Ras le viol : la suite des vidéos de la manif de Paris

Et voici la suite des vidéos de la manifestation contre l’impunité des violeurs suite au verdict de Créteil (pour lequel le parquet a fait appel), avec deux plans séquences prises par moi-même et une par Mariana Colotto. Par ailleurs, n’hésitez pas à publier en commentaires vos videos, qui montreraient les rassemblement dans le reste de la France, comme l’a déja fait OLF 67 ! Ce serait super si ensuite je peux faire un « tour de France des vidéos » !
Merci.

« nous ne nous tairons pas »

et « ni à prendre ni à vendre, le corps des femmes, n’est pas une marchandise »

et une vidéo avec interview tournée par Mariana Colotto.

Rassemblement contre l’impunité des violeurs : nous ne nous tairons pas !

Du monde au rassemblement ce soir à Paris, pas mal de média, et beaucoup d’énergie.
A retrouver sur ces photos et quelques videos des moments forts, avec « pas de justice pas de paix » (en bas de la page) et dans un deuxième poste, vous pourrez voir : « l’hymne des femmes », « ni à vendre ni à prendre, le corps des femmes, n’est pas une marchandise et enfin « le viol est un crime, nous ne tairons pas ».

Pour les rassemblements de province, n’hésitez pas à m’envoyer des photos par facebook ou par mail à l’adresse adiredelles@gmail.com, que je pourrai publier.

Contre les violences masculines : une semaine à la Parole errante

Le festival « Elles résistent » aux violences masculines faites aux femmes qui s’est déroulé à la parole errante toute la semaine (et se clôt officiellement demain) aura été un événement d’une richesse exceptionnelle. Articulé autour de trois axes : état des lieux, résistance, utopie, on pourra trouver que, comme toujours, nous avons parfois été encore très dans l’état des lieux -il faut dire qu’il y a tant à dire, et à dénoncer, qu’aller vers l’utopie est forcément plus difficile.

Mais la semaine a aussi été l’occasion de nous faire du bien, par la rage, l’intelligence et la fête, les débats, projections, et performances.

Quelques moments forts à vous faire partager : la présence d’une acrobate magnifique accompagnée par de la musique française ancienne (Solène Riot et Sigrid Guillaume), , le concert baroque avec un répertoire d’oeuvres exclusivement composées par des femmes, deux superbes solistes accompagnées d’une violoncelliste et d’une clavecin, moment magique dans ce lieu magique, le film « endroit », work in progress, de Frédérique Pollet-Rouyer.

Moments de convivialité avec la fête samedi soir, le concert de Système D, la BatucaDykes. Des projets présentés en avant-première (Histoire, mémoire et Bobines féministes), dans le cadre de la séance « femmes en résistance se prolonge à la parole errante », et deux performances/pièces créées spécialement pour l’occasion et qui devront refaire parler d’elles.
D’une part, celle de Typhaine Duch, comédienne et auteure, qui a pris à rebours les contes de fées pour en faire de magnifique textes de résistance et d’utopie radicales. D’autre part, pour clore le festival en utopie, la pièce créée par Gerty Dambury avec trois comédiennes, « la radio femmes n°1 », radio des bonnes nouvelles, ou comment parler de toutes les réalités des inégalités et violences faites aux femmes avec humour, intelligence et espoir : la radio des bonnes nouvelles, c’est celle où une maison des femmes de Paris fermerait, non pas faute de subventions mais parce que violences et inégalités auraient disparu, où les violeurs se rendraient d’eux mêmes en défilant massivement à travers le monde pour se repentir, où les hommes, perdant de la testostérone qui les empêchait de synthétiser le gène du bonheur, se mettent à faire frénétiquement le nettoyage des toilettes…

Car c’est cela aussi, l’esprit du féminisme radical : savoir, ensemble, lutter, tout en nous faisant du bien.

Voici quelques photos de cette semaine.
(photos Laetitia Cellier, S.G)

 

Soutien à Aurélie et Nina : l’appel, la lettre ouverte et le rassemblement

Les dernières infos suite au verdict de Créteil : le parquet du Val-de-Marne a fait appel du verdict, estimant qu’il était trop éloigné des réquisitions (une seule condamnation à de la prison ferme pour des requêtes contre dix accusés). http://mobile.liberation.fr/societe/2012/10/12/proces-des-viols-collectifs-le-parquet-fait-appel_852803. 

Les Féministes en mouvement ont adressé une lettre à François Hollande, Président de la République, pour l’ouverture d’un débat national sur les violences faites aux femmes, que vous pouvez signer ici : http://www.change.org/contreleviol 
On espère beaucoup de monde au rassemblement devant le ministère de la justice lundi à 18h30 à Paris Place Vendôme ainsi que dans d’autres villes de France (Toulouse, Clermont-Ferrand…)

Et ce beau dessin pour exprimer notre soutien aux deux victimes, ainsi qu’à toutes les autres.

« Lever l’encre » http://fromadistantplanet.eklablog.com/

Après Créteil : des viols collectifs sans violeurs ?

L’indignation et la rage sont  générales depuis hier parmi les associations féministes, et pour les victimes de viol.

Un rassemblement aura lieu devant le ministère de la justice lundi 15 octobre à 18h30.

Il va aussi falloir que nous réfléchissions à comment aller plus loin. Trouver de nouvelles formes de lutte pour que l’injustice faite aux femmes victimes de violences cesse.
Pour celles et ceux qui pensent que la justice n’a pas pu être indulgente parce que les agresseurs étaient des « hommes des cités », et que le dossier devait donc être bien vide, voici des références à lire pour apprendre, ce que c’est que la justice en France en matière de viol et d’impunité des violeurs.

Car ce qui s’est passé ici, se passe quels que soient les agresseurs, dans la plupart des enquêtes. Les victimes sont traitées comme des coupables, les enquêtes sont mal menées, elles prennnent 10 ans…et après on argue de la réinsertion des coupables pour alléger la peine qui leur est infligée.
Du coup, on ne peut s’empêcher de penser, comme Muriel Salmona :

http://www.20minutes.fr/article/1020806/proces-viols-reunion-une-telle-decision-demander-victimes-taire

Pour comprendre, il faut aussi lire les articles qu’elle avait publiés à l’occasion de l’affaire DSK :

http://stopauxviolences.blogspot.fr/2011/07/la-nausee-article-de-la-dre-muriel.html

http://stopauxviolences.blogspot.fr/2011/09/la-victime-cest-la-coupable-article-de.html

Vous aurez également de nombreuses autres références d’articles fondamentaux sur la question sur le blog de « Pas de justice pas de paix »

https://pasdejusticepasdepaix.wordpress.com/articles-et-documents/

Enfin, sur l’affaire elle-même voici le dernier article du Monde : http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/10/11/proces-des-tournantes-un-verdict-en-permis-de-violer_1774225_3224.html 

et sur les faits : http://www.liberation.fr/societe/2012/09/16/ils-etaient-au-moins-vingt-cinq-certains-me-tenaient-d-autres-rigolaient_846741

Un an de prison ferme pour viols collectifs reconnus, cela ne serait donc pas un signe d’indulgence ?Mais s’il y a des coupables de viol, et de viols collectifs, comment pourrait-il ne pas y avoir indulgence avec des peines de sursis et d’un an ferme ?

Si peut-être, ce ne sont pas les juré-e-s qui sont en cause, c’est au moins les enquêtes policières et la capacité de la justice à ne pas être celle des hommes, mais la justice. Qui font qu’au procès, malgré dix ans d’investissement judiciaire, les éléments suffisants n’auraient pas été réunis. Mais quand on enquête sur des crimes contre l’humanité, parfois 40 ans après, est-ce qu’on ne réunit pas les éléments suffisants ?

Car personne ne nie qu’il y a des victimes de viols collectifs ici ! Alors si le viol n’est pas nié, c’est le fait qu’il y ait des violeurs qui est nié. On est en plein patriarcat : il y aurait des violences, mais il ne faudrait jamais nommer les violeurs et violenteurs. Il y aurait des viols collectifs, mais il faudrait les appeler de l’absurde nom que tous les journaux lui donnent, et non pas de ce que c’est : un crime de la guerre contre les femmes, qui comme tout viol de guerre (eux reconnus comme crimes contre l’humanité) devrait faire que la justice mobilise tous les moyens pour avoir ces preuves qui semblent toujours manquer.

Pas de justice, pas de paix !

Pas de justice, pas de paix…aux assises de Créteil

Dans la province de l’Uttar Pradesh en Inde, quand la justice est impossible pour les opprimé-e-s et en particulier pour les femmes, d’autres femmes, par milliers, organisées par Sampat Pal prennent des bâtons et vont exiger que leurs droits soient reconnus. Qu’allons-nous donc pouvoir faire, en France, de semblable, pour qu’enfin la justice soit faite pour les femmes victimes de violences ?
En 40 ans, les féministes ont tout essayé. Elles ont réussi à faire changer les lois. Nous avons fait des campagnes qui permettent de libérer la parole.
Et pourtant, dans des affaires rien moins que de viols collectifs, l’impunité des violeurs reste quasi entière.
Alors oui, procédure de justice il y a eu, durant dix ans. Mais pour atteindre au même résultat : les charges ne seraient pas suffisantes, et la plupart des accusés relaxés. Christine Le Doaré explique tout ici sur son blog : http://christineld75.wordpress.com/2012/10/11/aux-assises-de-creteil-scandaleuse-indulgence-pour-les-violeurs/. Où la société patriarcale réaffirme que les victimes de viols sont moins importantes que les hommes qui les violent. Où les pires idées reçues criminelles sont reprises pour disculper les agresseurs. Où encore une fois, « la victime c’est la coupable ».
Un réflexion en plus de ce très bon article qui reprend les faits essentiels : la justice d’assises, à qui cela coûte cher d’organiser de tels procès, qui donne des peines de sursis de l’ordre de la correctionnelle à des violeurs, quel est donc son objectif ? Dire le droit, dire ce qui est juste, ou assurer la perpétuation du système d’impunité pour les violeurs ?Pour exiger que justice et réparation soient faites aux femmes, comme nous le faisions ici, nous continuerons à lutter.

Mais il nous faudra encore songer à radicaliser nos moyens (à la manière du Gulabi Gang), pour lever tous les obstacles que les défenseurs de cette société d’impunité mettent sur notre chemin.

Pas de justice, pas de paix !

Dialem : mots pour maux

Dialem aux 10 ans de Femmes en résistance

Dialem, c’est un duo de slam engagé, composé de Diata et Patrick, elle qui écrit tous les textes, lui les musiques.

Engagés dans la lutte contre les violences faites aux femmes, Diata a souvent travaillé en partenariat avec différentes associations, en particulier dans son département la Seine-Saint-Denis. On l’avait également entendue à la Cigale le 7 mars, lors de l’interpellation des candidats à la présidentielle par les Féministes en mouvements. Plus récemment, elle est venue chanter pour les 10 ans de Femmes en résistance le 30 septembre à l’espace municipal Jean Vilar d’Arcueil.

Ses textes, à la fois forts et poétiques, ont suscité une attention soutenue de la part du public, exigeant du festival. Il faut dire que Dialem ne mâche pas ses mots. Elle décrit avec beaucoup de justesse et de vérité le quotidien de nombreuses femmes victimes, la difficulté pour elles de parler, témoigner, être entendues. Ainsi sa chanson 20h, qui figure dans son album qui vient de sortir, intitulé : « mots pour maux », que vous pouvez vous procurer en allant sur son site : http://www.dialem.fr/. 

Totalement autoproduit, en partenariat avec l’observatoire des violences du 93, il ne coûte que 8 euros -pour couvrir les frais de production- et a pour seul objectif la sensibilisation aux violences faites aux femmes.

Dialem est vraiment un duo à découvrir, l’auteure et chanteuse Diata une personnalité déterminée dans son engagement, comme elle le dit, maintenant qu’elle s’est lancée dans le combat pour les droits des femmes, il lui est devenu difficile de chanter autre chose.
En outre, elle intervient dans des ateliers d’écriture organisés par l’observatoire des violences envers les femmes.
Le 12 octobre, elle chantera au festival de Marne au sud-est théatre à Villeneuve Saint-Georges (94) et sera ce week-end au festival « elles resistent » aux violences masculines qui se déroule à la parole errante.

FEMEN : Cessons de nous déshumaniser !

Suite à mon article sur les Femen, il y a eu pas mal de réactions. Certaines croyant -ou feignant de croire- qu’il s’agissait de critiquer des féministes.
Pour que les choses soient claires : il s’agit seulement de mettre au jour les stratégies de backlash et de la société pornographique, qui s’immiscent jusque dans nos luttes. En voici une explication détaillée dans ce très bel article d’A Ginva, militante féministe radicale que je suis très heureuse de publier aujourd’hui. Merci à elle.

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En tant que féministes, nous avons un devoir de décrypter les pièges patriarcaux, inversions et mécanismes d’oppression subtils qui nous conduisent, malgré notre sincère volonté, à renforcer notre mise en danger face à l’agression sexiste. Ainsi, lorsque nous critiquons les lignes politiques de groupes féministes, ce n’est pas un jugement moral sur les « choix individuels » des personnes mais la dénonciation des méthodes des agresseurs, qui impriment leurs idéologies haineuses dans nos consciences par un tas de moyens complexes, pour mieux maintenir leur emprise sur nous. Nous critiquons ces mécanismes par profonde empathie pour toutes les femmes et nous comprenons plus que quiconque les effets dévastateurs de la domination et de l’aliénation sur nous. Pour décoloniser nos consciences, il est fondamental d’analyser comment nous intériorisons la domination et la haine des hommes au plan individuel, et comment nos pensées, émotions, actes et choix individuels sont déterminés par notre condition dans le patriarcat.

Depuis le déchaînement antiféministe orchestré par les industries pornographiques et proxénètes, en particulier à partir des années 70, le patriarcat s’est assuré par tous les moyens que la seule chose qui passe pour féministe aux yeux et aux oreilles des jeunes femmes soit une image totalement pornifiée de nos luttes. Alors qu’il y a un silence de mort à la fois sur les mouvements féministes qui combattent pour faire cesser ces violences, et les atrocités commises sur les femmes par les hommes, les seuls évènements que relaient les médias sont des actions de femmes qui reprennent les insultes misogynes, comportements ou stigmates de notre oppression. En d’autre termes, si les journalistes parlent de la lutte des femmes, c’est pour que les hommes puissent se masturber dessus – une des stratégies antiféministes les plus utilisées actuellement pour humilier notre mouvement et nous déshumaniser publiquement.

Voici que récemment, les journalistes ont relayé une action organisée par le groupe ukrainien FEMEN, qui vient de s’implanter à Paris, au Lavoir Moderne Parisien. Ce groupe, qui se présente comme féministe et anti-prostitution, est exactement ce que recherchent les journaux pour leur propagande sexiste – des jeunes femmes, conformes aux normes pornos (épilées, rasées, minces), seins nus, slogans écrits sur leur corps et reprenant des postures pornifiées, manifestant ainsi contre « les dictatures, l’exploitation sexuelle et la religion. ». La campagne de recrutement de FEMEN, tel un racolage pour une boîte de strip-tease et une communication internet digne d’un magasine porno, ordonne ainsi aux femmes: « françaises, déshabillez-vous ». Derrière cette injonction virile et agressive, une reprise du slogan républicain « nudité, lutte, liberté », et les couleurs nationalistes bleu-blanc-rouges sur trois femmes nues se touchant le sexe – un degré de sexisme et de militarisme hallucinant.

Une priorité : nous réhumaniser

Leur programme est tout aussi alarmant. Elles disent être des « terroristes », et « prônent le « sextremisme », un « terrorisme pacifique qui utilise les corps comme armes ». Le Lavoir Moderne parisien sera « son camp d’entraînement international, pour les féministes, les femmes activistes. Elles seront entraînées à être des soldates, à mener le combat contre le patriarcat ».Y seront dispensés des entraînements physiques, mentaux, tactiques. » (les nouvelles news). Une autre membre de FEMEN commente : « « La femme nue fait peur. En enlevant nos tee-shirts, nous dénonçons le système machiste de manière bien plus efficace que si nous prononcions de beaux discours. » (Le journal du dimanche)

Alors que le féminisme devrait avoir pour priorité notre protection et notre réhumanisation, il est triste de constater à quel point les méthodes de FEMEN exposent les militantes à des violences accrues, sans même atteindre le pouvoir à sa surface. Seule l’emprise et la dissociation extrême vécue par les femmes victimes de violences sexuelles (nous toutes, à divers degrés) peuvent expliquer une telle mise en danger de soi, de façon aussi improductive et désespérée. Quel terroriste un tant soit peu stratégique s’exposerait nu devant les photographes pour que son visage soit diffusé à chaque action ? Ensuite, utiliser son seul corps comme arme ? Aucun soldat ne partirait au front ainsi désarmé, à moins d’être dépouillé. Et en ce qui concerne la violence sexiste, seuls les hommes ont la capacité de disposer de leur corps comme arme, en utilisant leur pénis comme instrument de destruction massive des femmes. Dire que se livrer aux dominants par la nudité est un signe de puissance est une pure inversion de la réalité.

Que peuvent attaquer ces femmes en se rendant nues aux journalistes ? Certainement pas les industries du viol, pas même les institutions patriarcales et militaires, ni les agresseurs et criminels qui marchent de concert sur des millions de mortes. Ici, la seule violence est contre les femmes elles-mêmes, qui ne s’arment pas mais se transforment en chair à canon sous les armes des hommes.

Alors que les hommes peuvent déterminer leur nudité comme signe d’humanité, de lien à dieu et de force naturelle, dans le patriarcat la nudité des femmes signifie automatiquement « permis de violer », ‘chose à disposition des hommes’, cadavre, cible porno à souiller, pilonner, violer et brutaliser. Comme dit Binka, la haine virile a pour particularité d’être gravée à même notre corps :

« Toute oppression est fondée sur la déshumanisation, la rupture du lien de réciprocité, d’empathie, qui aurait pu exister du dominant vers l’opprimé. Mais le sexisme est une oppression spécifique. Nous sommes donc déshumanisées de manière spécifique : nous sommes incarcérées dans un « corps », refermé sur nous comme un cachot au point que pas une lueur de présence humaine, d’alter-ego, n’en émane du point de vue dominant. Et ce « corps-femme » n’a qu’une seule signification : « fait pour l’usage dominant ». Or cet usage est sexiste, ça veut dire qu’il détruit notre intégrité de manière spécifique : par le viol, la violation de ce cachot, pour ne nous laisser aucun espace de repli psychique […] Nous sommes transformées en une chose […] dans la conscience dominante des hommes, un artéfact de leur domination qui leur répète « J’existe pour toi, tu peux user de moi sans limite, aucun usage n’est un abus » (c’est ce que signifie être une chose). »

Et comme cette violence sexuelle et cette chosification des femmes passe par l’excitation sexuelle des hommes, et que notre nudité leur siginifie « permis de violer », les hommes associent immédiatement « femme nue » à excitation sexuelle, ce qui leur permet de rationnaliser leurs violences sexistes comme « sexe ». D’où la futilité totale de reprendre les mécanismes qu’eux mêmes utilisent pour légitimer leurs violences, puisque plutôt que de susciter la peur et le repli des agresseurs, le type d’actions comme celles de FEMEN ne fait que confirmer aux hommes notre statut de subordonnées et ne leur offre qu’une possibilité de plus de nous chosifier.

Face à un phénomène aussi massif par lequel les industries pornographiques ont investi tous les moyens de communication moderne, il est naïf de penser que nos mouvements sociaux ne sont pas sous influence de ces puissances multimilliardaires et en particulier leur appel incessant à la surenchère aux violences sexuelles, vendue aux femmes comme « libération sexuelle ». On nous assène de messages que la honte et le dégoût de soi en tant que femme ne proviendrait pas des violences des hommes mais seulement d’une société puritaine qui nous empêcherait d’assumer les pratiques « libératrices » qu’ils nous imposent (pornographie, striptease, insultes, « slutwalks », BDSM, prostitution…). Alors pour être libres sexuellement, il suffirait d’en faire plus, d’embrasser ces pratiques avilissantes jusqu’au bout, de les assumer fièrement. « Montre-leur que ton corps n’est pas honteux : de gré ou de force, tu le feras, alors autant que tu assumes »  est le message principal. Celui-ci n’a qu’un seul but : instrumentaliser notre quête désespérée à la reconnaissance pour nous pousser à la surenchère dans leurs violences sexuelles masculines. C’est un sinistre piège, car ce que nous obtenons finalement est un gouffre sans fin de violences sexuelles.

Si vous n’avez pas envie de vous déshabiller pour la prochaine manif, sachez que vous n’êtes pas les seules, que nous sommes nombreuses à penser que ce n’est pas féministe.

Reprendre les codes porno et se dénuder pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes ne produit que davantage de haine sexiste contre nous. Nous ne pouvons « récupérer » la nudité dans l’objectif d’attaquer le pouvoir des hommes car ils ont fait de notre nudité la marque de notre statut d’opprimées, notre étoile jaune. Et l’on ne change pas un rapport de force en exhibant les stigmates que les dominants ont eux-mêmes crées pour nous opprimer. Les armes des dominants, les marques de notre déshumanisation que les hommes ont conçu pour nous détruire ne peuvent que se retourner contre nous, ils ne sont pas réversibles dans le contexte patriarcal. « Car ce sont les hommes, en tant que caste dominante, qui monopolisent tous les canaux de propagande et toutes les armes qu’ils braquent sur nous (armes à feu, argent, propriétés et viol) » (Binka).

Nous ne pourrons détruire le pouvoir des hommes qu’en l’attaquant par sa source, c’est à dire par les violences masculines sexuelles qui font de nous leur cible porno. Nous libérer ne peut en aucun cas passer par le jeu de massacre, le défi lancé par les industries pornographiques mondialisées. Notre mouvement doit détruire les moyens des hommes de contrôler le monde dans lequel nous vivons, depuis la perception de nous-mêmes jusqu’à nos moyens de lutte.

Cessons de déshumaniser nos luttes.

A Ginva

Femmes en résistance se prolonge à La Parole errante !

Le festival féministe de documentaires Femmes en résistance, qui fêtait son 10e anniversaire ce week-end, c’est terminé…mais pas tout à fait.
Les 10 ans vont se prolonger lors du festival « Elles résistent » aux violences masculines faites aux femmes qui vont se dérouler du 8 au 15 octobre à La Parole errante à Montreuil : http://ellesresistent.tk/

Avec en premier lieu une projection le mardi 9 à partir de 21 heures organisée par Femmes en résistance, de 3 films fondamentaux de la lutte contre les violences faites aux femmes : la leçon de cinéma de Carole Roussopoulos lors du festival de Créteil, qui sera l’occasion de saluer l’immense apport de la vidéaste à cette lutte : sa façon de filmer, de donner la parole aux sans voix, d’être souvent la seule à aborder certains sujets, sont essentielles.

Nous projetterons ensuite son court métrage « La conspiration des oreilles bouchées », réalisé pour le Collectif féministe contre le viol et qui traite du viol par inceste et de la nécessité de briser le silence autour de ce crime contre l’humanité. A relire à ce propos la préface de Sandrine Apers au livre de Melody Moore « la force d’avancer » ici : https://sandrine70.wordpress.com/2011/10/10/le-silence-detruit-il-est-politique/

Enfin, nous rediffuserons « Pas à vendre », de Marie Vermerein, qui était passé au festival en 2010, film essentiel pour comprendre la nécessité de faire voter l’an prochain une loi en faveur de l’abolition de la prostitution, pour les personnes prostituées, contre les prostitueurs.

La séance sera présentée par Hélène Fleckinger, Nadja Ringart et moi-même. Muriel Salmona, Présidente de l’association mémoire traumatique et victimologie, sera notre invitée.

La soirée sera également l’occasion du lancement d’un projet participatif qui s’annonce passionnant, intitulé « Histoire, mémoire et bobines féministes », initié par l’Association Carole Roussopoulos, Cinecast et la Bibliothèque nationale de France. Grâce à un outil informatique novateur, vous serez invité-e-s à venir annoter, commenter des films des manifestations des années 1970. Vous pourrez l’expérimenter à Montreuil à partir du 9 octobre. Un projet destiné à conserver la mémoire et à écrire l’histoire de nos luttes, en faisant participer toutes les femmes qui se reconnaîtront ou en reconnaîtront d’autres, et permettront de recuillir des témoignages.

Enfin, l’association Carole Roussopoulos et Femmes en résistance proposeront toute la semaine des films videos à la demande.

Le festival s’annonce par ailleurs extraordinairement riche en créations, des plasticiennes aux comédiennes et créations théatrals, en passant par les videos et la musique, je vous invite à consulter le programme complet !

Un été dans les cieux

En attendant de repartir à l’écriture après Femmes en résistance, une petite galerie photos d’un été la tête dans les nuages, nocturnes et diurnes…

©Photos S.G