’on excuse toujours. Ce qu’il veut, ce qu’il fait, c’est acheter un acte sexuel qui est par définition violent. Sans lui, il n’y a pas de prostitution. Sans lui, il n’y a pas de prostitution, donc il y a une place pour la sexualité. Libérer la sexualité, c’est libérer l’acte sexuel de toute contrainte, que ce soit de la force, ou de l’argent.

Enfin, il y a un dernier acteur du système prostitueur, c’est la société qui, en n’interdisant pas l’achat d’actes sexuels et en réprimant les personnes prostituées les laisse dans une prive de leurs droits humains fondamentaux.

Pourquoi la prostitution est toujours une violence

Car la prostitution est une violence. Dans tous les cas. Peut-être certaines personnes l’ont-elles ou croient-elles l’avoir choisi. On ne peut pas exclure cette option. On n’a pas le droit de dire à une personne qu’en tant qu’individu, elle n’a pas le choix. Mais on peut décider que si on ne peut lui interdire de vendre un acte sexuel, on peut interdire l’achat de celui-ci. Parce que même si l’on admettait que dans quelques cas individuels il peut y avoir choix, cela ne peut pas constituer un projet de société, quand on sait que pour l’immense majorité des personnes prostituées, ce n’est pas un choix. Et que  pour toutes, c’est une violence. « La prostitution est le carrefour de toutes les injustices, toutes les inégalités et tous les systèmes de domination. Elle concentre toutes les exclusions. Pour nous, c’est insupportable d’entendre le discours complaisant à l’égard de cette pratique », explique Claire Quidet, porte-parole du Mouvement du Nid.

Qu’est-ce qui permet d’affirmer cela ?

  • D’abord, le fait que les violences sont extrêmement présentes avant l’entrée dans la prostitution des personnes. Les violences vécues, souvent très jeunes, les empêchent de se construire une bonne estime de soi. Dès lors qu’il y a moindre estime de soi, le risque prostitutionnel augmente. Et le manque d’estime de soi, qui mène à une dévalorisation, fait de la personne une proie pour l’emprise des manipulateurs.
  • Ensuite, les violences dans la prostitution. De la part des clients. Une étude américaine a montré  que ce sont les clients qui sont les premiers agresseurs des personnes prostituées. Violences de la part des réseaux de traite et de proxénétisme, évidemment. Mais aussi violence de la société qui au lieu d’incriminer la demande, s’en prend aux personnes prostituées. Ici, on atteint le comble de cette maxime : la victime, c’est la coupable. Cela se traduit bien sûr par la violence institutionnelle : harcèlement policier, mauvaises réception des personnes dans les services sociaux.
  • Enfin, et la violence que constitue le fait d’avoir des relations sexuelles NON DESIRéES et A REPETITION. C’est extrêmement destructeur. On a pu avancer sur la criminalisation du viol (même s’il reste beaucoup à faire), quand on a compris les conséquences destrucrices du viol. On voit mal comment un billet pourrait effacer les conséquences d’une relation sexuelle non désirée.

Une analyse féministe d’un système où le corps des femmes est au service de la sexualité des hommes

Face à ce constat, quelles options pour lutter contre le système ? Organiser la violence (réglementarisme) ? C’est impossible. La cacher (délit de racolage etc…) ? Certainement pas.

Il faut l’analyser, et c’est là qu’une grille d’analyse féministe entre en jeu, qui affirme que la prostitution est un phénomène sociétal qui s’appuie sur le système de domination masculine. En effet, qui est à la source de la prostitution ? La demande, donc les clients. Qui sont les clients ? Des hommes. Que dit la société depuis des siècles, et que le féminisme combat ? Que le corps des femmes est au service de la sexualité des hommes. grâce à une analyse du patriarcat,  le droit de cuissage a progressivement disparu, le viol a été criminalisé, puis le viol conjugal reconnu, si le harcèlement sexuel peut être condamné. Enfin, on affirme et reconnaît que la relation sexuelle doit être consentie, désirée et égalitaire. La société reconnaît qu’on ne peut pas imposer un acte sexuel par la violence ou l’abus d’autorité. Et pourtant, elle ne dit toujours pas qu’imposer un acte sexuel avec de l’argent, cela reste du viol.

La dignité de la personne humaine, et la dictature du marché

Autre argument fondamental qui entre en jeu : le principe fondamental de dignité de la personne humaine est bafoué. On achète le consentement. La personne est considérée comme un objet. C’est bien la preuve que le consentement ne peut être la clé des relations sexuelles : si on peut acheter ce dernier, le désir lui, ne s’achète JAMAIS.

Enfin, le dernier sujet de réflexion, c’est la question économique, celle du marché. Aujourd’hui, dans les relations humaines, tout peut-il faire l’objet du marché ? Y a-t-il des parties des activités humaines qui peuvent y échapper ? La question de l’argent et ce que cela rapporte à l’économie est ainsi fondamentale : en effet, il faut faire très attention quand on affirme qu’organiser un « marché » du « travail du sexe », qui serait un « travail comme un autre », c’est normal. Car si on met un pied là-dedans, on crée en réalité un marché qui se constitue d’une matière première toujours plus vaste : les femmes, les enfants, les êtres humains. Et ensuite, c’est difficile de revenir en arrière. Aujourd’hui, aux Pays-Bas, on commence à se rendre compte de la catastrophe humanitaire qu’a constitué la légalisation…et alors comment renoncer, surtout en temps de crise, à une activité qui concentre 5% du PIB du pays…

Toutes ces raisons, nous mènent à penser qu’il n’y a qu’une solution : l’abolition de la prostitution. Et que la seule façon de le faire, c’est d’adopter une loi complète d’abolition,  qui commencera : par supprimer toutes les mesures répressives à l’encontre des personnes prostituées, qui interdira l’achat d’actes sexuels en pénalisant si nécessaire le client, qui adoptera une politique de sensibilisation des jeunes et des adultes à la question de la sexualité, enfin qui organisera des alternatives pour les personnes prostituées, sur lesquelles les associations spécialisées travaillent.

Ces points, je les développerai dans un prochain article. Avant de conclure, je réaffirmerai que ce combat est un combat pour la liberté sexuelle des tous et toutes, quand la prostitution est violence sexuelle pour les personnes prostituées, aliénation pour les clients : à cet égard, l’exemple des aidants sexuels est criant : quelle estime a-t-on d’une personne en situation de handicap si on la traite à ce point différemment, et qu’alors qu’on lui refuse l’accès à l’école, au travail, à la rue, on veut affirmer qu’elle ne peut connaître autre chose en terme de sexualité qu’une masturbation remboursée par la sécurité sociale ? Quelle liberté s’accorde n’importe quel homme en imaginant qu’il peut s’épanouir sexuellement au prix de la violence et l’objectivisation d’une femme ?

Sandrine GOLDSCHMIDT

Merci à Claire Quidet dont l’argumentaire a largement inspiré cet article et me semble tellement puissant que j’ai eu envie de vous le faire partager…

Abolition de la prostitution : nous ne baisserons plus le front !

Petit addendum : l’article a déjà été vu plus de 1000 fois, partagé 500 fois sur Facebook, c’est super ! ça veut dire qu’il y a un besoin d’information différente de celle des médias « mainstream » !

Merci à toutes et tous…et le lien vers le projet de résolution, que j’ai eu grâce à mes lectrices… 🙂

Voila, c’est fait, la convention abolitionniste à l’Assemblée nationale a eu lieu. Un grand moment où on se dit qu’après tout, peut-être l’espoir d’une avancée humaine est possible ?

Tout cela, grâce au mouvement du nid, l’amicale du nid et la fondation scelles, qui ont lancé l’organisation de cette journée, et auxquelles 34 autres associations se sont jointes, et grâce à Danielle Bousquet, la députée PS qui nous manquera pour la prochaine législature. C’est elle qui a réussi à obtenir une mission parlementaire, à travailler avec un UMP, Guy Geoffroy, qui a été très convaincant cet après-midi, à donner espoir que la France pourra bientôt -dès le 6 décembre en votant une résolution, et peut-être l’an prochain une loi, réaffirmer son engagement pour l’abolition de la prostitution, le progrès humain et la liberté sexuelle des femmes. (les partis présents, PS, PC, Nouveau centre, Parti de gauche, et à titre individuel Anny Poursinoff d’EELV et le parti chrétien-démocrate, ont affirmé leur soutien à une loi abolitionniste).

Car c’est apparu clairement avec ce front abolitionniste. Personne ici, ne veut mener une politique rétrograde. Comme l’a dit Typhaine Duch, d' »Osez le féminisme », ce ne sont pas les abolitionnistes, féministes qui ont une politique rétrograde. Et ce ne sont pas les anti-abolitionnistes qui sont pour la liberté sexuelle, ou alors, cela veut dire que la liberté sexuelle, celle d’acheter le corps de l’autre, ou de se vendre, existe depuis des millénaires ! Ca se saurait…

Au contraire, c’est une politique d’avant-garde, qui consiste d’abord à aider les personnes prostituées, en les considérant comme des êtres humains, en les reconnaissant comme les victimes du système-( et pour cela, il faut reconnaître qu’il y a des auteurs de la violence de ce système – les clients), en les aidant à avoir d’autres choix économiques et humains, en soignant les troubles psychotraumatiques qu’elles subissent (M.Salmona). Ensuite, en affirmant ce qui devrait être l’évidence : que le corps humain n’est pas une marchandise, que l’on doit avoir la liberté de disposer de son corps, pas de celui de l’autre. Pour cela, il faut expliquer aux enfants, dès le plus jeune âge, qu’un corps, qu’une personne, ça ne s’utilise pas, ne s’achète pas, ne s’exploite pas. Que payer n’est pas éviter d’être violent, mais est une violence. Que les femmes ne sont pas des objets de la sexualité des hommes, mais qu’elles ont droit à une sexualité active et tournée vers le plaisir, elles qui possèdent le seul organe du corps humain, le clitoris, dédié au plaisir (T.Duch).

Enfin, il faut que les hommes pro-féministes, mais aussi tous ceux – et c’est la majorité- qui n’achètent pas le corps des femmes, et sont abolitionnistes, commencent à le dire. C’est ce qu’a fait le réalisateur de « La domination masculine », Patric Jean, qui a annoncé la création d’un réseau d’hommes abolitionnistes, « zero macho », qui compte avant même sa première réunion demain -180 personnes.

Et bien sûr, il faut qu’ensemble, nous essayions de faire reconnaître cette évidence à l’extérieur, en poussant la porte des médias pour qu’ils diffusent une autre image  de la prostitution, l’image de ce que c’est vraiment, c’est-à-dire la négation de l’humanité des femmes.

C’était l’objet de mon intervention, de promouvoir d’autres représentations, et j’ai demandé aux politiques présents (Danielle Bousquet en tête) et aux associations, de nous aider à diffuser « L’imposture » en France. Au cinéma, et pourquoi pas, à la télévision ?! De nombreuses personnes ont déjà répondu, et je vous tiendrai au courant !

En voici le texte :

Comme l’a très bien expliqué Susan Faludi dans son livre « Backlash » sur les Etats-Unis dans les années 1980,

les médias -qui sont la première source d’information de l’opinion publique, ne sont pas un miroir de la société quand il s’agit de parler -de tout- et en particulier des femmes, mais plutôt un miroir déformant.

Ainsi, à la télévision comme dans les journaux, quand on parle ou quand on représente la prostitution, on a l’impression que la moitié des personnes prostituées le vivraient plutôt bien (alors que plsu de 95% souhaitent en sortir). On montre presque autant d’hommes que de femmes, alors que celles-ci sont l’écrasante majorité des personnes prostituées, on montre un client qui les « aimerait » (Caubère), on montre leur métier comme le nouveau confessionnal ou cabinet de psy ! Et les films qui présentent ainsi les choses, comme « les travailleu(s)es du sexe », de Jean-Michel Carré, sont vus par des centaines de milliers de personnes, à la télévision. Ces films (ça j’ai oublié de le dire en « live », NDLR), ainsi que l’ensemble des représentations e image dans la société, montrent les femmes objets, morcelées, sans tête, qui ne sont que des morceaux de chair à la disposition des hommes.

A côté de ces représentations, un film comme L’imposture, de la réalisatrice québécoise Eve Lamont, que nous avons diffusé au festival féministe de documentaires « Femmes en résistance », n’a pour l’instant eu en Europe qu’une centaine de spectateurs et spectactrices pour la plupart déjà convaincu-es. (A noter que le film sera projeté à Bruxelles le 1er décembre)

L’imposture, c’est, comme « Pas à vendre », de Marie Vermeiren, un film documentaire-vérité, fruit d’un travail acharné, qui répond à touts les questions pseudo-gênantes que les groupes pro-prostitution mettent en avant. Voici ce qu’en dit la réalisatrice, dans le dossier de presse :

« En 2006, j’ai commencé ma recherche, et, au fil des ans, j’ai sillonné le Québec; J’ai eu l’opportunité de rencontrer plus de 75 femmes qui ont pratiqué différentes formes de prostitution, dans les bars de danseuses, les salons de massage, agences d’escortes, la prostitution de rue, à Montréal, à Qu’ébec, en Montérégie, de même qu’à Ottawa.

Grâce à toutes ces femmes que j’ai rencontrées et aux récits de vie qu’elles m’ont confiés, j’ai pu comprendre leur existence et…l’évidence. Elles m’ont ouvert les yeux, non seulement sur la réalité de la prostitution, mais aussi sur ce qui les attend après, lorsqu’elles veulent en sortir. Par les temps qui courent, il y a des gens qui parlent en leur nom, le lobby de l’industrie du sexe. Il est temps qu’on les écoute, elles. Voilà pourquoi ce film existe. »

En prenant le parti de montrer des femmes prostituées qui ne sont pas forcément dans la rue mais parfois « seulement », entre guillemets, dans des salons de massage ou escorts, Eve Lamont, la réalisatrice canadienne, nous montre comment c’est la même logique, qui mène à la destruction d’êtres humains par le système prostitueur.

Le film commence par une visite de femmes en situation de prostitution ou qui tentent d’en sortir à un monument aux mortes du système, d’assassinat, d’overdose ou de désespoir. Il est grand temps, qu’ici, en France, on rende hommage aussi à toutes les victimes de ce système, qu’on fasse oeuvre de mémoire pour ces femmes et pour empêcher que tout cela continue. Ce film fait cette oeuvre, je voudrais demander aux politiques et éventuelles personnalités des médias présentes ici de le voir -je peux le leur passer-, et de nous aider à le faire distribuer de façon large en France.

Car les citoyens et les citoyennes de ce pays, ont le droit d’être vraiment informé-es, et nous le devons à toutes les victimes d’un système qui détruit les personnes en situation de prostitution, femmes et enfants, et quelques hommes, à travers le monde.

Sandrine GOLDSCHMIDT (persiste et signe…)

(vous retrouverez bientôt ici des videos des interviews des politiques, et des militant-es faites lors de cette journée)