Abolition du système prostitueur

Capture d’écran 2013-03-10 à 11.00.3054 associations féministes, rejointes par des personnalités publiques et politiques organisent un événement d’abolition du système prostitueur samedi 13 avril 2013 à la Machine du Moulin Rouge de 14h à 18h.

67 ans jour pour jour après la fermeture des maisons closes, et 2 ans après la publication du rapport d’information parlementaire sur les politiques publiques en matière de prostitution, associations et personnalités rappelleront que tout acte sexuel imposé par l’argent constitue en soi une violence.Cet événement engagera un mouvement citoyen pour l’adoption d’une loi globale d’abolition du système prostitueur.

  • La prostitution est la dernière des violences des hommes contre les femmes qui pénalise les victimes au lieu des auteurs.
  • Les politiques publiques en matière de prostitution sont profondément incohérentes, injustes et n’offrent aucunes alternatives réelles aux personnes prostituées.

La violence prostitutionnelle est largement banalisée dans la société et les médias. L’abolition de la prostitution n’est pas une utopie. Elle…

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Les femmes de droite, suite : il faut être féministe radicale

Suite et fin des vidéos de la rencontre à la librairie Violette and co avec Christine Delphy, en présence de Melissa Blais et Francis Dupuy-Déry autour du premier livre d’Andrea Dworkin traduit en français, par Martin Dufresne et Michèle Briand : Les femmes de droite

La première vidéo aborde la question de la ferme et du bordel, les deux modèles qui s’imposent aux femmes dans le patriarcat, avec un éclairage très intéressant sur l’exploitation sexuelle des femmes dans le salariat, qui montre bien comment sont liés le sous-paiement des femmes avec leur mise à disposition sexuelle. Christine de la librairie cite deux larges extraits du livre de Dworkin

La deuxième vidéo, où l’on retrouve tout l’humour de Delphy, éclaire la conclusion de sa préface : « ce qui paraît le plus noir, c’est ce qui est éclairé par l’espoir le plus vif ». A un moment, la video tangue, ce doit être parce que la camerawoman était dans la piscine (vous comprendrez en regardant).

 

Delphy autour des « femmes de droite » : les femmes existent !

Capture d’écran 2013-03-27 à 11.34.45Je vous le disais ici la semaine dernière, une rencontre était organisée à la librairie Violette and co autour de la parution en France des « Femmes de droite », le premier long ouvrage d’Andrea Dworkin a être traduit en Français. Pour en parler, Christine de la librairie, Christine Delphy, qui a rédigé la préface du livre, et Melissa Blais et Françis Dupuy-Déry, éditeurs de l’observatoire de l’antiféminisme.

La rencontre a été intéressante et riche, et pour une fois, j’y étais avec ma caméra…je publierai ici de larges extraits, en plusieurs parties. Voici déjà deux vidéos. La première (celle qui s’appelle 2e partie), évoque ce que sont les femmes de droite, pourquoi leur choix, ou peut-être plutôt pari est respectable et rationnel, et la question de la lutte de classe entre la classe des femmes et classe des hommes.

Dans la seconde, Christine Delphy revient sur les définitions du féminisme matérialiste, et souligne comment matérialisme s’opposant à idéalisme, il faut se rendre à l’évidence : les femmes existent ! il n’y a que certains universitaires pour penser autrement…

 

Des casseroles et des hommes

Ah, le football. Ses ballons, ses millions, ses bonshommes…et ses casseroles !

Vous savez, le football, cette activité où déjà on érige en héros des bonshommes qui poussent un ballon du pied, en les payant des fortunes, et en les félicitant d’être des clients-prostitueurs. On ne compte plus le nombre d’émissions radio ou télé où des bonshommes passent une heure, voire deux, à « disserter » de savoir si untel est digne ou pas de faire partie de telle ou telle équipe, chacun se donnant l’impression d’être vraiment compétent et d’avoir quelque chose à dire. (je le sais pour en avoir écouté ado, et pour les subir les quelques fois où je prends le taxi…)

Mais le pire -et il y a deux pires- c’est donc :

-l’impunité supplémentaire que donne aux joueurs le fait d’être ceux qui permettent aux hommes d’être encore plus entre eux et à tous de se sentir compétents (car l’intérêt de ces discussion sans fin c’est que chacun peut se targuer d’avis d’expert, l’expertise n’étant pas bien sorcière à obtenir) en matière de violences sexuelles. Ainsi, j’entendais -dans le taxi justement, discuter autour de Benzema, joueur de ballon rond très connu, non pas pour savoir si c’était un criminel qui se « payait » des prostituées mineures, mais pour savoir si vraiment ou pas il méritait sa place dans l’équipe de je ne sais qui. Ainsi, ce qu’il fait aux femmes, et comment il les traite, alors même qu’il est poursuivi par la justice, et comparaîtra en juin prochain n’a guère d’importance au regard de ses performances en culotte courte et crampons.

-le surcroit de misogynie et d’insultes sexistes récurrentes que cela provoque. L’an dernier sur RMC avec les joueurs -de rugby je crois- et l’idée que ce serait « bon pour le teambuilding » de se payer des femmes de chambres, Louis Nicollin (du foot encore, je crois ?) qui eut le prix du macho de l’année des chiennes de garde, et là, un certain gérard Lacombe ? ou est-ce Pierre ? ou Nicolas ? Ah non c’est Bernard. Il paraît qu’il a été connu à une époque, comme footballer.

Il affirme, pour toute réponse à une auditrice qui lui posait une question sur le même Benzema, lors d’une de ces passionnantes émissions qui remplissent le vide de bruit en attendant notre fin inévitable : «Je ne discute pas avec les femmes de football. Je le dis parce que c’est mon caractère. C’est comme ça. Qu’elles s’occupent de leurs casseroles et puis ça ira beaucoup mieux». Ah. Je ne sais pas pourquoi, ça me fait penser à une héroïne de dessin animé, Raiponce, dans le Disney. Vous savez, quand elle se saisit d’une poêle, et l’écrase sur la tête de tous les bonshommes qu’elle croise sur son chemin, et qui s’imaginent qu’elle n’est à sa place qu’enfermée dans sa tour….S.G

NON au saucissonage visant à favoriser la thèse du « travail sexuel »

manifslateLe collectif abolition 2012 a envoyé hier au Sénat et à la presse un communiqué de presse expliquant notre position face au travail législatif concernant le système prostitueur.
Le voici, et à télécharger, la note de position du collectif, si vous souhaitez en savoir plus, ici

Proposition de loi « Benbassa » visant l’abrogation seule du délit de racolage
53 associations se prononcent :
CONTRE la stratégie du saucissonnage favorisant la thèse du « travail sexuel » !
POUR une refonte globale, cohérente et transpartisane des politiques publiques en matière de prostitution incluant l’abrogation du délit de racolage !
Paris, le 22 mars 2013
Nos 53 associations de soutien aux personnes prostituées, de lutte contre les violences faites aux femmes et de promotion de l’égalité femmes-hommes sont toutes favorables à l’abrogation du délit de racolage. Elles dénoncent cependant la logique d’abrogation seule du délit de racolage proposée par la proposition de loi examinée au Sénat le 28 mars.
En effet, l’abrogation seule du délit de racolage ne règlera aucunement la question de la précarisation des personnes prostituées. Par ailleurs, elle fragilise quatre années d’efforts associatifs et de travail transpartisan au niveau parlementaire et gouvernemental visant à reconnaître enfin la violence que constitue la prostitution et la nécessité d’adopter des politiques publiques globales et cohérentes en la matière.
Dans ce contexte, et alors que plusieurs travaux parlementaires sont encore en cours à l’Assemblée nationale (délégation aux droits des femmes) et au Sénat (commission Affaires sociales et Délégation aux droits des femmes), la stratégie d’adoption précipitée d’une loi d’abrogation seule du délit de racolage révèle la volonté de mettre à mal la construction d’une politique globale et abolitionniste en France.
La sénatrice Esther Benbassa (EELV) à l’origine de la proposition de loi ne cache d’ailleurs nullement son engagement pour la reconnaissance du « travail sexuel » et contre la pénalisation des clients,  ni son soutien financier, sur sa réserve parlementaire, au STRASS, lobby pro-prostitution qui milite notamment pour la « décriminalisation du travail sexuel » mais aussi contre la reconnaissance de la prostitution comme une violence, contre l’interdiction de tout achat d’un acte sexuel mais aussi pour l’abrogation des lois de lutte contre le proxénétisme[1].
Nos associations rappellent que :
– La prostitution s’inscrit dans une longue tradition patriarcale de mise à disposition du corps des femmes au profit des hommes (droit de cuissage, viol, viol conjugal, harcèlement sexuel) et constitue, en soi, un obstacle à l’égalité.
– La répétition d’actes sexuels jamais désirés car imposés par l’argent et la précarité est, en soi, une violence.
– La marchandisation de l’accès au corps et à la sexualité de l’autre est incompatible avec le respect de la dignité de la personne humaine.
C’est pourquoi, nos associations, tout comme le Rapport d’information parlementaire sur la prostitution en France (2011), insistent sur la nécessité d’adopter enfin une politique globale et respectueuse de l’engagement international abolitionniste de la France. Cette politique devrait s’articuler autour de quatre axes :
I- De véritables alternatives à la prostitution, y compris pour les personnes étrangères.
II- L’ inversion de la charge pénale : une exigence de justice et de protection des femmes !
III- Le renforcement de la politique pénale de lutte contre le proxénétisme.
IV- Une politique ambitieuse d’éducation à l’égalité et à la sexualité, de prévention et d’information.
[1] Positions publiques du STRASS en matière de proxénétisme :
« Cela inclut donc d’abroger les lois sur le racolage et le proxénétisme qui nous empêchent d‘organiser notre travail »
« La pénalisation du proxénétisme est surabondante et ne sert qu’à stigmatiser les travailleurSEs du sexe. L’application du droit commun permettrait le rétablissement des travailleurSEs du sexe dans leurs droits fondamentaux. »
Mouvement du Nid, Fondation Scelles, Amicale du Nid, EluEs Contre les Violences faites aux Femmes, regards de femmes, Assemblée des Femmes, Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes, Osez Le Féminisme, Femmes pour le Dire Femmes pour Agir, Conseil National des Femmes Françaises, Choisir la cause des femmes, L’égalité c’est pas sorcier, Femmes solidaires, Clara Magazine, CATW Europe, Réseau féministe «Ruptures», Mémoire traumatique et victimologie, Femmes en résistance, Commission genre et mondialisation d’ATTAC, Solidarité femmes, Le monde à travers un regard, CRIFIP, Association française des Femmes de Carrières Juridiques, Les Trois Quarts Du Monde, Lobby européen des femmes, Espace Simone de Beauvoir, Équipes d’action contre le proxénétisme, Collectif alouette, Collectif Féministe Contre le Viol, L’escale, Mouvement des Jeunes Femmes, Association Contre la Prostitution des Enfants, Collectif National Droits des Femmes, Coordination des Associations pour le Droit à l’Avortement et à la Contraception, Collectif Fièr-e-s et révolutionnaires du PCF, SOS les mamans, CNIDFF, Mouvement national le CRI, Comité permanent de liaison des associations abolitionnistes du proxénétisme, ZéroMacho, Marche Mondiale des Femmes, Zonta Club de France, Association Femmes Libres, Collectif lesbiennes-féministes-ba-ham, Chiennes de garde, CLF, SOS Sexisme, Association FIT une femme un toit, Collectif les moutons noirs, Collectif Encore féministes !, Les efFRONTé-e-s, Réseau Rajfire, AVFT, Fédération National GAMS, MUE, Maison des femmes.

« La justice pour les pères », contre les femmes et les enfants ?

StoppatriarchyDemain, certains hommes semblent vouloir défendre ce qu’ils appellent « la justice pour les pères ».

Car ils n’ont qu’un mot à la bouche, celui de « justice » pour les pères. C’est extraordinaire, parce qu’est contenu dans ce slogan  tout ce qui en fait l’injustice. Qui doit être au coeur des préoccupations de la justice dans les affaires de séparation avec enfants ? Les pères, ou les enfants ? Les responsables de violences, ou les victimes ?

Je redirai donc ici 2, 3 évidences, dont la première : attention aux 5 stratégies de l’agresseur, telles que les a définies le Collectif féministe contre le viol. C’est sur cette base, reconnue et identifiée comme socle du cycle de la violence, que je base mes arguments qui suivent :  « isoler la victime, la priver de ses ressources, de ses proches, la dévaloriser, la déstabiliser, inverser la culpabilité, instaurer un climat de terreur, se présenter comme tout-puissant, instaurer son impunité en recrutant des alliés.

-UN HOMME VIOLENT N’EST PAS UN BON PERE

Un enfant pour pouvoir se développer, apprendre son autonomie future, doit être élevé dans un climat de sécurité et de bienveillance. Il doit avoir la possibilité d’imaginer son avenir comme emprunt de liberté, d’égalité et de justice. Or, que se passe-t-il lorsqu’un homme est violent envers sa femme ?

-il frappe, insulte devant les enfants.

-il instaure un climat de terreur. Celui-ci est forcément ressenti par l’enfant.

-il dévalorise sa victime : comment l’enfant pourrait-il envisager le respect de l’humanité de chacun-e, lorsque systématiquement, un de ses parents -dans l’immense majorité des cas la mère, est dévalorisé par le père ?

-il la rend malade. On connaît le cycle de la violence. Elle est insupportable, et permanente, et en permanence, une femme cherche à l’éviter, à être « parfaite » pour ne pas la subir, mais cela ne marche -évidemment- jamais. Puisque le problème, ce n’est pas elle, c’est la violence inhumaine et déshumanisante de l’autre. En conséquence, elle perd toute confiance en elle, et tombe dans un état dépressif, qui rend encore plus facile sa dévalorisation : elle n’arrive plus à travailler (normal, il la harcèle dix fois par jour au téléphone, lui demande pourquoi elle rentre à telle heure, etc.), elle n’arrive plus à s’occuper de ses enfants. Si elle était indépendante financièrement, elle risque de perdre peu à peu son travail ou d’être souvent en arrêt maladie.

-Souvent, les enfants sont les seuls témoins de la violence. De fait, le père doit s’en faire des alliés pour pouvoir assurer son impunité. C’est là que se poursuit le processus. Il explique aux enfants que s’il agit ainsi, c’est parce qu’il est un bon père, justement. Qu’il ne peut pas faire autrement, qu’elle l’a poussé à bout. Qu’elle n’est bonne à rien. Lui ne fait rien, mais ce qu’elle leur donne à manger, « c’est de la merde » (voir en bas de cet article). Etc…

Quand bien même il serait -ce qui est matériellement très improbable- totalement différent avec ses enfants, les respectant pour ce qu’ils sont, leur apprenant l’autonomie, sachant se remettre en cause, évitant de frapper et/ou insulter/dévaloriser la mère devant eux, comment imaginer qu’un enfant pourrait ne pas ressentir ce qu’un homme fait subir à la femme qu’il tient sous emprise, ne serait-ce que par les conséquences traumatiques inévitable pour celle-ci ?

-UN PERE QUI DIVORCE ET SE COMPORTE NORMALEMENT N’A AUCUNE RAISON DE NE PAS VOIR SES ENFANTS COMME IL LE SOUHAITE

Dans la plupart des cas, la séparation se fait plus ou moins à l’amiable (2). Les deux parents, conscients de quels ont été leurs rôles et implications respectives dans le couple parental, cherchent à s’entendre sur la garde. Ainsi, dans la plupart des cas, les rares pères qui demandent une garde alternée, s’ils savent s’occuper des enfants, s’ils ne sont pas violents, s’ils ont su instaurer des rapports sains avec leur conjointe, n’ont aucune raison de se la voir refuser. Car il faut savoir que les femmes n’ont aucune « vocation » à être mère à plein temps et seules. Que pour la plupart, avoir la possibilité, en particulier à l’occasion d’une séparation, d’avoir du temps pour mener leurs activités, et « refaire leur vie », est une chance : les chiffres indiquent qu’après une séparation les hommes retrouvent en moyenne une partenaire au bout d’un an, les femmes au bout de 3. En effet, rencontrer quelqu’un-e est nettement plus simple quand on a 11 soirées de libre sur 14 et non l’inverse.

Ainsi, pour que des femmes se disent que le père de leurs enfants ne peut avoir une garde alternée ou élargie par rapport aux week-end sur deux (de nombreux pères aujourd’hui voient leur enfant le mercredi dès lors qu’ils sont prêts à s’organiser pour pouvoir les voir), il faut qu’il y ait une raison à leur volonté de refuser la garde alternée.

-LES RAISONS DE NE PAS VOULOIR LA GARDE ALTERNEE

-Le plus souvent, hors phénomène de violences, c’est que jusque là, alors même qu’elles étaient en couple, CE SONT ELLES QUI AVAIENT LA GARDE DE L’ENFANT A 80 ou 90%, et non seulement tous les soirs, les mercredi, mais tous les week-ends ! Ce sont elles qui ont changé les couches, se sont arrangées pour être libre en fin de journée pour relayer la nounou ou aller chercher les enfants à l’école, ce sont elles qui les ont amenés chez le médecin, ont pris les rendez-vous, ont veillé à ce qu’ils soient correctement habillés tous les matins et aient des vêtements, ce sont elles qui ont organisé les vacances, ce sont elles qui se lèvent les matins du week-end pendant que monsieur dort, ce sont elles qui ont renoncé à leurs activités pour que monsieur puisse jouer au football ou au golf le dimanche matin, etc… alors pourquoi, d’un coup, parce qu’il y a séparation, devraient-elles se dire que maintenant, monsieur qui est un si bon père, saura d’un seul coup faire tout ce qu’il ne faisait pas ? Au mieux elles pourront imaginer qu’il va se dépêcher de rencontrer une nouvelle femme qu’il pourra à son tour asservir aux tâches domestique et à l’organisation matérielle de la famille. Mais comme les femmes sont éduquées à se considérer comme rivales, comment pourraient-elles penser à cela ?

-L’autre cas, c’est donc lorsqu’elles refusent la garde alternée POUR RAISONS DE VIOLENCES. Envers elles, mais surtout envers les enfants. Elevées à rêver du prince charmant, elles ont découvert (mais beaucoup le savaient déjà) qu’après le mot FIN du conte, commençaient les insultes, les coups (1). Car le mot FIN du conte, c’est ce moment où l’on dit « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Or, le moment où les enfants arrivent, la grossesse (voir cette étude, p.25), c’est celui où, dans la majorité des cas, les violences physiques commencent. Dans l’intervalle, la victime a été préparée. S’il n’y a pas eu de coup, il y a eu brimades, dévalorisations, phrases assassines (qui voudrait de quelqu’un comme toi ?), alternant avec des phases « charmantes ».

Elevée donc, à rêver du prince charmant, la fillette devenue femme a été aussi éduquée à vouloir être mère (les jouets, les représentations culturelles, etc., « l’horloge biologique », etc.) pensant que c’est la seule issue pour échapper au destin de n’être RIEN. Alors, il est bien possible, que malgré ses doutes, malgré les dévalorisations, le fait qu’elle ait absolument voulu un enfant l’ait emporté sur les signaux d’alerte. Il faut dire aussi que dans la plupart des cas, ces signaux d’alerte, lorsqu’elles étaient elles-mêmes enfants, personne ne les a relevé, quand elles -ou leur mère- subissait les violences. Alors, elles ont appris à se dire que c’était de leur faute si papa ou si le conjoint est comme ça. Et donc elles finissent par le croire, que c’est une chance d’avoir un conjoint qui veut bien d’elles, et d’un enfant avec elles. Et une fois que l’enfant est là, la situation ne fait qu’empirer et l’emprise se renforce.

Du coup, lorsqu’elles réussissent à partir, ce qui est bien sûr rendu extraordinairement difficile dans le climat de violence, la situation de dépendance, la peur ET le fait d’avoir un enfant en commun et des obligations légales, c’est très souvent motivé par quelque chose qui ne les concerne pas directement. En effet, il est rare qu’une femme victime qui n’a pas encore rencontré une association ou d’autres personnes qui lui ont expliqué qu’elle n’était pas en cause, se considère comme suffisamment importante ou digne d’intérêt pour tout simplement se protéger elle-même. Alors, très souvent, pour qu’une femme parte, il faut que ce soit parce qu’elle veut protéger ses enfants de la violence qu’elle subit ou qu’elle sait qu’ils subissent ou risquent de subir.

LA SEPARATION, MOMENT DE TOUS LES DANGERS POUR LES FEMMES et DU RETOURNEMENT

Et c’est là que le piège du patriarcat, renouvelé par le masculinisme qui se réclame de la justice, se referme, dans son extraordinaire force de retournement de la culpabilité.

1/ Il faut savoir que ce moment est pour elle celui du risque maximum : quand une femme est assassinée, on dit souvent par son conjoint ou ex-conjoint, « à l’occasion d’une dispute ». Parce qu’en général, l’homme violent qui maîtrise parfaitement la situation, ne passe à l’acte assassin que lorsque sa victime lui échappe, c’est à dire évoque ou met en pratique la séparation. La voici donc, si l’on reprend le cas cité ci-dessus, en face de ce dilemme : fuir pour protéger ses enfants correspond au moment où elle est le plus en danger elle même.

2/ Si l’homme est plus pervers manipulateur que physiquement violent, tout ce qui fait que la femme et mère a été victime devient utilisé par lui pour affirmer qu’il est lui-même la victime.

-Elle va mal parce qu’il la violente depuis trop longtemps ? « elle est malade », on ne peut lui confier des enfants.

-Elle n’a plus de travail parce qu’il n’a pas voulu qu’elle en ait un ? « elle n’est pas en mesure de subvenir aux besoins de ses enfants ». Lui, c’est sûr, n’a pas renoncé à son travail.

-Elle n’a pas de logement suffisamment grand pour les recevoir ? Forcément, vu qu’il l’a empêchée de travailler, qu’il a mis l’appartement à son seul nom puisqu’il avait de l’argent et pas elle. Forcément, puisque comme il ne veut pas lui donner une pension suffisante ou une prestation compensatoire suffisante, elle doit reprendre immédiatement un boulot, mais elle gagne le smic, et encore souvent à temps partiel (les femmes qui ont cessé de travailler longtemps ont comme merveilleux débouché les SAP, où le salaire moyen est de 640 euros par mois). Et non seulement elle a moins de temps qu’avant pour subvenir à leurs besoins, mais en plus elle n’a pas d’argent et il a l’arme du non paiement de la pension alimentaire, qu’il a négocié dans un climat de terreur, et qui donc est le plus souvent ridicule. Elle avait gardé son travail ? Mais avait sûrement pris un temps partiel pour pouvoir s’occuper de l’enfant le mercredi, donc elle ne gagne pas suffisamment, etc.

-Elle n’a pas le permis  ? Forcément, il l’a séduite elle était très jeune, et il lui a bien fait comprendre que vraiment, il valait mieux que cela soit lui qui conduise, parce que nulle et inconsciente comme elle était, c’était trop dangereux.

-Elle ne peut les emmener en vacances ? mais lui, il a la voiture, et de l’argent pour leur faire visiter l’Amérique. C’est tout de suite plus valorisant, surtout aux yeux des petits garçons, éduqué à aimer les belles voitures etc…

-Elle le quitte parce qu’il y a eu violences envers les enfants ? Il affirme que c’est une manifestation du SAP, syndrome d’aliénation parentale par ailleurs internationalement reconnu par les scientifiques comme n’existant pas : elle a toujours été refusée par le DSM, répertoire international des maladies mentales…et le pseudo-scientifique qui l’a conçu, Richard Gardner, est un défenseur de la pédocriminalité. En outre, regardez les photos sur divers blogs, ce soi-disant syndrôme égalitaire n’est utilisé que par les hommes contre les femmes…comme par hasard, et n’est pas utilisé par des hommes respectueux des femmes, mais par des hommes qui les insultent en permanence, j’y reviendrai.

ALORS, C’EST QUOI, CETTE REVENDICATION DE « LA JUSTICE POUR LES PERES »

Pour le comprendre, il faut maintenant différencier plusieurs postures des hommes dans le patriarcat.

Il y en a quelques uns au moins, qui n’ont d’ailleurs pas besoin de se clamer féministes partout, qui n’ont pas forcément déconstruit le système, mais qui se comportent de façon à peu près égalitaire. Ceux-là, il n’y a aucun problèmes pour eux à ce qu’ils s’occupent de leurs enfants, et qu’ils obtiennent la garde alternée. (et même si elle est féministe assez radicale 😉 ) Dans ce cas-là, les deux parents ont en tête l’intérêt de l’enfant, et ne lui feront jamais porter le poids de leurs changements de vie.

Il y en a d’autres, et probablement une majorité, qui profitent de leurs privilèges patriarcaux -y compris pour certains celui d’être impunis des violences qu’ils imposent aux femmes qui vivent avec eux, mais perpétuent le système sans y avoir vraiment réfléchi. Ceux-là, on peut espérer qu’ils sont assez paresseux et pas assez pervers pour avoir surtout envie d’être tranquilles, de payer le moins possible et de ne pas s’embarrasser d’avoir à s’occuper de leur enfant trop souvent. Ceux-là, s’ils voient leur enfant une fois tous les 15 jours, ils sont contents et les enfants évitent la plupart du temps le climat de violence. Et ont un père, qui a une place dans leur vie. Ceux-là, leur pouvoir de nuisance est plus individuel que politique.

Mais il y a aussi ces « nouveaux hommes », qui ne sont pas des nouveaux pères, qui se disent pour l’égalité entre les hommes et les femmes, parce qu’ils affirment que ce sont eux qui sont lésés par les femmes qui, en raison de la « victoire du féminisme », auraient tous les droits (bon, ici je mets les chiffres du MDDF) . Voire que ce sont eux, les vrais féministes. Et qui utilisent la lutte pour l’égalité avec les armes du dominant, sa capacité à mobiliser les médias, à faire croire qu’ils ont du courage (mais qu’est-ce que le courage d’un homme qui monte en haut d’une grue pendant 3 jours au regard d’une femme qui se bat au quotidien pour épargner à ses enfants la violence ?), pour tenter d’influer sur les lois réglementant la garde des enfants, en jouant sur la fibre victimaire : de nombreuses femmes ne trouvent-elles pas formidables ces hommes qui veulent s’occuper de leurs enfants ?

Ce sont ces hommes qui font parfois du chantage au suicide, et plus souvent qu’à leur tour disent que « vraiment, c’est dur d’être un homme aujourd’hui », bien aidés en cela par les tropismes des médias. Ce sont ces hommes qui affirment sans plus d’argument, regardez comme elles sont méchantes, je suis obligé de monter sur une grue ! Mais qui bien sûr, attendent juste qu’on les supplie d’accepter de redescendre et d’en être félicités. Une femme victime, qui tente de survivre, de se protéger des violences, vous croyez qu’elle a le temps et les moyens de se permettre ce genre de facétie ?

Ce sont ces hommes qui tiennent absolument à attirer l’attention sur eux, à tout moment, et n’hésitent pas à s’exposer aux caméras et à exposer leurs enfants !

Mais je finirai par une note optimiste. C’est aujourd’hui le printemps. Pas demain.

Ils détestent tellement l’idée que les femmes puissent avoir les droits normaux, ils se fichent tellement de ce pour quoi ils disent se battre -la justice, qui devrait être la possibilité pour leurs enfants d’avoir une vie équilibrée, qu’ils ne se rendent même pas compte qu’ils vont trop loin. (à noter que quand des mères risquent leur vie en s’enfuyant pour protéger leurs enfants, moment qui les met le plus en danger, puisque les assassinats interviennent en général à ce moment là, eux montent sur des grues et instrumentalisent leurs enfants…).

Enfin, ils sont tellement le contraire de partisans de l’égalité, qu’ils ne cherchent même pas à dissimuler leur haine des femmes.  Car aujourd’hui, il y a un facteur qu’ils n’avaient pas prévu : au gouvernement, il y a aussi des femmes.  Et comme ils sont misogynes, ils ne peuvent s’empêcher de s’en prendre à elles, tout en exigeant d’elles qu’elles les écoutent. Et c’est là qu’ils se révèlent au plus grand nombre. Quand ils insultent publiquement les femmes à toutes occasions, ils montrent bien la vérité : ce n’est pas leur-s femme-s le problème, c’est leur haine des femmes. Aveugle et sans limites. Les affiches ci-dessous sont assez claires…

PP2 PPères1

S.G

(1)(celui qui dans le cycle de la violence, est dans la séduction. Vous savez, jusqu’au mot « fin » du conte, qui signifie en effet la fin du moment charmant du couple, et le début des violences)

(2)En observant attentivement les chiffres il s’avère que les parents s’entendent entre eux sur la garde des enfants à 82% des cas et que la garde est attribuée d’un commun accord à la mère  la  plupart du temps source CFCV
Sources :
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/droits-des-peres-serge-charnay-me-donne-la-nausee_1222036.html

Etudes Insee sur le partage des temps domestique

Enquête ENVEFF

Collectif féministe contre le viol

Pauvreté des « familles monoparentales » (femmes)

Qu’est-ce que les violences conjugales ? Solidarité femmes

Frapper n’est pas aimer par Natacha Henry

http://www.soslesmamans.com/topic1/index.html

Dworkin et sexualité : d’où vient le malaise ?

Demain mercredi 20 mars à la librairie Violette and co (102, rue de Charonne, Paris 12e), une présentation très attendue : « Les femmes de droite », deuxième livre de la théoricienne féministe radicale Andrea Dworkin à être traduit en français ! Car si l’auteure qui, avec Catharine McKinnon, a réussi à révéler les dangers de la pornographie, est souvent citée voire décriée en France (cf Badinter, « Fausse route », E.Jouvet, etc.), elle a peu été lue, et donc comprise, et peu discutée.

Le livre est paru aux « Editions du remue-ménage » et a été traduit par Martin Dufresne et Michèle Briand. C’est Christine Delphy, qui a écrit une préface lumineuse à cette ouvrage, qui viendra le présenter à la librairie féministe mercredi à 19h. N’ayant pas eu le temps de finir le livre, je ne peux pour l’instant vous en parler, mais d’autres l’ont déjà fait, comme @Antisexisme ou Entre les lignes entre les mots

Je reviendrai juste un instant sur la préface, qui explique pourquoi l’absence de traduction de Dworkin est à la fois « stupéfiante et révélatrice » : « La première raison du silence fait sur elle est sans doute que Dworkin est radicale. Elle écrit sur un sujet qui, alors qu’on prétend en parler, est en réalité toujours aussi tabou : la sexualité, et plus précisément l’hétérosexualité, et plus précisément encore, sa pratique et sa signification dans un contexte précis : la société patriarcale. Elle parle de sexualité dans un régime de domination, et de sexualité entre dominants et dominées« . Delphy souligne qu’en fait, le sujet n’a pas été abordé en France depuis le  la deuxième vague féministe. Et ce malaise a bien une raison : « D’un côté, aujourd’hui, la majorité des femmes essaie de redéfinir la sexulaité comme le lieu du désir et du plaisir, de la redéfinir comme non seulement opposée mais contraire à la violence, au viol, à l’inceste, à la prostitution : de la raboter pour n’en garder que ce qui est bon, pour faire autre chose de l’acte sexuel que de la ‘baise ». De l’autre côté, pourrait-on dire, Dworkin iniste et démontre dans ce livre la continuité entre toutes ces formes de sexualité : faire l’amour c’est baiser, la baise c’est le viol, et la baise c’est la prostitution« . Selon elle, les féministes mainstream voudraient débarrasser la sexualité de ses scories violentes, alors que la volonté « d’humilier, de rabaisser, d’annihiler la personne-femme (…) existe dans la définition, dans le coeur -qu’on voudrait pur- de l’acte hétérosexuel ».

A la lecture de cette introduction, on comprend mieux les origines des résistances à toute discussion autour de la pensée de Dworkin,

Quand on voit combien même le féminisme le plus « modéré » s’attire sarcasmes et sanctions de la société patriarcale, il y a de quoi avoir des craintes.  Quand on est sur le champ d’un intime dans lequel il est bien difficile de distinguer le plan politique du plan personnel, quand, en clair, on veut aimer et être aimée dans ce contexte, le malaise est palpable. Enfin, il y a, semble-t-il, dans cette pensée décrite par Delphy, une crainte du pessimisme fondamental, et du désespoir. Et pourtant, cette déconstruction radicale est porteuse d’espoir, dit la féministe française. Car ce qui caractérise l’oeuvre de Dworkin, écrit Delphy, c’est que : « ce qui paraît le plus noir, c’est ce qui est éclairé par l’espoir le plus vif ».

On pourrait bien sûr ne pas être d’accord avec ce que dit Dworkin. Mais pour cela, il faut accepter de l’avoir écoutée, lue, entendue. N’est-ce pas le propre de la pensée critique, de la pensée tout court, de vouloir tout entendre, analyser, essayer de comprendre, pour ensuite, si jugé pertinent, critiquer et en démontrer les limites ? Il est donc plus que temps que ses ouvrages soient disponibles à la discussion !

S.G

Le 13 avril, ensemble, construisons un monde sans prostitution !

afficheLe 13 avril, le collectif Abolition 2012 organise un événement pour prononcer l’Abolition citoyenne du système prostitueur.
Parce que la prostitution et son corollaire la pornographie sont des violences indigne d’une société de droits humains et un verrou de la violence des hommes contre les femmes.
Des personnalités publiques, viendront exprimer devant les politiques pourquoi elles nous soutiennent dans notre demande d’une loi globale d’abolition du système prostitueur. Une loi qui commence par demander la suppression de toute mesure de pénalisation des personnes prostituées (donc abrogation du délit de racolage), qui prévoie des mesures d’accompagnement à la sortie de la prostitution pour elles, qui lutte efficacement contre le proxénétisme et inverse la charge pénale vers ceux  qui tirent profit de l’achat d’un acte sexuel : les clients-prostitueurs.

Pour tout savoir sur cet événement qui se déroulera dans la salle de concert « La Machine du Moulin Rouge », 90 boulevard de Clichy à Paris, le 13 avril de 13h30 à 18h, et pour vous inscrire, rendez-vous sur le blog créé pour l’occasion : abolition13avril.wordpress.com

Par ailleurs, vous pouvez suivre abolition2012 sur twitter : @abolition2012 et sur Facebook : http://www.facebook.com/abolition2012?ref=ts&fref=ts

Si vous souhaitez vous inscrire directement : http://www.emailmeform.com/builder/form/ff6Hg04w82bU8y72Q

On vous attend nombreuses et nombreux !

Et pour faire suite à mon dernier article, une bonne nouvelle ! Le Comité consultatif national d’éthique a rendu un avis négatif sur la question de l’assistance sexuelle des personnes handicapées, qu’on pourrait résumer ainsi : « La société ne doit pas réparation aux frustrations sexuelles des hommes. Personne n’a le droit d’utiliser sexuellement un-e autre ».

Voici sa conclusion :

« Si la sexualité peut être source de plaisir, elle peut être aussi le champ de toutes les violences y compris lorsqu’elle ne peut se vivre. Force est de constater qu’il n’y a pas une norme qui serait celle de l’harmonie et de l’équilibre, mais une réalité plurielle dont nous devons prendre conscience, plus ou moins brutalement, plus ou moins crûment. La complexité de ce qui y est mis en jeu nous oblige à entendre les questions dérangeantes sur la dignité, la vulnérabilité, et les limites de ce qui est éthiquement acceptable.

En conséquence en matière de sexualité des personnes handicapées, le CCNE ne peut discerner quelque devoir et obligation de la part de la collectivité ou des individus en dehors de la facilitation des rencontres et de la vie sociale, facilitation bien détaillée dans la Loi qui s’applique à tous. Il semble difficile d’admettre que l’aide sexuelle relève d’un droit-créance assuré comme une obligation de la part de la société et qu’elle dépende d’autres initiatives qu’individuelles ».

Abolition de la prostitution pour toutes et tous, c’est la seule solution !

Je suis assez contente que mon texte sur l’échec -cuisant- des pays réglementaristes, soit paru hier dans Slate, pour le 8 mars, et faire conrtepoids à l’avalanche d’articles de ces derniers jours qui tentent de nous faire passer des vessies pour des lanternes.

http://www.slate.fr/tribune/69153/prostitution-abolition-impasse-reglementarisme

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Contente aussi parce que, même s’il n’aborde pas le sujet, cela permet de faire lire un peu autre chose que le concert de n’importe quoi autour de la prostitution pour personnes handicapées, qu’ils appellent assistanat sexuel, qui allie au mépris de celles-ci par les valides la promotion de l’esclavage sexuel des femmes. En effet, lors d’un débat après le film « L’apollonide » de Bertrand Bonello (que j’ai d’ailleurs trouvé intéressant et un très bon support pour le débat) auquel je participais jeudi soir à Choisy-le-roi avec Claire Quidet pour le Mouvement du nid, le sujet n’a pas manqué d’arriver dans la discussion.

« Comment faire pour les pauvres gens (hommes, bien sûr) trop handicapés, trop malades, trop vieux, trop timides, pour avoir une vie sexuelle quand même ?  »
Oui, la sexualité des personnes en situation de handicap est une vraie question. Mais la société doit-elle décider que pour cette raison une catégorie de personnes doit être mobilisée-désignée-convoquée pour satisfaire ce qu’on veut d’un coup à nouveau faire passer pour des besoins sexuels (et serait réduite à des actes techniques et/ou purement factices) ? Et être obligées, alors que la sexualité doit être fondée non sur le seul consentement mais sur la relation entre personnes désirant avoir une relation, de « fournir des services sexuels » ? Et qui seraient ces personnes désignées (ah non, qui auraient le droit de choisir…)  Mais pas n’importe lesquelles ! On est dans une société de domination où on n’a pas les mêmes possibilités de refuser, selon qu’on est femme ou homme, pauvre ou riche, immigrée ou non-immigrée, valide ou invalide, victime de violences dans l’enfance ou pas. Qu’il y ait argent ou pas  (à lire l’article de Christine Delphy « la condition de la possibilité du don, c’est l’égalité). Donc,  seraient chargées de pallier ce problème, des personnes qui sont soient contraintes d’accepter de l’argent, soient contraintes de faire un don.  Tout en les privant elles du droit à une sexualité désirante, et en les mettant en danger de risque de domination et violences supplémentaires. Est-ce supportable dans une société humaine ? Non. Est-ce satisfaisant pour les personnes en situation de handicap qu’on contraint à ne pouvoir espérer plus ? Non. Alors qu’on pourrait, enfin, essayer d’avoir une politique ambitieuse pour rendre la société moins brutale envers les personnes en difficulté, plus accessible. On pourrait permettre les rencontres au lieu de les interdire dans certaines institutions, continuer à tout faire pour que les enfants handicapé-e-s puissent aller à l’école avec les autres et y nouer des relations etc…mais bien sûr, cela demanderait plus d’efforts -et pas que financiers- à la société des valides, qui devrait aussi changer de regard…

manifslateBref, tout cela pour dire qu’alors que certains journaux très influents (mais désespérants de partialité sur le sujet, je parle bien sûr de Libé, le journal qui publiait sans sourciller Iacub lorsqu’elle disait que le viol c’est pas bien grave, mais d’un coup se trouve offensé que celle-ci ne les ait pas prévenus de sa relation avec DSK…) promeuvent en Une un film qui parle d’un cas tout à fait exceptionnel pour en faire un outil de propagande pour ce qu’ils appellent l’assistanat sexuel (The Sessions, sorti sur les écrans mercredi), qui serait une entorse à la loi sur le proxénétisme, il nous faut nous battre pour arriver à faire publier nos arguments.

Encore un d’ailleurs : imaginons qu’on accepte cette entorse à la loi sur le proxénétisme. Qui seraient les prochains sur la liste ? Les vieux ? Les timides ? Les hommes mariés -qui sont le profil type du client-prostitueur et qui s’estiment lésés ou qui ont « un malaise » parce que leurs femmes veulent être leurs égales (cf L’Express) et ne pas être violées ? Ah, et qui serait chargé de déterminer si le degré de handicap, de timidité, est suffisant pour « avoir le droit de bénéficier de ce service » ? Et qui fixerait les limites d’âge ? Les limites tout court ?

Bref, une vaste fumisterie, disons-le, qui ne s’adresse qu’aux hommes : dans tous les films sur le sujet, on n’a jamais vu l’idée qu’une femme en situation de handicap aurait le droit à une sexualité. Non, le lot quotidien très fréquent des femmes handicapées, c’est la violence sexuelle, et la violence tout court, par l’interdiction d’accès à toute information sur la sexualité : elles sont trois fois plus exposées aux violences, selon les études, et encore plus vulnérables  si leur handicap est survenu à la naissance, les laissant à la merci des valides, et dépourvues d’informations sur leurs droits humains. Et ça, tout le monde -ou presque, s’en fout !

Une vaste fumisterie enfin, qui reprend les armes habituelles du patriarcat : ne sachant organiser une société où tous ses membres peuvent espérer s’épanouir, il désigne au sacrifice et à la loi du marché une partie d’entre elles, à qui il n’hésite pas à retirer ses -vrais- droits humains.

S.G

8 mars : c’est beau une manif la nuit !

Bon, il pleuvait, y avait pas tant de monde que l’an dernier (manif post élections et ministère), mais c’était une manif du 8 mars, donc importante, et surtout, c’était à la tombée du jour, et c’est joli pour les photos. Brève galerie